Grand Est Paru le 08 novembre 2022
AMÉNAGEMENT URBAIN

Montigny-lès-Metz : L’éco-quartier en chantier

La ville de Montigny-lès-Metz développe un ambitieux projet de réaménagement sur la zone de l’ancienne caserne militaire Lizé, correspondant à 9 ha de terrain. Avec un objectif de labellisation « éco-quartier ». Le groupement, associant Eiffage Aménagement, Crédit Mutuel Aménagement Foncier, Demathieu & Bard Immobilier, a été retenu pour en être le maître d’oeuvre. Les premiers logements devraient être livrés fin 2023, avec une fin complète des travaux fin 2026.

La reconversion du site permet d’une part de travailler sur l’existant en créant une ville dans la ville, mais aussi d’en faire le point de jonction des secteurs appelés communément Montigny-bas et Montigny-haut, avec d’un côté Metz et de l’autre le plateau de Frescaty, en pleine expansion économique.© D. PERONNE
Jean-Luc Bohl, maire de Montigny-lès Metz, dans la maison du projet de l’éco-quartier, construite dans l’une des anciennes longères militaires conservées. Elle est intégralement réalisée en matériaux provenant de la déconstruction des bâtiments de la caserne. À l’intérieur de cette maison du projet, une grande tablette numérique permet de naviguer dans une maquette 3D numérique avec des visuels du futur ensemble © D. PERONNE
Jean-Luc Bohl, maire de Montigny-lès Metz, dans la maison du projet de l’éco-quartier, construite dans l’une des anciennes longères militaires conservées. Elle est intégralement réalisée en matériaux provenant de la déconstruction des bâtiments de la caserne. À l’intérieur de cette maison du projet, une grande tablette numérique permet de naviguer dans une maquette 3D numérique avec des visuels du futur ensemble © D. PERONNE

Sur l’ancienne zone de casernes militaires, proches de la voie ferrée et en limite de la ville de Metz, les engins vont bon train. Certains immeubles sont déjà bien avancés, tandis que certaines bâtisses existantes, conservées, sont en voie de réhabilitation. Le projet d’ensemble prend forme et les visiteurs du jour commencent à en percevoir l’allure finale. « D’une grosse difficulté pour notre ville, à savoir le départ de plusieurs régiments militaires et la désaffection des logements, bureaux, locaux techniques, qu’ils occupaient, nous faisons une opportunité » soulignait Jean-Luc Bohl, maire de Montigny-lès-Metz, présentant les grands axes du projet qui va transformer une partie de sa cité. Avec un triple objectif : en faire un quartier ouvert sur le reste de la ville, marqué par une conception et des réalisations durables, avec une dimension sociale. « Nous avons aussi souhaité conserver plusieurs bâtiments emblématiques, témoins de l’histoire du lieu lorsque cela était possible. Comme cette longère où nous sommes qui abrite les plans de ce futur quartier. Cette maison, dite de projet, a été construite à partir de matériaux issus d’anciennes bâtisses.» Pour le premier édile, l’emplacement de ce nouvel ensemble urbain est stratégique : alors que Montigny-lès-Metz est la troisième ville de Moselle en terme de population, ce quartier s’inscrit dans la continuité urbaine de la ville de Metz. Desservi par de longues artères, comme la rue Franiatte qui prolonge la rue du XXème Corps Américain, ce nouveau quartier est connecté au centre de la préfecture de Moselle ainsi qu’au centre des Congrès, aux Arènes, au centre Pompidou, à la zone commerciale Muse. Par le sud, il est raccordé à l’ex-base aérienne Frescaty, qui se mue en Zone d’Activité Économique dynamique.

« Situé sur l’axe reliant le centre et le plateau bientôt desservi par une ligne de bus à haut niveau de service, l’ambition de ce nouveau coeur de ville est aussi de réunir les secteurs de Montigny-bas et Montigny-haut », précisait Jean-Luc Bohl. Plus largement, le nouveau quartier bénéficie d’une situation géographique privilégiée : à moins d’une heure du Luxembourg, de la Belgique et de l’Allemagne, il intéressera les travailleurs frontaliers. Tandis qu’une liaison TGV à partir de la gare de Metz le situe à une heure trente de Paris.

Du béton bas carbone

Mais une municipalité n’a pas forcément vocation à être un aménageur urbain, un domaine complexe qui fait appel à des compétences multiples. Plutôt que de mettre en place une ZAC publique, celle de Montigny-lès-Metz a lancé un appel d’offres pour ce projet de reconversion. C’est le groupement associant Eiffage Aménagement, le Crédit Mutuel Aménagement Foncier et Demathieu & Bard Immobilier qui a été retenu pour en être le financeur et le maître d’oeuvre, dans le cadre d’une SAS. La mairie conservant un droit de regard sur les propositions faites par le groupement.

