
Un réseau multicartes
« AC:TIONS n’est ni un club, ni une corporation, ni une association, ni un prestataire de services..., précise Patrick Reimeringer, l’un des membres fondateur d’AC:TIONS – et dirigeant de l’entreprise Bürkert –. Ce réseau est un regroupement d’entreprises territoriales localisées sur le même territoire, c’est-à-dire en zone rurale ou semi-rurale de l’Alsace. Plus principalement dans le Bas-Rhin et dans la Vallée de Sainte Marie aux Mines.
Son objectif ? Permettre à des entrepreneurs du territoire de coopérer sur un certain nombre de thématiques. Comme par exemple de pouvoir traiter des problèmes énergétiques, avec une approche multi-sectorielle et une logique territoriale. Ou encore de comparer les pratiques en matière d’HSE (Hygiène, Santé et Environnement) dans différentes structures partageant les mêmes valeurs et les mêmes ressources. L’intérêt de ce réseau d’entreprises réside dans la possibilité de pouvoir échanger avec d’autres partenaires, ayant la même culture locale. De fédérer les idées et les actions ». Un principe de fonctionnement qui diffère de la coopération d’un corps de métiers, ou du club, car ce réseau est davantage ouvert aux autres : non seulement les entreprises sont sollicitées, mais également les associations, les groupements d’habitants, les collectivités locales... Des partenaires institutionnels, dont des représentants de l’Université de Strasbourg, de l’ADIRA et de la région Grand Est ont intégré ce réseau. L’initiative est financée par le programme Territoires d’Industries, les PETR de Bruche-Mossig, du Piémont des Vosges, de l’Alsace Centrale et la Communauté de Communes du Canton d’Erstein.
Cette formule rencontre un véritable succès, car AC:TIONS est un réseau de personnes libres : aucune adhésion n’est requise, et les entrepreneurs peuvent se contacter directement. Voire même se rencontrer sur un site d’entreprise, pour une visite et un échange d’expériences spécifiques.
Être altruiste et engagé
« Nous veillons à ne pas intégrer trop de consultants, qui seraient tentés de venir chercher des contrats, souligne Patrick Reimeringer. Mais leurs compétences sont bien sûr les bienvenues. L’approche doit avant tout être altruiste, guidée par une volonté de solidarité et de partage d’expériences. Et le résultat repose beaucoup sur les participants. Actuellement, une quarantaine d’entreprises actives font partie du réseau AC:TIONS, soit une centaine de collaborateurs engagés. Nous travaillons aussi avec des pouvoirs publics qui veulent agir ensemble. En parallèle, nous essayons de développer nos actions avec les réseaux déjà existants, comme notamment le réseau Résilience. Ce n’est pas un réseau fermé, mais une coopération ». Ainsi, Romane Verbeke, animatrice du Réseau AC:TIONS, invite régulièrement toutes les entreprises du territoire à participer à une rencontre, sur un thème donné. Elle se charge également d’animer, puis de restituer les problématiques et réflexions qui émergent lors de cet atelier : un compte-rendu est établi et diffusé, avec les coordonnées des participants, afin qu’ils puissent entrer en action, en se contactant directement. L’intérêt est de permettre les rencontres entre partenaires d’entreprises.
Des groupes de travail actifs
Divers sujets sont abordés avec par exemple les questions du recrutement, de la transition énergétique, de la mobilité, de l’innovation, des achats durables, et de la mutualisation des ressources. Quand une source d’inspiration est mise en exergue par les participants, des ateliers de travail sur ce thème continuent d’être organisés, jusqu’à ce que l’intérêt s’éteigne. Si les participants font état d’une demande spécialisée pour approfondir un sujet, AC:TIONS mobilise des experts, qui interviendront dans un groupe de travail. De nombreuses visites de site sont également proposées. Celles-ci sont suivies d’un rapport d’étonnement, mettant en évidences les éléments qui ont surpris ou interpellé les visiteurs.
Le sujet multi-sectoriel qui fait écho actuellement, est incontestablement le problème du recrutement, et pour donner suite à une demande des participants, une plate-forme de mise en ligne de CV a été créée. Mais bien d’autres sujets sont traités en groupe de travail : comment valoriser son capital, comment optimiser les espaces de stockage sur un secteur géographique, la RSE...
Si le fonctionnement est informel, il faut toutefois un leader initiateur pour créer une dynamique évolutive, tout en s’assurant que la philosophie de base est gardée : altruisme et « être ensemble ».
Ateliers de réflexions
Lors de cette rencontre au sein du Musée Würth à Erstein, plusieurs tables rondes ont été organisées, afin de traiter de trois sujets : les achats, les RH et le bilan carbone. Dans le groupe de travail portant sur les achats, la discussion a beaucoup tourné autour de l’achat d’énergie, sujet particulièrement d’actualité en ce moment. Le débat faisait suite à plusieurs rencontres organisées préalablement avec GRDF (Gaz Naturel de France). Il en est ressorti une volonté de fonctionner de manière plus locale, sur la base d’un groupement d’achat.
