Ce fut une belle soirée de convivialité ce 30 janvier au siège du BTP 57 à Metz. Il y avait plus de 200 convives et parmi eux de nouveaux adhérents à la fédération. Le président Pierre Schaeffer, à la fin de son discours, s’est fait un plaisir de citer ceux des 65 nouveaux venus qui ont fait le déplacement. De fait, il a clairement rappelé la priorité de son équipe : « Recruter de nouveaux adhérents. C’est essentiel pour préserver notre indépendance financière et asseoir notre position. » Assurément le BTP 57 sait y faire pour attirer les entreprises dans son giron. Un programme très riche de réunions d’information, des services individualisés avec un soin particulier apporté « à l’échange et la convivialité au travers de nos communautés : Groupe Femmes, Groupe jeunes, Cercle EPI, mais aussi nos animations territoriales grâce aux groupements d’arrondissement » insiste le président Schaeffer. Avec en prime une nouveauté : les AperoBAT seront décentralisés. C’est parfait selon lui « pour sortir de l’isolement et échanger dans le contexte actuel » et accueillir « les non adhérents qui sont toujours les bienvenus. » Un bon plan en tout cas pour grossir les rangs de la fédération.
« Des marchés peu dynamiques »
Si Pierre Schaeffer a choisi d’évoquer ces nouveaux adhérents à la fin de son propos, c’était d’une certaine façon pour finir sur une note positive, plus agréable, avant de partager le verre de l’amitié. L’essentiel du discours n’était pas très encourageant. Le président du BTP 57 a brossé un tableau plutôt sombre de l’activité dans un contexte économique peu favorable. Ainsi, « 2024 s’est révélée peu propice à l’activité des artisans et entrepreneurs du BTP. Logements neufs, bâtiments non résidentiels, amélioration-entretien ou rénovation énergétique, nos différents marchés sont restés peu dynamiques. » Il a détaillé cette avalanche de statistiques moroses. Baisse de la production de logements neufs de 20%, avec seulement 3700 mises en chantier. C’est le secteur le plus affecté. Et en 2025 cela ne devrait pas s’arranger : une nouvelle baisse de 14% est attendue. Le non-résidentiel neuf est à un niveau relativement bas, avec 289 000 m² commencés en Moselle l’an dernier. La commande publique reste globalement stable, sauf pour les travaux publics. Pour ces derniers, le volume des marchés régresse de 15% sur un an. « Les donneurs d’ordres professionnels et Collectivités locales sont en plein doute à la suite de l’absence de budget 2025 » répète le président. La baisse du secteur non-résidentiel devrait être de l’ordre de 15% cette année. Moins dramatique, le segment de l’amélioration-entretien en raison d’une « réforme mal ficelée et trop brutale de MaPrimeRenov’ début 2024 qui a laissé des traces, malgré sa révision en mai, ne devrait progresser que de 0,9% en 2025. Au global, la production de bâtiment abandonne 6,6% en 2024 et la FFB (Fédération française du bâtiment) prévoit un nouveau recul de 5,6% cette année. (Lire plus loin l’alerte lancée par la FFB Grand Est).
« Des perspectives peu réjouissantes »
Pierre Schaeffer reconnaît que 2025 ne promet guère d’être réjouissante. « C’est lié à un contexte économique et géopolitique mondial défavorable. Et l’instabilité politique nationale ne fait qu’aggraver nos difficultés, faute de choix et de décisions. » Il en appelle aux élus car « il faut des mesures fortes pour sortir de l’incertitude ambiante et ramener de la confiance aux entreprises et à nos concitoyens. Ce climat est totalement défavorable aux investissements (…) » Et la fédération ne veut pas reste inactive. Elle propose aux pouvoirs publics « des mesures pour relancer le secteur du bâtiment. » Il n’est pas question que la fédération se résigne. Pour le logement neuf, elle réclame le rétablissement du PTZ (prêt à taux zéro) pour tous les territoires, « un dispositif qui a fait ses preuves en faveur de l’accession à la propriété. » Dans le même registre pour le logement social « il s’agit de stabiliser le financement des bailleurs sociaux. » Il faut dans le même temps encourager la rénovation énergétique du parc social et stimuler l’investissement locatif avec un dispositif du type Pinel qui a cessé fin 2024. La fédération regrette l’abandon du taux de TVA de 5,5% applicable aux prestations énergétiques pour la pose de chaudière à gaz. Elle se félicite tout de même d’avoir obtenu le maintien du taux réduit au devis signé avec versement d’un acompte.
