C’est le document socle, déterminant. Il doit être adopté en décembre 2025. Il y est question de l’état des lieux sur les eaux superficielles et souterraines dont on connaît les premiers résultats. Il marque une étape fondamentale du nouveau cycle de gestion en établissant un diagnostic permettant de fixer les objectifs environnementaux et les actions concrètes pour les atteindre.
Des progrès notables…
Entre 2013 et 2025, la part des masses d’eau (cours d’eau et lacs) en bon état écologique est passée de 19% à 32%, soit une progression de plus de 10 points en douze ans. Le comité de bassin Rhin-Meuse a salué les progrès accomplis dans la réduction des polluants classiques grâce à l’efficacité des politiques publiques en matière d’assainissement, de réduction des engrais phosphorés ou encore d’interdiction des produits phosphatés dans les lessives.
Les indicateurs biologiques affichent eux aussi une progression, résultant des actions portées depuis plus de 25 ans en faveur de la restauration des cours d’eau. Des résultats encourageants sont également observés sur les nitrates et pesticides, lorsque les actions sont ambitieuses et coordonnées à l’image du programme SENS 2027, sur lequel nous reviendrons dans un prochain article, ou encore de la démarche Mad’in L’Eau Reine.
Prise en compte du changement climatique
Cependant les pressions sur les milieux aquatiques restent encore trop fortes et les substances toxiques demeurent un enjeu majeur. Le Comité de bassin appelle à renforcer les efforts, en mobilisant tous les leviers disponibles, et souligne la nécessité d’une cohérence entre les politiques publiques. Face au changement climatique, la prise en compte des principes du plan d’adaptation et d’atténuation du changement climatique pour les ressources en eau du bassin Rhin-Meuse est plus que jamais une priorité. L’intégration des résultats sera présentée et soumise au vote début décembre.
Traitement des PFAS dans l’eau : l’avis du conseil scientifique
Les substances per-et- polyfluoroalkylées (PFAS) sont utilisées depuis les années cinquante. Leur grande stabilité chimique, principalement due à la liaison carbone-fluor (C-F), confère aux PFAS, une grande résistance thermique et chimique, les rendant très difficilement dégradables. En raison de cette stabilité, les PFAS sont présentes dans les milieux aquatiques, terrestres ainsi que dans l’air : « Les techniques de traitement pour les réduire ou les éliminer dans les eaux destinées à la consommation humaine existent » conclut le Conseil scientifique du Comité de bassin dans son avis, complémentaire à celui déjà rendu sur le traitement des métabolites de pesticides en mars 2023.
Une conclusion assortie de plusieurs points d’attention :
- Les techniques actuellement disponibles permettent de réduire les PFAS dans les eaux destinées à la consommation humaine sous la réserve de plusieurs étapes de traitement devant être dimensionnées et validées par rapport à la qualité de l’eau ;
- Le traitement et l’élimination des déchets issus de ces technologies vont impacter le coût d’exploitation énergétique ;
- L’installation de ces technologies et leur maintenance vont engendrer un coût supplémentaire qui va impacter très significativement la facture des consommateurs ;
- Ces adaptations de filières de traitement existantes doivent se réaliser dans le cadre d’une réflexion globale de traitement des micropolluants et non au cas par cas.
