Grand Est Paru le 08 décembre 2023
OBSERVATOIRE DES VILLES VERTES

Strasbourg, Metz et Reims dans le vert

L’Observatoire des villes vertes créé par l’UNEP, l’union des Entreprises du paysage et Hortis, les responsables d’espaces naturels en ville, dévoile la 4e édition de son Palmarès des villes les plus vertes de France. Strasbourg arrive sur le podium en 3e position, Metz est 5e et Reims 8e. Un joli tir groupé pour le Grand Est.

Parc de l'orangerie Strasbourg © Marlene-stock.adobe.com AdobeStock_372310473.jpeg

La quatrième édition du palmarès des villes vertes, qui interroge les 50 plus grandes villes de France sur la place de la nature et du végétal dans leur espace urbain, révèle un podium inédit : Angers conserve sa place de leader, tandis que Rennes prend la deuxième place du classement, gagnant 5 places par rapport à 2020. Mais si l’Ouest du pays domine le podium, le Grand Est n’est pas loin. Strasbourg fait une entrée remarquée dans le classement en se hissant directement à la troisième place. Mieux, Metz s’installe solidement à la cinquième place, alors que Reims, autre ville phare du Grand Est, fait une entrée remarquée à la 8e place et devance même Paris qui arrive 10e. Au total ce sont 7 régions sur 13 qui sont représentées dans ce classement. Détaillons maintenant les belles places des villes du Grand Est :

• Strasbourg sur le podium : La ville européenne doit sa troisième place à une politique de végétalisation audacieuse, impulsée par son Plan Canopée 2020-2026. Il vise à étendre la strate arborée dans la ville, à renouveler plus activement le patrimoine dépérissant et à faire évoluer les modes de gestion des arbres pour s’adapter aux nouvelles contraintes climatiques. L’objectif est de planter 10 000 arbres supplémentaires à l’horizon 2030.

La ville déploie aussi des pratiques vertueuses : ses 1 050 000 m2 d’espaces verts, qui sont gérés en zéro pesticide et en gestion différenciée, offrant aux habitants l’équivalent de 259 terrains de football végétal. Strasbourg propose 101 m2 d’espaces verts par habitant, soit le double de la moyenne nationale. Elle y dédie un budget de 89 € par habitant et par an contre 80 € en moyenne.

• Metz, la ville jardin : La ville de Metz clôture le top 5 des villes les plus vertes de France. Pleinement engagée dans son plan « Ambi-tion Climat 2030 », la ville mosellane veut renforcer sa trame verte et bleue en s’appuyant sur des espaces de nature très diversifiés : parcs publics, jardins, sentiers, vergers… À ce titre la ville prévoit de planter 20 000 arbres adaptés aux futures conditions climatiques d’ici 2030 et met en place de nombreuses initiatives pour améliorer la biodiversité de son territoire : installation de plus de 200 nichoirs à oiseaux, formation des agents de terrain, création du programme « Je fleuris ma rue » pour les citoyens. Les initiatives se multiplient.

Metz est la ville qui propose la plus grande surface d’espaces verts par habitant : 136 m2 !

Son budget en la matière est également élevé : 136 € par habitant et par an.

• Reims, la conquérante : Reims fait une entrée remarquée au classement, directement à la 8e place des villes les plus vertes de France. Une reconnaissance bien méritée pour la Cité des sacres, qui a accéléré significativement sa végétalisation depuis 2020. 16 500 m2 de nouvelles surfaces de parcs et jardins, 39 970 m2 de parcs et jardins entièrement restructurés, 18 800 m2 aménagés en parcs et jardins : en tout, plus de 7,5 hectares d’espaces verts ont ainsi été aménagés depuis trois ans.

Et ce n’est qu’un début si l’on en croit les projets municipaux. Et ils sont pour le moins ambitieux : le programme de végétalisation Reims Nature vise notamment à revitaliser les berges de la ville dans la section du « vieux port » en centre-ville, en lien avec la reconversion du quartier de la friche des anciens magasins géné­raux. La ville souhaite aussi rénover et créer des parcs et places de proximité, afin d’offrir à chaque Rémois un espace vert de dé­tente à moins de 300 m de son domicile. Pour y parvenir, la ville a déjà initié plus d’une quarantaine de projets pour près de 30 M€ d’investissements sur la période 2020-2026, dont 24 projets sont déjà livrés ou en cours de réalisation.

Reims investit et consacre 103 € par habitant et par an à ses espaces verts, contre 80 € en moyenne.

La ville met à la disposition de ses citoyens 28 m2 d’espaces verts par habitant, contre 50 m2 en moyenne nationale.

Les résultats de ce palmarès mettent en lumière la bonne dynamique de végétalisation des grandes villes de France, nécessaire pour faire face au dérèglement climatique. Un phénomène décrypté par l’UNEP et Hortis dont les responsables ont réagi à la suite de la publication de ces résultats.

