Le projet d’entreprise NaTran 2030 : bâtir l’avenir énergétique
Jeudi 20 mars, Vincent Rousseau, Délégué Territorial Nord-Est de NaTran, a dévoilé les résultats 2024 concernant la consommation de gaz, et les avancées en transition énergétique liées aux infrastructures gazières.
NaTran s’est engagé dans un projet ambitieux pour préparer l’avenir, qui consiste à transformer le modèle énergétique tout en assurant la durabilité économique, écologique et sociale de l’entreprise. Ce plan repose sur cinq objectifs stratégiques : consacrer plus de 50 % des investissements annuels à la transition énergétique, multiplier par cinq la part des gaz renouvelables dans les réseaux, développer plus de 1 000 km de réseaux d’hydrogène et de CO2 en France et en Allemagne, réduire l’empreinte carbone de 40 %, mais aussi attirer et former les talents nécessaires pour réussir cette transformation. Pour ce faire, deux leviers majeurs accompagnent cette vision : les territoires, qui se placent au cœur des actions et des solutions locales, et la digitalisation, comme accélérateur d’efficacité et d’innovation.
Sandrine Meunier, Directrice Générale de NaTran, résume cette ambition en une phrase : « Notre cap est clair : tout en préservant l’équilibre du système gazier, nous visons à devenir l’opérateur européen de référence dans le transport et la logistique des gaz renouvelables, bas carbone, ainsi que de l’hydrogène et du CO2. »
Avec ces orientations, NaTran se positionne comme un acteur déterminé dans la construction d’un avenir énergétique durable.
La consommation brute de gaz en baisse en 2024 : un contraste régional marqué
En 2024, la consommation de gaz au niveau national a reculé de 5,5 %. Dans le Grand Est, cette diminution est encore plus frappante, atteignant 10,5 % et révélant des dynamiques contrastées entre la consommation industrielle et la production électrique.
Dans cette région, la consommation totale de gaz s’est chiffrée à 52,9 TWh, une baisse notable par rapport aux 54,3 TWh enregistrés en 2023. Ce recul s’explique en grande partie par une réduction drastique de l’utilisation des trois centrales à gaz de la région, leur fonctionnement ayant chuté de 61 % par rapport à l’année précédente. Cette diminution est directement liée à une meilleure disponibilité du parc nucléaire en 2024, offrant une alternative plus performante et moins coûteuse.
Les productions électrique d’origine nucléaire et renouvelable ont, en effet, atteint des niveaux exceptionnels cette année, avec une hausse record de 12 % pour l’électricité renouvelable. Par conséquent, la consommation des centrales électriques au gaz a fortement diminué, enregistrant une baisse de 56 % et atteignant 16 TWh en 2024.
Malgré ces chiffres, le système gazier continue de démontrer son importance stratégique. Grâce à sa flexibilité remarquable, il joue un rôle indispensable dans l’équilibrage des fluctuations de production et de consommation électriques, offrant un soutien essentiel dans ce contexte énergétique en pleine évolution.
L’industrie redémarre sur fond de croissance ciblée
En 2024, le secteur industriel témoigne d’un rebond significatif, avec une hausse de 12 % de la consommation de gaz à l’échelle nationale (hors production électrique). Ce regain s’inscrit dans un contexte global marqué par une progression plus modérée de 0,8 %. Parmi les moteurs de cette dynamique, les secteurs de la chimie et de l’agroalimentaire se démarquent, jouant un rôle prépondérant dans cette reprise, particulièrement visible dans la région Grand Est. Ces deux filières, historiquement ancrées dans le territoire, apportent leur contribution majeure à la remontée des consommations, soutenues par des sous-secteurs stratégiques tels que le raffinage, la pétrochimie, la métallurgie et la production agroalimentaire.
Dans cette région, le tissu économique industriel se renforce, confirmant son rôle de pilier dans l’équilibre énergétique et la relance économique. Les entreprises locales, poussées par les besoins des marchés, revalorisent leurs capacités et investissent dans des technologies favorisant une meilleure efficacité énergétique.
