Éric Straumann, maire de Colmar, avait invité Marc Keller pour présider l’inauguration de cette 73ème édition à la veille d’un match amical qui opposait le Racing au SC Freiburg au Stadium de Colmar. « Quoi de mieux qu’un Keller (la cave en alsacien) pour présider cette inauguration », avait lancé en fin de cérémonie lors de l’intronisation de la Reine des vins, Jean-Paul Goulby, président des confréries viticoles d’Alsace. Auparavant, le maire de Colmar a mis en avant les qualités du président du Racing, après avoir rappelé que son invité avait joué au sein du club des Sports Réunis de Colmar (SRC) : « Marc Keller représente l’Alsacien dans toute sa dimension : modestie, travail et résultats, puisqu’il a hissé le Racing en première division au niveau national, comme notre foire aux vins, 3ème foire nationale derrière Paris et Marseille.»
Entre le Racing et la Foire aux vins, « Il y a beaucoup de similitudes »
Il y a une histoire commune entre Colmar, la Foire aux vins d’Alsace, la viticulture, le Racing et Marc Keller. Natif de Colmar, Marc Keller a grandi à Balgau et a étudié au Lycée Bartholdi. Du SRC, il en a retenu qu’il s’agissait à l’époque du « meilleur club amateur et centre de formation d’Alsace. » Son souhait est de voir le SRC « atteindre si possible la Nationale 1.» Quel rapport entre le Racing et la Foire aux vins ? « Il y a beaucoup de similitudes », a souligné le président du club de football strasbourgeois classé 5ème de ligue 1, la saison dernière. « Nous jouons à guichet fermé depuis des années et nous avons un taux de remplissage de 98%. » Voilà un premier point de convergence à mettre en parallèle avec les « chiffres incroyables » de la Foire aux vins qui reçoit « plus de 300.000 visiteurs par an » et comptabilise « 11 millions de visiteurs depuis sa création. » Pour le président du Racing, la convivialité est un autre marqueur commun. Tout comme à la Foire aux vins, « On vient à la Meinau pour beaucoup plus qu’un match de foot. » On y vient pour la « convivialité, le partage, le bonheur, la mixité constituant une bonne photo de ce que devrait être la société française. » Les deux institutions ont aussi connu des périodes difficiles a témoigné Marc Keller, avec un dépôt de bilan pour le Racing, « le club a été rétrogradé en 5ème division », des années qualifiées de « dures » qui font écho à l’incendie qui a dévasté la foire en 1979. Marc Keller a encore évoqué ses souvenirs de concerts : « Sardou, Bruel, Pagny ou Sting il y a trois ans. » Il a partagé sa sensibilité pour les métiers de la terre étant lui-même issu d’une famille de maraîchers et neveu d’un ancien dirigeant de chez Wolfsberger : « Je connais ces métiers qui s’exercent en famille, des métiers difficiles, qui se vivent au rythme de la météo. Ce monde me parle ! ». Des paroles fortes de sens pour les nombreux viticulteurs présents à l’inauguration.
« Faire de Colmar un haut lieu du tourisme d’affaires »
Les questions d’ordre économique et politique concernant Colmar et le Centre-Alsace ont été abordées en amont de l’intervention du président du Racing. Bertrand Burger, nouveau président de Colmar Expo, qui succède à Christiane Roth, n’a pas caché sa satisfaction d’ouvrir le millésime 2022 de la Foire aux vins après deux années d’interruption. « Cette fois-ci c’est la bonne ! La Foire aux vins d’Alsace est de retour ! », a déclaré Bertrand Burger qui a préféré parler du «passé» plutôt que de revenir sur «Les deux dernières années compliquées. » Il a rendu hommage aux figures clés ayant oeuvré au développement de la Foire aux vins et notamment les maires de Colmar, « Joseph Rey qui a réussi le déménagement de l’événement du centre historique de Colmar à ce parc décentralisé » et Gilbert Meyer, décédé en 2020, qui a, entre autres, porté les projets d’extension et de rénovation de la halle aux vins et de la couverture du théâtre de plein air. En charge de la gestion de la foire en 1992, Pierre Posth a également été cité pour avoir créé la société anonyme Colmar Expo. Bertrand Burger a poursuivi en saluant la mémoire d’Adrien Zeller qui a «exprimé son fort soutien à la foire », ainsi que «Les personnalités sans qui la Foire aux vins ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. » Ce fut le cas de « Johnny Starck qui a créé le festival en 1957, au centre-ville en faisant venir Luis Mariano, Dalida, Johnny, Antoine, Mireille Mathieu et beaucoup d’autres » et de « Thierry Rohmer qui a fait du parc expo un lieu de concerts de renommée internationale dans les années 70 » en faisant venir les Pink Floyd, Santana ou encore The Who. Sans oublier « Gilles Brenner qui accueillait les artistes » et l’humoriste Jean-Marie Arrus, animateur attitré du Cabaret Colmarien, décédé en 2018. « Malgré la conjoncture difficile, nous