L’ABCS crée des groupes de travail « Nous avons vécu des situations climatiques, économiques et socio-politique difficiles ces dernières années. Des contraintes sanitaires et géopolitiques qui ont impacté nos activités, sans compter la mise en place des contrats EGAlim ! commence avec fatalisme Antoine Wuchner, président de l’Association de la Bourse de Commerce de Strasbourg. J’ai mis en place certains groupes de travail, qui se pencheront notamment sur les problématiques du transport, de l’émission du CO2 et des contrats EGAlim, afin de faire émerger des réflexions et d’émettre des propositions, mais aussi de centraliser les informations et d’en diffuser les résultats. Alors, à quoi va ressembler 2023 ? ».
Avant de lancer ce vaste débat sur l’avenir, autour du buffet bien achalandé, Antoine Wuchner a invité l’équipe du Syndicat Des Eaux et de l’Assainissement (SDEA) à présenter leurs actions sur l’eau, la pollution, les filières agricoles viables mises en place, et les aménagements des bassins versants.
Le SDEA, pour répondre à l’évolution des besoins et des enjeux
Patrick Barbier, Vice-président du SDEA et Maire de Muttersholtz, en charge des thématiques eau, agriculture alimentaire et préservation de la ressource d’eau potable (qui compte les nappes phréatiques en Alsace et des sources dans les Vosges), a présenté les missions de cette collectivité. Une entité capable de gérer l’eau, c’est-à-dire d’ériger des digues, de pomper et de distribuer de l’eau potable, d’assainir les eaux usées, avec une ingénierie et une gestion locale mutualisée : aujourd’hui le prix de l’eau est réparti entre les différentes communes membres. La proximité, l’excellence, la responsabilité, le sens du service public, la solidarité sont les valeurs portées par SDEA, qui travaille en partenariat avec de nombreux organismes publics institutionnels et publics régaliens, mais aussi avec les réseaux professionnels locaux et nationaux.
L’eau potable en danger
Le SDEA a pour mission de gérer 10 zones de captages classées prioritaires, de mener des actions de reconquête de recaptage de l’eau, et de travailler sur les problématiques de nitrates et de pesticides, tout en prenant en compte les problèmes de ruissellement. Ces dernières années (de 2002 à 2015) la stratégie a porté sur le changement de pratiques au niveau de l’utilisation des pesticides par les agriculteurs, les collectivités et les particuliers, sur la base du concept : « la bonne dose au bon moment ». Mais depuis 2015, les actions du SDEA se focalisent davantage sur le concept de « la bonne culture au bon endroit », en prenant en compte les vulnérabilités de nos captages afin d’adapter les cultures et les pratiques phytosanitaires. Ceci, afin de préserver la ressource en eau potable. « À titre d’exemple, à Muttersholtz, le problème du taux de pesticides était en forte augmentation il y a une vingtaine d’années, au point de mettre en danger la disponibilité d’eau potable sur cette commune, explique Patrick Barbier. Puis, grâce à l’utilisation raisonnée des pesticides, la courbe s’est infléchie. Actuellement, cette commune est encore classée dans la catégorie du « captage fragile », mais le village n’est plus en danger ».
Des actions concrètes
« Concertation et communication ! sont les maîtres-mots du SDEA, souligne Coralie Welsch, chargée de mission préservation des ressources en eau sur les secteurs du Ried et de la Bande Rhénane. Sensibiliser, dynamiser le territoire auprès des acteurs agricoles, en partenariat avec la chambre d’agriculture et les communes concernées... Établir et partager les perspectives, définir les potentiels d’actions, identifier les freins et évaluer les perspectives... Les missions du SDEA impliquent concertation et proximité : auprès des élus pour évaluer les besoins et prendre en compte les projets de territoires, et auprès des citoyens pour la consultation de certaines thématiques ». Car ces actions impliquent non seulement un volet foncier (SDEA peut préempter des terrains pour mener à bien des projets, ou procéder à des échanges de terrains avec le concours de la SAFER), mais aussi financier (en proposant à l’agriculteur d’être indemnisé s’il met en place des préconisations émises par SDEA).