Soutien à l’apprentissage
Les entrepreneurs du BTP sont très attachés à la poursuite de la politique de soutien de l’apprentissage. Ils ont obtenu, pour l’instant, le maintien des aides. Cela a son importance quand on sait que les CFA du BTP en Moselle sont en plein développement. Celui de Sarreguemines bénéficie d’une extension de ses locaux afin d’accroître l’offre de formation et donc l’accueil de nouveaux apprentis. L’implantation d’un internat au Centre Raymond Bard à Faulquemont pour les apprentis en conduite d’engin va dans le même sens.
« Défendre la profession et accompagner au quotidien les artisans et entrepreneurs est une des priorités de la fédération » rappelle Pierre Schaeffer. Il cite un exemple spectaculaire des avantages à adhérer au BTP 57, les avantages ebtp. Il s’agit d’une plateforme d’achat qui permet de faire de larges économies sur les achats de l’entreprise. L’opération est reconduite en 2025. À ce jour 195 adhérents sont utilisateurs de ce service. Autre atout mis en exergue par l’équipe de Samuel Lorin, le délégué général du BTP 57, le Club Partenaires BTP 57, lequel peut apporter des solutions pour votre entreprise. Trois d’entre elles présentes à la cérémonie ont rejoint le club : Conselio – Antoine Manne représenté par Charles Bastide, Les Matériaux CMPM-Pascal Schneider représenté par Robert Favaro et son épouse, N’Ador Déc’Or Marie Angèle Pierre. Enfin Pierre Schaeffer, engagé dans son dernier mandat, a pris soin de saluer l’engagement de ses vice-présidents Frédéric Beck, Gilbert Balliet et Fabrice Schmid.
*Une douzaine de nouveaux adhérents présents parmi les 65 enregistrés en 2024 : Pierre Boursin -Cordrones SAS (Montigny-lès-Metz) ; Benjamin Contini - ABC TECH (Sainte-Marie aux Chênes) ; Guillaume Courtot – ILLICO TRAVAUX (Metz) ; Stéphane GUNTHER – Pierre et Céramique (Etting) premier adhérent de l’année 2025 ; Jacques Hen – FHD Métallerie (Lutzelbourg) ; Sébastien Oster Fermeture des 2 Sarres (Sarrebourg) ; Florent Rouvière – Bouygues Bâtiment Nord-Est (Metz) ; Cyril Santoni – Santoni Nasso Carrelage (Jouy-aux-Arches) ; Entreprise Alain Sindt (Kerling les Sierck) ; Joseph SPAETER- CM Concept Menuiserie (Metz) ; Jordan Tetevuide La Métallerie du Graoully (Marange-Silvange) ; Jocelyn Von Grafenstein – JVG Paysages (Sarralbe).
À la Capeb 57
« Les artisans du bâtiment essentiels à la vitalité des territoires »
La Capeb de la Moselle a également organisé sa soirée des vœux au siège de Woippy. L’occasion pour Émilien Gangemi, son président et son équipe de présenter des voeux où perçait une volonté de faire aboutir les revendications de la profession.
Ils se sont partagé les rôles. Le président Émilien Gangemi a introduit cette belle soirée, relayé par son équipe pour prolonger son propos et bien faire passer le message, en particulier auprès des élus et parlementaires présents. Voilà sans doute pourquoi cette soirée a été baptisée « Vœux syndicaux ! » Le président après ses voeux a rappelé ce qu’est l’artisanat du bâtiment : « Le poumon économique de nos territoires. Des milliers d’entreprises, souvent familiales, qui forment, innovent, rénovent et maintiennent l’emploi local. » Une bien belle définition qui convenait parfaitement aux entrepreneurs présents avec leur famille. Des petites entreprises surtout « engagées dans les défis de notre époque. » On les connaît bien à force d’être inlassablement repris dans les discours des fédérations : transition écologique, qualité des logements, développement des savoir-faire locaux. Et pourtant : « ces entreprises font face à des difficultés croissantes. » Là aussi le leitmotiv ne change guère. De fait quel que soit le domaine, « rénovation énergétique, coût du travail, charges administratives ou accès aux marchés publics, les obstacles s’accumulent et freinent leur développement. » Émilien Gangemi cite l’exemple de MaPrimeRenov’, un dispositif qui pourrait être remis en cause avec un risque de coupe budgétaire de quelque 700 M€, voire « une possible réforme qui pourrait exclure les mono-gestes ce qui impacterait directement les petites entreprises du bâtiment. » Il en appelle aux pouvoirs publics pour « stabiliser les dispositifs et les règles pour permettre aux entreprises de se projeter et aux ménages de s’engager dans des travaux. »
Les quatre thèmes du jour
L’équipe d’Émilien Gangemi a ensuite décliné les quatre thèmes de cette soirée d’échanges.
