Grand Est Paru le 23 février 2024
RENCONTRE RÉGION GRAND EST ET SNCF

Le fret ferroviaire à l’ordre du jour

Franck Leroy, président de la Région Grand Est, a accueilli Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, en Champagne, pour aborder la question du fret ferroviaire, que la Région souhaite développer dans le Grand Est.

Catherine Vautrin et Arnaud Robinet aux côtés de Jean-Pierre Farandou et Franck Leroy © Beudot-RegionGE

Ils se sont rencontrés en Champagne début février. Franck Leroy, le président de la Région Grand Est et Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, ont profité de cette occasion pour visiter le chantier de la mise en accessibilité de la gare d’Épernay avant de poursuivre par la visite de l’entreprise Cristal Union, laquelle a pu faire part de ses besoins futurs notamment en matière de fret ferroviaire, avant de terminer par un déjeuner de travail à Reims, en présence de Arnaud Robinet, maire et président du Grand Reims et de Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités. Un joli programme pour faire avancer quelques dossiers sur la mobilité, une des priorités du mandat de Franck Leroy à la Région.

L’ambition du fret

C’est une alternative au transport routier de marchandises, les lignes capillaires fret constituent un réseau nécessaire pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et contribuer ainsi à une plus grande sobriété énergétique, mais aussi à la réindustrialisation du pays. Avec plus de 450 km de lignes en activité, le Grand Est présente le réseau capillaire fret le plus étendu de France, soit 15% du réseau national, et le territoire le plus dynamique avec un quart des tonnes transportées à l’échelle nationale. Son fort potentiel de développement en fait une réelle opportunité pour le territoire.

Doubler la part du fret d’ici 2030

Pour la Région Grand Est, l’objectif est ambitieux : doubler la part du fret d’ici 2030. Mais cela suppose des investissements importants dans les infrastructures ferroviaires afin de répondre à la demande croissante des chargeurs et industriels de transférer leurs marchandises vers le rail. Ce mode de transport offre encore des opportunités d’amélioration. Elle est du reste au coeur d’un plan de relance national qui doit être adapté localement. Il importe dès lors que la Région ne passe pas à côté d’un tel plan, afin de bénéficier de cet engagement national.

Le fret ferroviaire est déjà opérationnel dans le Grand Est. Il est utilisé par des groupes industriels, à l’exemple justement de Cristal Union, qui outre le transport en camion, utilise le fret ferroviaire sur certains de ses sites, notamment ceux de Sillery et d’Arcis-sur- Aube, ce dernier étant relié à la ligne capillaire fret du Coolus dans la Marne à Luyères dans l’Aube. Une ligne qu’a pu sauvegarder la Région avec des travaux à hauteur de 43 M€ pendant la période 2017-2023, dont 12 M€ financés par la Région et réalisés par SNCF Réseau. Une dernière tranche de travaux sera financée en 2024 à hauteur de 10 M€.

Franchir une nouvelle étape

La Région est engagée depuis plusieurs années dans ce transport alternatif, à travers le SRADDET (Schéma régional de développement durable des territoires). Elle a pris des initiatives significatives telles que le dispositif CAPFRET de soutien aux lignes capillaires fret et le financement de plateformes portuaires. Elle souhaite désormais franchir une nouvelle étape et accroître ses investissements en faveur du fret ferroviaire et du report modal.

Une feuille de route portée avec l’État

Et ça tombe bien, cette ambition est partagée avec la SNCF. Elle pousse la Région à aller encore plus loin en déclinant la feuille de route pour le fret et la logistique, portée conjointement avec l’État et signée en septembre dernier. Des actions fortes sont d’ores et déjà inscrites dans le Contrat de plan État Région, le CPER Mobilités 2023-2027, avec près de 182 M€ alloués au fret dans le Grand Est, incluant le financement de 11 lignes capillaires fret pour 60 entreprises régionales et la circulation d’environ 4 millions de tonnes de marchandises par an, soit l’équivalent de plus de 100 000 camions évités. Dans le détail, ces 182 millions d’euros sont répartis en 133 M€ d’investissements pour les seules lignes capillaires fret, 22 M€ additionnels pour d’autres lignes capillaires fret et l’augmentation des pérennités des lignes, 20 M€ dédiés à la création et la modernisation d’installations terminales embranchées (ITE), 7 M€ pour développer la multimodalité et les plateformes rail-route. D’autres investissements sur les axes RN4 et autoroute A31, sont prévus en faveur du fret ferroviaire comme la création de plateforme de ferroutage dont le territoire manque.