pouvons rester optimiste grâce aux nouvelles générations qui poursuivent le développement du parc expo », a renchéri Bertrand Burger qui n’a pas manqué de remercier les représentants des collectivités locales, des chambres consulaires et du CIVA (Comité interprofessionnel des vins d’Alsace) pour leur soutien. Le parc expo de Colmar, qui emploie 33 salariés, « accueillera en 2022 au moins le même nombre d’événements qu’en 2019 », a précisé Bertrand Burger qui a fait part d’une « forte reprise d’activité de plus de 28% par rapport au 1er semestre 2019 pour le service réceptif, le deuxième semestre s’annonçant très encourageant. » Pour Bertrand Burger, ancien dirigeant de la société Boaa installée à Lièpvre, « le Centre-Alsace est un territoire exceptionnel et la destination Colmar connaît un véritable engouement », un atout sur lequel peut s’appuyer Colmar Expo pour « développer le tourisme d’affaires ». Pour compléter son offre, Colmar Expo a racheté le Centre de rencontres, d’échanges et de formations (Cref) à la Ville de Colmar, structure qui a été rebaptisée Espace Auguste. Un travail en commun est mené avec Vialis, l’opérateur local d’énergie, et la Ville pour améliorer les infrastructures du parc expo dont les halls 2, 3 et 4 qui seront bientôt climatisés grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques. L’enjeu est de taille pour Colmar Expo et son actionnaire majoritaire, la CCI de Colmar et du Centre Alsace, dont la présidente, Céline Kern-Borni, a confirmé vouloir « faire de Colmar un haut lieu du tourisme d’affaires. »

Une Cité des vins verra le jour en 2026 à Kintzheim
Depuis sa création, la Foire aux vins d’Alsace constitue une vitrine pour les cépages et les métiers de la vigne. Céline Kern-Borni a rappelé que la CCI est engagée aux côtés des professionnels de la vigne en leur proposant un accompagnement à la carte : présence sur les salons internationaux, missions prospectives à l’étranger, formation à l’apprentissage des langues centrées sur les spécificités du métier, aide au recrutement, diagnostics énergétiques… Serge Flescher, président du CIVA, a souligné à quel point la filière viti-vinicole constitue un moteur pour l’économie alsacienne : « 3600 familles de viticulteurs, 750 entreprises, 15.500 hectares de vignobles, 135 millions de bouteilles vendues dans le monde tous les ans, 1,5 milliard de chiffres d’affaires. » À cela il faut ajouter les « Plus de 7 millions de visiteurs qui sillonnent la Route des vins chaque année » positionnant « le vignoble comme point d’attractivité leader bien au-delà des autres sites touristiques majeurs », ce qui fait dire au président du CIVA que le secteur est bien « la locomotive économique et touristique » de l’Alsace. Avec enthousiasme, Serge Flescher a présenté les initiatives menées en faveur de la promotion des vins d’Alsace. L’image des vins d’Alsace a ainsi été rajeunie « de manière audacieuse et moderne » au coeur de la foire. «Bousculant tous les codes », le slogan « Alsace Rocks » ornait la façade du parc des expositions et le stand réunissant les professionnels de la filière avait bénéficié d’un «relooking » pour cette 73ème édition.
« Jamais le vignoble alsacien n’a connu autant de signaux encourageants.»
Quant aux perspectives d’avenir, le président du CIVA a détaillé « les chantiers majeurs » destinés à amplifier la notoriété des vins d’Alsace. « Une Cité des vins verra le jour en 2026. Elle sera adossée à la Confrérie Saint-Etienne de Kientzheim », a annoncé Serge Flescher. Un pôle d’excellence sera créé sur le site du Biopôle de Colmar pour en faire un centre de recherche et développement unique en Europe. S’ajoute à cela, le lancement récent d’un projet en faveur des terroirs alsaciens « pour fêter dignement les 70 ans de la Route des vins en 2023 ». Pour le président du CIVA, ces projets sont le signe que « La viticulture alsacienne change de braquet. Elle mute, se structure, ose et ambitionne avec fierté et détermination. Il faut se réjouir, car jamais le vignoble alsacien n’a connu autant de signaux encourageants. » Ces initiatives sont le fruit d’un «mouvement de fond » auquel sont associées les entreprises qui « oeuvrent avec force dans le sillage de la dynamique impulsée par l’interprofession » dont la stratégie repose sur « des plans de communication plus puissants que la majorité des autres vignobles, la présence des vins d’Alsace dans les lieux où se croisent jeunes urbains branchés et néo-restaurateurs, des événements aux couleurs d’Alsace Rocks affichés aux quatre coins de la planète. » Résultat : « La filière redresse la barre post-covid et affiche une croissance à deux chiffres. Le vignoble parvient à renforcer ses positions au niveau national et surtout international. », s’est félicité Serge Flescher.