« Une nécessité »

Laurent Bizot, président de l’UNEP et co-président de l’Observatoire des villes vertes estime ainsi : « Les plus grandes villes de France continuent de se verdir et de renaturer : c’est à la fois une bonne nouvelle et une nécessité. Alors que les températures ne cessent de grimper et que la gestion de l’eau se complexifie, il est impor­tant de rappeler le rôle fondamental de la végétalisation dans la régulation des températures, l’amélioration de la qualité de l’air ou encore la qualité des sols et leur capacité à atténuer les épisodes d’inondation, particulièrement dans les grandes villes. Cela a un impact direct sur le bien-être des citadins, mais aussi sur leur santé. Une récente étude indique du reste que les Français placent en 3e position le développement des espaces verts comme solution pour lutter contre le dérèglement climatique. »

« Le vert en ville est un capital »

Anne Marchand, présidente d’Hortis et co-présidente de l’Obser­vatoire des villes vertes fait une analyse similaire : « Les budgets municipaux dédiés aux espaces de nature en ville ont augmenté légèrement ces trois dernières années. Les élus locaux semblent avoir intégré que le vert en ville est un capital dans lequel il faut investir pour en tirer des bénéfices globaux, tangibles, mesurables : lutte contre la sédentarité et l’isolement, réduction de l’insécurité, amélioration de la qualité de l’air et de la qualité de vie en général, attractivité du territoire. Les espaces verts sont un actif précieux pour les citoyens qu’il faut protéger des arbitrages budgétaires et de la pression foncière, et développer avec des expertises nouvelles. De nombreuses villes l’ont compris et misent sur la verticalité, sur les cours d’école « oasis » et d’autres projets de végétalisation d’infrastructures grises ou d’espaces délaissés. Il est en tout cas nécessaire que les grandes villes montrent l’exemple à travers des investissements plus intenses, et le développement d’un capital végétal plus résilient sur le long terme. »

Un peu partout des budgets en hausse

L’édition 2023 du Palmarès des villes vertes révèle que le budget dédié aux espaces verts par habitant a augmenté, passant de 76 € par habitant en 2020 à 80 € par habitant en 2023. La surface des espaces verts quant à elle stagne, représentant 50 m2 par habitant, contre 51 m2 en 2020. Autre indicateur clé, en hausse cette fois, le nombre d’arbres pour 100 habitants passe à 12 contre 11 en 2020. La cadence promet de s’intensifier dans les années à venir, alors que les municipalités annoncent la plantation d’arbres dans le cadre des plans nature des villes.

D’autres projets de protection des ressources sont en cours de mise en œuvre, telle que la rédaction de chartes de biodiversité communale, avec la mise en œuvre de technique alternatives de gestion des eaux pluviales. Une initiative fortement incitée par les agences de l’eau en particulier l’Agence de l’eau Rhin Meuse.

Du reste la 14e vague de l’Observatoire des villes vertes, dédiée à ce sujet et dévoilée en octobre 2023, a d’ailleurs révélé qu’un quart des villes ayant répondu, ont mis en place cette année des initiatives de gestion durable des eaux pluviales « à la parcelle » et des solutions de récupération, des eaux de pluie par exemple.

Autre indicateur significatif, l’entretien des espaces verts privilégiant des techniques humaines ou mécaniques, et favorisant le zéro phyto, est de plus en plus répandu. Sur cette question, les villes qui se démarquent particulièrement sont Toulon, Saint-Étienne et Nanterre, qui privilégient en effet des techniques mécaniques ou manuelles d’entretien des espaces verts.

« Un devoir de pédagogie »

Anne Marchand sur ce point estime « que nous avons un devoir de pédagogie et d’exemplarité pour développer l’envie de nature et la conscience écologique des habitants. Nous le voyons quand nous les sollicitons, les citoyens s’emparent volontiers du sujet de la végétalisation, et c’est une bonne chose : cette édition du pal­marès montre que les municipalités intègrent de mieux en mieux cette nécessité de penser la ville de demain avec les habitants pour qu’ils se l’approprient et la respectent. Elles multiplient les dispositifs d’incitation pour végétaliser les espaces privés en ville, en allant au-delà du permis de végétaliser, déjà instauré par les trois quarts des villes interrogées en 2020. »

« Végétaliser utile »

Laurent Bizot assure que si « les choses vont dans le bon sens, il est maintenant important de se poser la question de végétaliser utile. Il est nécessaire pour les collectivités d’être accompagnées pour comprendre comment végétaliser. C’est un enjeu primordial pour que tous les bénéfices de la nature en ville soient avérés et pérennes. »

En tout cas, ce palmarès est rassurant. Il nous dit que la prise de conscience des élus locaux est en chemin. Les villes semblent vouloir se donner les moyens d’avancer sur cette voie verte…

Voir aussi www.observatoirevillesvertes.fr ou www.lesentreprisesdupaysage.fr

Bernard KRATZ