Grand Est Paru le 07 mai 2024
REMISE DE PRIX

La BPALC récompense six entreprises agricoles et viticoles

La BPALC a récompensé six dirigeants d’exploitations agricoles et viticoles du Grand Est dont deux se sont encore distingués au niveau national cette année. Depuis sa création, ce sont plus de 1500 structures qui ont été récompensées en région et plus de 200 à l’échelle nationale depuis plus de 30 ans.

Les lauréats entourent Dominique Garnier et son équipe dans les locaux de la BPALC de Metz

La cérémonie s’est déroulée au siège messin de la Banque Populaire d’Alsace Lorraine Champagne le 16 avril dernier. Dominique Gar­nier, le directeur général, accueillait les lauréats des Prix régionaux de la dynamique agricole et viticole. Plus de 300 candidats, en région et par an, concourent au sein de catégories, récompensant les initiatives menées par les exploitants, pour leur créativité, leur savoir-faire, leur capacité d’adaptation et leur volonté. Ce concours récompense en fait de véritables chefs d’entreprise du monde agricole et viticole. Dominique Garnier avec à ses côtés Marc Thirion, directeur d’exploitation Entreprises et marchés spécialisés et Patrice Conraud, directeur des centres d’affaires Agri-Viti de la BPALC, ont ainsi eu l’honneur de récompenser deux entreprises agricoles alsaciennes, une champenoise, et trois lorraines :

- Dans la catégorie Valorisation et innovation : SAS Ferme Mathieu de Knoeringue (68) ;

- Catégorie Performance technique : SCEA Pflieger de Spechbach (68) :

- En viticulture : EARL Nathalie Falmet de Rouvre-les-Vignes (10)

- Performance entrepreneuriale : le Gaec de la Dame de Haye à Remoncourt (54) ;

- Création d’entreprise : La Mathilde à Laloeuf (54)

- Coup de cœur : EARL Oury Schreiber à Vezon Marieulles (57).

Des prix de référence

Ces prix régionaux de la dynamique agricole et viticole de la BPALC font désormais référence dans le monde agricole et viticole depuis 32 ans. Ils valorisent ainsi les acteurs de ces secteurs indispensables à l’économie française d’aujourd’hui et plus encore de demain. De fait, ces prix récompensent des exploitants agricoles et viticoles, performants et innovants, à travers cinq catégories : création d’entreprise, performance technique, valorisation et innovation, viticulture et enfin performance entrepreneuriale. Ces prix reflètent un certain dynamisme du monde agricole en proie actuellement à des difficultés comme les récentes manifestations l’ont prouvé.

Au final, après délibération, six exploitations agricoles et viticoles parmi les 16 finalistes ont été élues par trois jurys régionaux composés au total de 26 membres, représentant la profession agricole (organisations professionnelles agricoles, ministère de l’Agriculture…) et la BPALC.

Revue de détail des lauréats

• SAS Ferme Mathieu à Knoeringue dans le Haut-Rhin : La caté­gorie Valorisation et innovation distingue les agriculteurs disposant d’une véritable innovation (technique, sociale, commerciale, qualité). Mathieu RUEHER crée une EI (entreprise individuelle) en 1999, d’élevage de porcs puis en 2005 s’installe en GAEC avec sa mère pour faire de la polyculture élevage. Il complète avec un atelier de transformation et un magasin de vente directe en 2009 directement sur la ferme, dans un secteur où la première boucherie est à 10 km. Aujourd’hui avec son épouse, ils exploitent 45 ha et produisent 80% de leurs besoins en céréales (prairie, orge, blé, maïs), élèvent 110 limousines et 150 cochons (engraissement long de 8 mois). Mathieu a fait 5 ans d’études, car être boucher demande un vrai savoir-faire. Il emploie 5 salariés et des apprentis. Pour Mathieu « la vente directe permet de proposer une viande de qualité. Nous sommes fiers des produits que nous vendons et d’avoir des retours positifs de nos clients. » La ferme Mathieu fait partie du Réseau « Bienvenue à la ferme » charte de qualité pour le bien-être animal (porcs sur paillage), leur espace de vie, production sans OGM et 70% des fourrages produits à la ferme. Leurs deux enfants de 14 et 17 ans sont passionnés par la vie à la ferme et par l’élevage. Ils se sont essayés à leur premier concours Agrimax en 2022 avec leur taureau Tintin qui a été premier de sa section et a remporté le prix d’honneur. Leur voie semble toute tracée. Tel. 06 36 68 61 72. contact@fermemathieu.fr

