Grand Est Paru le 18 novembre 2022
INAUGURATION DU PREMIER DATA CENTER DE MOSELLE

à Mercy

Advanced-Mediomatrix, premier data center de Lorraine, vient d’être inauguré en grandes pompes à Mercy, près de Metz. Cet outil unique d’hébergement informatique, est opérationnel depuis l’été 2020. Coup de projecteur sur ce data center mosellan.

Fabrice Couprie présente son équipe
Fabrice Couprie présente son équipe
Pour le symbole, un arbre est planté à l’extérieur du bâtiment avec les élus.
Pour le symbole, un arbre est planté à l’extérieur du bâtiment avec les élus.

Il est d’une discrétion surprenante, mais gagne à être connu. Le premier data center de Moselle, est planté en bordure de la zone d’activité du pôle Santé Innovation de Mercy que domine le CHR, le centre hospitalier régional. En contrebas de la route, cerné d’une haute muraille de béton que prolonge un large portail, on croirait passer à côté d’une prison. Le bâtiment de 2700 m2 construit sur un terrain de près de 9500 m2 est bien abrité des regards. Et pourtant. L’intérieur n’est pas sombre, mais lumineux avec ses trois salles informatiques de 200 m2 pouvant accueillir 312 baies serveurs pour une puissance électrique totale de 1,6 MW. Nous sommes bien dans un centre d’hébergement informatique, celui réalisé par Fabrice Couprie, un informaticien militaire de haut vol qui a travaillé plus de 20 ans dans le renseignement et les forces spéciales. Il a investi quelque 15 M€ dans ce petit bijou de technologie. La première pierre avait été posée en novembre 2018. Nous avons déjà évoqué cette création dans nos colonnes. (Lire les Affiches d’Alsace et de Lorraine N°54/55 du 7 juillet 2020.) En cette après-midi de fin septembre, l’ambiance était à la fête, sous un chapiteau avec petits fours et orchestre, afin de donner un éclat fort à cette création. Une inauguration de taille, avec de nombreux invités, pour donner un écho particulier à ce data center qui désormais doit peaufiner sa notoriété afin d’attirer des clients pour héberger leurs données.

Au plus près de vos activités

Advanced-Mediomatrix se veut être un data center de haute technologie, très en phase avec les exigences du développement durable, et surtout « au plus près des activités de ses clients. « Bienvenue chez Advanced Mediomatrix ! » lance un Fabrice Couprie ravi de l’ambiance de ce cocktail d’inauguration. Un événement un peu tardif, deux ans après l’ouverture, en raison de la crise sanitaire. Le président fondateur du data center décline alors les atouts de sa réalisation. « Ce projet est ambitieux et innovant. Il a émergé en 2015. Il est issu de fonds privés éco-conçus et éco-responsables. Il a mûri au sein du Groupe Abalone. Nous cherchions à répondre à différentes problématiques : améliorer l’efficience de notre hébergement informatique, répondre à notre éventuelle vulnérabilité face aux attaques informatiques et aux pertes de données. Ces préoccupations sont communes à de nombreuses organisations. Nous sommes passés à l’échelle et avons décidé de voir plus grand, afin d’apporter une réponse à leurs besoins et pas seulement aux nôtres. »

Le concept de ce data center

Les créateurs de cet outil ont choisi un concept résolument écologique pour construire Advanced-Mediomatrix. « Nous avions en tête le concept d’autonomie stratégique et de l’écoresponsabilité. Sans oublier l’importance d’avoir un data center certifié attestant une qualité de service en adéquation avec les valeurs du groupe. Et nous avons réussi. » Fabrice Couprie reste réaliste. « Aujourd’hui nous sommes dans un contexte chahuté où les crises récentes, sanitaire et géopolitique, nous montrent à la fois le caractère essentiel des outils numériques, mais aussi les problématiques de dépendance-résilience. » Ce data center, selon son PDG, est en phase avec les axes demandés par le ministre sur les économies d’énergie. Il reconnaît la hausse des coûts dans de nombreux domaines, « ce qui oblige à optimiser les dépenses pour éviter de répercuter ces hausses. » Et un data center a vocation justement à réduire les dépenses des clients qui font héberger leurs données.

« Venir en data center… »

Le PDG de la société a alors décliné comme un leitmotiv, tous les avantages de « venir en data center… »

« Venir en data center permet de gagner en efficience, assure Fabrice Couprie, et de réduire sa consommation d’énergie. Grâce à la mutualisation des salles informatiques et au process industriel, notre empreinte énergétique peut être réduite d’au moins 50%. Venir en data center, c’est vous libérer de contraintes techniques pour la gestion des climatiseurs, des onduleurs, des groupes électrogènes et de votre système d’extinction incendie. Venir en data center c’est protéger vos données dans un bâtiment à la pointe de la technologie, certifié, et très exigeant en matière de sécurité. Venir en data center, c’est stocker vos données de santé en toute sécurité, dans le respect du RGPD (ndlr : protection des données). Venir en data center permet une meilleure disponibilité de vos données grâce à l’interconnexion des réseaux très haut débit, européens. Enfin venir en data center c’est gagner en sérénité pour se recentrer sur son coeur de métier. »

Un discours fort adressé en priorité aux nombreux entrepreneurs invités à cette inauguration et potentiels clients d’Advanced- Mediomatrix.

