L’unité de valorisation énergétique CSR se nomme Novasteam. En date du 18 décembre dernier, la Banque des territoires a rejoint Suez au capital de Novasteam. La construction de cette unité de production énergétique de combustibles solides de récupération (CSR) est une réponse aux objectifs de décarbonation de Humens sur son site historique de Novacarb à la Madeleine à Laneuveville-devant-Nancy, la soudière de 170 ans, qui produit du carbonate de sodium et du bicarbonate de sodium à partir de sel et de calcaire. Cette réalisation permettra d’accélérer la transition énergétique de ce site. La pose de la première pierre de la centrale est intervenue au printemps 2024. Novasteam devrait être opérationnelle courant 2026.
Fin du charbon
Suez, partenaire industriel de Humens, est le principal actionnaire de Novasteam, pour la construction et l’exploitation de la centrale. Novasteam est composée de deux unités, l’une dédiée à la préparation du CSR à partir de déchets non recyclables générés localement par les entreprises et les particuliers, et l’autre à sa valorisation énergétique (55 MW). L’ensemble permettra de livrer plus de 350 GWh de chaleur bas carbone au site industriel en mettant un terme à l’usage du charbon. Les travaux qui ont débuté en septembre 2023, se termineront normalement fin 2025 pour une mise en fonctionnement de la chaufferie en 2026.
La Banque des territoires accompagne le projet
Suez, actionnaire majoritaire et chef de fil industriel du projet Novasteam, et la Banque des territoires, engagée dans le financement et l’accompagnement des projets d’intérêt général dans les territoires, ont souhaité associer leurs compétences au service d’un projet de transition énergétique qui contribuera à la résilience économique et environnementale de l’usine Novacarb, dédiée à la production de carbonate et bicarbonate de sodium.
En participant à cette opération, la Banque des territoires renforce son impact dans la valorisation des déchets, la décarbonation de l’industrie et la souveraineté énergétique. Novasteam s’appuiera sur l’intervention et l’expertise de Suez en tant que constructeur, exploitant-mainteneur et producteur-apporteur de CSR pour permettre l’excellence opérationnelle de l’unité.
« Étape importante »
Yves Rannou, directeur recyclage et Valorisation, vice-président exécutif de Suez le reconnaît, la participation de la Banque des territoires consolide clairement ce projet : « Ce partenariat témoigne de l’intérêt du projet Novasteam au bénéfice de la transition énergétique d’un industriel majeur de la région Grand Est. C’est une étape importante dans le développement du projet, qui se déroule selon le calendrier prévu pour une mise en fonctionnement de la chaufferie début 2026. Suez est un acteur leader de la filière CSR en France, nous sommes convaincus du rôle clé de cette filière pour la transition écologique des industriels et des collectivités. »
« Au service de la compétitivité du territoire »
Magali Debatte, directrice régionale Grand Est de la Banque des territoires tient à préciser : « Après un premier investissement sur le site en 2020 dans la centrale de cogénération biomasse, la Banque des territoires renforce son accompagnement de la transformation énergétique de l’industrie au service de la compétitivité du territoire. » Pour François Wohrer, directeur de l’investissement de la Banque des territoires « ce projet illustre la volonté de la Banque des territoires de soutenir les projets de valorisation des ressources locales, au service des sites industriels les plus émetteurs. »
Le coût global de Novasteam atteint les 130 M€. Le projet bénéficie également du soutien financier de l’ADEME (agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie) à hauteur de 27,6 M€ et de la Région Grand Est pour 1,5 M€.
Ce projet est aussi l’occasion de rappeler le marché de Humens. Avec les produits d’origine minérale fabriqués à la soudière de la Madeleine tels que le carbonate de sodium, le bicarbonate de sodium, le silicate de sodium, le groupe Humens sert les marchés de la pharmaceutique, de la santé, de l’alimentation humaine, de la nutrition animale, de l’environnement, de la cosmétique et de la détergence et ce dans le monde entier.
Pour mémoire, la Meurthe-et- Moselle abrite une deuxième soudière historique, celle du Groupe Solvay à Dombasle. Les deux usines ont engagé le défi d’une amélioration de leur process afin de réduire les rejets de chlorures dans la Meurthe et la Moselle (Lire Les Affiches d’Alsace Lorraine N°30 du 12 avril 2024).
