Le Département prend la direction du Galaxie et de la Cité des loisirs d’Amnéville

C’est la décision de la deuxième réunion trimestrielle du conseil départemental de la Moselle qui fera date : le Département prend la tête du Galaxie et de la Cité des loisirs d’Amnéville. La charge était devenue trop lourde pour la seule ville d’Amnéville. Son maire et président de la SPL Destination Amnéville, Eric Munier, nous le confirme dans une interview aux Affiches d’Alsace et de Lorraine à lire ci-dessous. La décision de Patrick Weiten entérinée par le conseil départemental est d’abord financière. Elle acte une augmentation du capital de 3,7 M€ du Département au sein de la Société publique locale (SPL) Destination Amnéville. Il justifie ce choix pour le tourisme et l’économie du tourisme en Moselle. « C’est notre navire amiral des sites touristiques mosellans » n’a-t-il pas hésité à dire lors de la présentation de cette session du conseil. Dès lors « comment ne pas agir pour redresser définitivement la barre de ce géant qui constitue un facteur d’attractivité considérable ? »

Actionnaire principal

En injectant 3,7 M€ au capital de la SPL Destination Amnéville, le Département de la Moselle en devient l’actionnaire principal avec 39,3% des parts. Et Patrick Weiten en prendra naturellement la présidence, succédant à Eric Munier. Cela dit, la commune d’Amnéville va elle-aussi augmenter sa participation de 1,8 M€ mais diminuera à 28,6% des parts alors qu’elle détenait la majorité auparavant à 44%. La Région Grand Est y va aussi de son effort financier en haussant sa participation de 2 M€ soit 14,5% des parts. Les communautés de communes, Pays de l’Orne Moselle et Rives de Moselle embrayent en apportant chacune 750 000 € de plus pour atteindre 8,4% des parts chacune. Les participations des communes de Rombas, Marange-Silvange et Hagondange ne bougent pas (35 000 € chacune pour 0,2% des parts). Le capital souscrit initial était de 5 M€, l’augmentation sera de 9 M€ avec un total estimé au final de 14 M€. La répartition des 18 sièges de Destination Amnéville change forcément avec 7 sièges pour le Département au lieu de 5 précédemment, 3 pour Amnéville au lieu de 7 auparavant, 3 pour la Région Grand Est au lieu de 1, et enfin un siège pour les autres contributeurs. La décision de s’engager dans la Cité des Loisirs d’Amnéville a été votée à l’unanimité lors de la session trimestrielle du conseil départemental. C’est dire le consensus exceptionnel qui a régné au sein de l’assemblée départementale sur ce sujet.

Un enjeu de taille

Ce changement historique dans la gestion de la Cité des loisirs et de son équipement phare du Galaxie, un site conçu et réalisé par le maire d’alors, Jean Kiffer, décédé il y a 11 ans, devrait se traduire par une transformation profonde et une évolution de l’ensemble du site. Elle concernera surtout la salle du Galaxie. Les autres équipements, depuis la création de la SPL Destination Amnéville en 2017 ont déjà permis d’importantes évolutions notamment pour ce qui est de l’exploitation de certains équipements. Le Pôle thermal a été repris par le Dacquois Arenadour, le Snowhall par le leader européen, le Hollandais SnowWorld. Mais la Cité des loisirs c’est aussi le Zoo d’Amnéville dont la gestion a été confiée à une nouvelle société, ainsi que le Golf.

L’enjeu est de taille car la Cité des loisirs pèse lourd en termes de fréquentation. Elle accueillait en moyenne jusqu’à 6 millions de visiteurs, compte 1300 lits, son casino, le 1er de France, son pôle thermal, le 8e du pays, sa piste de ski indoor le Snowhall. Des équipements en souffrance au milieu des années 2010 qui depuis la création de la SPL Destination Amnéville ont retrouvé des couleurs. La Cité des loisirs générait près de 600 M€ de chiffre d’affaires et représente globalement près de 2 500 salariés avec l’emploi saisonnier.

