Après avoir assuré du soutien de l’ensemble des personnels du tribunal, Madame Ronchewski a présenté le parcours du nouveau président à un auditoire fourni. Après un master Carrière Publique et un diplôme en sciences politiques, Monsieur Lamorelle a intégré l’école nationale de magistrature en 2012. Il débute sa carrière de magistrat comme Juge des enfants à Auxerre, puis comme substitut du procureur de la République à Lyon avant d’être nommé en 2022 vice-président du tribunal judiciaire de Fort de France mais aussi président d’audience correctionelle.
Depuis début juin 2025, il est le nouveau président du tribunal judiciaire de Saverne. Il assure également des fonctions juridictionnelles par la présidence du contentieux correctionnel ainsi que le service du juge des libertés et de la détention.
Madame la vice-présidente a ensuite cédé la parole à Madame Constance Champrenault qui a assuré l’intérim à la tête du parquet. Comme Madame Ronchewski, la vice-procureure a tout d’abord rendu hommage à Madame Aline Clérot et à sa détermination à lutter contre les violences intra-familiales. Elle en a profité également pour remercier l’ensemble des personnels qui travaillent avec le parquet.
Elle a ensuite présenté le nouveau procureur de la république Monsieur François Antona. Celui-ci après avoir intégré l’école nationale de magistrature en 2006, a démarré sa carrière comme substitut du procureur à Châteauroux, puis comme substitut placé au parquet de Montargis avant de rejoindre Nanterre comme juge d’instruction puis comme vice-procureur au parquet de Paris. Avec la création de la JUNALCO (juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) en 2020, il devient adjoint à la chef de section avant de devenir chef de section lui-même. Il a rejoint le parquet de Saverne début septembre.
Après leur installation officielle, les deux chefs de juridiction, dans une démarche originale, ont présenté leurs salutations à deux voix à l’ensemble des acteurs de la chaine judiciaire et pénale.
Les nouveaux magistrats installés
Avant leur discours, les chefs de juridiction ont présenté les nouveaux magistrats et fonctionnaires de greffe qui arrivent à Saverne.
Il s’agit de Madame Chloé Maunier, vice-présidente, qui sera juge des affaires familiales et assistera le président à la chambre correctionnelle. Il y a ensuite Mme Aintzane Karnaoukh, vice-présidente au tribunal de Saverne affectée à la chambre civile. Madame Anne Mousty a été nommée vice-présidente chargée des fonctions de juge des contentieux et de la protection au tribunal de proximité de Molsheim. Elle aura également en charge le déploiement de Portalis. Enfin, Monsieur Alexandre Schoepfer est nommé juge d’instruction.
Avec l’arrivée de Madame Valérie Mosser en juin 2025 à Saverne sur la partie civile, la direction de greffe est au complet.
Une dyarchie harmonieuse et une juridiction engagée
Dans son discours de présentation, le nouveau procureur souligne tout d’abord l’opportunité de son installation simultanée avec le président, car la dyarchie se « trouve à se nourrir d’une découverte commune de la juridiction, de son ressort et de leurs enjeux. » Après un mois, il affirme que cette dyarchie « s’annonce harmonieuse, tant nos échanges, monsieur le président, me paraissent riches et fructueux. »
Il dépeint le Tribunal Judiciaire de Saverne comme « une juridiction dynamique, engagée dans ses missions, ». Il rappelle qu’il s’agit d’une juridiction de proximité, au cœur de la Cité mais aussi « une juridiction soudée, au sein de laquelle il fait bon travailler. »
Il se félicite également des excellentes relations avec l’équipe de la direction de greffe, en particulier Madame Sophie Moog, et des « relations magistrats-avocats apaisées, constructives, et tout autant conviviales. »
L’intérim et l’augmentation des effectifs du parquet
Monsieur François Antona évoque la «longue vacance du poste» de sept mois et remercie chaleureusement Constance Champrenault pour son intérim mais aussi pour son « accueil à Saverne et sa disponibilité à toute épreuve. »
Il se réjouit de l’augmentation récente et prochaine des effectifs du parquet, puisque celui-ci a été porté à quatre magistrats par la circulaire de localisation des emplois 2025. Cette augmentation d’un tiers est considérée comme « indispensable » pour permettre au parquet d’assurer l’ensemble de ses missions et de participer aux « nombreuses instances partenariales. »
Poursuite de l’héritage et priorités pénales
Le procureur assure qu’il ne compte pas « bouleverser son organisation et son fonctionnement, ni d’ailleurs sa politique pénale » immédiatement, nécessitant un temps de découverte et d’analyse.