Voir www.suez.com ou www.banquedesterritoires.fr ou www.humens.com
Valorisation des déchets et emploi
• Déchets : Ce projet d’économie circulaire contribue par ailleurs significativement aux objectifs du Plan régional de Prévention et de Gestion des Déchets (PRPGD) de la Région Grand Est :
- Réduction de 50% du stockage de déchets (-716 000 t à l’horizon 2031) ;
- Accroissement de 20% des capacités de valorisation énergétique des déchets (+ 500 000 à l’horizon 2031) de la région ;
- Le projet contribue à lui seul à plus de 20% des objectifs de la Région Grand Est.
Chaque année 140 000 tonnes de déchets à haut niveau de pouvoir énergétique, comme le refus de tri des déchets d’activités économiques et les déchets municipaux non recyclables (encombrants de déchetteries, refus de tri des ménages) seront pris en charge et valorisés par la filière afin de répondre au besoin énergétique du process de Novacarb.
• Emploi : Ce projet à fort ancrage local pour maintenir la compétitivité de Novacarb, pérennise 1350 emplois locaux. La construction et l’exploitation de la centrale visent un impact durable pour l’emploi sur le territoire de Nancy :
- 150 personnes participent à la construction des deux unités de préparation des CSR et valorisation énergétique jusqu’à fin 2025 ;
- Environ 40 emplois directs sont créés pour l’exploitation de la plateforme de préparation des CSR et de la chaufferie ;
- La pérennité des 300 emplois industriels directs, des 150 emplois indirects de Novacarb grâce au maintien de la compétitivité du site sur le long terme et 900 emplois induits par les activités du site et de ses sous-traitants.
Spie Batignolles engagé dans les travaux
Le Groupe Suez, maître d’ouvrage du projet Novasteam a retenu l’offre du groupement composé de Spie Batignolles Est et du co-traitant Gagne pour la charpente métallique, pour réaliser les travaux de cette centrale avec le concours du maître d’œuvre Impulse. Depuis le 2 avril 2024, Spie Batignolles réalise le clos couvert de cette nouvelle centrale de valorisation énergétique. Celle-ci est composée de trois bâtiments principaux : Tri-matières, Chaufferie, Traitement de fumées. Elle sera en mesure de fournir 60 tonnes/ heure de vapeur, l’équivalent de 350 GWh/an, représentant 60% de réduction d’émissions de CO2 chaque année.

Les contraintes du chantier
Principale contrainte de ce chantier fixée par Suez, que des zones bien définies soient libérées successivement à différentes phases du chantier pour faciliter la construction du process. « Nous avons livré certaines zones et continuons d’avancer en parallèle sur plusieurs autres zones selon le planning du projet » précise Benjamin Bontemps, conducteur de travaux principal au sein de Spie Batignolles Est. L’entreprise a privilégié des solutions constructives avec le recours à des éléments préfabriqués en béton et en acier pour gagner en productivité sur le chantier : pré-dalle, pré-mur, poutres, préfabriqué béton armé lourd, charpente métallique. Il porte sur 7100 m2 de voiles pré-coffrées et 8500 m2 de dallage et radier.
Coffrage glissant
Une autre étape forte de ce chantier a concerné la création d’un mur de grande hauteur en forme de U, entre le silo et la chaufferie que les équipes de Spie Batignolles Est ont réalisé en coffrage glissant. Cette technique peu courante, se retrouve surtout employée dans l’élévation de tours de grande hauteur ou de silos en béton armé, nécessitant des compétences certaines en génie-civil. Pour se faire plusieurs équipes, une cinquantaine de personnes au total, se sont relayées pendant 6 jours, sur 3 postes de travail, sans interruption pour couler 350 m2 de béton sur 20 m de hauteur. Sur ce chantier très particulier, il a fallu prévoir des fondations spéciales avec l’utilisation de 520 pieux de fondations. Spie Batignolles Est a opéré à l’automne dernier les travaux de gros œuvre de trois espaces : la chaufferie CSR, le hall de stockage pour le tri et le broyage des matières combustibles, la mise en œuvre d’une chaufferie gaz pour répondre à des besoins spécifiques. Au plus fort de l’opération, le chantier a accueilli 60 compagnons et 10 encadrants.
Spie Batignolles est un acteur majeur dans les métiers du bâtiment, des infrastructures, du paysage et des services. La construction, le génie civil, les fondations, l’énergie, les travaux publics, les travaux maritimes et fluviaux, l’immobilier et les aménagements paysagers et environnementaux, sont ses domaines de prédilection. Spie Batignolles a réalisé 2,45 milliards de chiffre d’affaires en 2023. Le Groupe emploie 9000 collaborateurs et dispose de 200 implantations en France et 21 à l’international.
Voir www.spiebatignolles.fr