L’Alsace, au cœur du monde

Reichshoffen, une terre d’histoire et de convivialité

Les rencontres annuelles de l’UIA sont toujours placées sous le signe de la convivialité et de la découverte du territoire. Cette année, c’est Reichshoffen, connue pour sa bataille éponyme, qui a dévoilé ses charmes. Les participants ont pu explorer un coin d’Alsace un peu mé­connu mais particulièrement attrayant, avec ses vallées verdoyantes, ses sentiers de randonnée, ses forêts profondes et les ruines d’anciens châteaux perchés sur d’impressionnants rochers.

La journée a été ponctuée par les interventions de la marraine de l’événement, Patricia Weller, célèbre comédienne connue sous le nom de scène de Marlyse Riegenstiehl. Elle a été choisie pour son amour de la région, et ses spectacles qui célèbrent le tempérament alsacien. Le maire, Hubert Walter, a quant à lui présenté sa ville, riche d’histoire et d’un patrimoine industriel durable, malgré ce qu’il nomme être un «empire morcelé».

L’UIA : un pont entre l’Alsace et le monde

Avec 65 associations et 20 délégations réparties sur tous les continents, l’UIA joue un rôle majeur dans le rayonnement de l’Alsace. L’Union soutient l’exportation, promeut la gastronomie en partenariat avec les Étoiles d’Alsace, valorise les vins régionaux, et tisse des liens avec les organismes de tourisme. Elle s’appuie sur un réseau de 140 entreprises et mécènes du Grand Est pour ses actions. Le rôle de l’association est souligné comme étant un lien entre la région et ses expatriés.

Parmi les événements phares, l’UIA a organisé en 2025 l’Alsace Fan Day, la journée annuelle des Alsaciens du monde. L’Union célèbre aussi la Saint-Nicolas dans les associations du réseau, partout sur le globe, et promeut la langue alsacienne à l’étranger au sein de ses associations.

La saga De Dietrich : entre tradition et innovation

Avant la visite du château De Dietrich programmée dans l’après-midi, l’historien Daniel Fisher a captivé l’audience en retraçant l’histoire de la famille. Il a partagé la saga familiale, débutée par Jean III De Dietrich, un banquier anobli par Louis XVI qui, contraint d’abandon­ner la finance, a fondé un empire métallurgique. Puis il a expliqué le rôle de Philippe Frédéric De Dietrich, maire de Strasbourg de mars 1790 à août 1792, et commanditaire de la « Marseillaise », nommée à l’époque « chant de guerre pour l’armée du Rhin » et qui devint l’hymne national de la France.

Le Baron Marc-Antoine De Dietrich a ensuite présenté le volet écono­mique de l’entreprise. Aujourd’hui, après 10 générations d’industriels, l’entreprise se distingue toujours par son adaptation et sa résilience. Si certaines filiales ont été vendues, la division pour l’industrie pharma­ceutique et chimique, présente sur cinq continents, reste le cœur de l’activité. La synergie entre la famille et la région repose sur la qualité de la main-d'œuvre et la compétence des cadres alsaciens.

Lors de la visite du château, les participants ont pu admirer les archives séculaires de la famille, et profiter des explications de Henri Mellon, président de l’association De Dietrich. La collection de poêles en fonte, et les tableaux retraçant les points forts de 340 ans d’histoires familiales, étaient également offerts aux regards des visiteurs.

L’histoire passionnante de Bugatti et De Dietrich

Cette journée a été l’occasion de mettre en lumière le lien historique entre les familles De Dietrich et Bugatti. Ainsi, des propriétaires pas­sionnés ont présenté des modèles anciens de la célèbre marque de voitures. Et certains participants ont même eu le plaisir de s’installer sur les banquettes en cuir, pour faire un tour dans l’une de ces voi­tures de légende.

