Grand Est Paru le 06 octobre 2023
ARTISANAT

La Région a construit le CFA du Campus des métiers de l’artisanat à Nancy

Franck Leroy, président de la Région Grand Est a remis officiellement, le 15 septembre à Christophe Richard, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat du Grand Est, les clés du tout nouveau Campus des métiers de l’artisanat de Meurthe-et-Moselle, situé sur le site ARTEM à Nancy.

La remise des clés par Franck Leroy, président de la Région Grand Est à Christophe Richard, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat du Grand Est @Verhaegen-RegionGrandEst

 Ce fut un chantier de plus de deux ans. Implanté sur une parcelle de près de 5000 m2, le nouveau Campus des métiers de l’artisanat de la CMA Grand Est sur le site Artem à Nancy sera le plus grand Centre de formation des apprentis (CFA) de l’artisanat du Grand Est et le seul centre de Meurthe-et-Moselle formant par appren­tissage aux métiers de bouche (boulanger, pâtissier, boucher, charcutier-traiteur, chocolatier-confiseur) et à ceux de l’artisanat (coiffure, esthétique cosmétique parfumerie, sanitaires et sociales). Quelque 910 jeunes seront formés en alternance chaque année avec une présence de 300 personnes simultanément sur le site. Le campus doit accueillir ses premiers apprentis en janvier 2024.

Un investissement de 21,1 M€

La Région a intégralement financé ce projet immobilier d’envergure à hauteur de plus de 21,1 millions d’euros. Le bâtiment sera mis à disposition de la Chambre de métiers et de l’artisanat du Grand Est qui gèrera ce nouveau centre et assurera l’organisation des formations.

Cet évènement répond également au très fort engouement pour l’apprentissage dans le pays et dans notre région. De fait, quelque 837 000 nouveaux contrats d’apprentissage ont été signés au cours de l’année 2022 dans les secteurs public et privé, leur nombre était de 730 000 en 2021. La progression selon le Ministère du Travail et du Plein Emploi est de 14%. Toujours selon le ministère, le nombre de nouveaux contrats dans le secteur privé a été multiplié par 2,8 entre 2017 et 2022. Et l’augmentation du nombre de contrats concerne tous les niveaux de diplôme. Le nombre de jeunes préparant un niveau baccalauréat en apprentissage a doublé depuis 2017. De plus en plus l’apprentissage apparaît comme un tremplin efficace vers l’emploi. Deux jeunes sur trois sont en situation d’emploi six mois après leur apprentissage.

« Grâce à l’apprentissage, TPE, PME et grandes entreprises s’en­gagent toutes pour l’emploi et la formation des jeunes. Comme en 2021, la part des entreprises de moins de 50 salariés est pré­pondérante. Tous les secteurs économiques et tous les territoires en bénéficient » estime le ministère.

Une démarche éco-responsable

Très engagée sur les questions environnementales, la Région a souhaité construire un édifice vertueux énergétiquement, prenant en compte notamment le confort thermique, l’éclairage naturel, le renouvellement de l’air intérieur, le confort acoustique dans les locaux et l’optimisation du coût global dont les consommations d’eau et d’énergies.

Parmi les équipements remarquables mis en place, on peut citer la création d’une toiture végétalisée qui permettra non seulement d’abriter un écosystème pour la biodiversité du lieu, mais également de réguler les fortes chaleur grâce à l’apport de végétation, tout en retenant au mieux les eaux pluviales sur la parcelle.

Sur le plan pédagogique, une attention particulière a également été portée sur les conditions de travail des apprentis, des enseignants et du personnel, en privilégiant la lisibilité des espaces, la convivialité des lieux et l’innovation. La modularité et la flexibilité du bâtiment permettront l’évolution des formations et des technologies dans les meilleures configurations possibles.

En clair, ce nouveau CFA facilitera l’accueil des apprentis et améliorera la qualité de vie des équipes. À travers ce chantier, la Région, en partenariat avec la CMA Grand Est, participe au dé­veloppement économique, à l’attractivité et au rayonnement du territoire. Et comme l’on répété les élus « il valorise le dynamisme de l’apprentissage dans le Grand Est. »

Un coup de rabot à l’apprentissage

Un décret relatif à la nouvelle révision des coûts des contrats d’apprentissage publié le 7 septembre 2023 « porte un coup sans précédent à l’apprentissage et aux CFA » explique la Chambre de métiers et d’artisanat de la Moselle.

La Chambre de métiers et de l’artisanat de la Moselle par la voix de son président Philippe Fischer, dans un communiqué, exprime son étonnement voire sa colère face à une décision gouvernementale qui remet en cause la belle santé de l’apprentissage dans le pays. « Malgré les alertes répétées du réseau des CMA, l’impensable est devenu réalité ! » affirme le communiqué de Philippe Fischer.

De fait, la baisse globale des NPEC (Niveau de prise en charge) amputera de près de 900 000 euros le campus des métiers de la Moselle. « Cette décision unilatérale du gouvernement, prise sans aucune concertation avec le monde de l’apprentissage et des représentants de l’artisanat, conduira en France à un déficit inéluctable de plus de 57% des formations. À l’heure où l’artisanat se réinvente chaque jour pour survivre aux crises économiques, aux crises de l’énergie et surtout à la pénurie de main d’oeuvre, cette décision dramatique marque un coup d’arrêt à l’ambition de développer un apprentissage de qualité, reconnu, garant de la préservation de la transmission des savoirs. »

Et la CMA de Moselle de demander « de sortir de cette logique de la France des indicateurs d’économies. Elle rappelle ainsi que pour former des boulangers, des coiffeurs, des maçons, des pro­thésistes dentaires, il faut des plateaux techniques modernes et des matières premières. « Tout cela a un coût ! On ne forme pas à l’art du geste sur un écran d’ordinateur. » Au sein des CFA, toutes les dépenses sont faites dans le souci de préserver la qualité des enseignements, pour mieux construire l’avenir des jeunes et gérer au mieux les budgets des établissements.

À quand le million d’apprentis ?

La CMA de Moselle pose une vraie question : « veut-on encore former les artisans de demain ? » Une véritable interrogation alors que le gouvernement annonçait sa volonté d’atteindre le million d’apprentis par an en 2027. Philippe Fischer estime également que cette baisse des coûts des contrats entraînera aussi des consé­quences importantes sur de nombreux métiers dont certains sont actuellement en tension.

La fin de son intervention laisse entendre un mince espoir de voir cette décision remise en question. « Nous souhaitons qu’une vraie concertation s’ouvre sur la question cruciale du financement de l’apprentissage. Les discours de soutien à l’apprentissage doivent maintenant se traduire en actes. »

À l’évidence la décision gouvernementale fait partie d’un tour de vis budgétaire pour rester dans les clous des fourchettes européennes en matière de déficit. Il est probable que d’autres décisions déli­cates de cet ordre soient prises alors qu’approche au parlement le débat budgétaire.

Voir aussi https://www.cma-grandest.fr et www.grandest.fr

Bernard KRATZ