20 M€ d’investissements pour le Galaxie

La force de frappe et d’attractivité de la Cité des loisirs d’Amnéville reste la salle du Galaxie dont la jauge peut atteindre les 12 000 places. Le Galaxie est une salle de notoriété internationale. Le président du Département parle « de navire amiral. » Sur le déclin faute de travaux de maintenance pendant de trop nombreuses années, le Galaxie a bien besoin d’une réfection en profondeur. « Si on ne fait pas ces travaux le Galaxie ferme » a jugé Patrick Weiten. Quelque 20 M€ d’investissements devraient être engagés pour lui redonner du lustre et de meilleures fonctionnalités. Le Département va du reste devenir propriétaire du Galaxie actuellement aux mains de la Ville d’Amnéville. Le remettre à neuf pour quels types d’événements ? Le Galaxie a accueilli de grands concerts, des spectacles. Mais son orientation pourrait sérieusement évoluer. On parle d’y organiser des évènements sportifs.

L’accueil de Moselle Open ?

Patrick Weiten n’a jamais caché que l’organisation du tournoi de tennis Moselle Open, créé par le Département, avait besoin de plus d’espaces. Le Galaxie viendrait à point nommé pour recevoir cet événement sportif. Le Moselle Open de tennis quitterait ainsi Metz pour Amnéville. Alors « le Galaxie, futur temple du sport ? » titrait l’hebdomadaire La Semaine ? Le souhait de Patrick Weiten serait d’y voir organiser des évènements sportifs nationaux et internationaux. Il souhaite d’ailleurs transformer la salle pour qu’elle puisse s’adapter à de multiples activités sportives. Et pourquoi pas dès les JO de Paris 2024. Pour l’heure, l’actuel exploitant de la salle, S-Pass, filiale du groupe Fimalac Entertainment compte occuper les lieux avec de nombreuses dates affichées en 2023. Les travaux de rénovation iront de pair avec la création d’équipements complémentaires aux abords de la salle.

À l’évidence le Galaxie et la Cité des loisirs d’Amnéville entrent dans une nouvelle ère. Le site emblématique construit sur un crassier devrait connaître une seconde vie prometteuse.

Interview du maire d’Amnéville Eric Munier

« C’est une bonne chose que le Département prenne le pilotage de la SPL Destination Amnéville »

Pour Eric Munier la décision du Département de reprendre la Cité des loisirs est arrivée à point nommé. « Heureusement que le Département est là, sans lui nous n’avions pas de solution » dit-il.

- Les Affiches d’Alsace et de Lorraine : « Le Département de la Moselle assure-t-il le sauvetage du Galaxie ?

- Eric Munier : « Heureusement que le Département est là, sans lui nous n’avions pas de solution, tant pour le Galaxie que pour les trois établissements du Pôle thermal. Si la commune est propriétaire, elle est tenue des obligations d’entretien du propriétaire, or elle n’a pas les moyens de faire face à ses obligations. Il fallait qu’on puisse boucler le financement nécessaire pour injecter 20 millions d’euros dans le pôle thermal et 20 millions dans le Galaxie. Pour une petite commune de 10 000 habitants comme Amnéville, c’était un défi insurmontable. »

- La Cité des loisirs a tout de même évolué. Quelles transformations ont été faites ?

- E.M. : « Outre les pylônes de RTE qui ont été enlevés et le réseau mis en souterrain, les espaces de circulation ont été refaits. On vient de créer une piste cyclable, qui rejoint celle du zoo et celle, en cours de réalisation, qui vient de Marange-Silvange. On boucle ainsi un véritable espace de liaison douce sur le site. Le fait de mettre une voie à sens unique permet une meilleure visibilité des institutions du site et une fluidité de la circulation. »

- Rappelez-nous l’importance de ce site sur le plan économique ?

- E.M. : « Nous sommes le deuxième employeur de Moselle derrière Stellantis, le constructeur automobile, avec près de 2500 employés en période haute qui va des vacances de Pâques à celles de la Toussaint. Le reste de l’année, le site emploie 1 500 salariés. Le chiffre d’affaires sur la Cité des loisirs est de l’ordre de 675 M€. Le casino représente à lui seul 700 000 entrées, c’est le premier de France en termes de fréquentation. Le restaurant le Buffalo Grill est le premier de France depuis de nombreuses années, tout comme le McDo qui est le quatrième de France en chiffre d’affaires. On compte quelque 3 millions d’entrées payantes sans compter les entrées dans les restaurants ou dans les bars. Approximativement, nous avons 6 millions de visiteurs. Rappelons que l’accès au site est gratuit. »

« Le pôle thermal est dans une dynamique »

- Que dire de chaque équipement. Où en est le pôle thermal ?

