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Dossier Paru le 26 mai 2023
JUSTICE

Audience solennelle d’installation de la nouvelle présidente Anne Klein

Anne Klein est la nouvelle présidente du tribunal judiciaire de Sarreguemines. Elle succède à Catherine Bruère nommée à la tête du tribunal judiciaire de Tours. Anne Klein a été officiellement installée le jeudi 4 mai lors d’une audience solennelle forte en émotions.

Marie Krebs à gauche, Anne Klein la présidente au centre et Fanny Gapp à droite

Elle s’est retrouvée en terrain connu, un peu comme dans son jardin de prédilection. Anne Klein est de retour dans le Cité des Faïences pour y prendre la présidence du tribunal judiciaire où elle succède à Catherine Bruère nommée à la tête du TJ de Tours. Elle en est, de fait, à sa troisième affectation à Sarreguemines. L’audience d’installation a été tantôt légère avec les bons mots du procureur de la République Olivier Glady, tantôt grave et émouvante lorsque Anne Klein a évoqué son passage à Fort-de-France et son retour en Moselle. Ludovic Grüning, président par intérim a trouvé les mots pour annoncer l’installation « d’une présidente bien de chez nous qui connaît la juridiction et que la juridiction connaît. Une magistrate aguerrie, forte d’une exceptionnelle expérience, dans tous les domaines de l’activité judiciaire du siège : une collègue rigoureuse, travailleuse, compétente, toujours souriante ou presque souriante, dotée d’un haut sens du service public. » Il s’est exprimé en connaissance de cause, presque en complice, ayant partagé avec elle le binôme au poste de Juge des libertés et de la détention entre 2013 et 2016 au TJ de Sarreguemines. Au passage il a remercié le personnel pour son soutien pendant cet intérim et particulièrement la directrice de greffe Anne Staub car « sans elle rien n’aurait été possible. D’un engagement entier, elle connaît tout, des arcanes administratifs, elle sait avec le sourire, régler les problèmes, aplanir le terrain. C’est une collaboratrice extrêmement précieuse pour un président par intérim. » Il fit de même pour Mme Martinot, secrétaire de la présidence.

De Sarreguemines à la Martinique

Anne Klein est originaire de Sarrebourg. Elle poursuit ses études à Nancy et à Strasbourg, avant de décrocher le concours à l’École nationale de la Magistrature en 2000. Dès 2003 elle entame sa carrière de magistrate du siège… à Sarreguemines où elle avait en charge les affaires familiales, la commission d’indemnisation des victimes d’infractions, le bureau d’aide juridictionnelle tout en siégeant en correctionnelle. Elle a ensuite exercé dans sa ville natale, au tribunal d’instance de Sarrebourg de 2007 à 2011. Elle y sera présidente en charge de l’administration du TI et déléguée au tribunal de Château-Salins. En 2012, elle revient au tribunal de grande instance de Sarreguemines en tant que vice-présidente. En 2016 elle s’éloigne et quitte la métropole pour exercer à Fort-de-France à la Martinique, à la cour d’appel en tant que vice-présidente placée. Durant 18 mois, elle a été au service du juge de l’application des peines, puis déléguée au tribunal d’instance et au service du juge de l’exécution avant d’être nommée 1 ère vice-présidente au tribunal judiciaire de Fort-de-France et de prendre la présidence de la première chambre civile.

Elle quittera les Antilles en 2023 pour revenir en Moselle à Sarreguemines. Dans cette juridiction, elle a connu Olivier Glady actuel procureur de la République, mais surtout ancien camarade de promotion.

« Une véritable amitié pour notre juridiction »

