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Grand Est Paru le 29 mars 2024
FORMATION

L’État et la Région s’engagent pour la formation des demandeurs d’emploi

Dans le cadre du pacte régional d’investissement dans les compétences 2024-2027, l’État et la Région Grand Est s’engagent pour consolider la qualification des demandeurs d’emploi. Ce pacte est le premier signé en France.

La signature à Strasbourg de ce Pacte régional d’investissement dans les compétences 2024-2027 en présence de Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, de Josiane Chevalier préfète de Région et de Franck Leroy président de la Région Grand Est entourés de conseillers régionaux et de partenaires du réseau de l’emploi. © Jean-Luc Stadler- Région Grand Est

C’est une autre déclinaison du contrat de plan État-Région. Il concerne la formation. Il s’agit du pacte d’investissement dans les compétences sur la période 2024-2027. Ce n’est pas le premier du genre. Une première génération de pacte régional d’investis­sement dans les compétences a été mise en oeuvre entre 2019 et 2023 dont on pourra lire le bilan un peu plus loin. Cette nouvelle contractualisation doit permettre de consolider les efforts conjoints au profit de la qualification des demandeurs d’emploi. Une façon de considérer que la formation reste le levier incontournable pour favoriser l’employabilité et l’insertion durable. Il est heureux que l’on associe enfin la volonté d’investir avec la formation.

Une stratégie régionale

Ce nouveau pacte pluriannuel a été souhaité par les Régions et par l’État pour continuer les efforts engagés. L’objectif est de poursuivre un investissement massif pour travailler à l’élévation globale du niveau de compétences des demandeurs d’emploi et de contribuer à la réduction des tensions de recrutement. Dans le cadre de cette nouvelle contractualisation, des publics sont prioritairement visés, car ils sont les plus en difficultés sur le marché du travail :

- Les bénéficiaires du revenu de solidarité active (BRSA) sans conditions de diplôme ;

- Les travailleurs en situation de handicap, sans conditions de diplômes ;

- Les seniors de 55 ans et plus, sans condition de diplôme ;

- Les jeunes en recherche d’emploi de moins de 26 ans jusqu’au bac+2 non obtenu ;

- Les personnes en recherche d’emploi de tranche d’âge entre 26 et 54 ans sans le baccalauréat.

Les demandeurs d’emploi salariés de l’insertion par l’activité éco­nomique (IAE) deviennent, à la demande de la Région Grand Est, éligibles aux formations financées par le Pacte, ce qui n’était pas le cas dans la précédente contractualisation. Cela permettra de poursuivre et d’amplifier le soutien régional à la qualification des salariés de l’IAE, véritable levier d’insertion professionnelle par la mise en situation de travail.

Il est utile de rappeler pour l’occasion la démarche menée depuis qu’a été décrété la mobilisation pour l’emploi en novembre 2021.

En juin 2023 était lancée la convention régionale de coopération avancée en faveur de l’emploi. En octobre de la même année, le Contrat de plan régional de développement de la formation et de l’orientation professionnelle (CPRDFOP), était négocié avec les partenaires sociaux régionaux. Enfin en février 2024, le nouveau pacte en Grand Est avec le lancement de la réforme de France Travail (ex-Pôle emploi).

200 millions d’euros au service des filières d’avenir…

L’engagement n’est pas que de pure forme. Pour l’année 2024, l’État et la région s’engagent sur un montant global de 200 M€, l’État intervenant en complémentarité de l’intervention régionale sur la base d’une répartition de l’effort à hauteur de 60%, soit 120 M€ pour la Région et 40% soit 80 M€ pour l’État.

Comme lors de la première contractualisation, l’État intervient en complément de la Région qui est bien pilote de la politique de formation des demandeurs d’emploi.

Au vu des besoins identifiés, en prenant en considération les perspectives d’emploi ainsi que les profils des personnes en recherche d’emploi, le programme de formation projeté s’oriente autour de trois axes prioritaires en explorant différentes modalités pédagogiques : immersions, PACE (parcours d’acquisition des compétences en entreprise), formations qualifiantes et certifiantes, hybridation, AFEST (action de formation en situation de travail), VAE (validation des acquis de l’expérience), distanciel, afin de répondre aux besoins des publics.