- E.M. : « La reprise par le groupe de Dax, Arenadour, a fait évoluer le pôle. Les dirigeants du groupe sont très contents de constater que les affluences sur la cure thermale, sur Thermapolis et la Villa Pompéi sont au niveau de 2019. Arenadour veut créer une nouvelle ligne de soins à la cure thermale, en attente de validation par l’ARS, l’agence régionale de santé. Ils souhaitent aussi agrémenter les résidences de tourisme pour accueillir les curistes pendant leurs trois semaines de cure. Il y a des projets de développement de Thermapolis où ils veulent créer un nouveau bassin, développer des activités nouvelles à la Villa Pompéi. Sur le pôle thermal, il existe désormais une véritable dynamique. »

- Leur objectif est d’attirer une clientèle autre que locale ?

- E.M. : « À Dax ils ont 98,5% de curistes hors région, alors qu’à Amnéville il y a 92% de curistes locaux. Ils savent très bien qu’il existe un fort potentiel de curistes hors région qui pourrait venir à Amnéville d’autant qu’il y a un environnement d’activités très varié pour occuper les curistes. Pas seulement avec le Centre de loisirs, mais tout autour il y a la Lorraine, les Trois-frontières, Metz, le parc Sainte-Croix, et Strasbourg qui n’est pas loin. L’offre touristique est très riche. »

- Qu’en est-il du golf ?

- E.M. : « Gaïa qui avait repris la gestion à l’association a cédé l’exploitation à UGOLF, leader français de gestion de golfs qui gère jusqu’à 120 golfs. Tout va bien pour les golfeurs… »

- Le Centre de loisirs a passé un cap ?

- E.M. : « L’idée qu’on a toujours développée sur la Cité de loisirs c’est de passer du stade associatif, de la gestion par une association souvent difficile, à une gestion par de vrais professionnels qui avaient les moyens de gérer de façon professionnelle, mais aussi d’investir. C’est le cas avec Arenadour, avec UGOLF, avec le zoo, avec le Snowhall, repris par SnowWorld qui fonctionne à nouveau et accueille des équipes de ski pour s’entraîner en été. »

« Vision de territoire pas de clocher »

- Quel est votre avis sur une orientation plus sportive du Galaxie ?

- E.M. : « Dans l’accord que nous avons actuellement avec l’exploitant S-PASS, il est prévu 5 manifestations sportives par an. Et nous avons déjà accueilli au Galaxie des manifestations sportives spectaculaires comme le Motocross sponsorisé par le Département, des compétitions de handball, de basket-ball. Ce qui manquait au Galaxie pour développer les évènements sportifs, c’est une véritable salle annexe pour les entraînements et les échauffements des sportifs. L’idée est d’investir 10 M€ pour le remettre en état car le Galaxie a 30 ans et 10 M€ dans une salle annexe qui favorisera l’accueil des compétitions. On pourra accueillir tous les sports sauf les courses de bateau sur eau. Bien sûr que la venue du Moselle Open de tennis serait une bonne idée. Cela permettra un stationnement plus aisé avec les 5 400 places gratuites à proximité de la salle. »

- Est-ce que ça ne va pas opposer Amnéville à Metz ?

- E.M. : « Pas du tout. J’entretiens d’excellentes relations avec le maire de Metz et avec la métropole messine. Tout le monde est d’accord pour dire que cet évènement reste sur le territoire mosellan. Je partage la vision du maire de Metz qui est une vision de territoire et non pas une vision de clocher. Il saluera avec enthousiasme le fait que Moselle Open puisse se développer à Amnéville. »

- Vous allez céder la présidence de la SPL Destination Amnéville à Patrick Weiten ?

- E.M. : « Cela ne pose aucun problème car la SPL n’a jamais pu prendre une décision qu’elle aurait pu imposer à l’un quelconque de ses membres. Chaque commune reste propriétaire de son droit du sol. Le but de la SPL a toujours été l’union sacrée de toutes les collectivités pour sauver la Cité des loisirs. Toutes les décisions ont toujours été prises à l’unanimité et il n’y a aucune raison que ça change. Au contraire, le fait que la présidence soit celle du Département va donner encore plus d’importance à la SPL, c’est une plus-value et davantage de crédibilité et de possibilité de convaincre. C’est une excellente chose que le pilotage passe dans les mains du Département. C’est le premier site de la Région de la Grand Est et c’est important que ce soit le Département qui le porte. »