Éric Straumann favorable à l’installation d’un nouveau palais de justice dans l’ancienne maison d’arrêt de Colmar
Avec ses casquettes de maire de Colmar, de président de la Communauté d’agglomération de Colmar (CAC) et de vice-président de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), Éric Straumann, a passé en revue les nombreux sujets concernant sa commune et ses environs. Il a ainsi annoncé qu’une avenue portera le nom de Gilbert Meyer, ancien maire de Colmar. Proche du parc expo, l’avenue ira «de la Statue de la liberté jusqu’au giratoire des Diables rouges » face au régiment du 15/2. Elle sera reliée à l’avenue Joseph Rey, qui fut également maire de Colmar. Concernant le tourisme, Éric Straumann s’est réjoui de la hausse de fréquentation comparée à 2019 (hors période covid) qui se traduit par une progression de « 25% des recettes de parkings et taxes de séjours.» Le maire de Colmar entend « réfléchir comment gérer les flux de touristes provenant de l’étranger.» Une décision municipale a déjà permis de freiner l’essor des logements de tourisme dans la capitale des vins d’Alsace qui en comptabilise 1.200. Faire évoluer l’offre de restauration et étendre les zones piétonnes font partie des autres projets initiés par la municipalité. L’installation d’un nouveau palais de justice dans l’ancienne maison d’arrêt de Colmar, qui dispose de 6 à 7.000 m2 de surface, fait aussi partie des souhaits exprimés par Éric Straumann. À l’échelle de l’agglomération, Éric Straumann a réagi aux nombreuses demandes d’adhésions émanant des communes situées en périphérie de la CAC. Face à cette situation, l’élu a déclaré ne pas vouloir y répondre afin « de ne pas déstabiliser les communautés de communes existantes et éviter de créer une structure intercommunale qui irait de Fessenheim au Col du Bonhomme. »
Sortie du Grand-Est : « Je regrette que mon parti n’ait pas réussi à prendre position »
Des projets portés par la CeA doivent également se concrétiser à Colmar. Éric Straumann a ainsi annoncé la construction d’un nouveau bâtiment pour les archives départementales qui se trouvent à la cité administrative et d’une nouvelle extension pour l’hôtel du département afin d’y accueillir 200 agents supplémentaires. Au chapitre purement politique, Éric Straumann est revenu sur les dernières échéances électorales. Lors des élections présidentielles, il avait soutenu Emmanuel Macron. A la tribune de la Foire aux vins, le maire de Colmar a tenu à mettre les choses au clair : « Je ne suis pas macroniste, mais je pense au regard des choix des électeurs que c’est la moins mauvaise des solutions. » Éric Straumann a exprimé son inquiétude quant aux résultats obtenus par son parti, les LR, aux dernières élections à l’Assemblée nationale : « Je regrette que mon parti n’ait pas réussi à prendre position sur l’initiative de la CeA de savoir si on sort ou pas du Grand Est. Je crois que cela a été une erreur importante. » Le maire de Colmar s’inscrit également dans la lignée du gouvernement à propos de la réforme du RSA dont le versement doit être conditionné à une activité. Cela va permettre de « remettre le pied à l’étrier aux bénéficiaires du RSA » et « de répondre aux besoins du marché du travail. À Colmar, on a des restaurants qui ferment deux à trois jours par semaine parce qu’ils ne trouvent pas de main-d’oeuvre. » Enfin, dans un contexte d’augmentation du prix de l’énergie, Éric Straumann a regretté la décision, prise par François Hollande, de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim alors « qu’en parallèle on rouvre une centrale à charbon en Moselle. L’excédent produit par le fonctionnement de Fessenheim pendant deux ans aurait permis le financement de l’intégralité de la voie de chemin de fer vers Freiburg, y compris le pont. »

Une nouvelle reine des vins
L’intronisation du nouveau trio royal a marqué la fin de la cérémonie inaugurale de la Foire aux vins d’Alsace, en présence de l’ensemble des confréries viniques. À cette occasion, Sabine Schultz, chargée du commerce et de l’oenotourisme au Domaine Alphonse Heitzmann à Ammerschwihr, a été couronnée reine des Vins d’Alsace 2022-2023. Les deux dauphines sont Mathilde Marzolf, responsable du commerce et de l’oenotourisme au Domaine Lucien Marzolf à Voegtlinshoffen, et Margot Ehrhart, responsable marketing et commerce international au domaine familial Saint-Rémy à Wettolsheim.