Les trois axes sont les suivants dans le Grand Est :

- L’accompagnement des formations dans les secteurs stra­tégiques du Grand Est à savoir : l’industrie, la réindustrialisation, la transition automobile, les métiers du numérique, le secteur de la transition écologique et énergétique intégrant les secteurs du bâtiment durable, des énergies décarbonées dont le secteur nucléaire Et le secteur des énergies renouvelables et le volet agri­culture, sylviculture et viticulture. Enfin cela concerne l’aide à la personne, tout particulièrement l’accompagnement du grand âge et de la petite enfance.

- Les formations permettant une insertion professionnelle sur les métiers en tension : Ces formations intègrent notamment des modalités pédagogiques hybrides, la consolidation des savoirs de base et soft-skills (compétences transversales liées à la personna­lité) en complément des parcours de qualification, des formations sur mesure préalable à l’embauche et des formations de français langue professionnelle à visée d’insertion rapide.

- Les formations pré qualifiantes pour des personnalités très éloignées de l’emploi visant à consolider le solde de compétences de base et à sécuriser à cette suite les entrées en formation qua­lifiante (notamment des actions sur les volets illettrisme, savoirs de base…)

Une cible de 20 000 demandeurs d’emploi formés en 2024

Et ce pacte se veut en outre très ambitieux. Rien que pour l’année 2024, il ne cible pas moins de 20 000 demandeurs d’emplois formés. En priorité des jeunes, les bénéficiaires du RSA, les travailleurs handicapés et les seniors. Ainsi un objectif de 80 % des publics prioritaires aux actions de formation est envisagé dans le total des entrées en formation.

En complément, des cibles plus qualitatives ont été fixées pour bien marquer des ambitions fortes sur des publics nécessitant une attention toute particulière et pour engager plus spécifiquement sur ces objectifs qualitatifs, l’ensemble du partenariat régional et local (France Travail, missions locales etc) afin de mener des démarches de mobilisation de ces publics.

- 22% du total des entrées en formation sont des jeunes. C’est une priorité de la Région Grand Est. Et pour cause le niveau global de qualification de ces jeunes est globalement moins élevé qu’au niveau national.

- 19% de ce total sont des bénéficiaires du RSA. Il s’agit de maintenir l’effort sur ces publics qui seront à compter de 2024 obligatoirement inscrits et suivis par France Travail pour renforcer leur accès à la formation.

- 10% concernent les travailleurs handicapés. La Région avec le concours de partenaires dont l’AGEFIPH a fortement investi sur l’accessibilité des formations aux personnes en situation de han­dicap et sur la sensibilisation des formateurs.

- Enfin les seniors de plus de 55 ans représenteront 10% du total des entrées en formation. Ce public a moins bénéficié du retour à l’emploi ou des dispositifs de formation sur les précédentes programmations.

Le mode de fonctionnement du pilotage ré­gional et local

Un comité de pilotage, co-piloté par l’État et la Région se réunira une fois par trimestre et associera les prescripteurs du réseau pour l’emploi : France Travail, l’Association régionale des missions locales (ARML) et le Conseil handicap et Emploi des organismes de placement spécialisés.

En complément, l’État et le Conseil régional s’engagent à associer régulièrement les partenaires sociaux via le bureau du CREFOP à la conduite et au suivi de ce pacte d’investissement sur les com­pétences nouvelle formule.

Un cadre de gouvernance territorialisé au niveau approprié au regard des spécificités locales sera mis en place pour favoriser la construction de parcours cohérents articulant les dispositifs de formation déployés dans le cadre de ce pacte. Cette échelle de proximité doit faciliter le déploiement et l’attractivité des formations proposées au plus près des bassins de vie.

Le bilan national du Pacte 2019-2023

Les chiffres clés du Pacte 2019-2023 sont édifiants. Ainsi à l’échelle nationale 1,419 milliard d’euros a été engagé dont 843,6 M€ de financement par les régions et 575,5 M€ par l’État.

Le nombre d’entrées en formation s’est élevé pendant cette pé­riode à 244 000 stagiaires dont 72% de personnes à bas niveaux de qualification. 66% des entrées sur des parcours qualifiants et 50% des entrées en formation sur les secteurs stratégiques pour la Région (industrie, économie verte, santé).

Ce bilan apparaît positif même s’il ne donne aucune indication sur le nombre de retour à l’emploi.

