Grand Est Paru le 17 mars 2023
EN MARGE DU SALON DE L’AGRICULTURE

Le Grand Est ouvre les bras aux futures générations d’agriculteurs

Le Salon international de l’agriculture a permis à la Région Grand Est de s’engager avec la SAFER et les Jeunes agriculteurs pour faciliter le renouvellement des générations d’agriculteurs. Elle a aussi signé le contrat de filière houblon et brassicole 2022-2027, et une charte pour une alimentation durable et locale. Elle a animé une table ronde sur les solutions innovantes en matière d’intrants qui a débouché sur le contrat de filière de production de bio-intrants.

Signature du contrat avec la filière brassicole © JL STADLER

Pour inciter à l’installation des jeunes agriculteurs

C’est une priorité qui demande de l’anticipation : faciliter l’installation de jeunes agriculteurs. Le Salon de l’agriculture a permis à la région Grand Est de s’engager sur ce terrain avec le concours des Jeunes agriculteurs et de la SAFER Grand Est (société d’aménagement foncier et d’établissement rural). Franck Leroy, le président de région, Xavier Bailly représentant de la fédération des Jeunes agriculteurs du Grand Est et Thierry Bussy de la SAFER ont signé une convention pour l’installation hors cadre familial en agriculture, par un dispositif de portage temporaire d’exploitations agricoles.

Pourquoi cette convention ? Fort du constat que de nombreux exploitants sont proches de la retraite et que dans les dix prochaines années la moitié des agriculteurs fera valoir ses droits à la retraite et qu’ils ne disposent pas toujours de solution de reprise dans le cadre familial, l’enjeu du renouvellement des générations est crucial !

Le partenariat entre la Région, les Jeunes Agriculteurs et la SAFER vise justement à assurer ce renouvellement des générations d’agriculteurs.

Le portage temporaire de 24 mois maximum

Le dispositif choisi est celui du portage temporaire d’une durée maximale de 24 mois d’une exploitation autonome. Cette période de portage doit permettre d’identifier un porteur de projet d’installation hors cadre familial et, à un candidat à l’installation déjà identifié, de finaliser son projet d’un point de vue technique, administratif et financier.

Sont éligibles toutes les exploitations dont le siège social est basé en Grand Est, dont la majorité des surfaces exploitées est située sur ce territoire, et qui ne dispose pas de solution de reprise dans le cadre familial. Cette convention vise un montant annuel d’aide régionale de 350 000 euros pour couvrir l’ensemble des frais liés aux opérations de portage de biens agricoles.

La SAFER s’engage, quant à elle, à informer tous les candidats éligibles, de l’existence du dispositif et de diffuser sur son site internet et sur le site Propriétés rurales, une fiche de présentation des biens mis en réserve dans le cadre de ce dispositif.

Les Jeunes Agriculteurs, quant à eux, s’engagent à promouvoir ce dispositif sur tout support, réseau, dans le cadre de leurs actions de communication.

Voir www.safer-grand-est.fr ou ja.grandest@gmail.com

Booster la filière brassicole vers l’excellence

Autre action engagée par la Région Grand Est, en marge du Salon de l’Agriculture, la signature du contrat de filière houblon et brassicole avec les organisations professionnelles que sont l’APHA (association des producteurs de houblon d’Alsace), le Comptoir Agricole de Hochfelden, le Syndicat des brasseurs d’Alsace et l’Union des brasseurs du Grand Est.

Première région de France productrice d’orge, de malt et de houblon représentant respectivement 26%, 70% et 96% de la production nationale, le Grand Est dispose d’une filière brassicole d’excellence. Pas moins de 340 brasseries installées sur le territoire dont 63% d’entre elles ont été créées depuis 2019. Mais cela ne doit pas empêcher la filière brassicole du Grand Est de bâtir une vision ambitieuse pour garantir sa pérennité. Le contrat de filière houblon et brassicole 2022-2027 entend ainsi encourager la croissance de la filière.

Les trois axes retenus de ce contrat sont :

- Structurer, coordonner, organiser et animer la filière.

- Développer, transformer et accompagner la production houblonnière et brassicole pour maintenir les performances économique, environnementale et sociale des exploitations.

