Interview Paru le 08 septembre 2023
Entretien avec Patrick Martin

« Il nous reste des marges de discussion avec le gouvernement »

Le nouveau président du Medef s’exprime sur les sujets qui animent le début de sa mandature.

Patrick Martin

Suite aux discours d’Élisabeth Borne et de Bruno Le Maire à la REF 2023, pensez-vous que le gouvernement est en phase avec la réalité des entreprises qui évoluent toujours dans un contexte économique difficile ?

Ce que je constate, c’est que le président de la République et bon nombre de membres du gouvernement se prêtent à l’exercice. Ce qui traduit le fait que ce gouvernement est soucieux de maintenir un rapport de confiance avec le Medef et les chefs d’entreprise. C’est un prérequis pour que nous puissions avancer sur des sujets à courts et moyens termes.

Pourtant, la suppression définitive de la CVAE – remise en question par le gouvernement – est de nature à tendre les relations avec les chefs d’entreprise ?

Les discours d’Élisabeth Borne et de Bruno Le Maire démontrent qu’il y a une voie de passage dans le cadre du rapport de confiance que je souhaite instaurer. Le Medef va s’employer à explorer ces marges de discussion. Je souhaite ainsi élargir le débat. Bien sûr, le sujet de la CVAE s’inscrit dans le cadre du Projet de loi de finances dont les débats vont débuter dans quelques semaines. Je rappelle que le sujet de la compétitivité, celui des impôts de production et des charges sociales s’inscrit dans un panorama à plus long terme.

J’insiste sur le fait que la compétition mondiale s’intensifie à une vitesse record de la part des États-Unis, de l’Allemagne ou encore de la Chine et de l’Inde. On ne peut pas méconnaître cette situation et se mettre, malgré l’état des finances publiques que l’on peut comprendre, sur stop.

Le Medef « sur une très bonne dynamique d’adhésions »

En interne, la représentativité est un défi pour la légitimité de votre organisation. Quelle est la dynamique de vos adhésions ?

Les enjeux des adhésions et de la représentativité relèvent de la légitimité, mais aussi de la crédibilité et de la bonne compréhension de nos filières et de nos territoires. Nous sommes sur une très bonne dynamique d’adhésions, parfois spectaculaire dans certains départements.

Par ailleurs, le Medef a continué à « recruter » des fédérations avec l’objectif de passer prochainement la centaine. Nous en comptons ainsi 17 de plus sur les cinq dernières années.

Rajeunissement et féminisation des membres sont régulièrement des points que l’on oppose au Medef. Quel est votre analyse sur cette réalité ?

Nous sommes sur une très bonne voie, et sur les deux plans. Nous connaissons un vrai rajeunissement de nos cadres et de plus en plus d’entrepreneures sont dans nos rangs. Par ailleurs, le Comex 40, installé par Geoffroy Roux de Bézieux en 2019 au niveau national, essaime aujourd’hui dans tous les territoires. On attire et on « recrute » des entrepreneurs de plus en plus jeunes. C’est important pour notre représentativité que l’on s’imprègne de toutes les sensibilités. Sur le plan de la féminisation, nous avons beaucoup progressé dans nos instances et dans nos statuts. Je suis déterminé à ce qu’on aille plus loin. Ce n’est pas pour parader ni même faire de l’affichage, mais parce que tout simplement nous avons besoin des talents et de sensibilités nouvelles, notamment sur les questions de management et de stratégie.

« Des moyens supplémentaires pour l’international »

L’internationalisation des entreprises reste faible en France, dans un monde où – comme vous l’avez dit – la compétition mondiale s’intensifie. De quelle manière le Medef peut-il agir ?

Aux côtés d’autres acteurs, nous restons très actifs, précisément avec Medef International qui accompagne nos entreprises à travers le monde. Nous partageons aussi un programme avec les chambres de commerce, Stratexio, qui a été redynamisé dans les territoires, avec notamment la création de nouveaux clubs en région.

Stratégiquement, je suis déterminé d’abord à l’échelon européen puis ensuite mondial, à ce que l’on soit beaucoup plus présents à l’international. Nous allons d’ailleurs communiquer prochainement sur la mise en place de moyens supplémentaires.

Julien THIBERT pour RésoHebdoEco – www.reso-hebdo-eco.com