C’est une page qui se tourne au Comité de Bassin Rhin Meuse : Claude Gaillard, l’inamovible président de cet organisme chargé de la qualité de la ressource en eau, sur le bassin versant Rhin Meuse, a décidé de ne plus se représenter. Audrey Bardot, élue municipale de la commune de Pulligny, vice-présidente du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, lui succède. Elle a été élue à la majorité des suffrages exprimés. Une élection qui intervient alors que s’engagent les premiers travaux pour l’élaboration du 12e programme d’intervention 2025-2030.
La nouvelle présidente a adressé ses premiers mots à Claude Gaillard : « J’ai évidemment un pincement au coeur de le voir partir. Il a été un grand président et restera un grand homme à qui nous devons la qualité de notre ambiance de travail et notre crédibilité au niveau local et national. Je suis consciente du travail et de l’investissement sans faille réalisés, guidés par la recherche de l’intérêt général, de la solidarité de bassin et de la préservation à long terme, des ressources en eau. »
La nouvelle présidente a ensuite porté un regard sur le comité de bassin Rhin Meuse. « Notre instance démocratique ainsi que l’agence de l’eau Rhin Meuse portent deux caractéristiques fortes dans leur ADN : d’une part notre capacité d’innovation et d’autre part notre culture du consensus qui seront précieuses au regard des défis à relever notamment au regard du changement climatique. La concertation, le débat, le respect d’autrui continueront à guider notre action collective au service de l’intérêt général, et je suis fière de poursuivre le travail engagé. »
27 ans à la tête du comité de bassin
L’événement est de taille. Une femme prend le relais d’une personnalité politique régionale d’envergure qui a longtemps tenu sa place de député à l’Assemblée nationale avant de devenir un conseiller très proche de François Fillon, alors Premier ministre. De fait Claude Gaillard a été successivement conseiller général de Meurthe et Moselle, conseiller régional de Lorraine, député, occupant à deux reprises le poste de vice-président de l’Assemblée nationale, ainsi que le poste de Questeur de l’Assemblée, c’est dire le poids politique de cet élu qui a consacré toutes ces années au comité de bassin Rhin Meuse. Son savoir-faire, son art du dialogue, sa façon de tenir les équilibres au sein de ce comité de bassin, sur des sujets parfois sensibles concernant l’environnement, ont permis de maintenir le bateau du comité de bassin à flot et de le faire avancer vers les objectifs réclamés par les instances européennes en matière de bon état des eaux.
Âgé de 78 ans, il a choisi de ne pas se représenter à la tête de l’instance, au moment où s’engage un chapitre décisif, avec le 12e programme d’intervention 2025-2030. Le bon moment, car le Comité de bassin a fortement renouvelé ses membres, à l’issue des dernières élections municipales. « C’est comme l’avènement d’une nouvelle génération en son sein » laisse entendre un responsable de l’agence de l’eau.
« Vous avez donné une âme à ce comité de bassin »
En attendant, outre Audrey Bardot, le directeur de l’Agence de l’eau, Marc Hoeltzel, n’a pas manqué de saluer le travail accompli par Claude Gaillard. « Vous avez été fidèle jusqu’au bout, engagé et le plus grand honneur pour nous, a été que votre dernier mandat politique, après de hautes fonctions, soit celui de président du Comité de bassin » a expliqué Marc Hoeltzel, le directeur de l’Agence de l’eau. Il a rappelé le lien indéfectible entre l’Agence de l’eau et le comité de bassin. « Le couple Agence de l’eau, comité de bassin est important. Pour que l’agence de l’eau existe, nous avons besoin du comité de bassin. On a toujours pu avoir votre confiance pour pouvoir défricher des espaces nouveaux et engager parfois des travaux difficiles » a ajouté le directeur. Il a ensuite relevé tout ce qu’a apporté Claude Gaillard à l’institution. « Vous avez donné une âme à ce comité de bassin, un esprit de famille où on peut tout se dire, les gens venaient avec plaisir pour vous écouter. Vous aviez une posture au-dessus de la mêlée » avant de terminer en évoquant la méthode Gaillard : « Vous attachiez une importance à faire les bons choix, à être toujours dans les bons équilibres en particulier en termes de fiscalité par rapport aux populations les plus fragiles. » Un bel hommage qui a visiblement ému le président partant. « On a fait une route importante et la route qu’il reste à faire est tout aussi importante. Ici, au sein du comité de bassin, on se respecte et quand on se respecte on écoute tout le monde. Comme ceux qui sont ici ont des choses à dire, les écouter nous enrichit tous. Moi, ça m’a beaucoup aidé, j’ai appris beaucoup de choses en écoutant tout le monde. C’est la seule façon de résoudre les problèmes difficiles et d’emmener un collectif » a sobrement répondu Claude Gaillard.
