André Bousser a été maire d’une commune de Moselle-Est, Maxstadt dans la région de Saint-Avold. Et ça se remarque dans sa façon d’être. Il est aussi chef d’entreprise. Il connaît bien le job de patron. Son attitude posée, plutôt apaisante convenait parfaitement, il y a trois ans lorsqu’il a pris la présidence de l’UE 57 tenue alors par Jean Poulallion, le PDG de la société messine Metzger, dont il était le vice-président. Une période quelque peu agitée émaillée de tensions avec une autre organisation patronale, située au rez-de-chaussée de l’immeuble de la place Mazelle, la CPME. Le Medef de Moselle avait changé de nom pour devenir l’UE 57 en 2018. Ce changement et le mandat qui avait suivi, avaient quelque peu freiné l’engouement des adhérents de l’organisation patronale, laquelle a connu un creux de la vague, à la fin des années 2010, que André Bousser et sa co-présidente d’alors Catherine Wagner, fraîchement élus, ont essayé de combler. Assurément l’UE 57 a retrouvé depuis des couleurs, même si la co-présidente ne fait plus partie de l’attelage de la gouvernance, étant elle-même une chef d’entreprise extrêmement sollicitée dans sa société de recyclage, et appelée à des responsabilités nationales au sein de sa filière. « C’est une femme très engagée » convient le président.
André Bousser s’est donc représenté en solitaire à la présidence du syndicat des patrons. Mais pas tout à fait seul quand même. Il emmène avec lui une équipe dans une dynamique qu’il souhaite résolument offensive sur le terrain de la vie quotidienne des PME et PMI qui ont choisi d’adhérer. Justement, c’est sur ce front que ça va beaucoup mieux.
« Au bout de la révolution interne »
Cécile Castro-Carrere, qui a pris le poste de déléguée générale de l’UE 57, est un des signes marquants de l’évolution de la structure. Elle est la directrice générale des services de l’UE 57 depuis mai 2022, s’accordant parfaitement avec le président pour faire tourner la maison patronale. Présente depuis 17 ans au sein de l’organisation, elle a accédé à cette fonction en remplacement de Gérard Pacary, l’inamovible délégué du Medef 57, en place depuis plus de 20 ans. Il pouvait partir à la retraite ayant largement accaparé les multiples missions de délégué général, sur la durée. Il terminait en accompagnant celle qui lui a succédé. Une page se tournait, le syndicat patronal se relançait. Avec le renouvellement des membres du conseil d’administration, la dynamique était là. « On est ainsi arrivé au bout de la révolution interne » glisse le président. Et le changement au sein de l’UE se lit aussi dans l’engagement des personnes membres du Comex, le comité exécutif de l’UE 57. « Les présidents étaient souvent très seuls dans leurs décisions. Depuis la présidence d’André Bousser il est entouré de membres du comex qui s’investissent, qui ont des idées » précise Cécile Castro-Carrere. Et le président confirme : « Et ça s’est démocratisé, rajeuni, féminisé. On n’est pas tout seul, le CA et le Comex sont là pour assister le président. » Sans doute un héritage chez André Bousser, de son parcours de maire. Et autour de la table il y a du beau monde. Des représentants de Continental, société présente à Sarreguemines, d’Amazon de Metz, comme de plus petites structures. « Cela nous donne une image de l’économie mosellane. On a des commerçants, des industriels, des gens du BTP, des services. »

« Ensemble, encore plus fort ! »
L’UE 57 réunit 360 adhésions directes auxquelles il faut rajouter les fédérations adhérentes et cela représente 4000 chefs et responsables d’entreprise, soit plus de 50% des effectifs salariés du département. « Des adhésions régulièrement en hausse. On a peu redressé le nombre d’adhérents. Ce n’est pas simple. Comme chez les salariés, la culture du syndicalisme n’est pas très développée » assure la directrice. Parmi les adhérents 50% ont moins de 5 salariés et 80% moins de 100 salariés. Mais l’équipe de l’UE 57 veut la jouer collectif. André Bousser a imposé en fil rouge de son mandat, un slogan : « Ensemble, encore plus fort ! Pour essayer de créer cette communauté de l’UE 57. Une entreprise seule est soumise à tous les vents. Le syndicalisme, ce n’est pas un club affaire qui fait du business et où c’est chacun pour soi. Nous sommes là pour représenter, accompagner et défendre les entreprises. » Et sur ce terrain, le syndicat patronal dispose de leviers importants, de mandats dans les structures paritaires (Urssaf, CPAM, CAF), des mandats juridictionnels avec les juges consulaires ou prud’homaux, des représentants au CESER, en tout près de 250 mandats représentatifs.
