L’Agence de l’eau Rhin Meuse et Voies navigables de France adaptent leur stratégie au changement climatique. Le 5 juillet dernier, VNF et les Agences de l’eau ont signé une charte nationale qui marque une démarche commune afin de mieux prendre en compte le changement climatique dans la préservation de la ressource en eau. Cette charte a été déclinée à l’échelle des bassins. Ainsi les directions territoriales de VNF sur le bassin rhénan et les bassins Meuse et Moselle représentées par Yann Quinquandon et Sophie-Charlotte Valentin, et l’Agence de l’eau Rhin Meuse représentée par son directeur Marc Hoeltzel, ont choisi d’acter ce partenariat à Thionville, le 13 juillet. Mais pas n’importe où, à la hauteur de l’écluse rénovée et achevée en 2022, alors qu’elle était hors d’usage depuis plus de trente ans. Le choix de cette écluse n’est pas un hasard. Sa réhabilitation permet de réaliser une très substantielle économie d’eau. De fait, elle permet aux embarcations de gabarit Freycinet d’éviter l’écluse grand gabarit et de bénéficier d’une infrastructure sur mesure. Cette opération d’un coût de 1,65 M€ cofinancée à hauteur de 110 000 euros par l’Agence de l’eau permet d’économiser la consommation d’eau dans la dérivation navigable de 2 millions de m³ par an.
Collaboration de longue date
VNF et Agence de l’eau travaillent de concert dans le but de préserver la ressource en eau. Une collaboration de longue date. On peut ainsi relever d’autres opérations remarquables réalisées ces dernières années. Celle de la nouvelle passe à poissons au barrage des Faux-Remparts à Strasbourg en 2021. Elle a permis de rétablir la libre circulation des espèces, notamment migrantes tout en améliorant la qualité écologique des cours d’eau. La nouvelle passe à poissons comporte 9 bassins successifs qui créent des chutes d’eau franchissables. Coût de l’opération ; 1,2 M€ financé à 50% par l’Agence de l’eau, 30% par la Région Grand Est et 20% par VNF.
Autre action à relever, le remplacement du barrage à aiguilles de la Robertsau à Strasbourg par un barrage automatisé, réalisé en 2022. Le but de cette transformation est de sécuriser le travail des agents de VNF sur le barrage, d’automatiser la gestion du niveau d’eau dans tout le centre-ville de Strasbourg et les bassins du port et enfin de rétablir la continuité piscicole. Ce nouvel ouvrage permettra à l’eau de s’écouler à travers trois nouvelles passes à clapets et l’écluse jusqu’alors condamnée sera réhabilitée en passe à poissons et canoës. Des travaux d’un coût de 5,2 M€.
Projets et études
Sur l’axe Moselle des projets vont voir le jour. En particulier la modernisation des prises d’eau entre Remiremont (Vosges) et Toul (Meurthe-et-Moselle), la reprise de l’étanchéité de la rigole d’alimentation du réservoir de Bouzey et la modernisation de la station de pompage de Toul Valcourt. Et des études portent sur le partage de la ressource des barrages réservoirs, sur les actions à mener pour diminuer les fuites, sur des dispositifs innovants pour limiter la consommation d’eau avec l’exemple de l’écluse à baudruche dépliable.
Une étude portant sur la ressource du barrage réservoir de Parroy en Meurthe-et-Moselle avec pour objectif la conciliation de la protection des milieux humides associé au réservoir et les usages multiples du plan d’eau.
Côté qualité de l’eau, un travail sera mené pour lutter contre le myriophylle hétérophylle, espèce envahissante majoritaire sur le bassin versant de la Meuse.
Sur 1600 kilomètres de voies d’eau
Cette collaboration s’enrichit d’un nouveau volet qui prend en compte le changement climatique. Baptisée partenariat Eau et Climat, cette convention va développer leur coopération. Celle-ci passera par une mutualisation des efforts et expertises pour mettre en place des actions vertueuses en faveur de la ressource en eau et des milieux aquatiques sur un territoire d’intervention commun.