Audrey Bardot depuis 8 ans au Comité de bassin
Celle qui lui succède est âgée de 46 ans. L’accession d’une femme à la présidence du Comité de bassin constitue une première. Elle est vice-présidente du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, le même département d’exercice de son prédécesseur, où elle est actuellement responsable des mobilités et des infrastructures après avoir eu la charge de l’agriculture et de l’environnement. Elle est par ailleurs élue municipale à Pulligny, un village de 1200 habitants situé à 25 kilomètres au sud de Nancy, où elle est particulièrement engagée au service des transitions sociales, écologiques et économiques.
Audrey Bardot siège au sein du Comité de bassin depuis 8 ans. Elle y occupait le poste de 1ère vice-présidente depuis 2021.
Voir aussi www.eau-rhin-meuse.fr
Environnement
Partenariat renouvelé pour la nappe d’Alsace
L’Agence de l’eau Rhin-Meuse et ses différents partenaires viennent de renouveler leur partenariat pour la reconquête de la qualité de l’eau de la nappe d’Alsace dans le cadre de la convention SENS (Solutions Eau Nappes d’Alsace et du Sundgau).
Le 3 juillet dernier à Strasbourg, l’Agence de l’Eau, l’État, la Région Grand Est, le SAGE III Nappe Rhin, les collectivités productrices et distributrices d’eau potable, la Chambre d’agriculture d’Alsace et les acteurs de la filière agricole ont renouvelé un partenariat initié en 2018 pour une période allant jusqu’en 2022. Grâce à la dynamique de cette première convention pour la mise en place de contrats de solutions territoriaux en faveur de la qualité de la nappe d’Alsace et des aquifères du Sundgau, 19 captages prioritaires sont à présent concernés par ces contrats portés par des collectivités très impliquées. Ils permettent de déployer sur ces aires d’alimentation, par les agriculteurs qui se sont engagés, d’autres pratiques agricoles visant la réduction d’utilisation d’herbicides.
Pour préserver l’eau
Ainsi les cultures à bas niveau d’impact (chanvre, élevage à l’herbe, céréales bio, semences de fleurs et graminées sauvages, cultures énergétiques…) couvrent à présent en moyenne 24% de la surface agricole utile à l’échelle de la nappe d’Alsace et 32% au sein des aires d’alimentation en eau de captage, dont respectivement 6 et 7% de surfaces conduites en agriculture biologique.
Ces couverts fournissent des services environnementaux qui permettent de préserver l’eau. Ces services sont rémunérés aux agriculteurs sur une surface de 15 000 hectares qui ont été contractualisés dans le cadre du dispositif des paiements pour services environnementaux déployé par 8 collectivités alsaciennes.
Enfin les indicateurs montrent que cette première convention a permis de réduire l’utilisation d’herbicides d’un quart environ à l’échelle de la nappe et d’un tiers environ à l’échelle des aires d’alimentation de captages. Toutefois, les effets sur les concentrations d’herbicides dans l’eau de la nappe ne sont pas encore perceptibles.
Continuer sur cette dynamique
Certes, si les effets sur la qualité de l’eau ne sont pas encore attestés, ces résultats sont encourageants. Il y a les retours d’expérience de ces 5 années. Elles ont servi à structurer la feuille de route 2023-2027 de la nouvelle convention SENS 2027 afin de poursuivre cette dynamique.
29 nouveaux captages cibles ont été identifiés sur la base des derniers résultats du contrôle sanitaire. Ainsi des contrats de résultats territoriaux devront être déployés sur l’ensemble des 51 captages cibles de la convention SENS. Mais les objets de cette nouvelle convention sont pour le moins ambitieux.
Au terme de la convention, aucun des captages ne devra faire l’objet de teneurs en herbicides supérieures aux normes. De plus l’objectif d’une baisse de 50% des herbicides d’ici 2027 est réaffirmé.
Un rendez-vous annuel
La démarche n’en reste pas moins inédite et très concertée. Pilotés par les collectivités compétentes, ces contrats de résultats territoriaux associeront les agriculteurs du territoire et d’autres partenaires dont l’expertise pourrait faciliter une approche du foncier ou de la transmission d’exploitations. Les collectivités bénéficieront de l’appui des partenaires et auront à leur disposition une boîte à outils et des soutiens financiers associés :
• Les cultures à bas niveau d’impact avec un objectif fort de les déployer, de les pérenniser sur des surfaces importantes en particulier sur les aires d’alimentation en eau des captages et de consolider les filières de valorisation des produits associés ;
• L’agriculture biologique ;
• Les plans « Herbe » ciblés sur 2 territoires à enjeux, le Ried et le Sundgau, qui visent à maintenir, voire à augmenter les surfaces en prairie ;
• Le désherbage mécanique hors « zones à érosion ».
Ces actions territorialisées seront complémentaires à un socle d’actions de base portant sur la généralisation de bonnes pratiques.
Les partenaires directs et associés se donnent rendez-vous une fois par an pour faire un point d’étape sur l’avancée des engagements, et réorienter, si besoin, les actions vis-à-vis d’une ressource en eau potable capitale pour un très large territoire et plusieurs millions d’habitants.
