Le financement des infrastructures de transport est essentiel au développement du territoire. Le contrat de plan État-Région 2023-2027 offre un potentiel en la matière. À preuve, en avril, l’État et la Région sont tombés d’accord pour introduire un avenant Mobilités dans le CPER Grand Est. Le préfet de région Jacques Witkowski et le président de la Région Franck Leroy ont signé cet avenant d’intégration du volet Mobilités dans le contrat de plan. Son contenu est de taille : il prévoit en effet plus de 2,1 milliards d’euros d’investissements consacrés aux infrastructures de transport du territoire sur la durée du contrat de plan.
Cette signature est l’aboutissement d’un processus engagé en juillet 2023 entre l’État et la Région Grand Est, en concertation avec les principales collectivités concernées, départements, métropoles et intercommunalités.
Son objectif : identifier, prioriser et financer les projets d’infrastructures du Grand Est pour répondre aux besoins de mobilités croissants induits par les enjeux de la transition écologique.
Un contrat d’une ampleur sans précédent
Ces travaux se concrétisent par un contrat d’une ampleur sans précédent avec plus de 2,1 milliards d’euros d’investissements prévus pour moderniser et développer les infrastructures de transports dont 1,4 milliard d’euros apportés, conjointement et à parité, entre l’État et la Région. Ce volet a été adopté au conseil régional en octobre 2024. Cet effort inédit répond à une ambition partagée : améliorer les mobilités du quotidien et le report modal vers des modes décarbonés, collectifs ou de mobilités douces.
84% dédiés à des transports plus écologiques
Dans le détail de ce financement, on remarque clairement le critère de la transition écologique. 70% des investissements soit près de 1,5 milliard d’euros sont consacrés au ferroviaire et aux transports collectifs avec :
- Les Services Express Régionaux métropolitains (SERM), représentant presque un tiers des investissements soit 650 M€ consacrés à l’amélioration de l’offre de transport dans son ensemble (ferroviaires, voies réservées pour les transports en commun et covoiturage, pôle d’échanges multimodaux etc.), pour les métropoles et les territoires périurbains et ruraux concernés.
- La modernisation du réseau avec notamment la poursuite de l’électrification de la ligne 4 Paris-Troyes et l’augmentation de capacités électriques du réseau pour un montant total de 280 M€ auxquels s’ajoutent 35 M€ pour la résorption des passages à niveaux.
- Un important volet (240 M€) destiné à régénérer les lignes de dessertes fines du territoire pour le transport de voyageurs.
- La mise en accessibilité des gares aux personnes à mobilité réduite (PMR) pour un montant de 98 M€.
- Plus de 180 M€ consacrés à l’amélioration des performances des lignes fret et à la dynamisation des embranchements ferroviaires destinés aux activités industrielles.
Le fluvial n’est pas oublié
Ce volet mobilité n’oublie pas le transport fluvial. Près de 210 M€ sont en effet consacrés aux ports et au fluvial dans une région bénéficiant de plusieurs axes fluviaux de grand gabarit à vocation commerciale et de nombreux ports (sur le Rhin, la Moselle, la Seine et la Meuse), connectés aux grands ports maritimes. Ils sont essentiels dans l’essor du fret fluvial. Le réseau grand gabarit devrait profiter dans le futur (au-delà de 2030) de la construction enfin engagée du canal Seine-Escaut.
Les routes et le vélo
Au regard des besoins de mobilités quotidienne, le volet routier bénéficiera quant à lui d’une enveloppe de près de 330 M€ (16%), destinée aux axes structurants de déplacement (notamment sur les RN4, RN44 et A31bis), à des opérations déjà engagées (RN135) mais aussi à diverses études permettant d’anticiper les projets à venir.
Le vélo trouve pour la première fois sa place dans le CPER, avec un soutien aux projets de véloroutes inscrites au schéma national et régional.
Les engagements pris dans ce volet Mobilités 2023-2027 feront l’objet d’un suivi au travers d’indicateurs afin de s’assurer de l’impact effectif des investissements sur le report modal.
Des projets concrets sur le Rhin
En matière d’investissements dans le fluvial la Région met en avant quelques projets très concrets dont celui de Gambsheim sur le Rhin.
À cet endroit, les ambitions du contrat de plan État-Région revêtent un sens tout particulier. Le site fluvial, exploité par l’établissement public Voies navigables de France (VNF), illustre la portée concrète de ce volet Mobilités du CPER. Grâce au financement de l’État, de la Région et des fonds européens, ce site unique en France fait actuellement l’objet d’une modernisation d’envergure. Il a deux fonctions distinctes :
- Les écluses permettent le passage de 65 à 80 bateaux par jour et près de 15 Mt de marchandises par an. Il s’agit des plus grandes écluses de France (deuxièmes plus grandes d’Europe), avec deux SAS identiques de 270 mètres de longueur et 24 mètres de largeur. Datant de 1974 ces ouvrages nécessitent d’importants travaux de modernisation. La rénovation du premier SAS a été achevée en juin 2024 pour un montant total de 16,06 M€ dont près de 3,3 M€ financés par la Région. La rénovation du second SAS vient quant à elle de démarrer pour un montant de 16,2 M€, financés par l’État/VNF pour 13 M€ et par la Région Grand Est pour 3,2 M€.
- Sur le même site, le CARING (Centre d’alerte Rhénan d’informations nautiques de Gambsheim) est la tour de contrôle qui supervise 24h/24 et 7j/7 la navigation rhénane internationale sur l’ensemble du Rhin franco-allemand. Il assure un rôle crucial notamment dans l’annonce et le suivi des crues du Rhin, l’annoncé des conditions de navigation, de coordination en cas de pollution ou d’accident de navigation, ou encore de suivi des transports de matières dangereuses. Le regroupement dans un nouveau bâtiment unique du CARING, d’un poste de commande centralisé, permettant la supervision de la navigation et la gestion hydraulique sur différents canaux petit gabarit de l’Est de la France, et d’une partie des équipes de VNF, a démarré en 2024 et doit s’achever fin 2025. Son coût est de 5,5 M€, cofinancé par l’État/VNF pour 2,4 M€ et par la Région Grand Est à hauteur de 1,4 M€, auxquels il faut ajouter 1,7 M€ de subventions européennes. Cet investissement se justifie par le rôle majeur du CARING pour la navigation internationale.
Ces deux ouvrages s’inscrivent dans les objectifs du report modal et attestent concrètement de la volonté commune de l’État et de la Région Grand Est d’impulser une véritable dynamique en la matière.