Interview Paru le 11 août 2023
FLAVIA ROLAND, START-UP MANAGER CHEZ FRANCE DIGITALE

« Nous aidons les start-up dans leur parcours du combattant »

« 360 Grand Est », le salon de l’innovation et de la transformation dans le Grand Est, s’est tenu au PMC de Strasbourg, les 22 et 23 juin derniers. Nous y avons rencontré Flavia Roland, start-up manager chez France Digitale. Avec elle, nous avons fait le point sur les questions cruciales de la levée de fonds et du recrutement auxquelles sont confrontées les entreprises qui inventent l’économie européenne de demain.

Qu’est-ce que France Digitale ?

Flavia Roland : Nous sommes la plus grande association de start-up et d’investisseurs en Europe. Nous comptons 2 000 membres et une centaine de partenaires grands groupes à nos côtés. Nous représentons aussi bien les entrepreneurs que les investisseurs. Cela nous permet de fluidifier les échanges entre ces deux grandes familles d’acteurs. Notre rôle, c’est de mettre en relation les start-up et les investisseurs et de les accompagner dans leurs problématiques de financement ou de recrutement. Nous sommes un lobby de défense des intérêts des start-up auprès de l’Union européenne, de l’État et des collectivités territoriales, afin qu’ils puissent, chacun à leur niveau, aider les start-up à lever les obstacles qu’elles rencontrent.

Quelles sont vos fonctions au sein de France Digitale ?

F. R. : Je suis responsable du collectif start-up. Ce sont 1 200 membres que j’accompagne au travers d’évènements. Et surtout je suis là pour fluidifier les relations entre start-up et investisseurs. Aujourd’hui 50 % des start-up françaises ont été créées en dehors de Paris, mais seulement 20 % des levées de fonds se sont faites en région. Il y a un équilibre à retrouver. C’est pour cela que nous sommes venus à « 360 Grand Est » établir le contact entre start-up locales et les investisseurs. Nous nous appuyons sur les incubateurs qui nous mettent en relation avec les start-up.

Comment se porte la « start-up nation » ?

F. R. : L’économie le dit elle-même : en 2023, c’est plus compliqué pour les start-up de lever des fonds. Il y a une vraie différence avec 2021, même si les fonds d’investissement parlent d’un retour à la normale.

400 start-up et 8 000 emplois dans le Grand Est

Vous avez participé à une table ronde sur le parcours du combattant des start-up. Pouvez-vous décrire ce parcours du combattant ?

F. R. : Les principales difficultés auxquelles les start-up sont confrontées, ce sont la levée des fonds et le recrutement. Les start-up ont beaucoup de mal à recruter. C’est pourquoi France Digitale a lancé la mercatech : les entreprises et les talents s’inscrivent sur le fichier et nous les mettons en relation. Les start-up recherchent des développeurs bien sûr, mais aussi des responsables marketing, des commerciaux… Nous agissons auprès des DRH pour les aider à recruter ou à fidéliser des talents.

Quelle est la situation des start-up dans le Grand Est ?

F. R. : Même si la liste n’est sûrement pas exhaustive, on compte 400 start-up dans le Grand Est, dont 20 start-up à impact. Ces dernières emploient 300 personnes et ont réalisé 13 M € de levées de fonds en 2022. Toutes les start-up du Grand Est ont contribué à créer 56 000 emplois directs et indirects, dont 8 000 emplois directs. Les secteurs les plus représentés dans le Grand Est sont l’industrie (24 %), les logiciels et les technologies de l’information (22 %) et la santé (17 %).

On a l’impression que les États-Unis inventent l’économie de demain et que l’Europe la règlemente. Qu’en dites-vous chez France Digitale ?

F. R. : Notre objectif, chez France Digitale, c’est de créer les champions du numérique au service de l’homme et de la planète en Europe. Nous nous battons notamment sur la question de la commande publique et privée pour que justement les États et les grands groupes industriels ou de services européens fassent travailler les start-up ou les scale-up européennes au lieu d’aller les chercher aux États-Unis ou en Chine. La France dispose de champions : BlaBlaCar, Deezer, Mirakl, Verkor… Il faut parvenir à les mettre en avant à l’échelle européenne. C’est notre objectif. Les start-up créent de la richesse et de l’emploi : elles méritent d’être soutenues.

Jean de MISCAULT