Portrait de sa plénipotentiaire actuelle

Le traité en question est communément nommé Traité de l’Élysée, et il s’agit d’un accord bilatéral entre la France et l’Allemagne qui définit le cadre d’une coopération entre les deux pays et dont on a fêté le soixantième anniversaire le 22 janvier 2023 à Paris. La fonction de plénipotentiaire chargée des Affaires culturelles a été créée à l’époque pour avoir un pendant à la fonction de ministre de la culture qui n’existe pas en Allemagne, celle-ci relevant toujours des Länder. Le ou la plénipotentiaire est choisie en leur sein par ses collègues ministres-présidents et est chargée de représenter les intérêts des Länder dans les domaines de l’éducation, de la culture et des médias. La fonction dure quatre ans et elle est protocolairement située au quatrième rang après le Président de la République, la Présidente du Bundestag, et le Chancelier. C’est dire l’importance du poste.

Madame Anke Rehlinger a accordé un entretien aux Affiches.

Comment avez-vous vécu cette journée du 22 janvier 2023 ?

Les lieux choisis, Sorbonne le matin, Panthéon l’après-midi, soulignaient l’importance de la commémoration. La Sorbonne est évidemment un symbole culturel mais le concert donné par l’orchestre franco-allemand des jeunes au Panthéon mettait l’accent sur l’avenir et c’est l’avenir qui compte. Le Conseil des Ministres franco-allemand qui a eu lieu entre les deux événements a traité de trois grands thèmes actuels : économie et écologie, industrie ; sécurité et politique ; éducation et culture.

Je me suis entretenue avec le Ministre de l’Éducation Pap Ndiaye et la Ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra. J’avais déjà pris contact avec la Ministre de la Culture Rima Abdoul-Malak en octobre 2022.

Quels ont été les thèmes abordés avec cette dernière ?

Nous avons le souhait d’organiser une Fête de la Musique en Allemagne sur le modèle français¹ et nous reprenons l’idée d’un pass culturel à l’usage des jeunes. Les autres projets comme l’Office franco-allemand des Jeunes (OFAJ), entre autres qui a déjà organisé 9 millions d’échanges se poursuivent bien entendu.

Et en matière d’éducation ?

Nous souhaitons évidemment renforcer l’apprentissage de nos langues dans chacun des pays. Seuls 15% des élèves français apprennent l’allemand, qui comme le français chez nous est réputé être difficile et élitiste. Nous souhaitons une approche plus ancrée dans le quotidien, dans la réalité des jeunes (le numérique), en facilitant les échanges et les jumelages entre écoles ainsi que l’envoi d’assistants de langues. Les voyages de classe devraient plutôt se faire vers la France que vers d’autres destinations. C’est à nous d’enthousiasmer les jeunes.

Deux nouveaux lycées franco-allemands sont en cours de réalisation : l’un à Hambourg, l’autre à Strasbourg. Ils s’ajoutent à ceux de Fribourg et Sarrebruck en Allemagne et à celui de Buc en France².

Dans le domaine de la formation professionnelle, des projets précis sont en cours d’élaboration.

Décidée en 2014 par votre prédécesseur Annegret Kramp-Karrenbauer, vous souhaitez relancer la Stratégie France... quelles sont vos priorités ?

Là encore, le développement du français dans le système éducatif. En Sarre, 83 institutions appartiennent au réseau des écoles maternelles bilingues Élysée 2020. Dans le primaire, l’approche du français se fait au cours moyen, dans certaines autres écoles volontaires, il s’enseigne dès le cours préparatoire. Le but n’est pas de supplanter l’anglais mais d’élargir les compétences linguistiques de tout le monde. Dans le domaine de la santé, nous souhaitons continuer de coopérer dans le domaine médical³. Pour les patients d’abord : il faut développer des corridors supra-nationaux pour la médecine urgentiste, pour la rééducation des malades avec remboursement des coûts par les caisses de maladie allemandes. Et ce à long terme pour tous les services médicaux. Pour le recrutement de personnel ensuite en assouplissant les conditions de reconnaissance des diplômes.

Dans le domaine des médias, il faut pérenniser le financement paritaire d’ARTE puisqu’il n’y a plus de redevance en France. Et surtout défendre notre station régionale SR qui est la caisse de résonnance de la France en Sarre, ce qui en fait son originalité. C’est la Radio Sarroise qui couvre le Tour de France par exemple...

Et en 2024 les Jeux Olympiques de Paris ? Existe-t-il des projets ?

À 2h de train de Paris nous voulons bien sûr être partie prenante de cet événement. La Sarre est attrayante touristiquement, Sarrebruck ne manque pas d’hôtels, mais elle a surtout un centre d’entraînement olympique⁴ ce qui nous permet d’accueillir des équipes internationales. L’équipe indienne de lancer du javelot nous a déjà fait part de son souhait de venir chez nous. Nous espérons qu’il y en aura d’autres.

Portail participatif sur la Stratégie France

Mitmachportal Frankreichstrategie | (saarland.de)

Notes :

1. Elle existe déjà en Sarre

2. Plus d’informations sur La coopération franco-allemande | Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse

3. Accord de prise en charge transfrontalière MOSAR, que les représentants de l’Allemagne et de la France ont signé le 12 juin 2019 à Forbach, en France.

4. Olympiastützpunkt Rheinland-Pfalz – Saarland (olympiastuetzpunkt.org)