« Notre groupement a lui fait appel à un cabinet d’architecture réputé, très au fait des impératifs urbanistiques contemporains, celui de Jean-Michel Wilmotte, expliquait Victor Parra, chargé d’affaires pour la division Aménagement foncier du Crédit Mutuel. Comme le souhaite la municipalité, le programme d’aménagement consiste en une importante opération de reconversion, de réhabilitation et de construction de bâtiments neufs. Autant que possible la construction fera appel et en partie, à des matériaux de récupération. Du béton bas carbone sera également utilisé ». « Il est prévu aussi de faire appel à des chantiers d’insertion au cours des différentes étapes », précise Jean-Luc Bohl, dont l’équipe municipale est attentive à la dimension sociale du projet.

Un positionnement stratégique historique

Ancien casernement militaire, le Quartier Lizé démarre une toute nouvelle histoire sans pour autant oublier son passé comme en témoigne la réhabilitation de certains bâtiments conservés du site. Né de la nécessité d’héberger les militaires de l’armée prussienne, ce lieu qui dispose d’un emplacement stratégique fin XIXème, va accueillir une première caserne en 1887. Au fil du temps, le site accueille de nombreux autres bâtiments. En 1919, le quartier de la caserne, rebaptisé Lizé, accueille le 507ème régiment de chars blindés, alors commandé par un lieutenant-colonel qui deviendra illustre, Charles de Gaulle. À nouveau occupé par l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale, il sera ensuite le siège du 4ème Régiment de Hussards.

500 arbres plantés

La programmation prévoit la réalisation de logements privés, sociaux, en accession, de lots à bâtir, d’une résidence intergénérationnelle, d’équipements dont une médiathèque. Le projet s’organise autour d’un parc, d’une place de marché et d’une halle de commerces constituant un véritable centre de vie du quartier. Plusieurs typologies et formes d’habitats seront proposées afin d’assurer une réelle mixité sociale : des terrains à bâtir, des appartements rénovés et neufs du T1 au T6, des commerces, des maisons individuelles et des logements sociaux neufs ou réhabilités. Les programmes couvrent 56 962 m² de surface au plancher dont 36 797 m² pour les logements neufs y compris pour les lots à bâtir et 10 849 m² pour les logements réhabilités. Outre les programmes à destination des familles, une résidence intergénérationnelle de 4 800 m² est envisagée. Une surface de 2 300 m² sera répartie entre les bureaux du Conseil départemental, une médiathèque, une halle de marché. Sur un peu plus de 2 200 m², sont prévus une petite surface alimentaire, une crèche privée, des jardins partagés, des aires de jeux, des commerces en pied d’immeuble sur la place du marché. Afin de reverdir l’ensemble, et pour coller aux objectifs d’un éco-quartier, 500 arbres seront plantés.

Trois grandes phases de construction sont prévues, la première se terminant théoriquement fin 2023, avec la livraison des premiers logements. Le projet, reconnu et plébiscité, a déjà reçu une récompense de l’UNAM, Union Nationale des Aménageurs.

En chiffres

32 terrains à bâtir destinés à la construction de maisons individuelles.
30 pavillons de ville.
430 logements collectifs neufs.
100 logements en réhabilitation alliant le confort du neuf mais aussi le cachet et l’histoire de l’ancien.

À relire notre article dans le n° 96, du 30 novembre 2021 (pages 18-19) sur l’éco-quartier Vauban, à Fribourg-en Brisgau, tout au sud de l’Allemagne. Construit sur une base militaire désaffectée, il existe depuis 25 ans. Avec ses constructions passives, des toits végétalisés et solaires, ce secteur d’un peu plus de 5000 habitants concentre ce qui était à l’époque de réelles innovations écologiques.

Cette ancienne longère qui abritait bureaux et lieux de stockage va être transformée en médiathèque © D. PERONNE

Réduire l’empreinte écologique

Un écoquartier est un projet d’aménagement urbain visant à intégrer des objectifs de développement durable et réduire son empreinte écologique. Sont pris en compte dans sa conception et sa réalisation :

• une meilleure gestion des déplacements avec une limitation de la voiture et une incitation à l’utilisation de transports doux (transports en commun, vélo, marche à pied). Le concept des éco-quartiers facilite l’usage du vélo grâce à des pistes cyclables ou des voies vertes, la présence de parking à vélo sécurisé (vélo station), des voies piétonnes permettant de circuler en toute sécurité et des arrêts de bus parcourant le quartier.

• une réduction des consommations énergétiques : les bâtiments répondent à des exigences strictes avec des consommations au mètre carré aussi faibles que possible, avec lorsque c’est faisable, des constructions à énergie positive. Les éco-quartiers remarquables recourent tous aux énergies renouvelables (solaire, le plus souvent).

• des matériaux de construction utilisés et des chantiers qui font l’objet d’une attention particulière : meilleure gestion des déchets de chantier, réutilisation d’éléments dans le cadre d’une réhabilitation.

• une limitation de la production de déchets : le tri sélectif est de rigueur, et les déchets verts peuvent également être facilement compostés grâce à des emplacements prévus à cet effet, le compost pouvant ensuite être utilisé pour les jardins et espaces verts.

• une réduction des consommations d’eau : les eaux pluviales sont récupérées et utilisées pour arroser les espaces verts, nettoyer la voie publique ou alimenter l’eau des toilettes.

• des actions en faveur de la biodiversité avec des mesures favorisant le maintien ou l’installation d’une faune et d’une flore locales.

Dominique PÉRONNE