Olivier Glady ne s’y est pas trompé, en s’adressant à la présidente : « Votre présence ici témoigne d’une véritable amitié pour notre juridiction. » Il n’oublie pas de rappeler à son bon souvenir « les fameuses knacks » servies au cocktail de bienvenue à Sarreguemines. Il lie l’annonce de sa nomination à une de ses lectures favorites, autour de la renaissance italienne et de la création de l’institution du « podestat ». Une fonction à mi-chemin d’un gouverneur, d’un bailli et d’un magistrat. Il y voit une coïncidence avec la nomination d’Anne Klein. « Ce sont des personnes qui étaient recrutées à distance de la cité dont elles devaient assurer le gouvernement. À Florence la distance devait être au minimum de 130 km. » Une distance censée assurer l’indépendance de la personne désignée. « Pour Sarreguemines on a fait bien mieux qu’à Florence. On l’a cherchée à 7000 km et quelque de la juridiction. » Il reste une nuance à lever entre ce podestat et l’arrivée d’Anne Klein à Sarreguemines. « Vous revenez dans une juridiction bien connue, vous y revenez pour la troisième fois. » Et de dire son soulagement. « Il était grand temps que vous arriviez Mme la Présidente, parce qu’un procureur ne sait pas tout. J’ai pu mesurer mon ignorance à l’occasion des quelques comités de gestion que j’ai pu partager avec le président par intérim. » Enfin il a rassuré la nouvelle venue. « Vous arrivez dans une juridiction qui est en très bon état de fonctionnement, en recueillant l’héritage remarquable que vous a laissé Catherine Bruère. » Il émet cependant un bémol en annonçant « des nuages sur la juridiction en raison de la vacance d’un certain nombre de postes. » Mais cela n’enlèvera rien à la relation qu’ils ont pu tisser avec le temps. « Pour ce qui nous concerne c’est beaucoup plus simple parce que ça fait 20 ans qu’on se connaît. » De quoi gagner « en fluidité et en efficacité. »

« La passion des premiers instants… »

Anne Klein, en s’installant dans le siège de présidente du tribunal judiciaire de Sarreguemines, n’a oublié personne. Ses mots sont allés à toutes ces personnes qui ont jalonné son parcours. Elle les a prononcés avec sincérité. « Cette cérémonie était très naturelle, authentique » glisse à la sortie Ombline Parry, la présidente du TJ de Thionville. De fait, Anne Klein se dit « heureuse de savoir à ses côtés Ludovic Grüning, son vice-président afin de bénéficier de sa riche expérience. » De profiter de la « bienveillante attention de Monsieur le procureur, cher Olivier, car nos destins professionnels n’ont pas cessé de se croiser depuis plus de vingt ans, et nous avons su tous deux garder la passion des premiers instants pour ce métier merveilleux. » Elle s’est réjoui « des liens tissés entre les juridictions de Sarreguemines et de Sarrebruck. » Mais sa voix s’est faite plus chevrotante, prise par l’émotion à l’évocation de ses nombreux amis, surtout ceux dont l’amitié s’est forgée au fil de son séjour à Fort-de-France. « Nous avons tant partagé (…) Les mots ne suffisent pas pour vous exprimer ma gratitude, car ce sont vos encouragements, la confiance et l’affection dont vous m’avez entourée, qui m’ont donné la force et l’envie de candidater pour prendre la responsabilité d’une juridiction. Je sais que tout au long du chemin sur lequel je viens juste de m’engager, vous ne serez jamais très loin, ni les kilomètres, ni les océans ne peuvent nous éloigner. » Elle cite Karine Gonnet, présidente du TJ de Fort-de-France, Christophe Straudo, chef de l’inspection des services judiciaires qui fut Premier président de la Cour d’Appel de Fort-de- France, Laurent Sabatier, Premier président de cette même cour. Et elle en citera bien d’autres. En particulier les personnes qu’elle a pu rencontrer lors de ses premiers passages à Sarreguemines.

« Vous souvenez-vous de moi Mme Klein ? »

Ses premiers pas de présidente ont été accompagnés d’une petite musique bien agréable, celle des « Vous souvenez-vous de moi Mme Klein ? » Et la réponse sonnait comme une évidence. « Oui, je me souviens de vous tous, je me souviens que nous avons beaucoup et bien travaillé ensemble, que nous avons ri aussi souvent ensemble et partagé. » Mais son regard a aussi changé sur ce tribunal, pourtant familier. « J’ai découvert une juridiction qui avait bien évolué avec de nouvelles forces vives très investies et sympathiques, une fonctionnalité immobilière améliorée et une organisation efficiente. » Et déjà elle pose les premières briques de sa gouvernance sous forme de promesses : « Ce parfait équilibre d’une juridiction à taille humaine, proche géographiquement des citoyens et des justiciables, traitant tous les contentieux dans des délais raisonnables, doit être préservé. » Mais la promesse la plus forte est bien celle de « consacrer toute son énergie, à faire honneur à la mission qui m’a été confiée, en veillant avec M. le Procureur de la République et de la direction du greffe, à la qualité de vie au travail de tous ! »

« Dans l’harmonie et la bienveillance »

La suite ne fera que décliner la méthode Anne Klein dans son art de manager la juridiction, à travers quelques engagements déterminants. Elle ouvre ce livre de bonnes résolutions en citant la philosophe et politologue Hanah Arendt, pour résumer « l’essence même du chef de juridiction » et donc de sa nouvelle mission : « C’est celui qui est censé entreprendre le premier mais sans être le maître absolu de l’initiative ni refuser l’aide des autres pour la mener à bon port. » À partir de là succèdent des mots forts :

