En entreprise comme sur un terrain de sport, la réussite repose sur l’engagement, la motivation et la cohésion des équipes. C’est autour de cette conviction qu’Harmonie Mutuelle, en partenariat avec la CPME de Meurthe-et-Moselle, a organisé une conférence à Nancy. Le triple champion de France, champion d’Europe, vice-champion olympique de basket, Cyril Julian est venu partager son expérience et échanger avec les chefs d’entreprises, sur les bénéfices concrets de l’activité physique dans le monde professionnel. Le témoignage de cet athlète, longtemps figure de proue du SLUC Nancy et de l’équipe de France, était riche de son retour d’expérience. Il a su mettre en perspective cette expérience avec le monde de l’entreprise. Les participants ont ainsi découvert comment les valeurs sportives – esprit d’équipe, engagement, discipline – peuvent devenir de puissants leviers pour améliorer la qualité de vie au travail, renforcer la cohésion des équipes et stimuler la performance économique.
Améliorer le bien-être
Cyril Julian : « En sport comme en entreprise, avancer ensemble vers un objectif commun et se soutenir face aux défis est la clé de la réussite. L’activité physique est un formidable levier pour renforcer la cohésion, stimuler la motivation et améliorer le bien-être au travail. J’ai à cœur de transmettre ces valeurs qui m’ont guidé tout au long de ma carrière, afin qu’elles inspirent aussi bien sur le terrain que dans la vie professionnelle et personnelle. »
Faire bouger l’entreprise
Les chiffres sont parlants : d’après le baromètre du Sport en entreprise 2024 – Grand Est, mené par Harmonie Mutuelle et ASO, la pratique d’une activité physique au travail agit directement sur le bien-être des salariés. D’ailleurs 82% d’entre eux constatent un impact positif sur leur santé physique et 59% sur leur équilibre mental. Pourtant, dans de nombreuses structures, l’offre sportive reste inexistante, et plus d’un collaborateur sur deux souhaiterait que cette situation change.
Nathalie Vignier, directrice d’Harmonie Mutuelle Grand Est : « En tant qu’entreprise à mission, Harmonie Mutuelle accompagne les entreprises pour favoriser la prévention en intégrant l’activité physique dans le quotidien de leurs collaborateurs. Un salarié en bonne santé est un salarié plus épanoui et plus performant, au bénéfice de la structure. À travers notre mouvement d’Eco-Santé, nous agissons plus tôt, plus vite, autrement pour préserver la santé de chacun et avoir un impact positif sur les territoires. Nous avons pour ambitions de créer des environnements de travail plus sains, plus motivants, plus durables (…) »
Nathalie Vignier : « Le sport en entreprise : le mouvement démarre et s’accélère »
- Que dit votre enquête sur le sport en entreprise ?
- Nathalie Vignier : « À partir de ce baromètre sur lequel nous avons interrogé à la fois des salariés et des dirigeants, cela avait du sens pour Harmonie Mutuelle de parler de sport en entreprise. Notre vocation est de travailler sur la prévention santé, et le sport est un excellent outil de prévention santé. Le mouvement Eco-santé que nous avons initié en novembre 2024 pour travailler sur des solutions collectives, durables, aux défis de santé d’aujourd’hui, avec pour objectif d’embarquer l’ensemble de notre écosystème. Les trois piliers de notre action : agir tôt en renforçant la prévention au quotidien, agir plus vite pour faciliter l’accès rapide aux soins et puis agir autrement pour privilégier des solutions qui ont un impact positif sur l’environnement. »
- Que contient le pilier prévention ?
- N.V. : « Dans le volet agir plus tôt, il y a la prévention. Le sport en entreprise entre parfaitement dans ce cadre. La pratique du sport en entreprise génère des bienfaits importants pour le collaborateur et pour l’entreprise. En améliorant le bien-être du salarié, cela permet à l’entreprise d’avoir des collaborateurs plus engagés, plus performants. Des études menées avec le Medef et le CIO, le comité olympique français, le prouvent : quand on pratique régulièrement du sport on peut réduire l’absentéisme jusqu’à 30% et augmenter la productivité des collaborateurs de 2,5 à 9%. Le sport en entreprise est un moyen de travailler sur la santé physique et mentale du collaborateur, et ainsi d’améliorer la performance de l’entreprise en renforçant la cohésion d’équipe, améliorer le climat social. »
« Les salariés plébiscitent le sport en entreprise »
- Quelle entreprise a aujourd’hui les moyens de créer un environnement propice à pratiquer du sport ?
- N.V. : « Dans notre baromètre l’objectif était de voir comment était ressentie cette idée de sport en entreprise, tant chez le salarié que l’entrepreneur. Les salariés plébiscitent le sport en entreprise : 91% d’entre eux estiment que le sport en entreprise est synonyme de bien-être, 83% disent que ça réduit leur stress, 82% que le sport permet d’être en bonne condition physique. Pour autant 28% des salariés du Grand Est ne pratiquent aucune activité physique, pour deux raisons principales : le manque de motivation et le manque de temps. Cette activité physique est associée à une forte sédentarité, le fait d’être assis plus de 7 à 8 heures par jour au bureau. C’est un problème de santé physique de plus en plus prégnant, car de plus en plus de personnes adoptent un mode de vie sédentaire, ce qui a des conséquences sur la santé physique et sur la santé mentale. On connaît l’augmentation des risques d’obésité, de maladies cardio-vasculaires et de diabète. »
- Qu’en disent les dirigeants ?
