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Grand Est Paru le 09 décembre 2025
I2L

L’Institut en innovation logistique forme aux nouveaux métiers de la filière

Metz accueille une nouvelle école d’ingénieurs : l’I2L ou l’Institut en innovation logistique. Elle a été inaugurée fin septembre en présence des nombreuses entreprises partenaires. Une école orientée vers la data et l’IA et qui devrait répondre aux besoins de la filière logistique.

L’inauguration avec le coupé de ruban en présence du maire François Grosdidier et le directeur Nidhal Rezg.

Elle accueillait déjà des étudiants en bachelor (bac+3) depuis 2023, et venait d’être accréditée en novembre 2024 pour délivrer un diplôme d’ingénieur en innovation et logistique. La première promotion comptera une quinzaine d’étudiants dans le cycle préparatoire et en accueille 25 nouveaux lors de cette rentrée 2025. L’I2L vient d’être enfin officiellement inaugurée. « Une journée historique » selon le maire président de l’Eurométropole de Metz, François Grosdidier, car Metz n’a plus ouvert d’écoles d’ingénieurs depuis 30 ans. L’I2L arbore joliment ses beaux bâtiments autour d’un carrefour du technopôle, à deux pas d’une autre école d’ingénieurs, l’ENIM (École nationale d’ingénieurs de Metz) à une encâblure du parc des expositions. La création de cette école tient aussi pour beaucoup à la persévérance d’un homme, Nidhal Rezg, professeur à l’Université de Lorraine où il dirige le LGIPM, laboratoire de génie informatique de production et de maintenance, qui l’a mené tout droit vers le monde de la logistique. Pas n’importe lequel, celui d’une logistique 5.0. Celle des technologies du futur. Elle est la deuxième école d’ingénieurs dédiée à la logistique après celle du Havre créée en 1994. « J’ai lancé ce projet en juin 2022 quand j’ai déposé les dossiers. Je suis spécialisé dans l’optimisation des opérations, dans la logistique c’est un de mes domaines. Les au­torisations sont venues, une commission des titres d’ingénieur (ndlr : le CTI) pour la délivrance du diplôme est venue l’expertiser et nous a donné son accréditation le 13 novembre 2024 » explique le directeur.

Des partenaires de haut vol

Il suffit pour s’en convaincre de traverser les couloirs de l’établissement, de passer la tête dans des salles, de surplomber des halles, ils abritent des engins venus d’ailleurs, des équipements haut de gamme qui sont dédiés à cette logistique des datas et de l’Intelligence artificielle. Et de s’arrêter à l’accueil, devant un mur représentant les signatures des partenaires de l’établissement. D’où la présence de ces 17 entreprises partenaires, et non des moindres, parmi lesquelles des pointures comme Dassault Systèmes (6 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 25 000 employés), Amazon bien sûr présent avec son site de distri­bution d’Augny, Transalliance dans les métiers du transport et de la logistique, FM Logistic, de plus modestes aussi comme Virtuo présente à Ennery. « Ils étaient à mes côtés dès le début, ils m’ont accompagné » assure le directeur, tout heureux et fier de pouvoir poser pour une photo devant ce mur de partenaires. De fait, ce 30 septembre était un peu sa journée à lui, tant ce projet lui tenait à cœur. Il a du reste partagé avec émotion ce moment avec toute sa famille présente à la célébration inaugurale.

Doubler le nombre de diplômés

De fait, Nidhal Rezg n’a fait qu’anticiper en se lançant dans ce projet qu’il qualifie lui-même « d’un peu fou ». Il est parti d’un constat alarmant : la France forme trop peu d’ingénieurs spécialisés en lo­gistique, environ 1000 par an, alors que les enjeux liés à la transition écologique, à la digitalisation et à la résilience des chaînes d’approvi­sionnement deviennent cruciaux. Du reste une étude de l’Association pour le développement de la formation professionnelle Transport et Logistique a alerté sur la nécessité de doubler le nombre de diplômés en logistique d’ici 2030. 

En expert en logistique, l’actuel directeur de l’école, a porté une vision ambitieuse : créer une école d’ingénieurs capable de former des profils rares, à la fois scientifiques et innovateurs, opérationnels et stratèges. L’objectif est clair : concevoir les Supply Chain de demain, résilientes, bas carbone, connectées et circulaires.

La dimension de la transition écologique

Pensée comme une réponse concrète à la pénurie de talents, l’I2L déploie une formation en logistique 5.0 unique en Europe, à la croisée de l’IA, de la robotique, du Big Data, du génie des procédés et de l’économie circulaire. Elle incarne une nouvelle génération de management et d’optimisation des opérations où la donnée, l’IA, la robotique et la durabilité s’articulent pour façonner des chaînes d’approvisionnement plus résilientes et pleinement respectueuses de l’environnement. Nidhal Rezg a su intégrer d’emblée à son projet la dimension de la transition écologique.