À l’échelle du Grand Est, ce sont 1600 km de voies d’eau qui sont gérées par VNF, au sein desquelles de nouveaux projets vont être pensés et développés pour répondre aux enjeux des deux établissements, en concordance notamment avec les objectifs du Plan Eau récemment annoncé par le président de la République, de la directive cadre sur l’eau (DCE) ainsi que du Grenelle de l’environnement avec la Trame verte et bleue, du Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) Rhin-Meuse, et des plans de restauration de la continuité écologique, notamment pour les grands migrateurs. Ces 1600 km de voies d’eau couvrent 12 départements (Ardennes, Côte d’Or, Marne, Haute-Marne, Meuse, Moselle, Meurthe et Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Vosges, Territoire de Belfort et Haute-Saône) et deux régions, le Grand Est et la Bourgogne Franche-Comté, et dessert six pays : Luxembourg, Belgique, Allemagne, Suisse, France et Pays-Bas. Ils concernent deux bassins versants Meuse et Moselle et le Rhin canalisé.
« L’engagement dans l’équilibre des éco-systèmes »
Pour Yann Quinquandon, directeur territorial VNF de Strasbourg « l’ambition commune de VNF et de l’Agence de l’eau est la préservation de la ressource en eau et des milieux aquatiques. » Elle est selon lui déjà une réalité sur le territoire du bassin rhénan. Il cite les deux réalisations menées au barrage des Faux-Remparts à Strasbourg et le remplacement du barrage à aiguilles de la Robertsau que nous avons évoquées. « Au travers de sa participation financière sur ce type d’opérations, l’Agence de l’eau permet à VNF de poursuivre son engagement dans l’équilibre des écosystèmes. »
Sophie-Charlotte Valentin, directrice territoriale Nord Est de VNF remarque pour sa part : « le réseau, dont nous sommes gestionnaires, est profondément interconnecté avec le milieu aquatique naturel. Le renforcement de la collaboration entre VNF et l’Agence de l’eau va permettre d’investiguer pour une meilleure connaissance de ces milieux sensibles et d’affiner notre gestion de la ressource en eau, en poursuivant l’optimisation et la modernisation de nos infrastructures. »
Quatre axes majeurs
Pour Marc Hoeltzel, directeur de l’Agence de l’eau Rhin Meuse « cette contractualisation donne un nouvel élan à une coopération de longue date. Cette feuille de route identifie quatre axes d’intervention dont un portant sur la gestion quantitative de la ressource en eau, en droite ligne avec les objectifs fixés dans le Plan Eau et un autre majeur pour l’agence de l’eau à savoir la restauration des berges en particulier sur le Rhin avec 3 M€ de travaux prévus. »
Les quatre axes de ce partenariat sont en cohérence avec les enjeux communs aux deux acteurs dans un contexte de changement climatique :
- La gestion des berges et renaturation des milieux ;
- La préservation et la restauration de la continuité écologique et sédimentaire ;
- La gestion quantitative et le partage de la ressource, afin d’optimiser les prélèvements et la distribution de l’eau, et la résilience du réseau géré par VNF ;
- La gestion qualitative de la ressource avec la réduction de l’empreinte écologique.
La complémentarité des compétences techniques propres aux deux établissements facilitera la mise en oeuvre de ces stratégies durables pour faire face au changement climatique. Enfin, l’enveloppe financière engagée sera de 20 M€ sur cette période 2023-2026.
Moselle : l’écluse petit gabarit de Toul reprend du service
L’écluse petit gabarit de Toul en Meurthe-et-Moselle a été récemment rénovée et remise en service. Elle vient d’être inaugurée. La régénération de cet ouvrage a bénéficié d’un financement du plan de relance 2021-2023.
Elle a été remise en service le 28 avril dernier. Elle a d’ailleurs permis le franchissement sécurisé de l’ouvrage pour un groupe important de plus de 300 canoës le 30 avril dans le cadre de l’événement Vogu’à Toul. L’ouvrage est télé-conduit depuis le poste de commande de l’écluse grand gabarit attenante (écluse N°3 de Toul). Dans le cadre du projet de modernisation de VNF, son fonctionnement sera, à terme, géré depuis un poste de commande de télé-conduite unique pour l’ensemble des écluses grand gabarit de la direction territoriale.