L’UE 57, une équipe de 11 salariés
L’UE 57 est forte d’une équipe de 11 salariés dont les alternants, et une vingtaine de salariés dans la société de service Talpia. La structure a un budget de 800 à 900 000 €, et ne vit que grâce aux cotisations de ses adhérents. Celle-ci est calculée sur le nombre de salariés. Une structure indépendante est à 400 € par an, entre 1 et 5 salariés à 450 € et ensuite pour les plus importantes, la cotisation monte à 78 € par salarié. « L’adhésion donne accès à tous les services. Elle a un support juridique, un accompagnement, l’accès à un mandat. Aucune prestation n’est facturée » ajoute Cécile Castro-Carrere. Avantage de l’UE 57, André Bousser est également président départemental de l’Urssaf, de quoi permettre de développer un réseau éfficient, afin d’éclairer les entreprises, de leur faciliter la vie.
La feuille de route des vice-présidents
« J’ai besoin d’avancer » répète André Bousser au moment de décliner la feuille de route de ses 8 vice-présidents.
- Catherine Wagner avec le concours de Cécile Castro-Carrere va s’occuper de la partie organisation interne et de l’immobilier.
- Dominique Lo Sardo aura en charge le développement des adhérents et surtout, le point 1 du programme d’André Bousser, le développement territorial. Aujourd’hui 60% des adhérents sont sur l’Eurométropole, et pas suffisamment dans les autres territoires. L’UE 57 va aller à la rencontre des entreprises des autres territoires : Moselle-Est, Moselle-Sud, Moselle Nord. « Il faut ratisser plus large. Il faut aller au plus près de ces entreprises » intime le président.
- Joseph Parrilla va s’occuper de l’emploi, de la formation et de l’inclusion. Toutes les entreprises ont des problèmes de recrutement.
- Matthieu Hornet va travailler avec Joseph Parrilla sur l’entrepreneuriat et rencontrer l’écosystème de futurs jeunes dirigeants.
- Stéphane Lehning va s’occuper des mandats. On va communiquer sur le rôle de nos mandats et les actions de fond qu’ils mènent.
- Amandine Laveau-Zimmerlé, également élue à la Ville de Metz, va s’occuper des relations transfrontalières. « Je souhaite qu’on travaille davantage avec l’Allemagne et le Luxembourg. Il faut essayer davantage ensemble. Même le Medef national a renforcé sa présence à Bruxelles, auprès de l’UE. Il n’y en avait qu’un, ils sont désormais dix. Et on va inaugurer la Maison des entreprises à Bruxelles pour faire du lobbying, il y aura une équipe de 15 personnes. Sur les 100 points du rapport Draghi, il y avait 30 points du Medef qui ont été pris en compte » détaille le président Bousser.
- Laetitia Burckhart a en charge la communication. Les parlementaires locaux vont avoir plus d’importance, il va falloir communiquer davantage vers eux. « On a la volonté de lancer une association, APESA pour s’occuper du bien-être des patrons. APESA est une association nationale qui a des antennes dans les départements, mais pas en Moselle. On veut ainsi créer des sentinelles dans le département, notamment dans les tribunaux de commerce. Nous voulons officialiser cette création. »
- Alban Bissielo, président des commerçants de Metz, aura en charge le commerce, l’hôtellerie-restauration.
- Il y aura un représentant des six fédérations adhérentes à l’UE 57. Elles vont le désigner. Ce devrait être le patron de FERCO à Sarrebourg.