Ces démarches se font selon 4 axes :
– La concertation et la communication : en établissant un plan d’action partagé avec les acteurs du territoire, et en communiquant sur le territoire les gestes qui préserveront les ressources
– En améliorant les connaissances hydrogéologiques et en s’appuyant sur les bassins de phytoremédiation (principe qui repose essentiellement sur les interactions entre les plantes, le sol et les micro-organismes)
– Par l’aménagement du territoire : outils fonciers, modes de contractualisation pour pérenniser les pratiques/systèmes durables, aménagement d’hydraulique douce, etc.
– En développant des filières agricoles avec les structures économiques/techniques permettant de répondre aux enjeux « Eau et Érosion »
Le PSE, un modèle pérenne ?
Le développement du PSE (Paiement pour Services Environnementaux) mobilise les équipes du SDEA. Ce dispositif reconnu par l’Union européenne, est un outil qui permet de rémunérer les agriculteurs s’ils mettent en couverture leurs terrains pendant l’hiver [mise en culture d’un terrain au lieu de le laisser à nu : les racines limitent le ruissellement de l’eau chargée de pesticides, et offrent un engrais naturel lorsque ces plantes sont laissées sur sol après fauchage]. Le PSE permet également de récompenser l’agriculteur qui fait des efforts dans l’utilisation phytosanitaire. Le financement étant pris en charge à concurrence de 20 % par la collectivité et à 80 % par l’agence de l’eau, par le biais de la redevance.
Certes ces contrats ont un coût, mais ils offrent la possibilité d’augmenter le nombre de cultures à bas niveau d’impact utilisées. Un système d’action proposé en amont, actuellement privilégié, car le coût est moindre qu’un traitement en aval d’une eau très contaminée par les entrants. Les résultats ne sont pas encore probants, mais l’impact sur la qualité de l’eau commence à être visible. Toutefois, ce système a beaucoup d’inertie : il faut plusieurs années pour que l’eau chargée de pesticides arrive au niveau du château d’eau. De fait, le résultat n’est pas encore quantifiable.
Développer les filières agricoles
L’amélioration de la qualité de l’eau passera aussi par le changement du système agricole. D’où la nécessité d’impulser une dynamique qui devra se pérenniser. Notamment par un financement particulier, nécessitant une étude de projet et un investissement. Les éléments de la réussite passent par une connaissance des acteurs du territoire et une communication régulière, une implication des élus, la réalisation de l’étude filières, l’action d’un animateur coordinateur par filière et du temps dédié à l’animation des filières. Il faudra prendre en compte les difficultés rencontrées par les collectivités qui n’ont pas les compétences agricoles pour développer des filières, ni forcément les compétences transverses (alimentation, construction, etc.) pour créer des opportunités de marchés. En général les collectivités connaissent mal les enjeux des filières et l’ensemble des maillons de la chaîne, et n’ont pas les moyens humains pour développer ces projets. La force du SDEA est d’apporter sa compétence en terme de rôle et de positionnement, pour monter des dossiers de demandes de subventions, être garant afin que le projet de filière à monter soit certifié à faible niveau d’impact. Il existe également des actions que SDEA peut mettre en place directement, tout en faisant le lien entre les différents partenaires.
Sécheresse et inondation
Les problèmes de sécheresse et d’inondation vont sans doute devenir récurrents. À l’avenir, – probablement dans 50 ou 100 ans selon les études – des périodes de crises de pénurie d’eau seront habituelles. Ceci car l’approvisionnement d’eau dans le Rhin est liée
à la fonte des neiges sur les glaciers, neige qui fait de plus en plus défaut. Des situations qui appellent à une réflexion et une remise en question au niveau des méthodes de culture. Il faudra ainsi définir d’autres pratiques, comme par exemple une systématisation de l’arrosage par le goutte à goutte. Pour palier le manque d’eau en Alsace, il existe également la possibilité de récupérer de l’eau du Rhin, pour alimenter l’Ill et le Rhône au Rhin, avec l’accord d’EDF qui utilise cette eau pour la production hydro-électrique.