- Améliorer la compétitivité et la rentabilité par l’innovation, des actions de recherche et développement afin de favoriser la résilience agronomique et l’adaptation au changement climatique.

Pour mémoire, le contrat de filière 2018-2021 a permis à 63 structures de bénéficier d’une aide régionale pour un montant d’1,8 M€.

Dans le même temps, profitant de cet évènement et de la présence de nombreux acteurs, la Chambre de métiers et de l’artisanat Grand Est (CMA Grand Est) a également lancé aux côtés de la Région l’opération « Transformation environnementale des brasseries », un dispositif expérimental visant à accompagner, sur un an, 20 brasseries dans leur transition énergétique et écologique.

Solutions innovantes en matière d’intrants

Une table ronde à l’initiative de la Région Grand Est et de l’INRAE (Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) a permis d’évoquer la question de l’usage des bio-intrants en Grand Est. La prise de conscience du risque sanitaire et environnemental associé à certains produits phytopharmaceutiques, combinée au besoin de réduire les impacts de l’agriculture sur l’environnement ouvre aujourd’hui la voie à la recherche de nouvelles solutions, celles des bio-intrants (biocontrôle, biostimulants et biofertilisants). La région Grand Est figure parmi le top trois des régions agricoles françaises en matière de surface agricole. Forte de plus de 41 000 exploitations, la Région ambitionne d’engager 50% d’entre elles dans la transition agroécologique à l’horizon 2030. Et cela, tout en maintenant les objectifs de production, la préservation de l’environnement, et l’assurance d’un revenu décent pour les agriculteurs.

Contrat de filière bio-intrants

Pour y parvenir, la Région souhaite augmenter l’offre de solutions disponibles pour amorcer cette transition. Elle compte ainsi investir dans la filière de production des bio-intrants en se dotant là aussi d’un contrat de filière dédié.

Ce contrat a été signé en juin 2022 par 36 partenaires du territoire dont la Chambre régionale d’agriculture, des centres de recherche et universités, coopératives, startups, industriels etc. Il s’appuie sur un plan de 10 actions qui doivent faire du Grand Est, la première région en matière d’expérimentation et de production d’intrants biosourcés d’ici 2030. Il s’adresse prioritairement aux cultures emblématiques du Grand Est : céréales, betteraves, colza et vigne. Le Grand Est compte engager 5 M€ de financement régional par an jusqu’en 2027 pour parvenir à ses objectifs dont celui d’atteindre 80% d’exploitations expérimentant au moins un bio-intrant.

Une charte pour une alimentation durable

Enfin, toujours en marge du salon de l’agriculture, Franck Leroy, le président de la Région Grand Est et les représentants des conseils départementaux des Ardennes, de l’Aube, de la Haute-Marne, de la Marne, de la Meurthe-et-Moselle, de la Meuse, de la Moselle, des Vosges, et de la Collectivité européenne d’Alsace, ont signé la Charte pour une agriculture durable et autonome en Grand Est, en présence de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Les signataires s’engagent à oeuvrer de concert pour améliorer l’offre en produits durables et locaux de qualité dans la restauration collective. Les principales actions passent par le soutien des filières de proximité (circuits courts), par l’identification et l’organisation des filières pour répondre aux demandes de la restauration collective, par la sensibilisation des acteurs que sont les producteurs et les consommateurs. En Moselle on peut citer l’exemple de l’usage des circuits courts pour fournir la restauration scolaire.

Susciter de nouvelles vocations

Le salon de l’agriculture est certes une magnifique vitrine du monde agricole, mais on peut le constater à travers ces engagements, il est aussi celui de rendez-vous d’affaires, de réseaux, de rencontres entre des acteurs et des décideurs. Ce faisant, le résultat de ces échanges cible pour l’essentiel une amélioration des pratiques agricoles avec une prise en compte de l’environnement, mais aussi l’agriculture de demain. Et celle-ci n’a d’avenir qu’à la condition de susciter de nouvelles vocations et donc attirer des jeunes pour assurer la pérennité des exploitations et réinventer le métier d’agriculteur.

Bernard KRATZ