• SCEA Pflieger à Spechbach dans le Haut-Rhin : La catégorie Performance technique valorise les exploitants agricoles et viti­coles qui sont performants techniquement et économiquement dans leur domaine d’activité, tout en tenant compte des problé­matiques sociales et environnementales. Joseph Pflieger a repris l’exploitation familiale en 1989 qui produisait de la volaille en plein air et une partie de leur alimentation. L’exploitation avait déjà un atelier de poulet de chair mais Joseph a construit depuis un poulailler qui respecte les normes de biosécurité et a investi dans l’automatisation de l’ensemble des installations avec notamment trois lignes d’alimentation automatisées. Pour Jérémy c’était une évidence de s’installer sur cette exploitation auprès de son père. Bac agricole général, BTS en poche, après un an en tant que salarié, il s’associe à son père en 2011 pour l’exploitation de l’élevage de volailles. Ils cultivent 90 ha de blé, de maïs, de soja, de petits pois et de pommes de terre pour nourrir les 2 000 poules pondeuses et environ 17 000 poulets de chair à l’année. En 2011, l’exploitation a été convertie en agriculture biologique. En 2020 ils ont investi dans un nouveau bâtiment et aujourd’hui leurs installations leur permettent d’être autonomes dans tout le processus de transfor­mation. Ils maîtrisent les coûts d’abattage directement sur place et le coût de l’alimentation. Ils produisent même leur propre énergie. Le produit en vente directe est ainsi 100% issu de l’exploitation. Une grande partie de leur production est vendue dans les points de vente collectifs (Champs de l’Ill, Saveurs et Couleurs, Fraîcheur paysanne) et sur les marchés de Mulhouse et Riedisheim. Tel. 06 80 33 09 47. jose.pflieger@wanadoo.fr

• EARL Nathalie Falmet à Rouvre-les-Vignes dans l’Aube : La catégorie viticulture distingue les viticulteurs qui apportent une véritable valeur ajoutée à leur produit grâce à une innovation tech­nique ou un savoir-faire particulier. Elle est vigneronne et ancienne oenologue. Nathalie Falmet a d’abord étudié les parfums à l’École de Versailles, puis a obtenu un diplôme national d’oenologue. Elle a ensuite créé un laboratoire à Bar-sur-Aube pour suivre les vignerons de la Côte des Bar dans la fabrication de leurs cuvées et dès 2008, après avoir hérité des parcelles de ses parents, elle s’est lancée dans la création de ses propres cuvées de champagne. Elle exploite 3,5 ha comprenant du pinot noir, du pinot meunier et du chardonnay, les cépages du champagne, qu’elle vinifie dans différentes cuvées. Elle travaille en culture raisonnée sur son ex­ploitation qui est certifiée HVE depuis 2021. Ses 30 000 bouteilles annuelles sont distribuées à 30% sur le marché de la restauration française, principalement les tables des plus grands chefs étoilés français (Hélène Darroze ou Yannick Alleno) et 70% à l’export (de l’Asie en passant par l’Amérique du Nord. « J’ai l’esprit de compé­tition depuis l’école maternelle » dit-elle. Elle fait des vins inédits pour une clientèle oenophile et confidentielle. Tel. 06 07 02 74 27. Nathalie.falmet@orange.fr

• Gaec de la Dame de Haye à Remoncourt en Meurthe et Moselle (Lauréat national) : Le Gaec de la Dame de Haye est cogéré par un collectif de 5 associés (Hugo Wetzel, Antonin Ebel, Johann Vevert, Steve Jouquelet et Pascal Ebel). Le Gaec aujourd’hui de 790 ha a progressivement fusionné ou repris 6 exploitations, à chaque fois à la faveur d’une installation Jeune agriculteur aidée. Les activités de la ferme tournent autour de la production de lait de vache (1,8 million de litres de lait), de lait de chèvre, de viande bovine (150 vaches allaitantes) et de céréales et oléagineux (blé, colza, orge et maïs). Le dernier atelier lait de chèvre (600 chèvres de race Alpine) a été mis en place en 2021 à l’occasion de l’entrée du dernier associé Hugo Wetzel. Les associés sont polyvalents et se remplacent aisément sur l’un ou l’autre des ateliers de production. Le chiffre d’affaires est passé en trois ans de 1,5 M€ à 3,5 M€. Le Gaec emploie deux salariés et deux apprentis. L’association de 5 ateliers permet d’avoir un dimanche sur cinq de service et un samedi soir sur deux. La structure s’est considérablement déve­loppée depuis 20 ans, mais reste à taille humaine et familiale avec une très bonne entente entre les associés. Tel.06 01 42 58 09. Gaec.deladamedehaye@orange.fr

