La Région souhaite être la première région cyclable de France. Et pour atteindre l’objectif, le Plan Vélo vient d’être voté lors de la session plénière de juin du conseil régional à Metz. Une stratégie dans laquelle la Région compte investir 125 M€ sur 6 ans, entre 2022 et 2028. Pour faire en sorte que le vélo devienne incontournable dans le quotidien des habitants du Grand Est. Et pour confirmer ce plan, à Reims, à l’hôtel de ville était organisé un séminaire réunissant une centaine de participants dont des élus de premier plan : Arnaud Robinet, le maire de Reims, vice-président régional délégué à l’attractivité, au tourisme et à la culture, Frank Leroy, 1er vice-président, délégué à l’environnement, à la transition écologique et au SRADDET (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoire), de Sabryna Keller, présidente de l’association Femmes de foot, présidente du jury du Prix de la combativité, de Christian Prud’homme, directeur du Tour de France. Du beau monde réuni à Reims, ville départ du Tour de France féminin, pour lequel la Région Grand Est est par-tenaire officiel et parraine justement le Prix. Un séminaire baptisé « En Grand Est tous à vélo ! » Aussi une question d’environnement Ce plan Vélo ratisse large. Il vise à développer la pratique du vélo au quotidien. Encore faut-il disposer de pistes cyclables. Jean Rottner a insisté sur un fait d’actualité : les problèmes d’énergie, certes, mais aussi les aléas climatiques qui font cet été beaucoup de dégâts et frappent notre environnement, doivent nous inter-peller. « Nous n’avons plus le choix » a insisté Jean Rottner qui milite désormais pour des décisions sociétales et stratégiques. La mobilité, le transport avec un outil comme le vélo est un élément de réponse à ces problématiques. Il s’agit de tendre vers plus de sobriété carbone.
Bon nombre d’institutions l’ont compris. On pense à Strasbourg où le conseil départemental facilite la vie de ses employés pour les encourager à venir travailler en vélo plutôt qu’en voiture. Et ce Plan Vélo cible justement ces pratiques : favoriser l’intermodalité train + vélo, le vélo comme composante de l’espace public, le vélo pour tous y compris en milieu rural, le soutien à l’innovation et à la réindustrialisation d’une filière vélo, développer la destination cyclo-touristique, encourager les itinéraires transfrontaliers, le soutien aux pratiques cyclables sportives.
Le Plan Vélo en détail
Le Plan Vélo intègre également des données économiques importantes, comme le coup de pouce aux particuliers pour l’acquisition de vélos électriques, une façon de soutenir le pouvoir d’achat.
Plus globalement, le Plan Vélo s’inscrit dans une stratégie nationale bas carbone (SNBC), une politique visant une part de transport à vélo de 12% d’ici 2030. En 2019, le Grand Est atteignait 4,7% contre 3% au niveau national. Ce défi suppose d’augmenter de manière significative la pratique dans tous les territoires, qu’ils soient urbains, périphériques et ruraux.
Pour atteindre ces objectifs, la Région coordinatrice des mobilités, souhaite encourager massivement la pratique cyclable en déployant une stratégie à 360° qui soit à la fois :
- Intégrée à toutes ses compétences en lien avec le cycle : la mobilité bien entendu mais aussi la jeunesse, la formation professionnelle, le développement économique, la promotion touristique ou encore l’aménagement, le sport, la santé et les lycées.
- Développée au-delà des frontières en associant les régions et pays voisins pour assurer une continuité d’itinéraires et de services.
Six ans, c’est le temps que s’est donnée la Région pour réussir la remise en selle de ses territoires. Structuration d’une filière cycle en Grand Est, une filière qui existe déjà notamment dans les Vosges avec de jeunes fabricants comme Moustache Bikes à Thaon-les-Vosges ou encore Wheele Innovation. Cela passe aussi par la promotion de l’usage du train grâce à la combinaison train + vélo, développement du cyclotourisme et du sport-santé qui sont autant de leviers qui seront activés pour faire vivre le vélo dans le Grand Est.