La bataille de 1870 : un moment d’héroïsme

L’historien Yves Moritz a captivé l’auditoire en expliquant la bataille de 1870, qui s’est déroulée près de Reichshoffen (à Monswiller et Morsbronn). Il a mis en lumière l’héroïque et désespérée charge des cuirassiers français du 6 août 1870, qui ont fait face à des troupes prussiennes quatre fois plus nombreuses. Menée avec panache, cette charge a coûté la vie à la quasi-totalité de la cavalerie lourde française. L’historien a également éclairé le contexte politique de l’époque, avec un Empire français affaibli et l’ascension de la Prusse de Bismarck, menant à la déclaration de guerre du 19 juillet 1870. Plus tard, Yves Moritz a retracé précisément les positions militaires, et contextualisé cet événement dans la guerre franco-prussienne, à l’aide d’une grande maquette exposée au château De Dietrich.

Le Parc Régional des Vosges du Nord : 50 ans de préservation

Terre d’histoire et de nature, le Parc naturel des Vosges du Nord fê­tera ses 50 ans cette année. Créé le 30 décembre 1975, il s’étend sur 111 communes, compte 22 communes associées et 11 villes portes : 2/3 d’entre-elles se situent dans le Bas-Rhin et 1/3 en Moselle. Pas moins de 10 musées sont référencés dans le réseau. Le parc abrite une biodiversité florissante. Le retour du lynx, de la cigogne noire, du castor et de l’écrevisse des torrents témoigne de la bonne santé de l’écosystème. La future charte, prévue pour 2029, mettra l’accent sur les moyens de convaincre les habitants afin de protéger son espace et son patrimoine. Les randonneurs peuvent explorer ce cadre natu­rel, grâce au GR 53 qui traverse le parc régional, en offrant plusieurs étapes de découverte. Un carnet du parc est disponible sur leur site internet (voir encart ci-dessous).

Les Bretzels d’Or : symbole de l’attachement à la culture alsacienne

Avec le prestigieux « Bretzel d’Or », l’Institut des Arts et Traditions Populaires d’Alsace met à l’honneur des personnalités éminentes du milieu des arts, de l’économie, de l’artisanat, de la gastronomie, de l’éducation qui contribuent au rayonnement de toute l’Alsace par leur talent et leur engagement. L’authenticité de la culture régionale est ainsi soulignée, par la remise de ce prix. Ce jour-là, deux Bretzel d’or ont été remis par Bernard Kuentz, président de l’Institut des Arts et Traditions Populaires d’Alsace, à des alsaciens établis à l’international :

Antoine Jung, boulanger alsacien en Bavière. C’est l’amour qui a incité ce jeune boulanger a quitté Rittershoffen pour Schönberg en Haute-Bavière, il y a déjà quelques années de cela. Ce départ fut aussi le début de son engagement, pour cultiver et approfondir l’amitié entre l’Alsace et sa deuxième patrie, la Bavière. Le jumelage entre Schönberg et Rittershoffen est à son actif. Il est bien sur devenu un « Ambassadeur d’Alsace en Bavière ».

Francis Lapp, fondateur et PDG de la société Sunreef Yachts à Dubaï, a été distingué pour son parcours exceptionnel. Après avoir débuté en Pologne, il a bâti une entreprise mondiale spécialisée dans la construc­tion de yachts de luxe sur mesure. Aujourd’hui, plus de 140 Sunreef Yachts voiles et moteurs naviguent dans le monde entier.

L’humour et la musique pour clôturer la journée

Après les conférences et le déjeuner, les participants ont pu profiter d’une visite guidée du musée du fer commentée par Étienne Pommois, déambuler dans le Château De Dietrich, et partir à la découverte du musée historique et industriel, avec ses maquettes animées. La journée a également été animée par la musique de Dany Kleinmann et les voix chaleureuses du choeur de Niederbronn, qui ont chanté en alsacien. Le point d’orgue artistique a été le one-woman-show de Patricia Weller, alias Marlyse Riegenstiehl, qui a fait rire l’assemblée avec son person­nage à l’accent alsacien prononcé et au culot légendaire, une parfaite conclusion à cette journée de célébration de l’identité alsacienne.