Résidentiel et tertiaire : sobriété confirmée malgré les défis
Face à ce regain industriel, les secteurs résidentiels et tertiaires poursuivent un chemin différent, marquant un pas supplémentaire vers la réduction des consommations. En 2024, le Grand Est enregistre une baisse de 1 % des usages domestiques et tertiaires, parfaitement en phase avec la tendance nationale qui s’établit à -0,6 %. Cette diminution, bien que légère, souligne l’ancrage durable d’efforts collectifs pour limiter les besoins énergétiques.
L’effet climatique joue ici un rôle important, avec une météo clémente réduisant les exigences en chauffage. Mais c’est surtout la poursuite des initiatives de sobriété volontaire et les actions de sensibilisation à l’efficacité énergétique qui maintiennent cette dynamique. La consommation des distributions publiques s’adapte ainsi à ces nouveaux comportements, reflétant un engagement citoyen et institutionnel vers des pratiques plus responsables.
Les consommations de gaz dans le Grand Est : Un recul global marqué par des disparités sectorielles
En 2024, la région Grand Est enregistre une diminution notable de ses consommations de gaz, qui atteignent un total de 52,9 TWh, en baisse de 10,5 % par rapport aux 54,3 TWh consommés en 2023. Ce chiffre, bien qu’impressionnant, masque des dynamiques opposées entre les différents secteurs, révélant un paysage énergétique en pleine transformation.
L’un des principaux facteurs de cette baisse réside dans la très faible utilisation des trois centrales à gaz présentes dans la région. Leur activité a reculé de 61 % par rapport à l’année précédente, conséquence directe d’une meilleure disponibilité des centrales nucléaires. En 2024, les performances exceptionnelles du parc nucléaire, conjuguées à une production record d’énergies renouvelables (+12 % par rapport à 2023), ont réduit significativement le recours aux centrales à gaz pour produire de l’électricité. La forte activité des secteurs de la chimie et de l’agroalimentaire, très présents sur la région, explique en grande partie cette hausse des consommations. Les distributions publiques marquent une baisse de 1% par rapport à 2023. Cette tendance reflète un recentrage vers des sources d’énergie à moindre empreinte carbone.
Une mobilité au gaz en plein essor
En 2024, le parc de véhicules au gaz naturel comprimé (GNC) de la région Grand Est s’est imposé comme un levier stratégique pour la transition énergétique. Avec une consommation totale de 267 GWh, cela équivaut à l’énergie nécessaire pour alimenter près de 900 bus fonctionnant au gaz. Ces chiffres soulignent non seulement l’importance croissante de cette solution énergétique, mais également la capacité de la région à intégrer les technologies bas carbone dans ses infrastructures de mobilité. Pour répondre à ces besoins, le territoire dispose de 34 points d’avitaillement répartis entre stations GNC (22 sites) et GNL (12 sites), représentant ainsi près de 10 % des stations disponibles sur le territoire national. Cette couverture étendue illustre le rôle pionnier de la région en matière de mobilité durable et met en avant son engagement à réduire les émissions liées aux transports.
Des perspectives renforcées par les politiques publiques
L’intérêt croissant pour les solutions au gaz est également stimulé par des décisions stratégiques au niveau national. En juillet 2024, la publication d’un décret définissant la trajectoire des Certificats de Production de Biométhane jusqu’en 2028 a marqué une étape clé. Ce cadre législatif, attendu pour s’étendre jusqu’en 2035 d’ici la fin de 2025, trace un chemin clair pour le développement de cette filière. Par ailleurs, le Conseil National de l’Industrie (CNI) confirme que les solutions liées au gaz, telles que le captage de CO2, l’hydrogène et le biogaz, joueront un rôle majeur dans la décarbonation de l’industrie à l’horizon 2050. Selon les estimations, ces technologies représenteront à elles seules 50 % des solutions nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques ambitieux de la France. Dans ce contexte, la région Grand Est se positionne comme un acteur déterminant, aussi bien dans l’adoption des technologies existantes que dans l’anticipation des innovations à venir. La forte présence de points d’avitaillement et l’appui des politiques publiques confirment le potentiel des solutions gaz dans la transition énergétique des transports. Ce dynamisme ouvre des perspectives prometteuses pour une mobilité plus durable et des avancées technologiques qui répondent aux enjeux environnementaux de demain.