- N.V. : « Dans le Grand Est, 34% des dirigeants disent que mettre en place une offre de sport est indispensable ou prioritaire. Une vraie prise de conscience, qu’il faut passer à l’action. Dans ceux qu’ils l’ont fait, 97% disent que cette initiative a été très bien accueillie par les collaborateurs. 76% des chefs d’entreprise disent que le sport contribue à l’amélioration de la santé de leurs salariés, 68% nous disent que le sport renforce l’esprit d’équipe. On voit bien l’impact sur l’entreprise. »
« Il y a des freins dans les entreprises »
- Mais vont-ils mettre en place la pratique du sport dans leur entreprise ?
- N.V. : « Pour autant, il y a des freins chez les dirigeants. Il y a un décalage entre la volonté de mettre en place une offre de sport et le passage à l’action. Les freins principaux sont, pour 63% d’entre eux, le manque de financement et les contraintes organisationnelles, pour 44% d’entre eux, qui estiment que c’est compliqué pour eux par manque de temps, manque de ressources. Il faut un certain nombre de conditions pour proposer une offre de sport en entreprise, mais moins qu’on l’imagine. »
- Est-ce que cela a évolué ?
- N.V. : « Il y a eu une évolution en 2021 : le fait pour une entreprise de proposer une activité à ses salariés n’est plus considéré comme un avantage en nature, et donc elles sont exonérées de charges. On peut désormais considérer le sport en entreprise comme un investissement et plus seulement comme une dépense. Sur le plan financier, cela dépend de ce qu’on fait. Si vous organisez une pause méridienne, une marche nordique, une balade digestive avec les collaborateurs, les coûts peuvent être légers. On n’est alors pas sur des dispositifs très onéreux qui vont arrêter les entreprises. Et vous aurez les effets en termes de bien-être et de cohésion d’équipe, si vous en faites un rendez-vous régulier. »
- Vous connaissez des entreprises qui l’ont mis en place ?
- N.V. : « Chez Harmonie Mutuelle, nous avons mis en place tous les lundis la marche nordique. Une trentaine de collaborateurs à Laxou y participe, par tous les temps, à l’heure du déjeuner. Ils tissent au passage des liens avec d’autres collaborateurs qu’ils n’auraient jamais croisés dans l’entreprise.
« Créer une émulation, donner envie »
- Mais le temps consacré n’est pas pris sur le temps de travail ?
- N.V. : « De manière générale, ce sont des activités faites en dehors des heures de travail. Mais, proposées sur la pause méridienne, ou à 17 h, c’est très pratique pour les collaborateurs qui n’auront pas le temps une fois rentrés chez eux de ressortir pratiquer du sport. Le fait de la proposer dans le cadre de l’entreprise rend un service au salarié. »
- Cette activité est quotidienne ou hebdomadaire ?
- N.V : « Chez nous Harmonie Mutuelle c’est une fois par semaine. C’est chaque entreprise qui va décider d’aller plus ou moins loin. Après il y a les contraintes organisationnelles qui parfois freinent les entreprises. On propose aux chefs d’entreprise de sonder leurs collaborateurs pour savoir ce qu’ils ont envie de faire, de manière à leur proposer des activités qui correspondent à leurs souhaits. Une des clés de réussite, est que le dirigeant soit complètement investi et incarne ce sujet. Nous avons la chance d’avoir une dirigeante chez Harmonie Mutuelle, ancienne sportive de haut niveau, qui impulse une dynamique particulière. Il y a donc l’exemplarité de la direction. On demande aux dirigeants de mettre en place des ambassadeurs, qui vont se faire le relais, entraîner les autres, créer une émulation, et donner envie à ceux qui hésitent à s’embarquer. Et de choisir plutôt des sports fédérateurs, accessibles pour tout le monde. »
« Passer des messages de prévention »
- Vous avez des exemples réussis de pratique du sport en entreprise ?
- N.V. : « Je partage l’exemple d’un cabinet d’expertise-comptable de Metz de 70 salariés. Ils avaient une salle d’archives papier qui ne leur était plus utile. Les dirigeants avaient envie de proposer à leurs collaborateurs une salle de sport. Nous les avons accompagnés sur le plan juridique, avec la FFSE, la fédération française du sport en entreprise, parce que lorsqu’on crée une salle de sports en entreprise, il y a des normes à respecter, en matière de sécurité notamment. Ils ont installé quelques machines : tapis de course, vélo elliptique. On a formé l’ensemble des collaborateurs à l’utilisation de ces machines. L’entreprise a ensuite mis en place des heures de sport en présentiel, à raison d’abord de 2 heures par semaine, aujourd’hui 4 heures, soit au moment de la pause de midi, soit le soir. Toutes les entreprises n’ont pas les moyens de créer une salle de sports. Mais d’autres peuvent choisir l’événementiel, en organisant des olympiades pour renforcer la cohésion de leurs équipes. On peut aussi stimuler l’envie de pratiquer du sport par de petits gestes, des stickers sur l’escalier qui vous donnent le nombre de calories dépensées en prenant les marches. Ou encore le temps que vous avez mis à passer d’un bâtiment à un autre. Des choses qui ne sont pas forcément lourdes, mais qui favorisent la pédagogie, qui permettent de passer des messages de prévention santé en douceur. »
- Mais le taux des entreprises qui le font reste confidentiel ?
- N.V. : « Aujourd’hui, cela reste des entreprises avant-gardistes. Bon ça démarre. J’observe cependant une accélération du phénomène. En général aujourd’hui le chef d’entreprise a des problèmes d’attractivité, de recrutement, d’absentéisme et d’engagement de ses collaborateurs. Ces entreprises prennent conscience qu’il faut proposer autre chose pour attirer les talents, avec des collaborateurs attachés à leur qualité de vie au travail. De plus en plus d’entreprises nous sollicitent parce qu’elles sont conscientes qu’il faut qu’elles s’adaptent aux attentes des collaborateurs, dont celle de prendre soin de leur santé. C’est en train de se développer. »