L’engagement des 125 M€
Le montant d’investissements annoncé est réparti de façon cohérente. Ainsi 31 M€ iront à l’accompagnement des collectivités, 15 M€ à l’intermodalité. La plus grosse part, 58 M€ doit permettre d’améliorer les infrastructures cyclables qui font encore défaut aujourd’hui. Le plan se décline également à travers un soutien à l’économie à hauteur de 4 M€, à la sensibilisation pour 3 M€, au tourisme pour 6 M€, les lycées à hauteur de 6 M€ et enfin le sport pour 2 M€. Un programme qui va sérieusement augmenter la place du vélo dans la vie quotidienne des gens. Sur la sensibilisation Arnaud Robinet le maire de Reims affiche sa détermination. « Il faut faire beaucoup de pédagogie pour un bon partage de l’espace public en n’opposant pas les uns aux autres. » Sous entendu en opposant pas les différentes mobilités : piéton et vélo, voiture et vélo etc.
Et pour Jean Rottner, cela concerne également les espaces ruraux où la mobilisation de ce plan ne sera pas évidente. Néanmoins le Plan Vélo a tout prévu.
8 engagements et 31 actions pour y parvenir
Inspiré de territoires cyclables ambitieux et répondant aux attentes fortes des collectivités, des acteurs locaux, des habitants, le Plan Vélo est le fruit d’une large concertation et d’une vision partagée se déclinant en 31 actions concrètes. Coordonnées par la Région en lien avec les 135 Autorités organisatrices des mobilités (AOM) du territoire et les Départements, ces actions sont regroupées sous 8 engagements thématiques :
- 1° Coordonner et accompagner les actions des 135 AOM autour du vélo. Il s’agit d’animer le réseau d’acteurs sur la mobilité cyclable, de soutenir l’élaboration des stratégies cyclables, d’accompagner les AOM dans la mise en oeuvre de leur stratégie.
- 2° Train + Vélo : améliorer l’intermodalité grâce à Fluo Grand Est. Il faudra implanter un système de location de vélos Fluo dans les gares, aménager des stationnements vélo qualitatifs et quantitatifs à proximité et dans les gares, augmenter les capacités d’emport des vélos dans les trains.
- 3° Soutenir la mise en oeuvre d’infrastructures cyclables. Il s’agira de soutenir la réalisation des vélo-routes et voies vertes, des infrastructures cyclables autour des gares et des infrastructures cyclables autour des équipements d’intérêt régional, de faire enfin émerger le maillage cyclable régional.
- 4° Faire de la filière vélo un levier économique. Il faudra favoriser des synergies pour développer la production locale, soutenir le développement des compétences par la formation, sécuriser les approvisionnements en pièces détachées, développer la production d’accessoires vélo, encourager le marché secondaire de la filière vélo.
- 5° Encourager tous les habitants à se remettre en selle. Il sera question d’accompagner les acteurs locaux à communiquer sur les bienfaits du vélo, de soutenir les structures réalisant de la remise en selle, d’aider à l’achat de vélos adaptés et de vélos à assistance électrique (VAE) classique ou cargo.
- 6° Le Grand Est, une destination cyclo-touristiqueattractive. Il s’agit de structurer les itinéraires cyclables touristiques, de soutenir la mise en tourisme et les services aux cyclotouristes, de promouvoir les destinations cyclables touristiques.
- 7° Favoriser la pratique cyclable auprès des lycéens et des apprentis. Il faudra équiper les lycées de stationnement vélo, sensibiliser les lycéens et aider à leur bon équipement, réaliser des plans de déplacement établissement scolaire (PDES) dans les lycées, soutenir les sorties et voyages à vélo des lycéens et apprentis.
- 8° Sensibiliser aux pratiques cyclables sportives. Il faudra accompagner les associations sportives dans la réalisation d’actions d’animation et de sensibilisation, soutenir la création d’équipements sportifs adaptés aux différentes pratiques, rendre visible et contribuer à la féminisation de la pratique sportive, accompagner l’émergence du handi-cycle.
À l’issue de ce séminaire la Région a reçu le soutien pas si anodin de Christian Prud’homme, le directeur du Tour de France, une course cycliste dont on a pu mesurer tous les jours l’immense popularité. Pour lui, le succès du Plan Vélo passera par une poussée de la pratique du vélo au quotidien. Et pas seulement en milieu urbain, dans les zones rurales également. Alors Tous à vélo dans le Grand Est.