Un leadership confirmé dans la production de biométhane
La région Grand Est s’impose, une fois de plus, comme la première en France pour la production de biométhane. Avec une filière méthanisation particulièrement dynamique, le territoire s’est enrichi de 127 installations injectant du biométhane dans les réseaux en 2024, soit quatre nouvelles infrastructures par rapport à l’année précédente. La capacité de production atteint désormais 2,7 TWh, représentant une croissance impressionnante de 6 % par rapport à 2023.
Ce niveau de performance place la région au cœur du développement national, avec une contribution qui approche les 20 % de la production totale de biométhane en France. Grâce à ces infrastructures, 5,2 % de la consommation globale de gaz dans la région est désormais couverte par le biométhane. Ce chiffre dépasse largement la moyenne nationale, qui se situe à 3,8 %, démontrant le rôle pionnier de la région dans l’intégration de solutions bas carbone.
L’avenir du biométhane dans le Grand Est est tout aussi prometteur. La région vise une capacité de production de 6,7 TWh à l’horizon 2030, ce qui représente une multiplication par 2,5 de son potentiel actuel. Cet objectif ambitieux reflète non seulement la détermination locale à contribuer à la transition énergétique, mais également l’impact direct de ses efforts sur l’échelle nationale. Sur le plan national, la progression du biométhane reste également soutenue. En 2024, la capacité installée atteint 13,9 TWh, ce qui correspond à l’équivalent de la production énergétique de deux réacteurs nucléaires. Ce résultat provient d’un réseau étendu de 731 sites de méthanisation. Il souligne une fois de plus le potentiel du biométhane comme une solution clé pour répondre aux objectifs énergétiques et environnementaux de la France.
Le rebours : Une solution pour optimiser le transport du gaz
Le rebours représente une avancée technologique essentielle dans le secteur énergétique. Il permet de faire remonter le gaz depuis le réseau de distribution vers le réseau de transport, notamment durant les périodes estivales où la demande locale ne suffit pas à absorber la totalité de la production. Ce mécanisme ingénieux assure une gestion optimisée des flux de gaz et contribue directement à l’intégration croissante du biométhane dans les systèmes énergétiques.
Le programme de développement des installations de rebours continue de progresser à un rythme soutenu, témoignant de l’importance stratégique de cette solution. À la fin de l’année 2024, trois installations étaient déjà opérationnelles dans la région Grand Est, tandis que deux autres sites étaient en construction à Vouziers et Rethel. En parallèle, trois nouveaux projets sont actuellement à l’étude, portant des perspectives prometteuses.
À l’échelle nationale, le développement des installations de rebours s’intensifie. En 2024, le nombre total de sites en service a atteint 28, soit une augmentation de huit unités par rapport à l’année précédente. En outre, plus de 70 autres rebours sont en phase de réalisation, en études ou déjà identifiés dans les zonages validés par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE). Leur multiplication est une étape clé pour répondre aux objectifs nationaux de production et d’utilisation de gaz à faible empreinte carbone.
Pyrogazéification : un complément prometteur au biométhane
En parallèle des avancées dans le domaine du biométhane, les technologies de pyrogazéification et de gazéification hydrothermale continuent de se développer activement en région Grand Est. La pyrogazéification permet de convertir des résidus solides peu ou mal valorisés en gaz renouvelable et bas carbone, tandis que la gazéification hydrothermale s’appuie sur la transformation de biomasse humide en gaz de synthèse. Ces technologies représentent une voie stratégique pour maximiser l’utilisation de ressources inexploitées tout en contribuant à la décarbonation.
Entre 2022 et 2024, plusieurs Appels à Manifestation d’Intérêt (AMI) ont été lancés, débouchant sur le dépôt de 13 projets dans le Grand Est. Ces initiatives renforcent la position de la région comme un acteur clé de l’innovation énergétique. NaTran estime que le Grand Est pourrait fournir une production de 6,7 TWh de gaz renouvelable à l’horizon 2030, soit une contribution majeure aux objectifs nationaux fixés à 44 TWh.