Le domaine des Ressources Humaines a mobilisé beaucoup de participants, notamment face aux problématiques de recrutement. De nouvelles perspectives sont en vue, avec notamment l’organisation d’un stage multi-entreprises, pour les collégiens de 3ème. Une nouveauté qui permettra aux élèves d’aller chaque jour dans une entreprise différente, afin de découvrir des professions diverses et des secteurs d’activités qui ne les auraient peut-être pas attirés de prime abord. Un système plus souple également pour certaines entreprises qui n’ont pas la capacité d’accueillir un stagiaire pendant une semaine complète, mais qui souhaitent faire découvrir leur corps de métier et leur structure pendant une journée.
La table ronde sur le bilan carbone a généré l’émergence de nombreuses idées. Les prochains temps seront consacrés au développement de ces idées.
Des perspectives pour favoriser le développement
« Le bilan est encourageant, s’enthousiasme Patrick Reimeringer. Outre l’adhésion enthousiaste et active des gestionnaires d’entreprises, la solidarité pendant la pandémie et la création de la plate-forme de CV sont des réalisations concrètes et utiles. Actuellement, nous cherchons à développer l’adhésion de nouvelles entreprises, sans que cela soit une obsession. Nous encourageons également à un élargissement participatif de tous les collaborateurs des entreprises. La prochaine étape ? Rencontrer d’autres acteurs : associations, organisations, élus de collectivités locales..., pour définir et intégrer leurs attentes. Nous avons besoin d’un socle pour aller vers eux. Car en partant des entreprises et en ralliant tous les acteurs du territoire (des collectivités, du monde associatif, du secteur académique, de la population civile), il s’agit de créer une organisation libre et flexible, dont l’objectif est de renforcer durablement les coopérations, la performance économique, le rayonnement et l’attractivité du Centre Alsace. La vocation du réseau est de proposer une offre employeur globale et cohérente et de promouvoir des valeurs humanistes, modernes et orientées vers les challenges du futur ».
Le nombre de groupes de travail devrait également augmenter. Le développement de la communication et la création d’un regroupement d’entreprises est également au programme. Avec notamment le souhait de créer un salon de la technologie, pour démontrer que la robotisation peut être un atout pour les entreprises. Des réflexions sont en cours sur la manière adéquate à mettre en oeuvre pour transformer l’acquis, afin de pérenniser le modèle du réseau qui est actuellement en phase d’amorçage. Une étape nécessaire afin de développer AC:TIONS et de trouver du financement. La volonté d’utiliser davantage les tiers lieux existants sur le territoire, et de devenir un véritable relais pour les collectivités est également très présente.
Si vous souhaitez rejoindre le réseau AC:TIONS, prenez contact avec Romane Verbeke : Téléphone 07 89 81 57 77, courriel : romane.verbeke@ac-tions.org.
WÜRTH
Un modèle économique très présent sur le territoire
Würth commercialise et distribue des produits de montage et de fixation, sur son site à Erstein. La société familiale allemande vend également tout ce qui est nécessaire pour les artisans (petit et grand compte).
Chaque jour, ce sont près de 120 tonnes de marchandises qui sont réceptionnées. Et 6 000 à 8 000 colis sont expédiés chaque jour. Le délai de livraison est de 48 H en moyenne, grâce aux trois transporteurs réguliers, soit 50 à 60 camions en circulation par jour. Avant d’être expédiés, tous les colis sont photographiés, dans le but de gérer les risques de vols et de contestation pour produit manquant.
Le projet EVOLOG
Le projet EVOLOG consiste à augmenter la capacité de stockage, et à moderniser la logistique de l’entreprise, sur le site d’Erstein. Un projet qui se finalisera en 2025.
Trois nouveaux bâtiments sont en cours de construction : un bâtiment fonctionnel de 5 niveaux, un bâtiment d’expédition sur 2 niveaux, ainsi qu’un bâtiment Shuttle de 6 allées et 119 000 emplacements avec système de stockage sous oxygène appauvri, pour réduire les risques d’incendie. En plus d’augmenter les capacités du groupe, EVOLOG vise à réduire l’empreinte carbone de sa logistique et la pénibilité de ses opérations, en divisant le poids de manutention par trois.
Le montant de l’investissement total s’élève à 70 millions d’euros.
Ces travaux permettront à terme de développer la capacité de production de l’entreprise familiale, avec la création d’emplois à la clé.
Mais d’où vient cette idée ?
Tout a commencé en 2017, chez la société Bürkert, lors d’une rencontre d’entreprises avec le réseau Résilience, dans le cadre d’une Interesting Day (l’entreprise présente un talent). Les participants présents ont trouvé cette rencontre intéressante, et la démarche enrichissante. Ensuite, l’idée de créer un réseau d’entreprises est né. Une charte a été signée avec l’État afin d’obtenir des financements, qui ont permis l’embauche de Romane Verbeke, l’animatrice du réseau AC:TIONS. Pendant la période de crise liée au COVID, le réseau a fonctionné par le biais de la visio-conférence, pour apporter aide et soutien aux entreprises en difficulté. Ces échanges ont permis à certains entrepreneurs de s’inspirer des pratiques mises en place dans d’autres structures, et de trouver des solutions, comme par exemple de se procurer des masques. Le principe général était appliqué : aider les entreprises moins développées dans un secteur de gestion.