Économie Paru le 09 février 2024

QUELS MÉTIERS EN CROISSANCE EN 2024 ?

Courtier en énergie, responsable RSE, ingénieur IA… LinkedIn vient de publier son dernier classement des 25 métiers qui ont connu la plus forte croissance en France ces cinq dernières années*. Focus sur les professions en plein essor et sur les dernières tendances du marché du travail.

Les talents de la tech tiennent le haut du pavé © makbul -stock.adobe.com

« Les talents de la tech sont toujours aussi convoités, tandis que les métiers de la vente et du marketing font toujours recette et que les enjeux de la transition écologique et énergétique gagnent du terrain », signale Gaëlle Coursel de LinkedIn Actualités. Malgré des postes traditionnels dans le commerce, le marketing et les RH qui restent toujours très recherchés, le monde du travail est en pleine évolution, note le réseau professionnel. En cause ? L’es­sor de l’intelligence artificielle, la prise de conscience des enjeux environnementaux et la hausse du coût de l’énergie. Des enjeux qui créent à la fois de nouveaux défis pour les entreprises et de nouvelles opportunités pour les professionnels.

Selon LinkedIn, « 25% des compétences demandées en 2015 par les recruteurs sont aujourd’hui obsolètes. Une proportion qui devrait atteindre 65% d’ici 2030 ».

Les talents de la tech tiennent le haut du pavé

Dans le détail du classement des 25 métiers qui ont connu la plus forte croissance en France, les métiers de la tech semblent de plus en plus plébiscités. « Ce sont des postes à forte valeur ajoutée sur le marché » commente Matthieu Imbert-Bouchard, directeur général du cabinet de recrutement Robert Half international France. Par exemple, le métier d’architecte cybersécurité, chargé de « détec­ter, réparer les failles de sécurité du système informatique d’une entreprise et de sensibiliser les employés aux bonnes pratiques, afin d’éviter les risques de piratage, les attaques de logiciels mal­veillants et violations de bases de données » ; ou de responsable data, chargé de « structurer la collecte et l’analyse des données d’une entreprise, d’en assurer la fiabilité et de veiller au respect des règles en matière de protection des données personnelles » sont des profils très largement recherchés. Autres métiers convoités, les ingénieurs en fiabilité de sites. Inventé par Google au début des années 2000, le métier consiste à s’assurer de la robustesse d’un site Internet, d’une application ou d’un logiciel. Au quotidien, cet ingénieur « mesure la performance du système informatique et répond aussi aux urgences, notamment aux problèmes de sécurité ».

Enfin, « même si les métiers de l’IA ne sont pas encore très dé­veloppés pour l’instant, en France », constate Matthieu Imbert- Bouchard, les ingénieurs en intelligence artificielle, qui « développent des programmes informatiques capables de raisonner ‘comme un humain’ et donc de réaliser des tâches complexes », apparaissent pour la première fois dans le classement LinkedIn, à la 23e position.

Et les fonctions support toujours recherchées

Certains métiers restent indispensables au développement des entreprises. Il s’agit notamment des « responsables de dévelop­pement commercial », numéro un du classement. Ils sont chargés d’« identifier de nouveaux leviers de croissance pour une entreprise ». Ou celui de technico-commercial, qui « assure la vente de produits qui nécessitent des connaissances techniques ou technologiques, à la différence du simple commercial classique » ; ou encore de growth marketing manager. Son rôle ? « Attirer de manière rapide de nouveaux clients grâce à un ensemble de techniques marketing digitales ».

Outre ces fonctions commerciales clés pour les entreprises qui restent donc très convoitées, les fonctions support, comme les chargés de recrutement, qui s’occupent « des différentes phases du processus d’embauche », le sont tout autant. Ou encore les chargés de clientèle. « Il y a une vraie demande sur ce type de profils qui vont arriver avec un portefeuille clients et avoir un vrai impact sur l’augmentation du chiffre d’affaires, mais également sur l’acquisition de parts de marché », signale Matthieu Imbert- Bouchard. Ce d’autant plus qu’il y a « une appétence pour grossir les parts de marché et chercher plus de chiffre d’affaires » dans les entreprises aujourd’hui davantage focalisées sur la rentabilité.

RSE et transition écologique

Outre ces métiers plus classiques, de nouveaux métiers, liés notamment à la transition écologique et énergétique, ont fait leur apparition et sont également plébiscités. Par exemple, celui de courtier en énergie qui aide particuliers et entreprises à « trouver le contrat d’électricité ou de gaz le plus adapté à leurs besoins et le moins cher. Il compare les différents fournisseurs et accompagne ensuite ses clients dans le processus de résiliation et de souscrip­tion d’un nouveau contrat » ; l’energy manager, qui a pour mission de mettre en place une stratégie visant à réaliser des économies d’énergie au sein des bâtiments ; le responsable RSE, chargé de veiller à ce que son entreprise « respecte les lois et réglementa­tions en vigueur en matière de développement durable. Il élabore aussi une stratégie pour réduire l’impact environnemental de son organisation ». Ou encore le consultant développement durable, qui « aide les entreprises ou les collectivités à améliorer leur bilan environnemental (empreinte carbone, pollution, gestion des déchets et de l’eau…). Il commence par établir un diagnostic, puis rédige un plan d’actions qui tient compte des contraintes économiques et techniques de son client ».

88% des entreprises vont recruter

La sortie de ce classement des métiers en croissance est également l’occasion de tirer un bilan global sur le marché du travail. « On sort d’une année 2023 globalement bonne mais en demi-teinte, avec un petit ralentissement de la croissance et des créations d’emploi et un taux de chômage qui commence à remonter au troisième trimestre. La Banque de France prévoit un retournement, avec un chômage qui continuera à augmenter jusqu’à 8% jusqu’en 2025 » décrit Matthieu Imbert-Bouchard.

Si 88% des chefs d’entreprise prévoient des recrutements en CDI en 2024, il justifie ces prévisions par un effet rattrapage – un décalage des recrutements, du remplacement de postes et un investissement sur de nouveaux, après « un marché pénurique en 2023 avec énormément de dirigeants qui n’avaient pas réussi à recruter, même si on est sorti de l’euphorie des recrutements de 2022 : le marché commence à se rééquilibrer entre l’offre et la demande », précise-t-il.

Sur les difficultés de recrutement, le directeur général de Robert Half international France affirme que les entreprises les éprouvent dans tous les secteurs. « Il n’y en a pas un qui est épargné, même si certains sont un peu moins attractifs et donc très impactés, comme le BTP et les activités liées à l’immobilier ». Dès lors, les entreprises sont, selon lui, en train de « repenser leur modèle de recrutement et la façon dont elles recrutent pour être attractives ».

* Source : intitulés de poste des membres LinkedIn. Les chercheurs de LinkedIn Economic Graph ont examiné des millions de nouveaux emplois occupés par des membres de LinkedIn entre le 1er janvier 2019 et le 31 juillet 2023, afin de calculer un taux de croissance pour chaque intitulé de poste.

Charlotte DE SAINTIGNON