L’hydrogène : un marché transfrontalier en structuration
L’année 2024 marque une avancée significative dans le développement du marché de l’hydrogène. L’adoption de la directive européenne sur les marchés intérieurs de l’hydrogène confirme l’importance stratégique de cette ressource. Les projets transfrontaliers se multiplient, à l’image des initiatives RHYn et HY-FEN, qui ont obtenu des subventions dans le cadre du Connecting Europe Facility (CEF) pour accélérer leur développement.
Parmi les projets structurants, mosaHYc avance dans sa procédure d’obtention des autorisations administratives, suivant la décision d’investissement prise en avril 2024. De son côté, HY4Link continue de consolider son organisation. Ce projet ambitieux vise à relier plusieurs pays européens, notamment la Belgique, le Luxembourg, la région Grand Est en France et la Sarre en Allemagne, pour former une dorsale européenne de l’hydrogène. Ces initiatives transfrontalières posent les bases d’un futur réseau européen robuste, apte à répondre aux besoins croissants d’hydrogène décarboné.
Transport de CO2 : un axe stratégique pour la transition énergétique
NaTran s’engage activement dans le développement et la planification de projets liés au transport de CO2, une composante essentielle de la stratégie de décarbonation industrielle. En participant à l’élaboration des Schémas Directeurs, notamment lors de l’ICM Forum de Pau, l’entreprise joue un rôle déterminant dans la définition des scénarios de développement des infrastructures nécessaires. Ces travaux incluent une consultation lancée au cours du premier semestre 2024, visant à inclure les parties prenantes dans le débat et à recueillir leurs avis sur les futures solutions.
L’Europe apporte un soutien significatif à plusieurs projets de transport de CO2 pilotés par NaTran. Les initiatives DKHARBO et GOCO2, sélectionnées pour bénéficier des fonds CEF (Connecting Europe Facility), ont également obtenu la labellisation PCI (Projet d’Intérêt Commun), confirmant leur importance dans le cadre du développement énergétique européen.
Ces projets visent à établir un réseau de transport de CO2 reliant les sites industriels fortement émetteurs de la région Grand Est à des zones de stockage offshore. Cette approche s’inscrit dans une stratégie globale cohérente avec le schéma directeur présenté par NaTran lors de l’ICM Forum en septembre 2024.
NaTran et ses contributions au Grand Est
Au sein de la région Grand Est, NaTran consolide son rôle de pilier de la transition énergétique. L’entreprise y emploie 265 salariés et 14 alternants, exploitant un réseau étendu de 5 200 kilomètres. En 2024, elle a investi pas moins de 36 millions d’euros pour assurer la sécurité d’approvisionnement en gaz, moderniser ses installations et accélérer leur adaptation aux nouvelles exigences environnementales.
Ces investissements témoignent de la volonté de NaTran d’accompagner durablement la mutation énergétique en cours, tout en préservant la performance de ses infrastructures. Avec ses initiatives novatrices et ses projets d’envergure européenne, NaTran continue de s’affirmer comme un moteur de la transition énergétique, structurant les bases d’un avenir plus responsable.
À propos de NaTran
NaTran est le nouveau nom de GRTgaz. L’année 2025 marque les 20 ans de l’entreprise qui ouvre une nouvelle page de son histoire en changeant de nom et en adaptant un projet d’entreprise NaTran2030 tourné vers la transition énergétique et la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour y parvenir, l’entreprise adapte son réseau et ses pratiques aux défis écologiques, économiques et numériques. Elle propose des infrastructures et une logistique adaptée aux gaz qui participent à la transition énergétique (biométhane, H2 et CO2). NaTran est le 2ème opérateur de transport de gaz en Europe. Le Groupe compte deux filiales : Elengy (leader des terminaux méthaniers en Europe) et NaTran Deutschland (opérateur du réseau MEGAL). NaTran assure des missions de service public visant à garantir la sécurité d’acheminement de ses clients. Son centre de recherche NaTran R&I (précédemment RICE) fait référence au niveau international en matière de recherche et d’innovation appliquée à la transition énergétique. Chiffres clés NaTran Groupe : 33 800 km de canalisations, 680 TWh de gaz transporté, près de 3800 salariés, 2,6 Mds € en 2023.

