« Aujourd’hui dans sa vie professionnelle, on peut parfois changer trois à quatre fois de travail, voire de métier, sans compter l’omniprésence du numérique, il est donc important de se former durant toute sa carrière », analysent Carole Maillier, directrice du service de formation continue de l’Université de Strasbourg (Sfc Unistra) et son adjoint, Dominique Schlaefli.
Une absolue nécessité rendue possible par la loi du 16 juillet 1971, dite loi Delors, qui permet au salarié, depuis plus de 50 ans, de bénéficier d’un congé de formation rémunéré.
Elle oblige aussi les entreprises de plus de 10 salariés à participer au financement des actions de formation.
Par la suite, une série de textes a développé la formation professionnelle continue des salariés.
En particulier, la loi du 5 septembre 2018, dite loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, qui crée un Compte personnel de formation (CPF), celui-ci devant permettre de donner un accès simple et égal à la formation pour tous les actifs.
Premier organisme de formation en Alsace, le Service de formation continue de l’Université de Strasbourg propose à 9000 stagiaires, pas moins de 900 formations dans 40 domaines et pouvant déboucher sur l’obtention de 140 diplômes universitaires et spécifiques à la formation continue.
Trouver du travail ou ne pas le perdre
« On ne va pas proposer une formation pour « vendre » une formation, mais bien essayer de l’adapter, le mieux possible, aux besoins des personnes, pour leur permettre une remise à niveau, de retrouver du travail ou pour simplement ne pas le perdre !
Nous voulons aussi aider les entreprises à évoluer, à ne pas se retrouver en difficulté face aux innovations permanentes », expliquent les deux responsables de la formation continue à l’Unistra. Avec 75% de salariés parmi ses stagiaires, les formations courtes sont majoritaires et s’inscrivent dans des domaines aussi variés que l’intelligence artificielle, le management, la gestion de production, le droit, les finances, la santé, l’informatique ou encore les ressources humaines, avec une attention particulière portée aux industries du futur et au développement durable. La validation des acquis de l’expérience (VAE) constitue un autre axe fort de la formation continue à l’Université strasbourgeoise. « Ce concept existe depuis 20 ans en France, mais il demeure malheureusement confidentiel et méconnu. Quelle que soit sa formation initiale, plus personne n’a aujourd’hui de parcours type, on peut désormais évoluer sans cesse et changer radicalement sa vie professionnelle », affirment Mme Maillier et M. Schlaefli. La VAE va s’appuyer sur la reconnaissance des compétences développées tout au long de sa carrière professionnelle. 2
« Il convient de dépasser les barrières psychologiques qui existent aussi du côté des enseignants très attachés aux diplômes, mais cela change », poursuivent-ils.
Deuxième chance
Le diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU), proposé à des personnes sans emploi ou en activité, représente lui une véritable «école de la deuxième chance » pour des hommes et des femmes « aux parcours de vie souvent compliqués ».
Ils sont une cinquantaine d’élèves, « généralement très motivés », à suivre par exemple des cours de français ou de mathématiques, sachant qu’il existe deux options : lettres et sciences humaines ou scientifique.
Une voie d’accès « alternative » aux études supérieures pouvant déboucher sur de belles réussites, comme celle de cet ex élève en DAEU, désormais en 2e année de médecine !
Ce désir permanent de progression se vit à l’Unistra, surtout en journée mais aussi en soirée, majoritairement en présentiel (env. 75%), quand la situation sanitaire le permet.
« Le distanciel est bien sûr utilisé, mais nos stagiaires peuvent ressentir le besoin de présence, d’échanger en réel avec les enseignants, de connaître leurs collègues, entre 20 et 30 par promotion », soulignent Carole Maillier et Dominique Schlaefli.
Un corps enseignant composé d’un tiers d’universitaires et de deux tiers de professionnels extérieurs, sachant que le responsable de la formation sera toujours un enseignant-chercheur, expert dans son domaine et donc « garant de la qualité de l’enseignement ».
Avec toujours, quels que soient la forme d’enseignement et le profil des intervenants, « la même envie d’ouvrir l’université à tous ».
Renseignements : sfc-contact@unistra.fr – tél. : 03 68 85 49 20
Laetitia Mühlmeyer : un ange gardien pour les seniors
Un diplôme universitaire d’assistant de soins en gérontologie et à la clef un statut d’auto-entrepreneur et un projet novateur pour le 3e âge, l’incitatif parcours de Laetitia Mühlmeyer.
Une heure trente de trajet entre Hartzviller (Moselle) et Strasbourg, deux fois par semaine durant 5 mois, pour réussir son diplôme universitaire (DU) d’assistant de soins en gérontologie au Service de formation continue de l’Unistra.
Il en fallait bien davantage pour rebuter Laetitia Mühlmeyer, une battante quadra, militaire pendant 10 ans, ambulancière puis conductrice d’engins de chantier !
Devenue en 2014 aide-soignante à l’hôpital de Sarrebourg, Mme Mühlmeyer s’est occupée de personnes âgées, atteintes de la maladie d’Alzheimer et d’autres pathologies apparentées.
« Je ne me suis pas sentie assez formée pour bien les prendre en charge et j’ai eu envie, l’an passé, de me lancer dans cette formation, encouragée par mes employeurs à la suivre », explique-t-elle.
Une formation d’un coût de 2000€ qu’elle a autofinancée et dont elle garde un excellent souvenir, « nous étions une douzaine d’élèves formant un groupe très soudé et nous avons tous obtenu le DU ».
Laetitia Mühlmeyer travaille désormais à 90% à l’hôpital de Sarrebourg, elle consacre le peu de temps qui lui reste pour développer sa nouvelle activité d’auto-entrepreneuse accompagnatrice de personnes âgées.
« Elemiah », du nom d’un ange gardien, symbole de protection et de réussite, propose « un soutien aux aidants familiaux à travers différentes prestations ».
Garder sa place
Pour 17€ de l’heure, Laetitia Mühlmeyer aide des seniors, atteintes de diverses pathologies, « à garder toute leur place dans la société ».
Cela peut prendre la forme de promenades, d’un accompagnement à un rendez-vous médical, d’un appel visio avec la famille, de la célébration d’un anniversaire, d’une garde de nuit ou tout simplement d’un peu de compagnie.
Ayant eu une grand-mère atteinte de dégénérescence sénile, Laetitia a « toujours voulu aidé et être là pour nos aînés ».
« Avec cette activité, on fait plaisir et je me fais plaisir », poursuit-elle.
Jamais à court d’idées, Laetitia Mühlmeyer veut aussi mener à bien son nouveau projet, la création d’une maison des aidants, proche de Sarrebourg, pour y accueillir des personnes âgées Alzheimer et leurs proches.
« Ce serait un grand lieu de partage, de vivre ensemble, une sorte d’accueil de jour où l’on pourrait prodiguer des soins, mais aussi proposer des ateliers sur l’art de bien vieillir, de l’art thérapie ou encore des ateliers d’informatique », s’enthousiasme-t-elle.
Ou comment la formation continue à l’Unistra peut générer des projets innovants et stimulants !
« Elemiah » - Laetitia Mühlmyer : tél. : 06 79 29 15 64