Interview Paru le 05 août 2022
FRANK JOB, NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA FNAIM 57

«L’immobilier est une profession d’avenir »

Il est le nouveau président de la FNAIM de la Moselle. Il partage ce début de mandat avec son prédécesseur Cédric Lavaud, lequel a été élu président de l’Amepi France, il y a un an. Dans une interview aux Affiches d’Alsace et de Lorraine, il se présente et porte un regard sur l’immobilier en Moselle.

Frank Job, président de la FNAIM de Moselle craint un retournement du marché immobilier à la rentrée.

- Avez-vous toujours été dans l’immobilier ?

- Frank Job : « Je suis Messin. Natif de la ville en 1972. Je suis diplômé dans l’immobilier, par mes études à l’I.C.H., l’Institut de la construction et de l’habitat du CNAM, le conservatoire national des Arts et métiers, en 1995. J’ai travaillé dans le cabinet immobilier de mon père Maurice Job Immeubles, avenue de Nancy à Metz, un établissement qui aura 45 ans l’an prochain. La particularité du cabinet de mon père était sa spécialisation dans l’immobilier rural, une activité de niche très développée à une certaine époque. Le rural, la vente de fermes ou d’immobilier de la campagne représentait jusqu’à 70% de l’activité du cabinet. Aujourd’hui elle est retombée autour de 30%. Le rural est plus ou moins devenu l’apanage de la SAFER qui s’occupe beaucoup du foncier dans les campagnes. Le métier et le cabinet que j’ai repris, s’est naturellement développé dans l’urbain. »

- Vous êtes membre de la FNAIM depuis quand ?

- F.J. : « J’en suis membre adhérent depuis une dizaine d’années. J’ai fait partie assez rapidement du bureau de la FNAIM 57. J’ai été élu lors de l’assemblée générale de mars dernier. Cédric Lavaud, le président sortant assure la transition jusqu’au 22 septembre, date des Assises de l’immobilier à l’Arsenal de Metz. Être à la FNAIM c’est appartenir et partager les avantages d’un réseau, de bénéficier de contacts et d’échanges, un peu comme l’Amepi permet la mise en commun des mandats exclusifs. Cela fédère les professionnels de l’immobilier. Sans pour autant exclure toute concurrence entre les agences immobilières. »

Pas de fermeture d’agences pendant la crise

- Qu’a changé la crise sanitaire pour la profession ?

- F.J. : « Pour notre métier, les agences ont continué à travailler, même si ce n’était pas en présentiel. Globalement elles ont limité la casse, si l’on ose dire. Nous n’avons pas enregistré de fermetures d’agences. Mais après la crise, la demande a fortement évolué. On a enregistré une dynamique de cette demande sur le mode du bien vivre chez soi. C’était le révélateur du confinement. Il a poussé les gens à réinventer leur chez soi. Il y a eu une demande d’achat, de location, de maison avec jardin. Une demande de biens qui a généré une augmentation de prix de 15 à 20% sur des biens d’exception qui offraient une ouverture sur l’extérieur. On a pu constater un changement positif dans la démarche de la clientèle. Les gens ont voulu changer de logement, d’appartement. Il y a eu une demande sur le marché locatif même si l’offre est restée faible. »

« La hausse des taux d’intérêt va changer la donne »

- Qu’en est-il du marché immobilier en Moselle ?

- F.J. : « Dans l’ancien ça va. Il y a une offre et une demande de biens de qualité. Pour l’ancien nous avons actuellement plus de demandes que d’offres. Il y a toujours en la matière une tension du marché, mais cela peut évoluer dans quelque temps avec la hausse des taux d’intérêt qui va changer la donne. Pour le neuf c’est plus complexe. Les prix ne baissent pas, les promoteurs sont obligés de s’adapter au marché. Si on est trop chers, on ne vend pas. Il n’y a plus de spéculation dans le neuf, en raison d’une offre qui reste assez importante. On a pu constater par ailleurs, la venue d’investisseurs strasbourgeois sur Metz, intéressés par le rendement locatif de certains logements à Metz, où la différence entre le prix auquel on achète un bien et le montant de loyer que l’on peut en tirer, reste intéressante. »

- Que va changer cette augmentation des taux d’intérêt ?

- F.J. : « Cela provoque déjà une stabilisation des prix. On n’est plus dans la hausse post-Covid, période qui a vu des hausses de 15% en moyenne. Il est fort probable qu’on ait un revers à la rentrée, avec le début d’une baisse des prix, au demeurant logique, s’il y a moins d’acquéreurs. C’est la règle économique de l’offre et de la demande. C’est un phénomène général. Avec une demande moins importante, l’offre devra s’adapter. »

« La réglementation est un frein pour les transactions… »

- Est-ce une bonne nouvelle ou pas pour le marché immobilier ?