Enfin le « conseil scientifique insiste pour que les mesures curatives, comme celle du traitement des eaux destinées à la consommation humaine, s’intègrent dans un plan national et régional d’actions de réduction des sources de PFAS et d’autres contaminants chimiques permettant de diminuer les différentes expositions pour l’homme et les écosystèmes. »
Massif vosgien : plan d’adaptation au changement climatique
Les membres du Comité de bassin ont pris connaissance des axes du plan d’adaptation au changement climatique pour le massif vosgien. Dès 2019, le Comité de bassin avait souhaité « dégager des pistes concrètes d’actions sur le volet eau/biodiversité pour enrichir le futur plan interrégional pour le massif des Vosges. » Selon Patricia Andriot, commissaire du Massif « les enjeux eau sont très importants. Il y a une vraie fragilité constatée sur le massif vosgien avec l’affaiblissement des réserves en eau. C’est pourquoi cette priorité relève du deuxième axe du plan, intitulé paysages et ressources naturelles, au fondement de l’écosystème territorial. »
Coopération internationale
Le Comité de bassin a validé la stratégie de coopération internationale face au changement climatique, des agences de l’eau, marquant ainsi son appui à la poursuite d’une action solidaire. Cette stratégie repose sur des principes forts parmi lesquels l’objectif d’atteinte du 1% du budget dédié aux actions de coopération, la poursuite des coopérations institutionnelles, ou encore les partenariats au titre de l’aide publique au développement.
Les 5 axes de travail du Parlement des jeunes pour l’eau
Cinq représentants du Parlement des jeunes pour l’eau, installé en novembre 2024, ont présenté les 5 axes de travail pour les mois à venir :
- Représenter la voix des jeunes et être une chambre d’échos pour les autres jeunes ;
- Dialoguer, échanger et débattre autour des enjeux de l’eau ;
- Apporter un regard neuf sur la politique de l’eau et être force de proposition, communiquer ;
- Rendre visible et valoriser l’engagement des jeunes pour l’eau ;
- Définir le fonctionnement interne du Parlement des jeunes pour l’eau pour une bonne mise en œuvre de la feuille de route et en assurer le suivi.
Audrey Bardot, la présidente du Comité de bassin a donné rendez-vous pour la prochaine réunion du Comité de bassin élargi le 10 octobre prochain.
Voir aussi www.eau-rhin-meuse.fr
Agence de l’eau - PFAS à Saint-Louis Agglomération : une aide exceptionnelle
Entre urgence sanitaire, restauration écologique et pilotage budgétaire, le conseil d’administration de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse, réuni à Strasbourg, a validé une aide exceptionnelle dérogatoire pour sécuriser l’alimentation en eau potable à Saint-Louis Agglomération dans le Haut-Rhin.
Face à une situation sanitaire urgente liée à la présence de substances per-et-polyfluoroalkylées (PFAS) dans l’eau potable de 11 communes de Saint-Louis Agglomération (68), le conseil d’administration de l’Agence de l’eau a débattu de la possibilité d’un soutien financier exceptionnel pour accompagner la mise en oeuvre d’une solution de traitement pérenne. Les analyses menées en 2023 ont révélé des concentrations de PFAS supérieures aux seuils réglementaires, affectant l’alimentation en eau de près de 60 000 habitants. Cette pollution est dûe à l’usage historique de mousses anti-incendie sur la plateforme aéroportuaire de Bâle-Mulhouse. Un débat riche a eu lieu à l’issue de l’exposé des motifs. Les membres du conseil d’administration ont en particulier exprimé leurs interrogations, notamment sur la possibilité d’une interconnexion avec le réseau suisse ou sur l’équité de la décision au regard d’autres situations pour lesquelles les aides curatives sont exclues. D’autres administrateurs ont tenu à souligner le caractère très encadré de la démarche proposée qui implique à la fois l’industriel responsable et la collectivité, cette dernière étant invitée à engager une réflexion à plus long terme sur son schéma d’alimentation en eau potable.
Une subvention exceptionnelle de 1,5 M€
Jacques Witkowski, président du conseil d’administration et préfet de la Région Grand Est, a répondu à chacune des questions en apportant des précisions, en soulignant l’importance de poursuivre les investigations en termes de connaissance « du panache de pollution ». Il a indiqué par ailleurs, que la préfecture sera solidaire et interviendra dans le financement du projet à hauteur de 500 000 €.
À l’issue du débat, le conseil d’administration a validé le principe d’une subvention exceptionnelle d’un montant maximum de 1,5 M€, destinée à cofinancer les équipements de traitement à charbon actif, nécessaires à la sécurisation durable de l’eau potable.
