À quoi sert une Jeune Chambre Économique ?
Marie-Noëlle Reboul : Nous voulons aider à développer les actions entre les différents acteurs du territoire sur lequel nous sommes implantés. L’objectif c’est d’insuffler des changements durables et locaux sur le territoire, afin d’améliorer la vie des entreprises, des citoyens, des personnes de passage. Les projets que nous conduisons sont donc très variés. Par exemple à Strasbourg, pour les restaurateurs, nous avons créé des cartes sonores destinées aux personnes mal voyantes, nous avons organisé des rencontres entre des dirigeants d’entreprise et des députés européens, au moment des confinements, nous avons organisé une soirée de théâtre de rue sur les contes et légendes strasbourgeoises… Notre leitmotiv est le suivant : arrête de râler et demande-toi ce que tu peux faire. Avec deux priorités : le développement durable et le développement économique.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, vous n’êtes donc pas d’abord un réseau d’entreprises.
M.-N. R. : En fait, la JCE française est marquée par sa propre histoire. Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, quelques dirigeants se sont réunis pour reconstruire le pays ; et cela passait par les entreprises. Mais c’est toujours une particularité des JCE françaises : l’économie est toujours liée aux actions que nous menons.
Vos actions concernent beaucoup la citoyenneté et le développement durable. Quelles sont vos relations avec les collectivités territoriales ?
M.-N. R. : À Strasbourg, il existe un très fort mouvement associatif. La mairie ou l’Eurométropole sont donc très sollicitées par les associations. Nous devons donc arriver avec des projets. En revanche, nous sommes en train de développer un partenariat avec l’INET (Institut National des Études Territoriales).
Briser la glace
Vous venez d’être élue à la tête de la JCE de Strasbourg. Quel est votre programme d’actions pour 2023 ?
M.-N. R. : Nous avons défini quatre grands axes de travail pour cette année 2023 : le vivre ensemble, l’emploi des jeunes, l’écologie et la citoyenneté. Pour le vivre ensemble, nous allons lancer le blablaspot : il s’agit de transformer certains espaces de la ville, comme des restaurants, un hall de gare, en lieux d’échanges impromptus entre les personnes. L’idée, c’est de ne plus avoir peur de se tourner vers l’autre pour lui poser une question ou débattre avec lui sur différents sujets. Nous les aiderons à briser la glace. En ce qui concerne l’emploi des jeunes, nous allons monter des opérations pour aider les postbac ou post-diplôme à prendre la parole en public, à conduire un débat et valoriser son parcours. La CCI nous a également demandé de réfléchir sur un projet pour mieux attirer et maintenir dans l’emploi la génération Z. À propos de l’écologie, nous voulons trouver un partenariat avec l’Observatoire astronomique de Strasbourg afin d’organiser avec lui des nuits d’observation des étoiles en ville. Cela marche de pair avec l’extinction croissante de l’éclairage public en raison de la crise énergétique actuelle. Et bien sûr nous allons renouveler nos opérations de nettoyage de la ville à l’occasion du world clean up day, le 17 septembre prochain, à l’image de ce que nous avions fait en 2022 au Port du Rhin. Enfin, sur le thème de la citoyenneté, nous avons proposé, le 26 janvier dernier, aux bénévoles des associations strasbourgeoises de venir rédiger leur CV citoyen : il s’agit de les aider à valoriser leur parcours associatif et de joindre ce CV citoyen à leur CV professionnel. Les entreprises sont très demandeuse de ce type de profils.
Que voudriez-vous que nous retenions de votre présidence à l’issue de votre mandat présidentiel, le 31 décembre prochain ?
M.-N. R. : D’un point de vue très terre à terre, je voudrais que nous ayons pu signer de nouveaux partenariats durables, notamment avec des collectivités territoriales, des entreprises ou des associations. Il peut s’agir de partenariats financiers mais aussi, par exemple, de mise à disposition temporaire de locaux.
Bientôt 70 ans de présence à Strasbourg
La Jeune Chambre Économique de Strasbourg a été créée en 1955, presque dans la foulée de la Jeune Chambre Économique Française, créée, elle, en 1952 par Yvon Chotard. Elle est affiliée à la Junior Chamber International. La JCE de Strasbourg a été une des premières chambres locales créées en France. Elle compte une vingtaine de membres cotisants et actifs, auxquels s’ajoutent une dizaine d’observateurs, qui devraient devenir membres d’ici la fin de l’année. En France, le réseau des JCE compte cent trente chambres locales et environ deux mille membres. Il existe six Jeunes Chambres Économiques en Alsace, à Saverne, Haguenau, Strasbourg, Colmar, Mulhouse et Saint-Louis et deux en Lorraine, à Metz et Épinal.
Dès lors qu’elle est prête à s’engager, toute personne âgée de 18 à 40 ans peut adhérer à la Jeune Chambre Économique, à l’issue d’un parcours de formation. À Strasbourg, un peu plus de la moitié des membres sont des femmes. La plupart sont salariés dans des entreprises. « Il faut simplement avoir envie de donner de son temps pour faire bouger les lignes », explique Marie-Noëlle Reboul, tout juste élue présidente pour l’année 2023.