Meilleure gestion de la ressource en eau
La remise en service de l’écluse de Toul s’inscrit dans la stratégie de régénération des ouvrages et de gestion responsable et durable de la ressource en eau menée par Voies navigables de France. Elle permet de réaliser des économies d’eau significatives. Emprunter une écluse petit gabarit, plutôt qu’une écluse grand gabarit permet, en fonction des hauteurs de chute, de consommer 8 à 10 fois moins d’eau éclusée. En effet, une écluse grand gabarit consomme de 7000 à 10 000 m³ d’eau contre environ 800 m³ pour un passage de bateau dans une écluse petit gabarit.
Mise en service il y a 50 ans
L’écluse petit gabarit de Toul a été mise en service pour la première fois il y a près de 50 ans. Cette petite écluse s’était dégradée au fil du temps et des embâcles : organes de manoeuvre devenus vétustes, révisions nécessaires. À la suite de désordres majeurs, sa mise à l’arrêt a été rendue nécessaire en octobre 2018. Des travaux significatifs ont été lancés en décembre 2021 pour s’achever au début de la saison touristique 2023. Ils se sont principalement concentrés sur les portes, retirées temporairement pour être restaurées. L’ensemble des organes de manoeuvre (moteurs de portes, moteurs de vantelles, panneaux de feux, caméras, sonorisation) ont été changés. L’installation électrique a été entièrement rénovée : armoire de puissance, de commande, pupitre de manoeuvre depuis le poste de commande de l’écluse grand gabarit. Autant d’opérations réalisées en régie. Les passerelles des vantaux ont également été remises aux normes.
480 000 euros
Les travaux ont été en partie confiés à l’entreprise SRE SAS de Fléville-devant-Nancy, à la suite d’un appel d’offres. Ils ont également largement mobilisé les compétences d’exploitation, de maintenance, informatique industrielle, d’automatisation des équipes de l’itinéraire Moselle de la direction territoriale Nord-Est de Voies navigables de France.
La rénovation et remise en fonctionnement de l’écluse petit gabarit de Toul a nécessité un investissement de près de 480 000 euros TTC. L’opération bénéficie d’un financement du plan de relance à hauteur de 350 000 €. Le restant a été financé par VNF.
D’autres écluses rénovées
La rénovation de l’écluse petit gabarit de Toul intervient dans la lignée de celles déjà menées sur plusieurs écluses petit gabarit de la Moselle canalisée. Les écluses petit gabarit de Metz, Talange, Richemont en Moselle ont été restaurées entre 2010 et 2013 et plus récemment l’écluse de Thionville (57), à l’arrêt depuis une trentaine d’années, a été intégralement rénovée et remise en service en 2022.
Plus globalement, les travaux de rénovation menés sur les nombreuses écluses – plus de 450 – de la direction territoriale Nord-Est sur ses différents itinéraires permettent une meilleure étanchéité des ouvrages et ainsi d’économiser la ressource en eau, tout en contribuant à la sécurité des ouvrages. Sophie-Charlotte Valentin, directrice de la direction territoriale Nord-Est de VNF l’a rappelé lors de l’inauguration : « réhabiliter les petites écluses sur la Moselle canalisée contribue à une gestion plus résiliente de la ressource en eau et offre un service au plus près des besoins des usagers de la voie d’eau. »
De fait, cette rénovation et remise en fonctionnement bénéficie également à la navigation. Elle permet aux flottes de bateaux de petit gabarit d’emprunter un ouvrage adapté à leur dimensionnement, évitant ainsi les interférences avec des bateaux plus imposants. En période d’étiage, l’utilisation préférentielle de l’écluse à petit gabarit, plus économe en eau, par les bateaux de plaisance, apporte moins de contrainte d’exploitation et d’attente aux ouvrages ou de nécessité de regroupement de bateaux de plaisance.
L’inauguration organisée le 21 juillet dernier s’est tenue en présence de Sophie-Charlotte Valentin, la directrice territoriale Nord-Est de VNF, de Arnaud Cochet, préfet de Meurthe-et-Moselle et de Laurent Naves, sous-préfet de Toul.
Voir aussi sur www.vnf.fr ou sur www.eau-rhin-meuse.fr
