Grand Est Paru le 22 juillet 2022
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Émilien Gangemi reconduit à la tête de la CAPEB 57

La CAPEB (la confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) de Moselle a tenu son assemblée générale en juin à Metz. À cette occasion Émilien Gangemi, président sortant a été réélu à la présidence du syndicat patronal.

Émilien Gangemi, président réélu de la Capeb de Moselle.
Émilien Gangemi, président réélu de la Capeb de Moselle.

La CAPEB de Moselle existe depuis 28 ans. Ce syndicat au service des entreprises artisanales du bâtiment de Moselle, parti de quelques dizaines de chauffagistes en 1994, atteint aujourd’hui plus de 1000 adhérents. « Et nous ne comptons pas nous arrêter là » assure d’entrée Émilien Gangemi, le président, dans son discours d’ouverture. Il pouvait ensuite embrayer sur la conjoncture. « Après une année 2020 marquée par la crise sanitaire, nous pensions sans conteste que l’année 2021 serait moins tourmentée. Mais c’était sans compter sur de nouvelles contraintes sanitaires, des hausses de prix incessantes, des pénuries de matériaux, des difficultés de recrutement, des lourdeurs administratives toujours aussi nombreuses. » Une mise en bouche plutôt amère qui n’empêche pas le président de rappeler l’état d’esprit de la profession face à ces tourments. « Ce qui caractérise notre secteur d’activité et ce que je prône en tant qu’élu, c’est avant tout l’attachement à notre savoir-faire et à la qualité de nos prestations pour nos clients, l’optimisme et le goût du challenge pour toujours faire mieux, pour amener nos entreprises au plus haut. Néanmoins, je ne vous le cache pas, ces derniers temps, nous sommes inquiets et préoccupés pour notre avenir. »

« La conjoncture n’est pas mauvaise »

Et voici la profession placée devant une sorte de contradiction. À la lumière de la conjoncture du 1er trimestre 2022 qui « n’est pas mauvaise, mais la hausse des prix et les difficultés d’approvisionnement contrarient une activité florissante ! » De fait le président fait le constat que l’activité des entreprises artisanales du BTP est « au beau fixe… sur le papier. Les carnets de commandes sont remplis » mais enchaîne-t-il : « notre quotidien n’a jamais été si compliqué sous l’effet des délais d’approvisionnement qui s’allongent et des prix qui flambent. » Une question taraude les artisans, lestée d’une lourde inquiétude : « jusqu’à quand un tel niveau d’activité est-il possible ? »

Une croissance solide

Il revient sur les principaux indicateurs de la conjoncture au premier trimestre. La croissance de l’activité globale est de + 3,5%. Soit +3% dans le neuf et +4% dans l’entretien rénovation et même +4,5% pour les travaux d’amélioration de la performance énergétique. Dans le même temps, les mises en chantier affichent une hausse de 12,8% et les autorisations augmentent encore plus fortement à +24%. Au niveau régional, le Grand Est figure parmi les régions les plus dynamiques avec une croissance de l’activité de 4%, juste derrière la Bretagne et le Centre-Val-de-Loire 4,5%. Autant de signes encourageants pour les mois à venir comme le confirme le niveau des carnets de commandes, toujours à la hausse : 103 jours, c’est-à-dire 12 jours de plus que l’an dernier à la même époque. Des indicateurs qui se répercutent sur l’emploi. Pour le 1er semestre 2022, les entreprises artisanales du bâtiment prévoient dans leur grande majorité (80%) de maintenir leurs emplois et 19% ont même l’intention de recruter.

Il pointe avec une certaine ironie le fait qu’au second semestre 2021, 31% des chefs d’entreprise artisanale avaient voulu embaucher mais que seulement 17% y étaient parvenus… La difficulté de recruter est visiblement devenue récurrente. Et sa réponse à cette problématique viendra aussi de la CAPEB « qui oeuvre au quotidien pour promouvoir les beaux métiers du bâtiment. » Néanmoins, petit bémol, 40% des entreprises déclarent une baisse des marges, de quoi raviver l’inquiétude de la profession.

