En France – et en Alsace –, il n’y a pas que les grands investissements étrangers. Fussent-ils annoncés à grands renforts de tambours et trompettes. Il y a aussi les investissements des entreprises locales, qu’elles soient nationales ou alsaciennes, leur fonctionnement quotidien et leurs difficultés aussi. Ce sont elles, plus les investissements étrangers, qui constituent le bilan de santé de l’économie alsacienne.
42% des projets du Grand Est sont en Alsace
En Alsace, et depuis maintenant 75 ans (lire encadré), c’est à l’amélioration continue de ce bilan de santé que s’attèle l’ADIRA, Agence de développement d’Alsace. Là aussi, on a tendance à ne retenir que les grands coups d’éclat de quelques champions internationaux et nationaux, qui font la une des grands médias. Et il faut le reconnaitre : le résultat est plutôt flatteur. En 2024, 461 nouveaux projets d’entreprises, dont 235 ont été réalisés, ont été accompagnés par l’Agence de développement d’Alsace. Cela représente 4 milliards d’euros d’investissements et 4 304 emplois créés ou maintenus. C’est moins qu’en 2022 et 2023, qui avaient été des années exceptionnelles. « Dans ces chiffres, on ne compte que ce qui est concret, réalisé ou en cours, précise Vincent Froehlicher, directeur général de l’ADIRA. Par exemple, on a intégré le projet de Microsoft à Petit-Landau, qui pèse à lui seul 2 milliards d’euros d’investissement, mais pas encore la gigafactory de Bolloré, qui est encore à l’état d’étude. La France demeure le premier pôle d’investissements directs étrangers en Europe, le Grand Est est la troisième région, hors Île-de-France, et l’Alsace assure à elle seule 42% des projets et un tiers des emplois du Grand Est. »
Les investissements peuvent concerner l’extension de capacité industrielle ou logistique des entreprises, la modernisation des process, et de plus en plus la transition environnementale, qu’il s’agisse de la maîtrise de l’énergie ou de l’eau, de la gestion des déchets ou du recyclage, la digitalisation et l’amélioration des conditions de travail. Certaines entreprises réinternalisent des activités qui étaient jusqu’alors traitées par des sous-traitants, quelques relocalisations ont même été opérées. Auprès de ces entreprises en transformation, l’ADIRA peut intervenir en apporteur de solutions, en soutien de la Région Grand Est, et en partenariat avec des entreprises spécialisées.
« On se réjouit des 4 milliards d’euros d’investissements réalisés en Alsace, en 2024, mais ils ont en fait été décidé bien des années auparavant. C’est le passé, souligne Frank Becker, directeur général délégué de l’ADIRA. En fait on constate un réel changement de conjoncture depuis janvier 2024, qui pour beaucoup de grands comptes restera une années morose et de recul de l’activité et des résultats opérationnels. Sur les cinq premiers mois de 2025, nous avons ainsi enregistré 202 nouveaux projets. C’est moins qu’en 2024 ; mais, pour autant, on ne peut pas parler de panique. » Tout dépendra de la conjoncture des prochaines années. Et Laurent Riche, président de l’Agence souligne : « La conjoncture est chahutée pas les choix politiques nationaux et les tensions géopolitiques du moment. Elle est par ailleurs en prise directe avec les évolutions sociétales ou environnementales. »
Jamais sans les territoires
Mais l’ADIRA, ce n’est pas que la course aux investissements. C’est aussi un travail de fond plus discret, plus modeste, mais tout aussi fondamental. Ainsi en 2024, l’Agence de développement d’Alsace est intervenue auprès de 16 entreprises en difficulté, dont une dizaine ont dû être liquidées, d’autres reprises. Sur les 495 grands comptes gérés par l’Agence de développement d’Alsace, 439 ont par ailleurs été rencontrés au moins une fois durant l’année 2024. « Ils partagent avec nous leurs projets, leurs expériences et leurs difficultés », insiste le directeur général. Avec un leitmotiv : développer l’Alsace en économisant et en optimisant ses ressources.
L’Agence intervient aussi fortement aux côtés des territoires qui comptent d’ailleurs parmi ses contributeurs financiers : les 35 communautés de communes alsaciennes, Saint-Louis Agglomération, la Communauté d’Agglomération de Haguenau, Colmar Agglomération, Mulhouse Alsace Agglomération et l’Eurométropole de Strasbourg assurent 20% du financement de l’ADIRA. En 2024, l’ADIRA a accompagné 80 projets territoriaux : appui à la réflexion stratégique, notamment sur la question de la rareté foncière, création ou réhabilitation de zones d’activité ou de friches, implantations industrielles les plus sensibles, création ou animation de collectifs territoriaux d’entreprises… « Nous ne faisons jamais rien sans les élus du territoire, insiste Laurent Riche. C’est aux élus du territoire concerné par un projet de se positionner. Ce sont eux qui gèrent leur territoire et qui, donc, guident la manière dont nous allons accompagner le projet. »

L’ADIRA a 75 ans
L’ADIRA a été créée en 1950, cinq ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, pour dynamiser une Alsace en pleine reconstruction. Elle est une des premières agences de développement économique créées en France. Aujourd’hui l’ADIRA compte 35 salariés répartis entre son siège mulhousien et ses bureaux de Colmar et Strasbourg. « Nous sommes au service de l’économie et des territoires. »
Chaque année, l’Agence de développement d’Alsace intervient en moyenne auprès de 500 nouveaux, dont 250 sont réalisés, pour un investissement d’1 milliard d’euros et la création ou le maintien de 4 000 emplois.
L’ADIRA gère notamment la marque Alsace, qui rassemble aujourd’hui 12 000 entreprises partenaires. La marque compte 2,5 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux.