• Accueil
  • Interview
  • « Nous sommes les premiers interlocuteurs des jeunes confrères en difficulté »
Interview Paru le 21 avril 2023
MARISA PISSARRO, PRÉSIDENTE DE L’UNION DES JEUNES AVOCATS DE STRASBOURG SAVERNE

« Nous sommes les premiers interlocuteurs des jeunes confrères en difficulté »

À quoi sert l’Union des Jeunes Avocats (UJA) de Strasbourg Saverne ? Quels sont ses combats du moment ? Quelles sont ses perspectives ? Réponses, avec Marisa Pissarro, – forcément – jeune présidente de l’UJA depuis février dernier.

Qu’est-ce que l’UJA Strasbourg Saverne ? Et à quoi servez-vous ?

Marisa Pissarro : L’Union des Jeunes Avocats est un syndicat apolitique. Nous sommes affiliés à la Fédération Nationale des Unions des Jeunes Avocats (FNUJA). Nous comptons quarante-cinq adhérents plus des sympathisants. Nous traitons principalement des questions affectant les jeunes confrères des barreaux de Strasbourg et Saverne. Les principaux dossiers dont nous nous occupons sont ceux de la collaboration, puisqu’en général, quand un avocat démarre, il est collaborateur d’un cabinet. Du point de vue social, nous sommes indépendants, mais dans les faits nous travaillons pour un cabinet. Nous aidons aussi les jeunes confrères qui s’installent. Nous aidons à mieux gérer les gardes, parce que les jeunes font beaucoup de gardes pénales et de permanences. Nous sommes le premier interlocuteur des jeunes confrères en difficulté. Avec la FNUJA, nous adoptons des positions sur les réformes en cours qui impacteraient notre mode d’exercice ou la justice en général.

Jusqu’à quel âge est-on jeune avocat ?

M. P. : Jusqu’à 40 ans.

Les cabinets peinent à recruter de jeunes collaborateurs

Vous dites être apolitique mais la différence entre le judiciaire et le politique est parfois ténue.

M. P. : Oui, tout à fait. Par exemple, début avril, nous étions à Perpignan pour un comité mensuel de la FNUJA et nous avons adopté une motion sur certaines dispositions de la loi immigration en préparation affectant les mineurs et sur les centres éducatifs fermés pour les mêmes mineurs.

Ce sur quoi nous sommes vigilants, c’est l’évolution du droit que cela représente.

Quels services rendez-vous aux jeunes avocats ?

M. P. : D’abord, nous nous rencontrons tous les mois autour d’un apéro. Nous exerçons un métier très solitaire, particulièrement les confrères installés à leur compte : il est important de créer du lien au-delà des prétoires. C’est l’occasion pour les jeunes confrères d’aborder des problématiques particulières, par exemple de collaboration, ou au contraire de prendre connaissance de bonnes pratiques. Par ailleurs, nous proposons environ une formation par mois. Les avocats ont une obligation de 20 heures de formation par an. Notre objectif, c’est que les formations de l’UJA – gratuites pour nos adhérents et d’un coût de 25 € pour les non-adhérents – permettent de remplir cette obligation de 20 heures. Enfin, nous sommes représentés au Conseil de l’Ordre où nous portons la voix des jeunes et où nous essayons de faire adopter des positions qui leur soient favorables. Dernièrement, nous avons sollicité une augmentation des rétrocessions minimales : elles ont été fixées à 1 900 € à Saverne et 2 500 € à Strasbourg, pour la première année. Nous avions été sollicités par des jeunes confrères, qui d’ailleurs ne sont pas adhérents de l’UJA.

Vous parlez beaucoup des collaborations.

M. P. : Oui parce que cela est très important pour les jeunes confrères. Nous veillons ainsi à ce que les jeunes collaborateurs des cabinets aient aussi la possibilité de développer leur clientèle personnelle. Nous voulons nous assurer que le collaborant joue le jeu. L’idée, ce n’est pas que le collaborateur développe sa clientèle personnelle, le soir, de 20 h à minuit, ou le weekend. Nous sommes particulièrement attentifs à la question des contrats à temps partiel 4/5ème. Je parle beaucoup de la collaboration, parce qu’un de nos anciens présidents, Charles-Edouard Pelletier, est aujourd’hui président de la commission « collaboration » au Conseil National des Barreaux. Il s’est beaucoup battu sur ce sujet et nous prenons la relève.

Question d’actualité dans beaucoup d’autres professions : est-il facile pour les cabinets d’avocats de recruter des jeunes collaborateurs ?

M. P. : Non, c’est très difficile.

Pourquoi ?

M. P. : Parce que beaucoup de jeunes avocats veulent tout de suite ouvrir leur cabinet. Mais aussi, sans doute, parce que le statut de collaborateur pose des difficultés.

Que faites-vous pour améliorer la situation ?

M. P. : C’est justement la raison pour laquelle nous nous intéressons tant au statut de collaborateur. Comment le faire évoluer, comment le rendre attractif ? Comment concilier le statut de collaborateur avec les envies et les besoins des jeunes avocats ?

Que voudriez-vous que l’on retienne de votre mandat de deux ans, au début de 2025 ?

M. P. : J’aimerais que l’on retienne que j’ai été à l’écoute des jeunes, que j’ai été disponible et que j’ai aidé les collaborateurs à trouver leur place.

Projets d’avenir proche

L’UJA de Strasbourg Saverne a lancé deux projets, avec l’association D-Clic qui vient en aide aux jeunes des quartiers prioritaires de la ville, afin de les aider à trouver leur voie professionnelle. Une classe de 1ère STMG du lycée Jean Monnet va se mettre dans la peau des avocats, des jurés pour l’organisation d’un procès fictif, qui aura lieu le 4 mai prochain. Comme un premier pas pour découvrir les métiers de la justice.

À plus long terme, toujours avec D-Clic, des jeunes femmes professionnelles du droit vont rencontrer des jeunes filles des mêmes quartiers pour leur présenter des parcours inspirants et leur montrer qu’elles peuvent, elles aussi, accéder à ces métiers. Rendez-vous, le 8 mars 2024.

« La Revue », célèbre spectacle satirique entièrement produit par les jeunes avocats, et qui fonctionne comme une sorte de gazette du Palais, aura lieu le 25 novembre à L’Illiade à Illkirch.

Jean de MISCAULT