• La Mathilde à Laloeuf en Meurthe et Moselle. Lauréat natio­nal. C’est un élevage de chèvres et une production de fromages. Mathilde Griffaton a réalisé son rêve d’enfant à force de travail, de formation, de réflexion et de prise de risque. En 2019, elle s’est installée hors cadre en chèvre laitière. Vrai défi pour cette conseillère bancaire pendant 8 ans qui est partie de zéro car il fallait se former au métier, créer le réseau de distribution, le bâtiment, la fromagerie, développer toute la filière amont et aval, sélectionner le troupeau de démarrage… Seule chevrière sur le secteur, elle est aujourd’hui à la tête d’un troupeau de 32 chèvres à la traite, quelques jeunes pour remplacer les plus âgées et un bouc qui pâturent de mars à décembre sur 10 ha d’herbe en bordure de forêt. Chacune des chèvres a son prénom. Le respect de leur bien-être est essentiel pour Mathilde. Elle fabrique du fromage qu’elle vend en direct sur les marchés mais aussi à une clientèle de restaurateurs, de traiteurs, de crémiers. Elle est certifiée bio depuis 2023. Elle produit un fromage « vrai » authentique en termes de goût et de texture. « Les chèvres sont un symbole de liberté et c’est ce qui me correspond le mieux. Ce sont des animaux hyper curieux, hyper câlins. On se ressemble beaucoup et c’est ce qui se ressent dans ma façon de travailler » confie Mathilde. Innovatrice dans l’âme, elle souhaite montrer qu’on peut être une femme, réussir une création d’entreprise en étant seule et en partant de zéro, avec une rémunération décente, tout en gardant une vie privée active et une féminité assumée ! Tel. 06 22 57 14 51 mathilde.griffaton@hotmail.fr

• EARL Oury Schreiber à Vezon Marieulles en Moselle : Angélica Benoît est productrice de vin. Elle est le coup de cœur du jury. Passionnée par le monde du vin depuis son enfance, Angélica Benoit a concrétisé son installation en tant que cheffe d’exploi­tation, associée unique de l’Earl Oury Schreiber créée en 2017, au terme d’une formation scolaire et d’un parcours professionnel très cohérent lui ayant permis d’acquérir une solide expérience afin de voler de ses propres ailes. Au décès de son père en 2012, Angélica seconde sa mère en s’impliquant dans la gestion du vignoble mosellan. Aujourd’hui elle gère avec son mari Cédric le domaine de 10 hectares construit de zéro en 1991. Leurs vins sont d’appellation contrôlée, AOC Moselle en agriculture biologique depuis 2008. Angélica s’occupe de la gestion administrative et de la relation commerciale avec les clients. Cédric, vigneron depuis 14 ans, gère l’aspect technique, mais ils travaillent ensemble sur la vinification, le choix des assemblages. Ils ont fait le choix de faire découvrir leurs vins sur place, de recevoir à la cave, car pour eux, c’est le vigneron qui parle le mieux de son vin. 70% des ventes sont faites en direct (cave ou salons des vins) et 30% chez les ca­vistes et restaurateurs locaux. Depuis leur reprise du domaine, ils font des couverts végétaux dans les vignes à base de crucifères, légumineuses et céréales pour apporter de la matière organique dans les sols et limiter les intrants dans la vigne et aussi protéger les sols en été. « C’est plus qu’un métier de passionné, c’est un métier de vie car on travaille constamment avec du vivant, aux vignes comme à la cave » dit-elle. Tel. 06 61 33 19 69 – ouryvin@ gmail.com

On ne peut que féliciter ces brillants lauréats, tous pleinement convaincus et passionnés par leur engagement, par leur métier.

Bernard KRATZ