Avec la guerre en Ukraine et les aléas climatiques, l’agriculture se retrouve sur le devant de la scène. « On a redécouvert que l’agriculture sert à nourrir le monde, qu’elle est utile et surtout nécessaire et vitale, c’est pour cela qu’elle doit retrouver sa place et sa dignité », a déclaré Denis Nass. L’approvisionnement en eau constitue une question cruciale pour le vice-président de la chambre d’agriculture : « Nous avons connu un été compliqué avec une canicule et une sécheresse exceptionnelles confirmant l’évolution climatique. Le manque d’eau entraîne des pertes de rendement de 50 à 60 %. La situation économique des éleveurs devient particulièrement difficile et inquiétante. L’achat d’aliments est excessivement cher pour un certain nombre d’éleveurs et la décapitalisation du cheptel s’impose. »
Une réflexion sur les retenues d’eau, « là où cela est nécessaire »
Seule la viticulture a tiré profit des conditions météo : « Les vendanges 2022 ont eu un rendement correct avec une qualité exceptionnelle », a fait remarquer Denis Nass dont la priorité est d’oeuvrer en faveur de la sécurisation de l’eau. Un enjeu auquel il faut « répondre pour sécuriser notre production et favoriser le renouvellement des générations d’agriculteurs. » Il a préconisé de mener une réflexion sur les retenues d’eau « là où cela est nécessaire. » Il a poursuivi en précisant qu’un conseil technique avait été créé dans le cadre d’un partenariat « concret, pragmatique et ambitieux », signé avec la Ville de Mulhouse, M2a et le SIVOM, dans le but d’inciter les « irriguants » à faire des économies d’eau. Concernant la crise énergétique, le vice-président de la chambre d’agriculture a rappelé que « l’agriculture apporte sa contribution, en produisant du carburant pour les moteurs, du gaz avec les déchets des méthaniseurs et de l’électricité avec l’installation du photovoltaïque sur les toitures. » Il a lancé un appel dans le but de « simplifier les formalités et accélérer les procédures administratives » destinées au déploiement du photovoltaïque, ajoutant qu’il se passe « 18 mois entre la décision d’installer des panneaux photovoltaïques sur les hangars et le raccordement au réseau. » Pour conclure, Denis Nass a invité les consommateurs alsaciens, « qui retournent dans les grandes surfaces, à soutenir les producteurs en consommant local. »
« Agir vite, engager le plus grand nombre, planifier dans la durée »
L’urgence climatique est aussi une priorité pour Michèle Lutz, maire de Mulhouse. Elle a rappelé que « l’été 2022 a été le plus chaud après celui de 2003. » Depuis 2018, la municipalité s’est engagée dans un plan de rénovation urbaine à travers le programme Mulhouse Diagonale. « Le but est de donner toute sa place à l’eau et à la nature, à restituer tout ce patrimoine naturel extraordinaire aux Mulhousiens en le valorisant en coeur de ville. », a précisé la maire. « L’enjeu est bel et bien de transformer Mulhouse pour la rendre plus durable, apaisée et agréable à vivre. » Des travaux ont déjà été menés dans ce sens, à l’image de la promenade de la Doller ou de la promenade des berges de l’Ill. L’achèvement du parc paysager de la gare ou l’ouverture des Terrasses du musée, en contrebas du Musée de l’auto, suivront. La lutte contre le réchauffement climatique passe par l’accélération de la transition vers les énergies propres. Dans cette perspective, Michèle Lutz, a détaillé le plan de sobriété établi par la municipalité dont le mot d’ordre est « Ne rien sacrifier, faire des efforts partout » et qui repose « sur trois synergies : agir vite par des mesures concrètes et immédiates, engager le plus grand nombre, planifier dans la durée ». Plusieurs actions concrètes seront mises en oeuvre à cet effet : réduire les horaires des illuminations de Noël ; diminuer et/ou couper l’éclairage public dans certains secteurs ; éteindre l’affichage public grand format d’une heure à six heures du matin ; abaisser la température à 19 degrés dans les bâtiments administratifs, 15 degrés dans les gymnases et 20 degrés dans les salles de classe des écoles ; retarder la saison de chauffe le plus tard possible selon le climat ; supprimer l’usage de l’eau chaude sanitaire lorsque c’est possible. Il s’agit de « consommer utile sans excès, pour obtenir des résultats rapides de réduction de la consommation d’énergie », a résumé la maire de Mulhouse.
« Nous passerons l’hiver comme nous avons passé le Covid. »
« Pour autant, la sobriété ne doit pas être perçue comme une contrainte mais comme une aventure collective, un nouveau projet de société. Ensemble, nous devons remettre à plat nos habitudes et nos usages du quotidien, en un mot : transformer une nécessité en vertu. », a ajouté Michèle Lutz. Elle a annoncé vouloir sensibiliser « les agents et les élus sur les comportements sobres et les écogestes à adopter. » Chacun sera incité à fermer les volets pendant la nuit, couper les équipements électriques, nettoyer sa boîte mail ou espace de données ou encore éteindre les lumières dans les pièces inoccupées. Des « contrats de sobriété » seront établis avec les utilisateurs des équipements publics, tels que les gymnases ou les salles dédiées aux associations. « Nous passerons l’hiver comme nous avons passé le Covid. À Mulhouse nous sommes habitués à relever les challenges, à avancer dans l’adversité. L’objectif est de le faire à moindre coût, sans nuire au service public ni au pouvoir d’achat des Mulhousiens.», a déclaré Michèle Lutz qui ne souhaite « pas opposer fin du mois difficile et fin du monde », mais plutôt miser sur la « solidarité » afin de « répartir les efforts ». La transition énergétique passe également par « un engagement dans la durée qui va impacter les investissements publics des prochaines années dans le but d’améliorer l’efficacité énergétique du patrimoine.» La maire de Mulhouse a énuméré les actions qui seront entreprises dans ce sens : remise à niveau des chaufferies, remplacement des équipements énergivores de chauffage, généralisation de la télégestion, réalisation d’un audit énergétique des bâtiments publics et déploiement d’un plan de rénovation énergétique. À cela s’ajoutent le développement de la production d’énergies renouvelables par l’installation de panneaux photovoltaïques sur les parkings, l’extension des réseaux de chaleur en lien avec l’agglomération ou le passage de tous les éclairages intérieurs et extérieurs en leds dans le cadre du plan Lumière, pour un investissement de 28 millions d’euros sur 15 ans. À l’échelle du département, Louis Laugier, préfet du Haut-Rhin, a indiqué que « Dix projets photovoltaïques de plus de 5 mégawatts sont en cours dans le Haut-Rhin. Pour 9 d’entre eux, un permis de construire a été délivré et 2 nécessitent un complément d’instruction. Le département compte également 3 projets de méthanisation dont les permis ont été instruits et 5 projets en cours de conception. »