Le résumé d’exemples de parcours dans les formations en Grand Est

- Thibaut, 25 ans, formation de mécanicien poids lourd dans le Haut-Rhin : Thibaut a obtenu un BTS en informatique et a travaillé quelques années dans ce domaine. Il a choisi de se reconvertir en 2023 en suivant une formation de mécanicien poids lourds finan­cée par la Région Grand Est. Particularité de cette formation, les entretiens avec les entreprises et les employeurs avant même le début de la formation, ce qui permet au stagiaire de connaître les réelles compétences à acquérir et à développer pendant sa for­mation. À l’issue de celle-ci il aura les qualifications pour postuler à un emploi dans ce métier.

- Romain 36 ans, formation de chauffeur routier en Moselle : Romain a commencé sa carrière professionnelle en tant que mé­canicien poids lourds, puis a évolué en tant que chef d’équipe dans le tracking et le chargement de camion. Pour lui c’était une suite logique de terminer comme chauffeur routier. Il a intégré la formation financée par la région Grand Est en 2022. Il est entré en formation avec le Centre de formation des conducteurs routiers de la Moselle Altmeier à Forbach, afin de trouver un emploi dans ce secteur en tension.

- Isabelle, 57 ans, formation de jardinier-paysagiste à Obernai Bas-Rhin : Isabelle a souhaité se reconvertir et s’est positionnée sur le métier de jardinier-paysagiste. Elle s’est engagée dans une formation proposée par la Région Grand Est au CFPPA d’Obernai. Isabelle est aujourd’hui salariée depuis 3 ans en tant qu’ouvrière paysagiste dans l’entreprise où elle a effectué son stage pratique pendant sa formation.

- Steven 27 ans en formation de technicien de maintenance d’engins agricoles et de voiries à Maxéville (54) : Steven est entré en formation financée par la région au pôle UIMM (Union des industries de la métallurgie) de Maxéville dans le cadre d’un parcours construit avec l’entreprise et en lien avec une promesse d’embauche. Son diplôme en poche il a été embauché par cette entreprise.

- Corentin 23 ans formation d’opérateur forestier à Mirecourt dans les Vosges : Corentin après une licence en STAPS s’est rendu compte que le sport était un passe-temps pour lui et pas un domaine pour travailler. Il a donc décidé de s’orienter vers les métiers de la gestion forestière au plus proche de la nature et a intégré la formation Opérateur forestier financée par la Région au CFPPA de Mirecourt pour se donner toutes les chances de trouver un emploi à la sortie.

- Nina 25 ans, formation agent de sécurité à Saverne Bas-Rhin : Nina était esthéticienne mais ne souhaitait plus exercer ce métier. Après avoir travaillé son projet professionnel avec son conseiller à l’emploi, elle a été retenue sur la formation d’agent de sécurité dispensée à Saverne et financée par la Région. Elle est aujourd’hui agent de sécurité grâce à cette formation.

- Denis 43 ans, formation polyculture à Haroué en Meurthe et Moselle : Denis était ingénieur hydraulique et mécanique et a voulu entièrement changer de vie pour exercer dans le secteur agricole très en demande de compétences professionnelles. Après sa formation Polyculture suivie à l’ALPA d’Haroué et financée par la Région Grand Est, il a pu s’installer en tant qu’agriculteur.

- Yan, formation de gestionnaire comptable à Charleville-Mézières : Jeune maman d’origine chinoise entrée en France pour des raisons familiales en 2015, Yan commence par apprendre la langue française et en 2021 entre en formation financée par la Région pour une remise à niveau professionnelle dans la gestion administration au Centre de formation de la Salle à Charleville- Mé­zières pour acquérir des compétences en compatibilité et intégrer la vie active. Elle valide ce titre en juin 2023 à l’issue de 9 mois de formation intense. Elle poursuit sa formation pour obtenir le Titre professionnel gestionnaire comptable et fiscal (bac +2). Sa formation doit s’achever cette année. Elle a d’ores et déjà obtenu des offres de CDI dès la fin de sa formation.

Autant de témoignages proposés qui devraient inciter les de­mandeurs d’emploi à s’engager dans une formation qualifiante. Rappelons que bon nombre d’entreprises dans des secteurs en tensions cherchent à recruter. Toutes les enquêtes de conjoncture l’affirment, notamment la dernière de la Banque de France menée auprès des entreprises, et mettent en lumière ce besoin de recru­tement dans des métiers en tension. Plus particulièrement dans les métiers de service.

Bernard KRATZ