« Si l’on se place du côté de l’acheteur, le contexte est plutôt positif », a déclaré Marc Buchert, président de Mulhouse Expo : « Les prix baissent dans l’ancien, le choix est intéressant du côté des promoteurs et les taux de crédit autour de 3% restent inférieurs à l’inflation qui est de 6%. La période n’est pas mauvaise pour quiconque souhaite acheter un bien. » Cette 12ème édition du salon de l’immobilier réunissait 55 exposants contre une cinquantaine en 2019 et 2022. « L’offre s’élargit », a fait remarquer Marc Buchert. Parmi les nouveaux venus, « nous accueillons cette année des entreprises proposant des rénovation complètes de logements et d’autres présentant des maisons à très faible consommation énergétique voire des maisons passives. » Autre nouveauté : une tiny house était présentée pour la première fois au salon par la société Euro-Tiny-House basée à Capvern-les-Bains dans les Hautes-Pyrénées. « Ce nouveau type d’offre immobilière commence à se développer », a souligné Marc Buchert. Une tendance confirmée par le dirigeant de la société, André Daniel, qui voit son activité progresser de plus de 15% par an depuis 2017. Le profil des acheteurs est plutôt atypique. « Nous comptons surtout des femmes de 20 ans ou de 70 ans parmi nos clients ainsi que des investisseurs désireux de mettre leur tiny house en location. » Les tiny houses, qui ont une surface inférieure à 20 m², entrent dans la catégorie des remorques et échappent ainsi au permis de construire et à toute fiscalité.
« Cette période euphorique est clairement derrière nous »
Jérôme Broglé, président de la Fnaim du Haut-Rhin, a évoqué la « conjoncture atypique et même complexe » qui caractérise le marché de l’immobilier actuel, après trois années marquées par « une conjoncture exceptionnellement positive et un marché immobilier soutenu par une politique de taux d’intérêt attractifs. » Ces éléments ayant « permis à de nombreux profils, jusque-là exclus du parcours résidentiel, d’accéder à la propriété. » Entre temps, la donne à changé. « Cette période de trois années relativement euphorique est clairement derrière nous », a expliqué Jérôme Broglé. « On observe une stabilisation des prix et une offre qui reste très en-deçà de la demande même si celle-ci se restreint légèrement. Nous ne sommes pas dans une situation de crise générée par une surabondance de l’offre. Nous sommes sur un marché équilibré avec des prix qui se stabilisent. L’offre immobilière devrait être plus saine et plus stabilisée dans les mois à venir.» Aux futurs acheteurs ou vendeurs, le président de la Fnaim du Haut-Rhin a préconisé le recours à un « vrai agent immobilier », un choix qui « sera de plus en plus pertinent dans les mois à venir», alors que « la période d’euphorie » a ouvert les portes à « beaucoup d’amateurisme », dont les « réseaux d’agents mandataires. »
« Les réservations de logements neufs chutent de manière très importante »
Plus alarmiste, Thomas Missner, président du pôle habitat de la fédération française du bâtiment (FFB), a fait part des fortes inquiétudes exprimées par les constructeurs de maisons individuelles, les promoteurs immobiliers, les aménageurs et les rénovateurs, devant les élus présents. « Les réservations de logements neufs chutent de manière très importante depuis un an. La baisse dépasse les 31 % sur 12 mois et s’accélère autour de 37 % sur six mois. » Sont pointées du doigt, les hausses des coûts de production et des taux de crédit, le prix du foncier ainsi que les modifications réglementaires environnementales avec l’application de la loi RE2020 qui impose la construction de logements économes en énergie. « Le cumul de ces situations impacte le coût d’un logement neuf qui prend entre 25 et 30 % sur les deux dernières années », a indiqué Thomas Missner. « Forcément une partie de la population ne peut plus acheter de biens », sachant qu’il faut débourser, en moyenne, 350.000 euros pour l’acquisition d’une maison individuelle. Relayant le message du pôle habitat de la FFB, qui appelle le gouvernement à instaurer un « bouclier logement », Thomas Missner a détaillé les trois « propositions essentielles » destinées à soutenir le pouvoir d’achat immobilier des ménages. Ainsi, pour les primo-accédants, les constructeurs de logements souhaitent le « retour au prêt à taux zéro qui a été progressivement diminué depuis quatre ans » et la mise en place « d’une réduction des intérêts d’emprunt sur l’acquisition de la résidence principale dans le neuf ou l’ancien, afin de compenser en partie le surcoût. » Le retour du dispositif Pinel pour les investisseurs est également souhaité par la profession. « L’objectif est de redonner confiance au marché », a souligné Thomas Missner.