« L’incertitude politique »
André Bousser compte « fédérer les forces vives de Moselle en recréant des liens avec le monde politique, l’armée, les pompiers, la gendarmerie. » Il souhaite apporter une aide concrète aux entreprises, en les sensibilisant sur la formation des salariés sur les nouveaux métiers, notamment de l’intelligence artificielle (IA). « Il ne faut pas en avoir peur. Il ne faut pas rater le train. » Il voudrait donner aux entreprises « l’envie de venir à l’UE 57. » En clair, développer l’esprit de communauté de l’UE 57 et attirer de nouveaux adhérents.
La situation politique actuelle n’a pas été absente de cette présentation. « Les gens sont encore dans l’attente. Y aura-t-il de nouveaux impôts ? On est dans l’incertitude. Des entreprises aujourd’hui bloquent les recrutements et les investissements. » Autre inquiétude, la baisse envisagée des aides aux apprentis. « Il y aura des conséquences » estime André Bousser qui veut enclencher le moteur militant. « On doit être beaucoup plus militant. On m’entendra sans doute un peu plus. Il peut y avoir un changement de ton. On doit aussi se montrer un peu, rien que pour nos adhérents. » L’UE 57 compte se montrer plus offensive face aux perspectives de taxation des entreprises. « Nous ne voulons pas de décisions radicales » rappelle Cécile Castro-Carrere. Et l’éventualité de changer la réforme de la retraite. « On ne pourra pas vivre dans un pays où on a plus de retraités que de personnes qui financent les retraites » assure-t-on au syndicat patronal. Mais l’UE 57 veut bien admettre qu’il y a des choses à améliorer dans cette réforme. Il termine sur le succès des Jeux Olympiques et le vivre ensemble qui a retrouvé des couleurs dans le pays. « Il faut continuer à y croire. Les Français savent se mobiliser quand il faut » conclut le président. « Même si on va revenir dans la vraie vie. »

UE 57 et l’armée : des liens renforcés
Les liens entre l’Union des entreprises de Moselle et l’Armée sont au beau fixe. Une soirée a du resté été organisée par l’UE 57 et l’État major Metz en septembre. Elle a réuni des chefs d’entreprises de l’UE 57 et des représentants des entités militaires de Moselle. La soirée s’est tenue au sein du cercle Mess de Metz. Elle a mis en lumière l’importance cruciale des synergies entre le secteur privé et le monde militaire, dans un contexte où les défis sécuritaires, économiques et technologiques ne cessent de croître. Au cours de la soirée des chefs d’entreprise ont signé le manifeste ProMilès. Ce manifeste co-élaboré par l’État major des armées et le Medef en août 2022, vise à encourager les liens entre les entreprises et les unités militaires à l’échelle locale. La soirée a été ouverte officiellement par André Bousser, président de l’UE 57 et le Général Pierre Meyer, commandant la zone de défense et de sécurité Est. De nombreuses interventions ont illustré le caractère stratégique de ce partenariat. Le manifeste ProMilès vise à encourager et à faciliter les échanges et les collaborations à l’échelle locale.
Cocktail des entreprises à Saint-Avold
C’est un des axes de travail de la nouvelle équipe de l’UE 57, aller au plus près des entreprises dans les territoires. Ce sera le cas en ce 17 octobre à Saint-Avold. L’UE 57 et la Communauté d’agglomération de Saint-Avold Synergie (CASAS) organisent une réunion à destination des entreprises du territoire, au centre des congrès de Saint-Avold à partir de 18h. On y évoquera les projets industriels de ce coin de Moselle-Est, la chimie verte avec l’intervention de Thierry Zimny, enseignant chercheur en chimie porteur de projets pour la CASAS. Ancré Bousser, président de l’UE 57 et Salvatore Coscarella, le président de la CASAS ouvriront cette séquence. Il sera question des dispositifs d’aides aux entreprises. Les interventions de Lionel Brunet, directeur départemental de la Banque de France et de Jean-Christophe Labet, président du comité des banques de Moselle, de la Fédération bancaire de France, complètent ce programme.