Grand Est Paru le 15 novembre 2024
RECHERCHES ET OFFRES D’EMPLOI

MatchJob, le CV en vidéo

Manon Chiche et Jonathan Carpi ont créé ensemble MatchJob, une application qui met en relation patrons et candidats à l’emploi, en Moselle. Avec un concept innovant puisque les traditionnels CV écrits y sont remplacés par de courtes vidéos.

Manon Chiche et Jonathan Carpi : « Nous voulons aider les très petites entreprises, sans service de ressources humaines. Le recrutement n’est pas leur métier de base et elles ont du mal à trouver du temps pour s’y consacrer. » © D. PERONNE

C’est parce qu’elle a travaillé dans le secteur de la restauration, puis dans une société agro-alimentaire que Manon Chiche a réalisé que le format classique du curriculum vitae, écrit, n’est pas adapté à certains métiers. Notamment ceux dits « en tension », comme les commerciaux, les serveurs, les livreurs, le personnel en cuisine, les boulangers, les employés du secteur « métiers de bouche ». Leur présentation classique ne correspond plus aux modes de communication de la génération Z, ces jeunes nés à partir de 1990. Avec son compagnon, Jonathan Carpi, elle a alors décidé de proposer une application mobile d’aide au recrutement, mais en mode résolument années 2020 : le CV y prend la forme d’une vidéo d’une minute. Jonathan lui travaille au Luxembourg dans le secteur de la finance et de l’informatique. Leur plateforme, MatchJob, a été lancée en mars 2024. Elle recense une cinquantaine d’entreprises adhérentes, sur Metz et environs, et une centaine de personnes en recherche d’emploi. Fin de l’été, leur site avait permis de réaliser une dizaine de contrats de travail, signé à chaque fois après un seul entretien « de visu ». « Nous avons voulu reprendre les codes des sites de rencontre, des réseaux sociaux, explique Manon, leur souplesse, leur rapidité, leur concision. Les jeunes que nous souhaitons toucher ont très peu de choses à mettre sur un CV traditionnel. D’où l’intérêt de ce format court, visuel. Dans leur annonce, les candidats peuvent se présenter en peu de temps, l’objectif étant de déclencher un coup de coeur professionnel. Nous voulons remettre de l’humain dans les rouages, notamment dans les secteurs de la restauration qui n’a pas toujours bonne réputation. »

Un rôle de modération

MatchJob tient son nom du verbe anglais « to match », qui signifie « être en adéquation » et de « job », travail. L’application est dans un premier temps destinée aux restaurateurs qui peinent à recruter. « J’ai pris mon bâton de pèlerin et j’ai travaillé à l’ancienne. Je suis allée à la rencontre d’un maximum de responsables de restaurants du secteur, raconte Manon. Pour le moment l’application est gra­tuite pour les candidats, au tarif de 49 € l’abonnement pour une entreprise. Celle-ci peut aussi se présenter sous ce format vidéo, ce que nous leur suggérons vivement de faire. Cela permet de montrer l’environnement de travail. Nous les conseillons pour la réalisation du clip, les aidons si la qualité n’est pas au top. Les personnes en recherche d’emploi sont aussi aidées. Nous assurons évidemment un rôle de modération. Les vidéos sont toutes contrôlées avant la mise en ligne. »

Manon et Jonathan sont passés par un incubateur d’entreprise, The Pool, financé par la Région Grand Est, pour développer leur projet. Ils ont ainsi pu bénéficier d’une bourse. Aujourd’hui, ils souhaitent se développer sur d’autres secteurs, comme la bou­langerie-pâtisserie où les patrons peinent aussi à consacrer du temps au recrutement. « Ce sont des TPE, insiste Jonathan, sans service des ressources humaines. Trouver des salariés n’est pas leur métier de base. » L’objectif des deux créateurs de MatchJob est de lancer la plateforme sur d’autres villes. Depuis septembre, ils élargissent leur cercle d’activité sur Nancy, et visent également Strasbourg, avant une couverture davantage hexagonale. « Nous visons la notoriété, la volumétrie, précisent-ils, et devenir la réfé­rence au moins dans le secteur de la restauration. »

www.matchjob.fr

Dominique PÉRONNE