- F.J. : « Pour les acquéreurs à l’évidence. Mais, au jour d’aujourd’hui vaut mieux être vendeur qu’acheteur. Dans six mois je ne le dirai plus, le marché va changer. En raison des taux d’intérêt, de l’inflation, celui qui va vendre sera bien content de trouver un acquéreur. Aujourd’hui il y a encore une facilité de vendre. En se projetant, c’est la difficulté d’obtenir un taux intéressant, d’obtenir même un prêt qui va faire changer le marché. Attention à la rentrée. Il y aura une tension sur certains biens. En clair, les biens difficiles à vendre vont l’être encore davantage. À partir de fin août, il va y avoir pour les biens qui vont avoir une forte consommation énergétique, un gel des loyers. Cela rendra plus compliqué la vente de biens des années soixante, soixante-dix, pour des immeubles imposant beaucoup de travaux. »

- La réglementation constitue-t-elle un frein pour le marché immobilier ? Cela crée-t-il une incertitude ?

- F.J. : « À l’arrivée, cela fait beaucoup de faisceaux qui me rendent sceptique. Une incertitude ? Ce n’est pas vraiment le mot, je dirai plutôt que ça va générer un ralentissement, faute de visibilité. Il y a l’obligation de réaliser un diagnostic énergétique, la réglementation va constituer un véritable frein pour les transactions immobilières. Incontestablement cela va scléroser le marché. Assurément ces diagnostics complémentaires imposés pour donner des informations aux acquéreurs ou aux locataires, vont faire peur à certains. C’est encore un autre débat. Quand on met ainsi des obstacles, ce n’est jamais bon. Dans nos métiers, on a besoin de confiance et de visibilité. »

« La FNAIM a créé le statut de l’agent immobilier »

- Un secrétaire d’État au Logement a été nommé, cela vous rassure ?

- F.J. : « Heureusement, dans le premier gouvernement il n’y en avait pas. Mais j’ai le sentiment que le logement n’est pas la priorité du gouvernement. Même s’il en est question en matière de transition écologique. »

- Quelle est l’importance du statut de l’agent immobilier ?

- F.J. : « C’est bien la FNAIM qui est à l’origine de ce statut d’agent immobilier, elle a créé ce code de déontologie de notre métier. Il confère un véritable statut de professionnel de l’immobilier. Il impose des pratiques, l’obligation de transparence, celle de posséder une carte professionnelle pour pouvoir exercer. On est formé sur 42 heures en trois ans pour obtenir une carte professionnelle. On a besoin d’être formé pour être crédible. Quelque part c’est bien ce qui nous distingue des mandataires, qui eux n’ont pas besoin de carte professionnelle. »

- Internet, les visites de logement à distance, ont-elles changé quelque chose dans votre métier ?

- F.J. : « Je ne le pense pas. Il y aura toujours besoin d’une présence physique dans la présentation d’un bien. L’agent immobilier apporte sa compétence, son expertise pour conseiller, accompagner le client. De toute façon on a besoin d’un conseiller juridique, d’un conseiller fiscal, d’un conseiller technique. Et après, on n’achète pas un bien comme ça, juste après l’avoir vu sur internet. C’est tellement complexe aujourd’hui de répondre à toutes les questions et problématiques qui interviennent dans une transaction, que la présence d’un professionnel est incontournable. »

- Est-ce que ce métier reste une profession d’avenir ?

- F.J. : « Je crois que c’est beaucoup le fait de cette visibilité accrue, par les médias, les émissions télé ont à leur façon redoré l’image de l’immobilier. Aujourd’hui beaucoup de jeunes sont intéressés par la profession, ils souhaitent se lancer dans une formation dans l’immobilier. Le côté attractif de la profession ne se dément pas grâce à cette image sympathique véhiculée par les émissions télé. Mais cela n’occulte pas le fait que c’est une profession qui exige beaucoup de compétences. Les jeunes veulent faire ce métier. Ils sont nombreux à choisir l’alternance pour y parvenir. On peut convenir que l’immobilier n’a pas véritablement de problème de recrutement, même s’il s’agit de trouver des gens compétents. Cela reste un métier qui attire. Qui a su se vendre. »

Voir aussi www.fnaim.fr

Bernard KRATZ