Grand Est Paru le 13 septembre 2024
ALSACE

LA RENTRÉE DES CHAMBRES CONSULAIRES

Pour leur traditionnelle conférence de presse de rentrée, les chambres consulaires ont choisi de se retrouver dans la dernière boutique ouverte par ALELOR à Strasbourg.

De gauche à droite : Jean-Luc Heimburger, Président de la CCI Alsace Eurométropole, Jean-Luc Hoffmann, Président de la Chambre de Métiers d’Alsace, Denis Ramspacher, Président de la Chambre d’Agriculture d’Alsace et Alain Trautmann, PDG d’ALELOR

 À cette occasion, Alain Trautmann, le PDG, a présenté rapidement son entreprise dont le siège est à Mietesheim. Avec un chiffre d’af­faires de 8 millions d’euros, cette PME alsacienne spécialisée dans les condiments emploie 20 salariés et produit plus de 350 références.

Jean-Luc Heimburger, Président de la CCI Alsace Eurométropole a fait tout d’abord un point sur la conjoncture. Il s’est basé sur l’enquête de conjoncture faite par la CCI en juillet/aout dernier.

Par rapport au semestre précédent, le nombre de dirigeants sa­tisfaits de leur CA et de leur carnet de commande est en baisse et le moral des dirigeants s’effrite.

En matière de transition écologique, les entreprises alsaciennes sont plutôt réactives puisque 65% ont mise en place des actions pour réduire les déchets et 59% ont réalisé des économies d’énergie.

À ce sujet, Michel Marbach, Opex et safety Officer, a présenté à titre d’exemple les mesures prises au sein de CSM France pour réduire leur consommation énergétique et améliorer les conditions de travail des personnels.

Cette société qui fabrique des ingrédients pour les boulangeries et pâtisseries basée à Bischheim a travaillé avec les conseillers de la CCI. Par le remplacement de la chaudière gaz en 2022, l’entreprise a pu faire une réduction de sa consommation de 75%. La mise en peinture réflective de la toiture de leurs locaux a permis de baisser la température de surface de 50%. Ils ont également mis en place une politique de tri et de gestion des déchets permettant de recycler ou revaloriser près de 70% des déchets.

Mais, comme l’a souligné Jean-Luc Heimbuger, si les entrepreneurs sont réactifs sur ces questions de transition écologique, 45% jugent les investissements trop élevés et 37% regrettent le manque de soutien financier dans ce domaine.

En matière de transition numérique, 80% des entreprises déclarent avoir adopté des outils numériques. À ce propos, le président de la CCI rappelle que dans les incertitudes qui pèsent sur les entreprises, les menaces de cyber attaques sont réelles et la CCI propose un diagnostic de Cybersécurité par exemple pour aider les entrepreneurs dans ce domaine.

Comme les années précédentes, le recrutement reste un point difficile car 48% des dirigeants rencontrent des difficultés pour recruter. Sur ce sujet, Jean-Luc Heimburger rappelle les actions menées par la CCI à la fois à travers le CCI Campus qui forme chaque année 1700 jeunes en apprentissage mais aussi les événements de type job dating. Par exemple, l’opération « Je ne suis pas un CV » qui a lieu pendant la Foire Européenne.

Un autre point de vigilance en Alsace est la situation économique de l’Allemagne car elle est le premier partenaire commercial de l’Alsace.

Bien entendu, le climat politique actuel n’est pas favorable aux entreprises. Pour preuve, selon l’enquête nationale réalisée en juillet pour les CCI, seuls 22% des dirigeants se disent confiants pour les douze prochains mois. 

Pour finir son intervention, Jean-Luc Heimburger, ainsi que ses deux collègues après lui, n’ont pas manqué de rappeler que les chambres consulaires seront attentives à la mise en place du R-Pass (taxe poids lourds) par la CeA car pour les 3 responsables, cette taxe risque de pénaliser l’économie alsacienne.

