Au quatrième étage du siège du Port Autonome de Strasbourg (PAS), avec vue imprenable sur les bassins portuaires, les portiques, les reach stackers, la capitainerie et le quartier en devenir de la Coop, les sourires sont de mise malgré la grisaille de ces premiers jours de septembre. Anne-Marie Jean, présidente du conseil d’administration du PAS, Claire Merlin, directrice générale, et Jean-Luc Heimburger, président du conseil consultatif de développement, présentent avec « enthousiasme » le projet stratégique 2024-2028 du Port de Strasbourg.
Le plus européen des ports français
Et Anne-Marie Jean annonce la couleur : « Nous voulons faire du port de Strasbourg le plus européen des ports français, cultivant l’excellence et la coopération, au service des territoires et de ceux qui les font vivre. » Et les atouts ne manquent pas pour réussir ce pari : le port de Strasbourg est le deuxième port fluvial français, il est positionné sur le Rhin, premier axe de transport fluvial européen, dont le trafic est quinze fois supérieur à celui de la Seine. Des atouts, mais aussi quelques contraintes et pas des moindres. D’abord la question de l’hydraulicité du Rhin, entendez le niveau de l’eau : lors des basses eaux de 2018 et 2022 générées par les sécheresses, le trafic fluvial a dû être interrompu de nombreuses semaines. Ensuite la situation géographique du port : les logements sont à proximité immédiate des quais et des voies ferrées. Cela est même de plus en plus vrai avec le développement du nouveau quartier de la Coop.
Fort de ce constat, le projet stratégique du PAS 2024-2028 s’appuie sur quatre orientations majeures : la décarbonation des activités portuaires, le développement de la multimodalité, l’intégration du port dans son territoire et l’action collective. Lui-même impacté par les effets du réchauffement climatique lors des épisodes de basses eaux, le PAS entend être un acteur majeur de la décarbonation. D’abord en accueillant sur ses sites des activités centrées sur les énergies renouvelables : Viridian Lithium a annoncé, cet été, l’implantation de la première usine française de production de lithium pour batteries sur la ZAC du port de Lauterbourg.
Doublement du trafic ferroviaire
Autre outil en faveur de la décarbonation : le développement de la multimodalité par un recours accru aux modes de transport massifiés et notamment ferroviaires. Car derrière ou le long des bassins du port se cache la première gare de fret d’Alsace : en 2023, 1 million de tonnes de marchandises ont été transportées par la voie ferroviaire depuis ou vers le port de Strasbourg, à comparer aux 6 millions de tonnes transportées par la voie fluviale. Chaque semaine, 17 navettes ferroviaires relient le port de Strasbourg à Anvers-Rotterdam, Le Havre, Marseille… « Nous voulons doubler le trafic ferroviaire d’ici 2030 2035 », annonce Claire Merlin. Le projet de hub multimodal sur le terminal sud doit y contribuer.
Afin d’atteindre ces objectifs, près de 200 M € d’investissement seront nécessaires pour les dix prochaines années : 55 M € pour l’entretien et la maintenance des infrastructures et des équipements portuaires, 11 M € pour la modernisation et l’adaptation du port à son environnement et 131 M € pour les investissements de développement tels que la construction du hub multimodal sud (75 M €) et l’aménagement de la plateforme portuaire de Lauterbourg (25 M €). « Le plan de financement n’est pas encore totalement bouclé, annonce la directrice générale du port, mais il est très avancé. »
Sur les quais du terminal nord, un reach stacker arbore fièrement sa marque Ferrari : Jean-Luc Heimburger, président du conseil consultatif de développement, veut y voir le signe de l’ambition enthousiaste du Port Autonome de Strasbourg, qui, en 2026, fêtera ses 100 ans.
Le PAS en chiffres
4 sites portuaires : Strasbourg, Lauterbourg, Beinheim et Marckolsheim
100 km de façade fluviale
105 km de voies ferrées
3 terminaux à conteneurs
6,2 M tonnes transportées sur le Rhin, 966 000 tonnes transportées par fer
740 348 passagers Batorama, 306 471 passagers croisière
213 emplois (10 000 emplois directs sur la zone portuaire)
Chiffre d’affaires : 42 M € en 2023