Du point de vu des inondations, les prévisions pour la plaine d’Alsace font état d’une augmentation du nombre de sécheresses et d’inondations, donc d’une accentuation des extrêmes ! Si le Haut-Rhin est protégé de la crue centennale [correspondant à 1 risque sur 100, de subir une crue dans l’année], le Bas-Rhin est moins protégé.
Le SDEA travaille sur le Plan de Protection du Risque d’Inondation, afin de mieux protéger les villages, avec notamment la création de casiers de stockage d’eau dans les secteurs à risque.
La Loi EGAlim
La loi EGalim (Loi n° 2018-938) a été adoptée par le parlement le 2 octobre 2018 et promulguée le 1er novembre 2018. Cette loi est issue des États Généraux de l’ALIMentation (EGALIM, lancés le 20 juillet 2017) annoncés par le Président de la République Emmanuel Macron afin de consulter les Français (156 000 participants) sur des questions qui touchent à l’alimentation du type :
• Comment accompagner la transformation de notre agriculture ?
• Comment mieux informer les consommateurs ?
• Comment renforcer la sécurité sanitaire de l’alimentation ?
• Comment valoriser le modèle alimentaire français ?
• Comment améliorer la protection animale et supprimer la maltraitance animale ?
• Comment avoir une meilleure traçabilité des produits ?
•…
La loi « Agriculture et Alimentation » comporte 69 articles, comptabilise plus de 300 heures de débat au Parlement et plus de 5 000 amendements examinés en projet de loi.

L’Association de la Bourse de Commerce de Strasbourg
ABCS est une association qui regroupe une cinquantaine de membres dans le secteur du commerce des céréales et filières connexes, dans le secteur géographique de la zone rhénane (France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas). ABCS représente tous les secteurs d’activité de la filière céréalières en zone rhénane : production (production, conservation du grain, etc.), transformation (industrie de première transformation), négoce (courtiers…), transport (route, bateau, train), contrôle qualité, formation… Il est l’interlocuteur privilégié pour la représentation de leurs membres et de leurs actions, dans les différentes branches d’activité les concernant. Tous les 2 ans une Bourse intitulée « Journée des Grains », ainsi qu’une conférence thématique annuelle sont organisées. En 2023, un site internet, ainsi que des groupes de travail portant sur la veille réglementaire loi EGAlim, le transport (législation, ZFE…), le CO2, l’eau, la biodiversité (évolution de la législation) vont être créés. Par ailleurs, le club de la Bourse participe à des événements annuels à Strasbourg : Bourse ferroviaire, Multimoday. Pour adhérer à ABCS, contactez Christine Hoppé : bourse. de.strasbourg@gmail.com
SDEA
Ce syndicat mixte ouvert existe depuis 1939. Il compte 700 salariés, soit 100 métiers. Leur budget annuel est de 300 millions d’euros. Cette collectivité regroupe 662 communes membres depuis 2015. Elle a en charge la gestion des milieux aquatiques, la prévention des inondations, la lutte contre l’érosion des sols et l’animation-concertation sur les bassins versants. Elle gère 242 réservoirs.
Le SDEA intervient selon trois axes :
– La réflexion foncière : pérenniser la mise en place des cultures bas-niveau d’impact : baux ruraux à clause environnementales, acquisitions foncières (amiable, marché SAFER, AFAF) contrat obligations réelles environnementales…
– La réflexion financière : pérenniser les pratiques/systèmes permettant de protéger l’eau, par le biais de paiement de Services Environnementaux sur 2 territoires à enjeux
– L’aménagement des bassins versants : mettre en place des infrastructures agro-environnementales pour limiter le ruissellement et le transfert des intrants (fascines, haies, bande enherbée…)