Manque de visibilité

Alors qu’une conjonction de facteurs vient mettre des bâtons dans les roues des entrepreneurs de l’artisanat du bâtiment « nous parvenons à tenir la barre et maintenir notre activité comme les emplois » assure Émilien Gangemi. Ce dernier ne se voile pas la face. Il cite les écueils. « La persistance des complexités administratives et réglementaires mais aussi le manque de visibilité qui viennent jouer les trouble-fêtes. » Il en évoque d’autres. Les difficultés d’approvisionnement demeurent et sont même accentuées sous l’effet de la guerre en Ukraine. Quant à l’impact de ces problèmes d’approvisionnement ainsi que de la hausse des prix, une enquête conduite par la CAPEB auprès de 1700 adhérents, révèle que 56% d’entre eux éprouvent des complications dans leur production et dans l’organisation de leurs chantiers comme de leurs équipes. La hausse des prix selon cette même enquête a été en moyenne, au cours de ce premier trimestre de 18%, soit autant que sur toute l’année 2021.

Une grosse inconnue

Le président Gangemi n’esquive rien. Il parle d’une grosse inconnue pour l’avenir proche : « jusqu’à quand nos clients pourront-ils absorber le renchérissement de leurs travaux ? Une question qui risque de devenir cruciale au moment où le pouvoir d’achat des ménages diminue tout comme les aides auxquelles ils peuvent prétendre avec en particulier la suppression de certains coups de pouce et le durcissement des conditions du dispositif MA PRIME RENOV. »

La CAPEB donne d’ores et déjà rendez-vous à Bruno Le Maire, aux futures Assises du Bâtiment, pour y faire des propositions. Et dans la foulée il lance une sorte d’appel : « C’est là toute la force des chefs d’entreprises, malgré ce contexte invraisemblable, nous devons rester optimistes et continuer à faire preuve de résilience ! »

L’appel à un nouveau souffle

Émilien Gangémi se souvient d’avoir mis les candidats aux législatives Mosellans à la question lors d’une rencontre-débat organisée au Technopole avant le scrutin. En ce 10 juin il a simplement eu ce souhait : « Alors, pour les cinq années qui s’annoncent, la CAPEB demande aux futurs députés mais aussi à l’ensemble des dirigeants d’avoir enfin le courage de prendre, rapidement, les mesures de bon sens qui s’imposent pour soutenir réellement l’économie de proximité, mais aussi pour redonner un nouveau souffle salutaire à notre pays. »

À quand la simplification ?

Bien sûr il répète inlassablement les éternelles revendications des artisans comme « ce maquis des aides aux travaux, les dossiers RGE (Reconnu garant de l’environnement). Que de temps perdu dans des formulaires et des normes règlementaires absurdes… Ce sont des points de croissance en moins ! » Et il lance ouvertement ce défi à nos gouvernants : « Concrètement, la simplification pour les chefs d’entreprises du bâtiment c’est pour quand ? » Il attend visiblement une amplification du « choc de simplification ».

Plus d’équité entre TPE, PME et multinationales

Émilien Gangemi égrène ensuite toutes les propositions de la CAPEB pour redonner ce souffle tant attendu aux entreprises artisanales :

- Une vraie prise en compte des spécificités des TPE et PME locales.

- Une plus forte décentralisation pour redonner des capacités d’action aux acteurs de terrain au plus près des réalités.

- Une stabilité et de la visibilité concernant les mesures fiscales et sociales.

- Plus d’équité entre les TPE et PME et entreprises nationales ou multinationales.

- Une mobilisation sans faille pour lutter contre la pénurie de main-d’oeuvre. Il faudra recréer de l’appétence pour le travail et engager une profonde réforme de l’Éducation nationale pour que les filières professionnelles deviennent grâce à la formation, de vraies voies d’excellence et d’exigence. Pour nous c’est une priorité nationale !

- Une réinstauration de circuits courts, de la relocalisation, la redécouverte de la qualité et du juste prix.

- Et enfin, un grand plan de reconquête énergétique qui devra s’appuyer sur les artisans du bâtiment.

La CAPEB est là et bien là !

Émilien Gangemi a terminé son discours en appelant les artisans, les chefs d’entreprises « à rompre l’isolement. On peut rester indépendant et libre sans être isolé. Il faut renouer avec des valeurs de solidarité, d’entraide, de bon sens, de coopération et où chacun devra apporter sa part de contribution, mais également être écouté et entendu. »

Il lança un « Qu’on se le dise, la CAPEB est là et bien là ! Les TPE et PME du bâtiment sont et resteront incontournables ! »

Bernard KRATZ