Pour la Chambre de Métiers d’Alsace et son Président Jean-Luc Hoffmann, la situation des entreprises de l’artisanat est relativement stable que ce soit au niveau national ou régional.

Le secteur du bâtiment, gros œuvre mais aussi construction reste en tension et les défaillances se sont accélérées ces derniers mois avec 33 000 défaillances recensées en France sur le 1er semestre.

Pour les autres secteurs, l’alimentaire et les services rencontrent encore des difficultés mais la situation semble se stabiliser. Les métiers de production et de fabrication (menuiserie, métallerie) semblent mieux résister.

Au travers de l’enquête de conjoncture du réseau des Chambres de Métiers du Grand Est, le moral des artisans alsaciens est plutôt positif à 58,5 % et plus de 61% ont un ressenti favorable quant à l’évolution de leur activité.

Dans ce cadre, la dynamique d’investissements reprend et le nombre de demandes d’aide régionale à l’investissement repart à la hausse et devrait revenir à un niveau proche de 2022 avec près de 200 demandes.

Cette dynamique se retrouve également dans le domaine du recru­tement. De même la création ou la reprise d’entreprises artisanales sont également sur une tendance positive.

Denis Ramspacher, le Président de la Chambre d’Agriculture d’Alsace a, quant à lui, souligné dès le début de son propos les difficultés liées au climat. Les périodes de pluie importantes que nous avons connues en Alsace depuis le début de l’année ont impacté de manière importante les exploitations que ce soit les vignes, les fruits ou les légumes. Les fourrages pour les bêtes ont également été touchés. Ce sont près de 10 000 hectares de récoltes qui ont été perdus.

Comme l’avait déjà souligné Denis Ramspacher l’an dernier, la filière bio connait des difficultés de marché et les circuits courts n’ont pas retrouvé leur dynamique commerciale. Enfin, les éleveurs d’ovins sont confrontés à la fièvre catarrhale ovine qui n’a pas d’effet pour l’être humain mais cause des dégâts dans les élevages.

Pour lui, l’année 2024 sera une année difficile pour l’ensemble des filières après une année 2023 qui avait déjà entrainé une perte importante des revenus agricoles. Il attend de la part des pouvoirs publics des réponses adaptées à la situation.

Pour le Président de la Chambre d’Agriculture, les enjeux impor­tants concernent tout d’abord la résilience des cultures face aux aléas climatiques. Ainsi la recherche et le développement doivent permettre aux professionnels d’améliorer la production, de protéger les cultures et sécuriser les revenus agricoles par des assurances adaptées. Mais, comme il l’a souligné, nombre de dispositifs, par exemple les filets anti-grêle, sont des investissements couteux.

Un autre enjeu est le renouvellement des générations car 50% des 8 500 agriculteurs alsaciens ont plus de 50 ans. À ses yeux, il faut renforcer l’attractivité des métiers de l’agriculture. Il déplore que la Loi d’orientation agricole qui contenait un volet sur ce sujet soit malheureusement restée bloquée à l’Assemblée nationale suite à la dissolution.

Enfin, le dernier enjeu concerne l’élevage qui est un métier difficile. Mais l’élevage est aussi un élément positif pour les petites exploita­tions. Il a souligné à ce sujet, l’initiative de la Région Grand Est en soutien à cette filière par la mise en place du programme pluriannuel « Ambition éleveurs » en faveur de 2000 fermes de la région soit 400 éleveurs alsaciens. Dans ce cadre, il y a 12 exploitations pilote. Il s’agit bien de s’intéresser d’abord aux éleveurs eux-mêmes en travaillant sur 3 thématiques que sont la transmission, les objec­tifs personnels mais aussi professionnels de l’éleveur et enfin les investissements. Ce programme prévoit un suivi dans le temps.

Les chambres consulaires sont présentes à la Foire européenne à travers de nombreuses animations professionnelles mais aussi festives.

La Rédaction