- Le soutien aux entreprises et la simplification administrative afin de libérer les entreprises.
- Le coût du travail : préserver la compétitivité des TPE et PME artisanales.
- L’accès aux marchés publics : faire des TPE des acteurs incontournables.
- Transition écologique : garantir la stabilité et l’accessibilité des dispositifs.
Autant de thèmes que de problématiques et de questions que se posent les adhérents de la Capeb de la Moselle.
Émilien Gangemi pouvait conclure cette présentation, originale et très vivante, en soulignant d’un gros trait rouge « combien les artisans sont essentiels à la vitalité de nos territoires. Ils ont besoin de stabilité, de simplicité et de soutien pour continuer à jouer ce rôle. »
La FFB Grand Est tire la sonnette d’alarme
Le 24 janvier à Nancy, les 11 présidents et présidentes des fédérations françaises du bâtiment (FFB) régionale et départementale du Grand Est ont avisé les autorités publiques régionales de leur inquiétude. Ils ont tiré la sonnette d’alarme.
Ils n’y sont pas allés par quatre chemins. « Leur inquiétude est totalement partagée par l’ensemble des chefs d’entreprises du secteur du bâtiment. » Une situation alarmante qui, disent-ils « menace l’avenir de leurs entreprises et les emplois de leurs salariés. » Ils sont confrontés « à une absence de perspectives claires et à une instabilité politique persistante. » Ils alertent « sur la nécessité et l’urgence de mesures concrètes pour éviter une situation critique. »
« L’exaspération »
Ce communiqué commun exprime clairement « leur exaspération face à un calendrier budgétaire national incertain et une absence de décisions claires qui aggrave les tensions dans le secteur du bâtiment. » Ils partent du constat que depuis 2020 les entreprises du bâtiment sont « mises à mal par des défis inédits : crise sanitaire, conflits internationaux, hausse du coût des matières premières… » Conséquence : bon nombre d’entre elles peinent à maintenir leur activité. Et selon eux, « cette absence de visibilité se répercute aussi sur les collectivités territoriales, légitimement incapables de planifier leur budget sans connaître leur niveau de dotation. » Heureusement, constatent certains entrepreneurs, des collectivités « ont compris ces enjeux stratégiques pour soutenir le secteur en maintenant une politique d’investissement offensive. »
Tout un secteur en péril
Ils sont forts d’une certitude : « le BTP en tant qu’industrie de main-d'œuvre, a toujours su maintenir ses emplois pendant les crises précédentes. Cette fois c’est différent. Sans une prise de conscience rapide de l’État, le secteur risque de subir un ajustement de main d’œuvre douloureux. » Un chiffre le résume : la filière a perdu 34 000 emplois en France en 2024.
Les présidents et présidentes des fédérations du bâtiment du Grand Est adoptent un ton grave : « Ils demandent solennellement une réaction de l’État pour voter un projet de loi de finances rapidement. » Les raisons évoquées sautent aux yeux :
- Financement des aides à la rénovation énergétique ;
- Soutien aux bailleurs sociaux pour soutenir l’investissement dans le logement ;
- Extension du prêt à taux zéro pour tous les logements (…) ;
- Soutien aux collectivités locales : un signal fort doit leur être envoyé ;
- Rétablissement de la TVA à 5,5% sur les chaudières à gaz ;
- Maintien des aides nationales à l’apprentissage.
Et l’avertissement ne s’arrête pas là. « Sans réaction rapide du gouvernement les entreprises du BTP prendront des initiatives fortes. »