Dans le cadre de France 2030

L’I2L est la 206e école d’ingénieurs de France. Et qu’elle soit dédiée à la filière logistique n’est pas un hasard. Dès 2023, dans le cadre de l’appel à projet « France 2030 », le comité de sélection régional de l’appel à projet « Ingénierie de formation professionnelle » du volet régional de France 2030, financé à parité par l’État et la Région Grand Est et opéré par la Banque des territoires/Caisse des Dépôts et consignations, avait décidé de soutenir ce projet I2L par l’octroi d’une subvention de 600 000 euros destinée à la conception d’une formation innovante en ingénierie logistique pour un coût global estimé à 1,2M€. Et déjà l’innovation était au coeur du projet du chercheur messin. Il avait de suite envisagé de construire des parcours de formation intégrant les dernières avancées en intelligence artificielle et science des données afin d’optimiser les flux logistiques, réduire les coûts et l’empreinte environnementale.

Un campus dernier cri

Installé sur 4300 m2 neufs et modulables, le campus bénéficie de :

- Deux plateformes robotisées et un digital lab.

- Une salle immersive pour jumeaux numériques.

- Un entrepôt pédagogique équipé de drones et de robots DEXORY.

- Des infrastructures éco-responsables (panneaux photovoltaïques, chauffage urbain).

Le projet de l’I2L s’appuie sur un écosystème de partenaires industriels, académiques et institutionnels.

Un projet global à 14 M€

Nous avons pu rencontrer Nidhal Rezg alors qu’une chaîne de télévision nationale était sur place pour réaliser un reportage. Côté financement, il a pu bénéficier de subventions des collectivités : 900 000 euros de la Région Grand Est, 500 000 euros du Département de la Moselle, et 3,4 M€ de l’Eurométropole de Metz. « Des aides qui nous permettent de rembourser le crédit pour les locaux qui nous appartiennent » assure le directeur. Le statut juridique de l’école étant une association sans but lucratif, il est allé chercher des industriels. « Le projet global de l’I2L atteint 14 M€. On y arrivera » lâche Nidhal Rezg. Dans le lot, pas moins de 2 M€ ont servi rien que pour l’acquisition des équipements de pointe, que les invités à l’inauguration ont pu voir en action. Ainsi les drones et les robots qui, selon Nidhal Rezg, vont changer la vie des grands commerces au moment de faire leur inventaire : « Le robot va scanner tout l’entrepôt. Cela peut fonctionner soit par robot mobile, soit par drone. Et ça prend beaucoup moins de temps qu’auparavant.

En deux heures vous pouvez faire votre inventaire et l’envoyer à votre commissaire aux comptes » précise l’expert en logistique.

109 étudiants aujourd’hui

« Cette année, on démarre le cycle ingénieur. On a fait rentrer 14 étu­diants en première année et 11 en troisième année. On a 25 étudiants en cycle ingénieur. Toutes les formations confondues, nous avons 109 étudiants. Pour l’encadrement nous avons 6 enseignants-chercheurs. » Nidhal Rezg confirme qu’à terme l’institut accueillera environ 250 élèves ingénieurs, sur le cursus de 5 ans, encadrés par une quinzaine d’en­seignants et d’enseignants-chercheurs permanents, avec un volant de vacataires venus de l’industrie.

Un métier sous tension

Et les ingénieurs diplômés à la sortie ne devraient pas avoir de difficultés pour trouver un emploi. « Il faut rappeler que le métier de logisticien est sous tension actuellement. Tous les ingénieurs qui sortent en génie mécanique, électronique, chimique, font une reconversion dans la logistique, c’est là où il y a le travail » poursuit le directeur. Il n’oublie pas de rappeler que son école est dans une logique d’économie cir­culaire. « La logistique du retour, de ce qu’on fait d’un produit en fin de vie. On apprend à nos étudiants, le génie des matériaux, le génie des procédés, pour qu’ils sachent quelles solutions utilisées pour récupérer, réutiliser un produit. »

Il relève qu’aujourd’hui les grandes entreprises de logistique ont besoin d’innovation. « Elles ont besoin de solutions logistiques innovantes car elles travaillent avec zéro délai, des colis sans erreur. Il s’agit d’automatiser le maximum d’opérations, de disposer d’entrepôts bas carbone. » Il explique que de nouveaux logiciels vont aider à gérer une flotte de camions, en tenant compte de de leur carburant : fossile ou électrique, avec l’objectif de minimiser la consommation d’énergie fossile. « La logistique doit se développer dans le développement durable. » Et l’humain dans tout ça ? « Il sera toujours présent pour contrôler tout ça ! » conclut, très optimiste, l’enseignant-chercheur.

Pour plus d’informations : www.institut-innovation-logistique.fr

Bernard KRATZ