Grand Est Paru le 12 mars 2024
SALON FORMATION EMPLOI ALSACE

Les 10 ans du Pôle franco-allemand

Il y a 10 ans, était créé le Pôle franco-allemand au sein du Salon formation emploi de Colmar. L’objectif était de promouvoir les filières de formation et les possibilités d’emplois outre-Rhin dans un contexte où le taux de chômage dépassait les 10% en Alsace. Le Salon formation emploi Alsace, qui a eu lieu les 26 et 27 janvier 2024, a été l’occasion de célébrer cet anniversaire et de réaffirmer la volonté de conforter le modèle « gagnant-gagnant » qu’ont souhaité initier les partenaires à l’origine de ce dispositif transfrontalier.

Créé en 2014, le Pôle franco-allemand est une composante incon­tournable du Salon formation emploi Alsace qui se tient chaque année, le dernier week-end de janvier, au parc des expositions de Colmar. L’initiative revient, du côté allemand, à la Chambre de commerce et d’industrie et à l’agence pour l’emploi de Freiburg, et du côté français, à Pôle Emploi rebaptisé depuis peu France travail. Il y a dix ans, l’objectif était d’ouvrir « un champ des possibles vers l’emploi en Allemagne et de créer un dispositif gagnant-ga­gnant afin de diminuer le chômage », a rappelé Alexander Merk, responsable de l’agence pour l’emploi de Freiburg. À l’époque, le taux de chômage dépassait les 10% en France contre 3,8% outre-Rhin. Le Pôle franco-allemand, installé dans le hall 3 du parc des expositions, réunit chaque année quelque 70 entreprises allemandes venues pour recruter. Sur cette espace, les visiteurs peuvent bénéficier de conseils, participer à des ateliers et suivre des conférences sur le thème de la formation et de l’emploi en Allemagne. Yannick Fort, directeur territorial de France Travail, a insisté sur la nécessité de poursuivre « un travail de collaboration avec les partenaires allemands afin de faciliter les échanges d’ex­périences. Les mesures facilitant l’insertion des seniors mises en place en Allemagne font partie des exemples à suivre. À l’inverse, les Allemands veulent s’inspirer du modèle français consistant à proposer des rencontres entre demandeurs d’emploi et entreprises, autour du sport. » Concernant les perspectives d’évolution du Pôle franco-allemand, Simon Kaiser, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie de Freiburg, a proposé de « faire en sorte que les entreprises françaises puissent embaucher des demandeurs d’emploi allemands pour préserver le modèle gagnant-gagnant. ».

« L’amitié franco-allemande est au cœur de l’Europe et doit le rester »

Brigitte Klinkert, co-présidente du bureau de l’assemblée parle­mentaire franco-allemande, députée et ancienne ministre, a plaidé en faveur du maintien et du renforcement de liens forts entre la France et l’Allemagne, alors que l’on célébrait le 61e anniversaire du Traité de l’Élysée le 23 janvier dernier. « À l’image de la coo­pération franco-allemande mise en œuvre lors du covid en 2020 et qui a permis de sauver des vies, l’amitié franco-allemande est au cœur de l’Europe et doit le rester », a déclaré Brigitte Klinkert. « Nous avons une chance : la France et l’Allemagne sont les meil­leurs amis au monde », a-t-elle souligné après avoir relevé que « l’Office franco-allemand pour la jeunesse n’a jamais eu autant de demandes d’échanges entre jeunes français et allemands. » Pourtant et malgré « de gros efforts » et « la volonté politique », Brigitte Klinkert a déploré que l’apprentissage de l’allemand soit en perte de vitesse : « Depuis 2019, le taux d’apprentissage de la langue allemande a chuté de 3% en France. Il n’y a aujourd’hui plus que 12,9% des jeunes français qui apprennent l’allemand. Il faut redonner envie aux Français et aux Alsaciens d’avoir des échanges avec l’Allemagne et d’apprendre la langue. » Pour cela, l’élue compte sur « des petites avancées » en militant, par exemple, pour la création d’un « pass culture transfrontalier pour les jeunes des deux côtés de la frontière ». La mobilité fait aussi partie des facteurs favorisant les échanges de part et d’autre de la frontière. Brigitte Klinkert a ainsi réaffirmé son engagement en faveur de la réactivation des lignes ferroviaires Colmar-Freiburg, Haguenau-Rasstatt et Paris-Strasbourg-Berlin dont la mise en service est prévue pour fin 2024.

