Grand Est Paru le 11 avril 2025

L’ALSACE CENTRALE EN MODE ACTIONS ÉCONOMIQUES

Du 31 mars au 4 avril plus de 100 collégiens et lycéens, ainsi que leurs parents ou le grand public ont visité une trentaine d’entreprises industrielles d’Alsace centrale. Retour sur la première Route de l’Industrie organisée par le réseau AC:TIONS.

De gauche à droite, Marion Neukam (Université de Strasbourg), Romane Verbeke (animatrice Réseau AC:TIONS), Pascal Procureur (directeur d’usine chez Hager) et Patrick Reimeringer (président d’AC:TIONS)

On connaissait la Route des vins ou la Route de la bière, en Alsace centrale AC:TIONS lance la Route de l’industrie. AC:TIONS se présente comme le collectif des entreprises industrielles du Centre Alsace. Le réseau créé en 2020 réunit une cinquantaine d’entreprises du territoire centre alsacien employant 15 300 salariés. Objectif : rassembler les énergies, mutualiser les connaissances et les expertises pour faire rayonner le territoire et construire le monde de demain. Tout est dans l’acronyme : Alsace Centrale : Territoire d’Industries et Organisations Novatrices et Solidaires.

Du 31 mars au 4 avril, la Route de l’Industrie, première du genre en France, a eu notamment pour ambition de promouvoir et développer les métiers de l’industrie sur le territoire. « Nous voulions montrer que l’Alsace centrale est tout sauf un territoire dortoir, explique Patrick Reimeringer, président d’AC:TIONS et directeur général chez Bürkert. L’idée, c’est bien de rapprocher la population locale des entreprises industrielles locales. » Avec une conviction en tête que formule Claude Kraus, vice-président de la Communauté de Communes du Pays Sainte-Odile : « Ici, il n’est pas nécessaire de prendre sa voiture tous les matins pour aller travailler à Strasbourg. »

L’effet waouh

Concrètement, une trentaine d’entreprises ont accepté de parti­ciper à cette première édition de la Route de l’Industrie. Entre le 31 mars et le 4 avril, elles ont ouvert leur portes à tour de rôle aux classes de collèges, de lycées ou d’IUT, ainsi qu’au grand public sur inscription. « Nous avons d’abord voulu montrer ce qu’est l’in­dustrie locale », insiste Romane Verbeke, animatrice du réseau. Et le vendredi, la semaine s’est achevée par une série de conférences et une grande exposition aux Tanzmatten, à Sélestat. Thèmes de la journée : résilience et durabilité avec une forte implication de l’Université de Strasbourg pour nourrir les débats.

En pleine phase d’inscription des futurs bacheliers sur Parcoursup, l’opération tombait à pic pour montrer aux lycéens que les entre­prises industrielles locales leur proposent de nombreux emplois très variés tout près de chez eux. « Notre préoccupation, c’est le recrutement de nos collaborateurs d’ici une quinzaine d’années, argumente Pascal Procureur, directeur d’usine chez Hager. Sans collaborateurs nous ne pourrons ni créer, ni produire, ni livrer nos produits. C’est la raison pour laquelle nous voulons convaincre dès maintenant les jeunes de 13 à 15 ans. Qu’à l’issue de leurs visites dans nos usines ou de leurs rencontres avec les industriels, ils puissent se dire : ‘’Waouh, elle est belle notre industrie en Centre Alsace. »

« Nous voulons réaffirmer la place de l’industrie »

La situation est-elle si grave que vous soyez obligés d’organiser cette Route de l’Industrie ?

Patrick Reimeringer : L’évènement n’est pas lié à la conjoncture. Nous voulions simplement faire connaitre l’industrie. Montrer que nous sommes dans un territoire exceptionnel. L’industrie a l’habi­tude de traverser les crises et d’y résister. Nous sommes résilients par nature. Nous voulons réaffirmer la place de l’industrie dans le paysage économique local. Nous ne nous résolvons pas à la désindustrialisation de la France. Pour cela, il convient aussi que la population apprécie l’industrie, qu’elle en ait une bonne image et qu’elle ait envie d’y travailler.

Pascal Procureur : Notre préoccupation, c’est essentiellement de développer les compétences dans l’industrie. Chez Hager, nous sommes très liés au bâtiment et donc à ses soubresauts conjonc­turels, mais nous avons également la chance d’évoluer dans un monde qui s’électrifie de plus en plus. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de présenter une image différente de l’industrie. D’autant plus que nous avons la conviction que nos difficultés de recrutement ne vont pas aller en diminuant, alors qu’un tiers de nos salariés ont plus de 50 ans. Si nous ne nous y préparons pas, nous nous retrouverons d’ici 10 ans dans une pénurie de ressources humaines.

Pourquoi avoir placé cette première Route sous la double thématique de la résilience et de la durabilité ?

P. R. : La résilience, c’est la capacité à encaisser un choc. Et des chocs, nous en avons connus ces dernières années et il y en aura de plus en plus. Nous devons savoir nous y préparer afin de mieux les anticiper. Cela passe aussi par le dialogue avec le territoire : comprendre les attentes de la population. Si nous sommes décon­nectés du territoire, nous sommes moins résilients et moins durables. Le choix de ces deux thèmes n’est pas juste un effet de mode.

P. P. : Chez Hager, nous sommes confrontés à l’exigence de résilience depuis 5 ans : entre la COVID, la crise des matières premières et l’inflation qui en a découlé, les conflits militaires et les questions géopolitiques globales… nous avons eu à faire face à une crise chaque année. La résilience devient un état d’esprit à adopter en permanence dans nos organisations. Quant à la question de la durabilité, elle est évidemment au cœur de notre stratégie indus­trielle : d’une part parce que nous faisons tout pour réduire notre propre empreinte carbone, d’autre part parce que nous sommes un acteur central de l’électrification et donc d’un monde plus propre.

Jean de MISCAULT