- « Je me suis donnée pour mission de faire fonctionner cette juridiction dans l’harmonie et la bienveillance. Si j’étais la première à prendre mes responsabilités et à porter les projets, je n’agirai pas seule. »

- « J’aurais à cœur de nouer des liens fondés sur le respect et la confiance avec l’ensemble des personnels, magistrats, fonctionnaires, les auxiliaires de justice et les partenaires. »

- « Je m’engage dans mes fonctions de pilotage, à respecter toujours l’opinion de tous, et je tiendrai compte des différences de point de vue pour aboutir à un résultat qui recueille l’adhésion la plus large. »

- « Je m’attacherai à identifier les forces vives, à encourager les talents, les personnes ressources, je leur apporterai mon soutien, mon expérience pour accompagner, améliorer et valoriser les projets, en restituant toujours la place de chacun. »

- « Je veillerai à une répartition équitable de la charge de travail ainsi qu’à la valorisation des compétences et si évidemment je rendrai compte de l’activité de la juridiction, je ne réduirai pas la performance à son seul aspect quantitatif mais je mettrai en avant le travail de qualité, je soutiendrai les demandes de formation et j’encouragerai les projets d’évolution de carrière. »

Et d’achever ce programme d’une citation inspirée de son expérience caribéenne « dont je tire une plus grande humilité » une phrase de Bob Marley : « Ne vis pas pour que ta présence se remarque mais pour que ton absence se ressente. »

Ce qu’elle transpose aussitôt dans sa nouvelle réalité sarregueminoise : « Je n’ai pas souhaité devenir présidente de ce tribunal pour me faire remarquer, pour être sur la première marche du podium et m’attribuer les mérites d’un travail collectif, mais au contraire, pour me mettre au service de la juridiction, au service de celles et de ceux qui y travaillent ainsi que de celles et ceux qui font appel à elle. »

Une bien jolie façon de traduire sa passion de ce métier.

L’accueil de nouveaux fonctionnaires

Anne Klein a salué ses nouveaux collègues avec lesquels elle a déjà pu échanger. « Émerge la certitude que vous partagez un sens profond du collectif et une attention permanente portée à autrui. »

Elle sait pouvoir compter « sur la compétence et les qualités de Mme Anne Staub, directrice de greffe » et accueille deux nouveaux fonctionnaires qu’elle présente : Fanny Gapp et Marie Krebs, arrivées toutes les deux au tribunal le 1er mars 2023.

• Fanny Gapp, originaire du Pays de Bitche est titulaire d’une maîtrise de droit privé obtenue à la faculté de Strasbourg en 2007. Elle intègre la fonction publique un an plus tard, au sein de l’administration pénitentiaire, plus particulièrement au centre de détention d’Oermingen où elle a occupé les postes de conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation, de responsable de greffe pénitentiaire, de coordinatrice des services administratifs.

En 2021 elle réussit le concours d’attachée d’administration de l’État et intègre l’IRA de Metz (Institut régional d’administration). À l’issue de sa formation, elle est affectée le 1er mars 2022 sur un poste d’adjointe-gestionnaire au sein d’un lycée professionnel. Souhaitant revenir dans son ministère d’origine, elle obtient par la voie du détachement le poste de directrice des services de greffe judiciaire en charge du pôle pénal dans la juridiction. « Les compétences que vous avez acquises tout au long de votre parcours vous destinaient donc tout particulièrement à ce poste qui fait de vous un des maillons essentiels de la chaîne pénale » assure Anne Klein.

• Marie Krebs est originaire de Bliesbruck. Elle a débuté dans cette juridiction en 2017 en qualité de vacataire, fonction qu’elle a occupée 19 mois, principalement au service du parquet. Sa réussite aux concours d’adjoint administratif l’amène à intégrer le 1er septembre 2019, les services de l’INSEE à Strasbourg, au pôle Insee Contact, poste qu’elle quitte en octobre 2020 pour rejoindre le ministère de la Justice, plus précisément le SAR de la Cour d’Appel de Metz au pôle chorus. Souhaitant se rapprocher de sa famille, elle sollicite et obtient sa mutation au tribunal judiciaire de Sarreguemines où elle est affectée au SAUJ (Service d’accueil unique du justiciable). « Votre mission est importante, car vous êtes souvent le premier contact du justiciable avec la justice, l’accueil et la qualité des renseignements que vous délivrez participent à l’image de la juridiction » a indiqué la présidente.

Bernard KRATZ