Cette aide est conditionnée :
- Au dépôt d’un dossier de demande d’aide par la collectivité ;
- À l’engagement d’un ajustement modéré du prix de l’eau ;
- Au respect des engagements financiers des autres partenaires, notamment l’exploitant de la zone aéroportuaire, qui prendra en charge jusqu’à 10 millions d’euros.
Ce soutien financier vise à permettre un démarrage rapide des travaux dans l’intérêt des habitants et de la santé publique.
Festons du Rhin : un fonds de concours prévisionnel
Dans le cadre du programme européen Interreg Rhinaissance 2.0, visant à restaurer la continuité écologique du Rhin, le conseil d’administration a approuvé un fonds de concours pour soutenir la réalisation de passes à poissons sur les festons du Rhin. Ce projet, d’une importance écologique majeure, répond à un engagement international de la France. Malgré un financement initial structuré autour des fonds Interreg, de l’État français et du Land du Bade-Wurtemberg, des contraintes techniques ont entraîné une hausse des coûts. Afin de garantir la poursuite du projet et sécuriser son financement, l’agence de l’eau Rhin-Meuse a été sollicitée pour compléter l’enveloppe budgétaire à hauteur de 600 000 euros.
12e Programme : une dynamique budgétaire
Les membres du conseil d’administration ont été informés de l’exécution budgétaire 6 mois après le lancement du 12e programme. Le niveau d’engagement financier des aides est satisfaisant, comme celui de leur paiement. Un premier budget rectificatif a été présenté et adopté. Il intègre plusieurs ajustements liés à la masse salariale, à la contribution finale à l’Office français de la biodiversité, et un prélèvement sur ressources de 5,4 M€.
Prochaine réunion du conseil d’administration de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse le 9 octobre 2025
Ressource en eau : 8e édition de l’AMI
Depuis 2017, la Région Grand Est et les Agences de l’Eau Rhin-Meuse, Rhône-Méditerranée-Corse et Seine-Normandie coopèrent pour soutenir les initiatives agricoles respectueuses de la ressource en eau. Ils viennent de lancer la 8e édition de l’Appel à manifestation (AMI) « Soutien aux filières favorables à la protection de la ressource en eau. »
Cette action vise à encourager des systèmes agricoles à Bas niveau d’impact (BNI), innovants, économiquement viables et respectueux de la ressource en eau. Elle s’inscrit dans une politique régionale globale de développement économique, de soutien aux produits sous signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO) et de valorisation de filières compétitives.
Encourager des projets structurants
L’objectif de l’AMI est de faire émerger ou de consolider des filières agricoles et agroalimentaires autour de matières premières durables, en mobilisant l’ensemble des maillons de la chaîne, de la production à la transformation, et en intégrant les leviers d’innovation.
L’attention est portée particulièrement sur :
- Les systèmes herbagers
- L’agriculture biologique
- Les cultures sans intrants : luzerne, miscanthus, taillis à très courte rotation etc.
Cet AMI s’adresse aux collectivités, organismes de développement agricole, collectifs d’agriculteurs, associations ou syndicats, coopératives, négoces, industries agroalimentaires, transformateurs (première et seconde transformation), fabricants d’ingrédients, acteurs de la bioéconomie, centres techniques et de recherche, distributeurs.
Une démarche éprouvée
Entre 2018 et 2023, 119 projets ont été accompagnés, impliquant 245 structures. Fort de ce succès, la Région et les Agences de l’eau poursuivent leur action en 2025 avec un soutien renforcé aux acteurs des territoires concernés.
Les maîtres d’ouvrages publics et privés intéressés par cet AMI peuvent déposer leur candidature jusqu’au 31 octobre 2025 par mail via l’adresse : amifilieres@grandest.fr
Pour découvrir les projets financés dans le cadre de cet AMI lors des éditions précédentes : Plateforme DEAUMIN’EAU Grand Est.