En Alsace, 9% des produits agro-alimentaires consommés sont d’origine alsacienne. Quelle est la recette du succès ?
Sébastien Muller : Pour être précis, c’est 9% dans le Bas-Rhin et 8% dans le Haut-Rhin. Et cette consommation locale continue d’augmenter. Dans l’ensemble de la France, c’est 2,7%. Cela révèle une vraie attache alsacienne aux produits locaux. Cela s’explique par le fait que nos produits sont présents de l’apéritif au digestif. Cela veut dire qu’à chaque moment du repas, le consommateur qui souhaite manger ou boire alsacien, trouvera le produit local : du bretzel à la bière, du foie gras à la charcuterie et à la choucroute, de la tarte flambée au baeckeoffe accompagné de moutarde ou de raifort et je n’oublie pas les fromages, les vins, le chocolat, le café et bien sûr nos liqueurs ou nos eaux de vie. C’est cela la particularité alsacienne et ce n’est pas le cas partout en France. Par ailleurs ces produits sont élaborés par des belles PME, dont les marques sont connues des consommateurs qui y sont attachés. Et depuis une douzaine d’années, nous avons amplifié le mouvement en créant les marques « Savourez l’Alsace » et « Savourez l’Alsace produit du terroir ». Elles réunissent plus de cinq mille produits et cent cinquante entreprises adhérentes. C’est devenu un point de repère pour les consommateurs, qui recherchent des produits locaux.
« Escales alsaciennes »
Que pèsent les produits alsaciens hors Alsace ?
S. M. : Même si nous disposons d’une bonne marge de développement en France de l’intérieur, on voit auprès des distributeurs que les produits alsaciens sont attractifs. Ils ne rechignent jamais à nous mettre en avant à l’occasion d’opérations spéciales. À l’exportation, nous sommes le seul secteur économique à présenter une balance commerciale positive. C’est dans cet esprit que l’ARIA accompagne des entreprises alsaciennes au SIAL, à Paris, ou à l’Anuga, à Cologne.
Quelle est la part des circuits courts dans la vente des produits agro-alimentaires alsaciens ?
S. M. : En 2015, nous avons créé les « Escales alsaciennes » : nous faisons visiter nos sites de production aux consommateurs locaux et aux touristes. Nos premières boutiques sont nos usines. Sur son site de production, Alélor vend non seulement ses moutardes et ses raiforts, mais aussi de la confiture, de la choucroute ou de la charcuterie. Plus d’une vingtaine d’entreprises ont déjà adhéré à la démarche. Mais il n’empêche que la grande distribution demeure notre principal débouché commercial.
Quelles sont justement vos relations avec la grande distribution ?
S. M. : Pour ces réseaux de distribution, nos produits alsaciens sont aussi un moyen d’attirer la clientèle. Les opérations Alsace que nous organisons avec les grandes surfaces rencontrent toujours beaucoup de succès. Cela fonctionne aussi en Lorraine et nous nous efforçons de mener des opérations équivalentes dans toute la France.
Et comment cela fonctionne-t-il avec les agriculteurs, je pense notamment à leur rémunération ?
S. M. : En Alsace, nous sommes plutôt exemplaires sur ce sujet. Industriels et agriculteurs, nous sommes proches, nous nous parlons et nos entreprises sont associées dans les deux marques « Savourez l’Alsace » et « Savourez l’Alsace produit du terroir ». Je rappelle que cette dernière marque implique l’intégration de 80% de matière agricole alsacienne dans l’élaboration du produit final.
Et la question des prix ?
S. M. : Aujourd’hui nous contractualisons avec nos fournisseurs agricoles et cela se passe bien.
Et où en êtes-vous des négociations sur les prix avec la grande distribution ?
S. M. : L’industrie agro-alimentaire ne peut pas rester coincée en étau entre l’agriculture, qu’il faut protéger, et la grande distribution qui prône les prix bas. Si on veut bien manger local, cela passe par le juste prix.
En chiffres
2ème secteur économique en Alsace
250 entreprises adhérentes, de la TPE au grand groupe, du nord au sud de l’Alsace
15 000 salariés