À cet égard, il rend hommage à Aline Clérot, pour « la richesse et l’efficacité du travail accompli, » notamment en matière de lutte contre les violences intra-familiales, considérée comme une priorité absolue et pour le développement d’un catalogue complet des poursuites alternatives. Cet héritage a permis à la juridiction d’atteindre des délais d’audiencement correctionnel et d’exécution des peines maîtrisés. Il aura à cœur de « faire fructifier cet héritage. »
Pour lui, deux priorités, issues de la dernière circulaire du Garde des Sceaux, doivent être mises en avant. Tout d’abord, le narcotrafic : Il faut se montrer proactif pour identifier et démanteler les réseaux locaux, même si le ressort semble pour l’heure « relativement épargné par ses manifestations les plus violentes. » Une collaboration étroite avec les services de Gendarmerie et les parquets voisins est essentielle.
La seconde priorité concerne les atteintes aux biens notamment les vols aggravés commis en bande organisée. L’objectif est d’apporter « les réponses pénales les plus fermes » et d’optimiser l’action judiciaire en travaillant sur des groupes criminels et en rapprochant des faits isolés qui, ensemble, « révèlent des logiques de pillage. »
Bien entendu, au-delà de ces domaines, d’autres sujets comme la protection de l’enfance, la protection de l’environnement, la lutte contre la haine et les discriminations, la sécurité routière mais aussi la préservation du tissu économique local seront des sujets d’attention pour ce parquet.
Principes directeurs et moyens d’action
François Antona annonce que sa politique pénale peut se résumer en quatre mots : « la prévisibilité, la lisibilité, l’équilibre et la fermeté. »
Son action sera guidée par la « protection des intérêts de la société et de la paix sociale », le souci de protéger les victimes et enfin de détourner de la délinquance les auteurs d’infractions et dans un même temps de neutraliser ceux dont la dangerosité ne fait aucun doute
Conscient de la saturation de la Maison d’arrêt de Strasbourg (avec un taux d’occupation de 170%), le procureur insiste sur l’importance d’utiliser toutes les réponses pénales, notamment les alternatives à la prison telles que le TIG, l’éviction du conjoint violent et les stages de sensibilisation, qui ont prouvé leur efficacité.
Il conclut en affirmant que son parquet pourra compter sur une « équipe autour du magistrat particulièrement développée et opérationnelle. »
Des intentions plutôt qu’une feuille de route
En préambule à son discours, le président annonce qu’il présentera, à ce stade, plutôt ses intentions pour ses nouvelles fonctions.
Il commence par des remerciements chaleureux envers l’ensemble de ses collègues (siège, parquet, greffe) pour leur accueil, et salue en particulier la vice-présidente Nathalie Ronchewski pour l’intérim mais aussi pour son expérience en matière civile et commerciale.
Il rend également un hommage appuyé à ses prédécesseurs, Françoise Decottignies et Aline Clérot, soulignant que malgré le contexte général de crise et de « manque chronique de moyens » que traverse la justice, le tribunal de Saverne est identifié pour son dynamisme et fonctionne dans de « plutôt bonnes conditions » grâce à leur pilotage efficace et à l’investissement de tous.
Il exprime, lui aussi, sa joie de débuter sa collaboration avec le procureur de la République, visant un « dialogue dyarchique à la fois efficace et harmonieux ». Il remercie également l’équipe de direction du greffe, soulignant l’engagement et la grande polyvalence requise des agents du greffe, dont le travail est rendu complexe par la taille de la juridiction.
Il met en lumière les qualités de l’équipe du siège qu’il résume en deux mots : « mobilisation et agilité », cette dernière étant essentielle pour une petite juridiction qui doit faire du sur-mesure face à la multitude des compétences. Il félicite aussi la saine collaboration avec le parquet et les partenaires associatifs, notamment dans la lutte contre les violences infra-familiales.
Les principes de son action
Les trois principes qui guideront son action sont en premier lieu de faire vivre un collectif de travail solidaire afin de concilier la capacité d’adaptation du tribunal avec les impératifs de sécurité juridique et de conditions de travail acceptables. Il souhaite également poursuivre la dynamique d’ouverture et d’inclusion de la juridiction vers l’extérieur (jeunes, scolaires), pour une meilleure compréhension des décisions judiciaires. Enfin, il veut être un président engagé en assumant un contentieux juridictionnel « significatif », en maintenant une forte « exigence déontologique » et en cherchant sans relâche à améliorer le fonctionnement et les conditions de travail.
Il conclut par ces mots : « En d’autres termes, je vous propose de faire nôtres les mots de Charles de Gaulle dans ses mémoires de guerre comme une maxime d’action : « Visez haut et se tenir droit ». »
Avant d’inviter l’ensemble des professionnels présents à un moment convivial, le tribunal a rendu hommage à Mme Marie-Louise Weber et à Monsieur Michel Kirchhoffer à l’occasion de la remise de la médaille d’honneur des services judiciaires pour ces deux personnes véritables piliers des services de greffe du tribunal de Saverne.