Grand Est Paru le 12 août 2022
ADIE (ASSOCIATION POUR LE DROIT À L’INITIATIVE ÉCONOMIQUE)

On ne prête pas qu’aux riches !

C’est en s’inspirant du concept inclusif de microcrédit, initié par l’économiste bangladais, Muhammad Yunus, qu’est né en France, en 1989, l’ADIE.

Angèle Mignonac, la volonté d’accompagner et financer des entrepreneurs « différents ».

Présente dans le Grand Est depuis plus de 25 ans, avec 30 lieux d’accueil, l’ADIE entend « donner sa chance à toujours plus de créateurs d’entreprise », en particulier ceux qui n’ont pas accès au crédit bancaire traditionnel, faute d’un capital financier, voire relationnel, suffisant.

A la tête d’une équipe de 30 salariés et d’une soixantaine de bénévoles, Angèle Mignonac, la directrice trentenaire de l’Adie Grand Est, a accordé l’année passée 865 microcrédits et accompagné 1225 entrepreneurs potentiels.

« Lors de l’entretien avec le candidat, nous réfléchissons ensemble à la cohérence du projet.

Nous pouvons l’aider en amont en travaillant par exemple avec lui l’aspect commercial ou financier », explique-t-elle.

Des projets qui s’inscrivent dans le commerce pour la moitié d’entre eux, de détail, ambulant ou en ligne, et pour le reste essentiellement dans la prestation de services, l’artisanat ou le transport.

Si les demandeurs présentent évidemment des profils variés, on retrouve quelques grandes tendances, en particulier la précarité dans laquelle se trouvent souvent les futurs entrepreneurs.

Ainsi, dans le Grand Est en 2021, 49% vivaient sous le seuil de pauvreté (revenu net inférieur à 1063€), 40% résidaient dans des Quartiers prioritaires de la ville (QPV) ou en zones rurales et 26% étaient sans diplôme.

L’esprit entrepreneurial

Des populations « fragiles » qui contribuent pourtant, elles aussi, à l’esprit entrepreneurial croissant dans le Grand Est avec une augmentation globale de 25% du nombre d’entreprises créées en 2021 par rapport à 2020.

« L’Adie ne va pas bien sûr dire oui à tout le monde. Il convient souvent de retravailler le projet d’entreprise et d’avoir une situation financière assez stable pour le financer», argumente Mme Mignonac.

Les heureux élus, à conjuguer aussi au féminin (40% de femmes), faute d’un accès aux crédits bancaires traditionnels, vont bénéficier d’un prêt Adie d’une durée de 6 mois à 4 ans et d’un montant de 500€ à 12000€ (3500 à 4000€ en moyenne), adapté aux besoins de l’entreprise et à sa capacité de remboursement.

Le taux d’intérêt se situe entre 1 et 4,5% et il sera entièrement réinvesti dans le fonctionnement de l’Adie. Outre ce microcrédit, les spécialistes de l’Adie pourront aider le créateur d’entreprise à bénéficier éventuellement des dispositifs régionaux, étatiques et européens de soutien à l’entrepreneuriat et les accompagner ensuite dans leurs relations avec le système bancaire traditionnel. « Le pourcentage de ceux qui ne remboursent pas leur prêt est très faible, entre 3 et 4%, ils mettent un point d’honneur à honorer leur prêt et nous avons un système de rééchelonnement en cas de coup dur, comme le covid », souligne Mme Mignonac. Le taux de pérennité des entreprises créées dans le Grand Est avec le soutien d’Adie est par ailleurs plus élevé que celui des entreprises « classiques ». (taux de pérennité à 2 ans des entreprises individuelles en 2020 : 87% pour les entreprises « Adie » contre 72% pour la moyenne nationale) « Notre travail d’accompagnement, une fois l’entreprise créée, y est certainement pour quelque chose », analyse Angèle Mignonac. Il est mené surtout par des chefs d’entreprise et des cadres bénévoles, retraités ou non, les « coachs Adie » qui vont soutenir et guider le créateur novice dans sa démarche entrepreneuriale.

Contact : adie.org – tél. : 09 69 32 81 10

François KAHN