Une stratégie à trois dimensions

• à l’échelle locale : le maintien et le développement des lignes capillaires fret et des Installations Terminales Embranchées privées (ITE), et la prise en considération de la croissance combinée du transport ferroviaire de voyageurs et de marchandises.

• à l’échelle régionale : il s’agit de réunir les conditions d’accès fret à la Région en disposant d’infrastructures maillées disponibles 24h/24 et adaptées à tous les types de gabarits : trafic conventionnel, combiné, ferroutage. Le ferroutage, faut-il le rappeler, consiste à charger des camions complets sur un train. Au Luxembourg existe depuis de nombreuses années une gare de ferroutage à Bettembourg à destination de Le Boulou à la frontière franco-espagnole.

• à l’échelle européenne : il s’agit de développer des lignes massifiées, lesquelles permettent de transporter un très grand nombre de marchandises en émettant le moins possible de gaz à effet de serre. Mais aussi d’améliorer les connexions avec les ports maritimes français et européens, tout en favorisant le report modal du trafic routier et le déploiement du ferroutage vers le Grand Est.

La dynamique retrouvée du fret ferroviaire dans le Grand Est, de­vrait être également une opportunité pour développer une véritable filière industrielle ferroviaire pour tracer la voie vers une mobilité moderne, durable et adaptée aux besoins des territoires.

Mobilités : un contrat de plan État Région historique

Cette rencontre entre Franck Leroy et le patron de la SNCF, concré­tise d’une certaine façon les engagements inscrits dans le Contrat de plan État-Région 2023-2027 (CPER). Un protocole d’accord concernant ce volet Mobilités du CPER a du reste été signé le 15 décembre dernier en présence de Clément Beaune, Ministre en charge des Transports, Josiane Chevalier, préfète de Région et Franck Leroy, président de la Région Grand Est. « Cet accord symbolise une nouvelle ère des politiques publiques en matière de transports » ont répété les signataires.

De fait, ce contrat permettra aux territoires du Grand Est de bénéficier d’un niveau d’investissement record en termes de mobilités, avec notamment 1,4 milliard d’euros à parité entre l’État et la Région, qui vont permettre 2,120 milliards d’euros d’engagements de la part de tous les partenaires et maîtres d’ouvrage.

Trois projets majeurs attendus en Lorraine

• La réalisation du projet d’A31 bis depuis Thionville vers Luxembourg : un projet qui devra être exemplaire du point de vue de l’offre multimodale qu’il permet (voie de covoiturage, car express). La Région, qui deviendra le 1er janvier 2025 gestionnaire de l’ensemble de l’A31 prendra sa responsabilité pour poursuivre cet aménagement sur le reste de l’axe, en fonction des besoins.

• La confirmation du SERM (Service Express Réseau Métropo­litain) Lorraine-Luxembourg qui va considérablement développer l’offre ferroviaire du quotidien entre le Luxembourg et l’ensemble du Sillon Lorrain.

• La reprise d’un Train d’équilibre du territoire entre Metz, Nancy et Lyon et ce dès la fin de 2024. L’État s’est engagé à prendre plus de 50% du montant total à sa charge et à ce que cette offre soit produite par la SNCF dans un coût optimisé. Il financera cette offre à 100% dès fin 2028. Rappelons qu’il s’agit là d’une des principales revendications des élus lorrains pour parvenir à une liaison rapide de Lorraine vers le Sud, donc vers Lyon.

Bernard KRATZ