Le principal enseignement de l’étude menée par Allianz Trade, sur la sinistralité des entreprises dans le Grand Est, est une amélioration sensible au premier semestre 2025. Cela étant, il est vrai, après une forte hausse de +9% du nombre de défaillances d’entreprises en 2024. Et ce, dans un contexte national plutôt défavorable : même si l’on enregistre au 2e trimestre, dans le pays un repli du nombre de procédures collectives (-6%) par rapport au 1er trimestre 2025, la hausse demeure, par rapport au même trimestre 2024 (+3,5%) avec un mois d’avril particulièrement sinistré.
Des disparités selon les départements
En glissement annuel on observe une stabilisation des défaillances d’entreprises sur le plan régional : 1120 défaillances d’entreprises ont été enregistrées sur le 2e trimestre 2025, une donnée stable par rapport au 2e trimestre 2024, après une hausse de 9% sur l’ensemble de l’année. Comme pour 2024, ce bilan d’ensemble masque une forte hétérogénéité entre départements. Sur ce deuxième trimestre, près de la moitié des départements enregistre une augmentation des défaillances en comparaison du deuxième trimestre 2024. Dans l’ordre : l’Aube à +48%, la Moselle à +20%, le Bas-Rhin à +10% et les Vosges à +3%. L’autre moitié enregistre un repli : la Meuse à -46%, la Haute- Marne à -17%, la Meurthe-et-Moselle et le Haut-Rhin à -16% chacun et la Marne à -5%. Sur l’ensemble de l’année c’étaient les Ardennes, l’Aube et la Haute-Marne qui faisaient exception à la hausse observée sur le plan régional. Dans ce contexte, les départements qui se distinguent avec une hausse continue des défaillances en 2023, 2024 et au premier semestre 2025 sont le Bas-Rhin et la Moselle.
En nombre de défaillances sur le deuxième trimestre 2025, cinq départements représentent à eux seuls près de 80% des défaillances d’entreprises de la région Grand Est : le Bas-Rhin (270), la Moselle (219), le Haut-Rhin (148), la Meurthe-et-Moselle (130) et la Marne (106).
Sur les 12 derniers mois, les trois grands secteurs les plus touchés par les défaillances d’entreprises dans la région restent les services (32% des défaillances de la région), la construction (23%) et le commerce (22%). L’hébergement restauration arrive en 4e position avec 13%.
En France pas de repli
Au niveau national, 17 085 défaillances ont été enregistrées en France au 2e trimestre 2025 soit +3,5% par rapport au 2e trimestre 2024. Si le pic d’accélération des défaillances d’entreprises semble dépassé, la perspective d’un record de sinistralité reste de mise avec 67 500 faillites attendues en fin d’année 2025. Cette tendance traduit une normalisation attendue après les niveaux exceptionnellement bas de 2020/2021, ainsi qu’un retour des fondamentaux fragiles du risque de crédit, mettant à l’épreuve la résilience des entreprises déjà affectées par une succession de crises. En conséquence, le nombre de défaillances demeure proche des niveaux historiques.
« Les entreprises continuent de faire face à de nombreux défis, tels que la faiblesse du cycle conjoncturel, la fin et le remboursement des aides, la reprise des assignations par les services fiscaux et sociaux, ainsi que les incertitudes géopolitiques. De plus, la guerre commerciale initiée par les États-Unis pourrait entraîner un nombre de faillites supérieur à nos prévisions pour 2025 et 2026, estimées respectivement à 67 500 et 65 000 » explique Maxime Lemerle, responsable de la recherche défaillances chez Allianz Trade.
Les grandes entreprises pas épargnées
Initialement concentrée sur les plus petites entités, en termes de chiffre d’affaires (CA), la remontée des défaillances s’est diffusée à toutes les tailles d’entreprises avec des rebonds à deux chiffres pour toutes les tranches hautes de CA. À fin juin 2025, l’ensemble des entreprises défaillantes pour lesquelles des données financières sont disponibles, représentait encore des niveaux très élevés de chiffre d’affaires cumulé, atteignant 33,1 milliards d’euros, soit -3% sur un an, et des passifs fournisseurs s’élevant à 6,6 milliards d’euros soit +5%.
Les défaillances selon les secteurs
En France, la remontée des défaillances touche tous les secteurs, à l’exception du commerce de détail, qui demeure stable. Sur les 12 derniers mois, la dynamique haussière est marquée pour le transport/ entreposage (+16%), l’agriculture (+14%) et l’information/communication (+13%) en termes relatifs. En nombre, c’est la construction (+874 sur 12 mois), secteur le plus sinistré avec 21% des faillites, devant les services aux entreprises (+845), l’hébergement-restauration (+791) et les services aux particuliers (+638). Au regard des données historiques, les secteurs qui se distinguent avec un niveau de défaillance très élevé, sont le transport/entreposage (62% au-dessus de la moyenne 2010- 2019), l’information-communication (44%), le commerce automobile (38%) et l’immobilier/finance/assurance (26%). Le commerce de gros constitue la principale exception, avec un niveau de défaillance inférieur à 7%.
Vigilance des entreprises
À la fin juin 2025, les deux principaux types d’entrée en procédures collectives continuent de croître, en particulier les redressements judiciaires (+12% sur 12 mois). La procédure de sauvegarde reste limitée en nombre absolu (moins de 380 cas au 2e trimestre et 1500 cas sur les 12 derniers mois), représentant une part relative de 2,2%, avec une tendance au repli encore très modérée depuis fin 2024. La procédure de liquidation demeure la plus couramment utilisée, représentant 69% des cas sur 12 mois.
« L’environnement commercial a rarement été aussi complexe et volatil, les entreprises doivent impérativement rester vigilantes pour atténuer le risque de non-paiement. En cette période d’incertitude, la prévention et l’analyse du risque crédit deviennent incontournables, et l’assurance-crédit s’impose comme un outil puissant pour sécuriser les créances commerciales » rappelle Laurent Treilhes, président du comité exécutif d’Allianz Trade France.
En résumé si la stabilisation des défaillances d’entreprises est un fait dans le Grand Est, c’est loin d’être le cas dans l’ensemble du pays où un pic historique pourrait être atteint fin 2025.