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Grand Est Paru le 05 août 2022
BTP

Le secteur du BTP confronté à une pénurie de matériaux et de main-d’oeuvre

Dans le Haut-Rhin, les professionnels du bâtiment et des travaux publics sont préoccupés par la pénurie de main-d’oeuvre et les difficultés financières des entreprises, alors que les carnets de commandes sont bien remplis. Étienne Barilley, président de la Fédération du bâtiment et des travaux publics du Haut-Rhin, s’est exprimé à ce sujet lors de la dernière assemblée générale de la fédération qui s’est tenue à la Maison du bâtiment à Mulhouse.

Étienne Barilley, président de la Fédération du BTP du Haut-Rhin.

La Fédération du BTP du Haut-Rhin est la première organisation représentative des entreprises dans le département. Elle représente 750 entreprises adhérentes qui génèrent 700 millions d’euros de chiffres d’affaires et emploient 8.500 salariés. Elle réunit une majorité de petites et moyennes entreprises. Elle fait partie des 10 fédérations départementales regroupées au sein de la fédération française du Grand Est.

Une situation économique paradoxale

L’assemblée générale de la fédération du BTP 68 a été l’occasion de dresser le tableau d’une situation économique paradoxale décrite par Étienne Barilley. D’un côté, « Les carnets de commandes sont fournis. La construction de logements neufs se porte bien, tant au niveau des logements mis en chantier que des logements autorisés. La construction de bâtiments non résidentiels progresse à nouveau et le secteur de la rénovation est en croissance, probablement stimulé par le dispositif Maprimerénov qui fonctionne plutôt bien. » De l’autre côté, les statistiques montrent une baisse des ventes des maisons neuves au niveau national. À cela s’ajoute une « grande inquiétude sur la santé financière des entreprises », a souligné Étienne Barilley qui a évoqué plusieurs raisons à cela, à commencer par la pénurie des matières premières et la flambée des prix. « Les entreprises éprouvent de réelles difficultés à négocier les prix en raison de l’absence de plus en plus fréquente dans les contrats, de clauses incluant la révision des prix. » Le président de la FBTP 68 a dénoncé « Ceux qui génèrent des stocks dans un but de spéculation ». Les craintes sont également justifiées par le ralentissement de la commande publique ainsi que l’entrée en vigueur de la réglementation environnementale RE 2020 qui concerne la construction de bâtiments neufs depuis le 1er janvier 2021. Pour Étienne Barilley, des tensions sont aussi occasionnées par l’instauration de la loi zéro artificialisation des sols, des zones à faibles émissions et de la taxe poids lourds. Sur ce dernier point, il s’est prononcé en faveur d’une « redistribution de cette taxe aux entreprises locales afin de ne pas les pénaliser », une idée proposée par Éric Straumann, maire de Colmar.

« Débauchage sauvage et abusif »

La raréfaction de la main-d’oeuvre n’arrange pas la situation d’autant plus que « Des pratiques de débauchage sauvage et abusif s’instaurent », a souligné le président de la FBTP 68. Il a incité les entreprises qui en sont victimes à le signaler à la fédération. Face à la pénurie de personnels, la fédération ne ménage pas ses efforts pour promouvoir les métiers du bâtiment et attirer de nouvelles recrues. « Il y a de belles carrières à faire dans le bâtiment », a rappelé Étienne Barilley qui a déploré, à titre d’exemple, que dans les formations destinées aux carreleurs, et malgré le partenariat avec Pôle Emploi, les candidats font cruellement défaut. Étienne Barilley quittera son siège de président de la FBTP 68 au mois de septembre 2022 après avoir assuré deux mandats de 3 ans. Au futur nouveau président, qui sera élu à la rentrée par le conseil d’administration, Étienne Barilley a adressé ce message : « Le job du président, c’est d’être un lobbyiste dans le but de défendre les intérêts des adhérents. » La présidence, « On y va parce qu’on y est appelé et parce qu’on vient vous chercher. » Au terme de sa mission, Étienne Barilley s’est dit satisfait du chemin parcouru : « La fédération, qui est l’une des rares formations patronales à ne pas vivre de l’argent public, compte aujourd’hui comme référent auprès des élus et pouvoirs publics.» Elle bénéficie désormais d’une « belle reconnaissance acquise notamment pendant le covid quand la fédération a traité ce qu’elle traite en un an. » À l’issue de l’assemblée générale, trois Meilleurs Apprentis de France (MAF) haut-rhinois ont été honorés pour avoir réussi à atteindre un niveau d’excellence. Il s’agit de Manon Baumgart, MAF en plâtrier-plaquiste au sein de la société Werey-Stenger, Zakaria Bacha-Missimi, MAF en Zinguerie apprenti au sein de la société Romani, et Lucas Rinaldi, MAF en charpente bois au sein de la société Colmar Charpente. Le concours MAF est organisé chaque année pour les jeunes apprentis de moins de 21 ans, inscrits en formation initiale (CAP, Bac Pro).

Christophe LUDWIG