« Accordez-nous votre confiance »

Fabrice Couprie n’oublie pas dans son propos les institutions. Les collectivités, les entreprises privées, les établissements de santé et bien sûr, les pouvoirs publics « dont nous attendons un soutien témoignant une sensibilité accrue à la souveraineté numérique. » Il évoque aussi le poids de la responsabilité du patron d’un data center. Il passe par une totale transparence. « Nous devons tous nous interroger et savoir où sont nos données, de quelle manière elles sont traitées, qui peut y avoir accès et sous quelles conditions. » Il termine en relevant l’enjeu de cette souveraineté numérique. « Nous entreprise française, européenne, nous devons agir et prendre à bras le corps notre souveraineté. Chez Advanced-Mediomatrix, nous croyons à cette indépendance et à cet enjeu majeur. La relocalisation ne concerne pas uniquement nos industries, mais également nos données. » Et lance un appel. « Chers entrepreneurs, chers élus, chers dirigeants, chers décisionnaires, accordez-nous votre confiance. Profitez de ce bel outil dans le Grand Est, sécurisez vos données sensibles, conservons notre savoir-faire sur le territoire, ensemble devenons partenaires pour demain. »

Un appel à la confiance visiblement teinté d’urgence pour drainer davantage de clients, le site ne serait à ce jour occupé qu’à un peu plus d’un tiers de sa capacité, après deux années de fonctionnement.

« La gestion des données incontournable »

Après un tel appel, il était intéressant d’en ressentir l’écho au sein des nombreux élus, appelés à intervenir à la tribune. Jean-Michel Guerné, le premier adjoint au maire de Peltre, représentant le maire Walter Kurtzmann, salue le « chemin parcouru depuis l’automne 2018 et la pose de cette première pierre ! » Il évoque un travail remarquable, outre les qualités techniques de l’équipement avec sa très grande disponibilité, il cite « l’insertion dans le site et les préoccupations en matière de développement durable qui ont été prises en compte. » Il glisse quelques chiffres impressionnants : les 80 milliards d’objets connectés dans le monde en 2023 contre 35 milliards en 2018 ! En clair « la gestion pharaonique de données est invisible à l’oeil nu, mais elle est devenue incontournable tant les données qui transitent croisent à une allure incroyable. Il faut assurer la dynamique de ce flux de données. Or avec seulement un data center en Alsace, la région Grand Est était très en retard. Vous nous aidez à rattraper ce retard, car les réseaux de data center sont la condition du développement du numérique et des services les plus innovants, et donc de l’attractivité du territoire. »

« Une chance extraordinaire »

Jacqueline Schneider, adjointe au maire de Metz François Grosdidier, déléguée à l’emploi et à l’insertion, a été tout aussi dithyrambique dans son propos. « Nous avons une chance extraordinaire d’avoir cet outil sur notre territoire. Il faut le valoriser. » Et de citer la sécurité des données, la sobriété énergétique, la souveraineté. Elle est sensible au thème de la cybersécurité « car le contexte est particulièrement dangereux : il y a des attaques, on anticipe des attaques dans le monde des entreprises, dans les hôpitaux et sans doute demain sur les collectivités. Cet enjeu, il faut en prendre la pleine mesure. » Elle insiste sur la sobriété. « C’est un outil tout neuf qui a complètement intégré l’importance de l’énergie. Dans nos entreprises, nos collectivités on doit mener ces réflexions sur la sobriété. »

« Les racines des médiomatriques… »

Thierry Hory, maire de Marly, vice-président de l’Eurométropole de Metz et de la Région Grand Est, représentant le président Jean Rottner, n’a pas manqué de parler de sa passion de la science-fiction, rien qu’à l’évocation du nom Advanced-mediomatrix et sa passion de l’histoire. Il pense bien sûr à la saga de Matrix, mais pas seulement. « Mediomatrix c’est une façon de regarder le futur en se basant sur nos racines. Les médiomatriques, c’était le peuple qui était ici au temps des celtes. Ils parlaient le gaulois, et ils étaient ici en Moselle. C’est important d’être à la pointe, mais il faut toujours regarder l’avenir en ayant les pieds bien sur terre, avec des racines fortes. » Il pouvait revenir sur le projet de cloud souverain régional, en faisant participer d’autres collectivités. « Et Advanced serait un candidat particulièrement intéressant… Alors soyez candidat, la Région sera à vos côtés. »

« Montrer ce qu’on doit faire demain… »

Le député Ludovic Mendes a conclu les paroles d’élus. Il a commencé par féliciter et remercier Fabrice Couprie de « nous montrer ce qu’on doit faire demain. Ce que vous apportez, c’est la réponse dont on a besoin. On parle beaucoup de conflits. Le prochain conflit sera numérique : la Chine d’un côté, les États-Unis de l’autre. Et surtout des lois qui ne nous protègent pas nous, Français et Européens. » Il rappelle cet hôpital de l’Essonne attaqué par des hackers. « Notre rôle c’est d’apporter des réponses. La CNIL, le RGPD, et de valoriser ce que vous faites, pour protéger les entreprises, les collectivités, les agences d’État. » Il cite Amazon, implanté à Metz. « Amazon nous fait du bien d’un côté, mais nous fait du mal de l’autre côté, quand il prend les marchés des collectivités, surtout parce que les données que nous avons données à Amazon, ne nous appartiennent plus, elles sont aux Américains. » Il remercie aussi Fabrice Couprie de « montrer la voie, de faire ça sur nos territoires et pas seulement en région Île de France. » D’aider les parlementaires « à écrire les prochaines lois, demain, qui permettront de mieux nous protéger, de mieux vous protéger et surtout qu’aucune de nos données ne puisse être exploitée contre nous-mêmes, alors qu’à la base elles sont là pour nous protéger. »

Les dirigeants d’Advanced Mediomatrix ont ensuite présenté tout l’équipe qui travaille sur le site, avant d’aller planter avec les élus à l’extérieur, sur un terrain en pente, tout près du bâtiment, un beau pommier à fleurs. Pour le symbole.

Voir aussi sur www.advanced-mediomatrix.com ou www.apidatacenter.com

© Xavier Granet

Bernard KRATZ