57.000 m² de bureaux et d’activités tertiaires à Mulhouse
L’immobilier est aussi au coeur des enjeux de développement de l’attractivité territoriale de l’agglomération mulhousienne. Des actions sont ainsi menées dans ce sens. C’est le cas à Mulhouse, où le quartier de la gare poursuit sa transformation pour devenir un « véritable pôle d’affaires ». Dans ce quartier, « notre ambition est de construire 57.000 m² de bureaux et d’activités tertiaires, afin d’attirer de l’emploi au centre-ville », a indiqué Jean-Philippe Bouillé, adjoint à l’urbanisme à la Ville de Mulhouse. Toujours à Mulhouse, le secteur du nouveau Bassin poursuit lui aussi sa transformation sur sa partie est et ouest, afin de créer « une entrée de ville qualitative et d’offrir la possibilité d’habiter à proximité d’un arrêt de tram ». Il y a aussi les projets de « recyclage foncier ». C’est le cas dans les quartiers « Fonderie, aujourd’hui, et DMC, demain », des lieux « où le patrimoine industriel de la ville, tant sur le plan du bâti que de son âme, peut se prolonger en trouvant un avenir. », a précisé Jean-Philippe Bouillé. « On le voit, notamment, à la Fonderie où ont été implantés l’université de Haute-Alsace, le siège du centre d’apprentissage de l’Union des métiers de la métallurgie et KM0 qui regroupe des activités autour du numérique. »
« L’inquiétude autour de la densification »
Concernant la friche DMC, « projet resté en suspend pendant des années », le site a vu la création d’un village d’activités et le développement du village Motoco, une « ruche » d’artistes où travaillent 140 personnes. L’implantation en 2020, du Climbing Center Mulhouse, a marqué ce secteur. Il s’agit de « la plus haute salle d’escalade intérieure de France qui fera l’objet de travaux d’agrandissement pour accueillir des athlètes dans le cadre des Jeux olympiques de Paris 2024. » La ville de demain s’inscrit également dans une démarche durable et la nécessité de relever le défi de la transition écologique. La municipalité a ainsi initié le projet Diagonale dont le but est de valoriser les cours d’eau et de donner « davantage de place au vert », à l’image du square Charles de Gaulle devant la gare qui a fait l’objet d’un réaménagement paysager. Toutefois, « un certain nombre de projets, soit neufs, soit de réhabilitation posent aujourd’hui questions » et suscitent de « l’inquiétude autour de la densification » urbaine, a relevé Jean-Philippe Bouillé. « Nous avons, avec les professionnels de l’immobilier, un travail à faire pour expliquer ces projets et les justifier. C’est un travail collectif que nous devons mener », à propos de la loi sur le Zéro artificialisation et la réglementation RE2020. « Il y a des équilibres à trouver », a poursuivi Jean-Philippe Bouillé, dont les propos font écho au projet de construction de la tour Elithis. Cet édifice à énergie positive s’élancera sur une hauteur de près de 60 mètres à proximité de la gare de Mulhouse et accueillera ses premiers habitants fin 2024. Le mot de la fin est revenu à Francis Hillmeyer, conseiller communautaire à la m2A, qui a notamment invité les habitants ayant un projet d’acquisition ou de rénovation à se diriger vers « l’Agence locale de la maîtrise de l’énergie, agence gratuite pour les concitoyens qui peuvent venir se renseigner, obtenir les bonnes informations pour bien isoler leur logement ou changer leur système de chauffage. »