Répondre à l’enjeu du plein emploi

En prélude à la cérémonie du 10e anniversaire de la création du Pôle franco-allemand, les représentants des collectivités locales et de l’État ont dressé un bilan du marché de l’emploi. « Le taux de chômage atteint les 7,2% dans le Haut-Rhin et les 5% à Colmar, un niveau qui n’a jamais été aussi bas depuis 15 ans », a indiqué Christophe Marot, secrétaire général de la préfecture du Haut-Rhin. Corrélée à l’embellie que connaît le marché du travail, la baisse du nombre de bénéficiaires du RSA, « en diminution de 17% sur trois ans », a été confirmée par Yves Hemedinger, conseiller CeA. La CeA, qui s’appuie sur un réseau de 120 opérateurs, a mis en place « un accompagnement sur mesure et global, incluant la dimension sociale, la santé et la formation », avec un délai de prise en charge réduit à un mois pour 90% des bénéficiaires du RSA. En matière de lutte contre le chômage, la « Loi Plein emploi suppose d’aller plus loin » avec France travail, a précisé Christophe Marot. La loi prévoit de renforcer l’accompagnement des demandeurs d’em­ploi, pour atteindre le cap du plein emploi fixé par le Président de la République, correspondant à un taux de chômage à 5% d’ici à 2027. Selon Christophe Marot, « cet objectif sera plus difficile à tenir en raison des perspectives de croissance plus légère at­tendue pour 2024. » Il faudra aussi s’atteler à la problématique « des demandeurs d’emploi qui restent et chez qui il y a le plus de freins à lever », en matière de garde d’enfants, de mobilité ou de maîtrise du français. Le secrétaire général de la préfecture compte sur la « bonne coordination entre les partenaires », y compris alle­mands, pour répondre à l’enjeu du plein emploi. L’implantation par Liebherr-France, d’un nouveau de site production de 47 ha pour 170 millions d’euros d’investissement en 2025, pourrait contribuer à atteindre ces objectifs avec la création de 300 emplois industriels, au bord du Rhin, sur la zone Ecorhéna dans le cadre du Projet de territoire pour l’avenir de Fessenheim.

Le Grand Est, 5e région la plus dynamique selon HelloWork

HelloWork, acteur digital français de l’emploi et du recrutement, vient de publier un diaporama de l’évolution du marché de l’emploi dans le Grand Est, en 2023. Sur les plus de 814.000 offres que concentre la plateforme dans la région, HelloWork note une pro­gression de près de 21% des offres tous contrats confondus par rapport à 2022. La plateforme observe que le Grand Est figure en 5e position du palmarès des régions les plus dynamiques, derrière les régions Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine. « Les offres d’emploi tous contrats confondus sont concentrées dans la Métropole Européenne de Strasbourg (12%), qui affiche une dynamique de 6% par rapport à 2022 », rapporte la plateforme. « Pour autant, d’autres communautés d’agglomération affichent des augmentations importantes par rapport à l’année dernière. C’est le cas de la communauté d’agglo­mération Portes de France-Thionville (+54%), de la communauté d’agglomération d’Épinal (+41%) et de la communauté de com­munes de la Région de Molsheim-Mutzig (+35%) ». Concernant les métiers qui recrutent le plus dans le Grand Est, HelloWork relève que les professions du secteur de la comptabilité (collaborateur comptable, gestionnaire de paie, assistant comptable, comptable, expert-comptable) ont été très recherchées (plus de 56.000 offres). Les commerciaux arrivent en deuxième position dans la région, avec un peu plus de 50.000 offres publiées sur la plateforme. Les métiers de la production / maintenance sont juste derrière, avec près de 49.000 offres. Dans l’intérim, ce sont les métiers de la production et maintenance industrielle qui ont publié le plus d’offres, viennent ensuite ceux du BTP et de la construction.

Christophe LUDWIG