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Interview Paru le 16 août 2024
LA RUCHE

Elle forme, accompagne, conseille et soutient. Un réseau national pour des actions locales

Première antenne dans le Grand Est, La Ruche s’est implantée à Strasbourg en novembre 2021. L’objectif des membres de cette organisation ? Construire et animer des parcours de formation, d’accompagnement et d’accélération, afin d’aider les entrepreneurs à réaliser leur projet professionnel. Sandrine Bianchi, Directrice, nous explique le fonctionnement de la structure, et son évolution depuis trois ans.

L'équipe de la Ruche © David Foessel
L'équipe de la Ruche © David Foessel
Sandrine Bianchi, Directrice de La Ruche © David Foessel
Sandrine Bianchi, Directrice de La Ruche © David Foessel

Ce parcours accompagné s’adresse à quel type de public ?

Sandrine Bianchi, Directrice : Nous nous adressons à deux groupes de profils. D’une part à des entrepreneurs engagés, qui cherchent à allier dans leur projet viabilité économique et impact positif sur la société ou l’environnement. Et d’autre part, à des personnes qui souhaitent développer un projet, et qui appartiennent à une catégorie sous-représentée dans l’entrepreneuriat. Comme par exemple les habitants des Quartiers prioritaires de la Politique de la Ville (QPV) ou de Zone de Revitalisation Rurale ZRR, ou encore les personnes éloignées de l’emploi, les seniors... Cette approche est importante, notamment car les personnes disposant des mini­ma sociaux sont souvent isolées. Les programmes de La Ruche leur offrent un véritable apport d’information, et une revalorisation personnelle.

Faut-il avoir établi un business plan du projet, pour pouvoir intégrer un cursus à La Ruche ?

S. B. : Non, pas du tout ! Les bénéficiaires peuvent intégrer un par­cours, quel que soit le niveau de réflexion de leur projet, car nous proposons différents programmes. Si la personne est au premier stade, celui de l’idéation, elle intégrera l’un des programmes dit d’émergence, qui a pour but de favoriser le passage de l’idée à un projet consolidé. À un stade plus élaboré – celui du changement d’échelle et de l’essaimage – elle suivra le cursus des programmes nommés « de croissance et d’accélération ». Enfin, si le projet est très élaboré et que la mise en réalisation est liée à un problème financier, nous l’aiderons dans les démarches de la 1ère levée de fonds.

Quelles sont les spécificités des ateliers ?

S. B. : L’accompagnement se déroule sur différents modes : un atelier collectif pour partager, échanger, trouver des solutions grâce à l’effervescence du groupe. Ces rencontres sont riches en échanges et points de vue, car ils portent sur des métiers diversifiés. Et un suivi individuel assuré par un référent qui suit l’évolution du projet, conseille, rassure et guide le bénéficiaire tout au long de l’accompagnement. Par ailleurs, notre réseau d’experts peut être mobilisé, pour accompagner des thématiques ciblées, en collectif ou sous forme de tickets individuels. Enfin, des interactions au travers d’ateliers, de conférences et de rencontres avec d’autres entrepreneurs de la communauté « Pollen » permettent de garder l’accès aux compétences et une dynamique d’action.

Plus précisément, nous proposons des formats courts pour passer à l’action, afin de donner les premiers outils aux personnes qui ont une intention de créer un projet entrepreneurial (Créathons : 1 journée pour entreprendre sans idée définie, et Bootcamps itiné­rants : 2 jours pour outiller des porteurs de projets et d’idées), mais aussi pour leur donner confiance et l’envie d’agir. Le programme d’accompagnement de 3 mois, nommé « itinéraire » permet aux personnes éloignées de l’emploi de passer de l’idée au projet de création d’entreprise ou d’association. « Ricocher » s’adresse aux travailleurs indépendants et bénéficiaires du RSA, afin de leur ap­porter les outils pour développer leur activité ou élaborer un autre projet professionnel. L’économie Sociale et Solidaire est mise en valeur avec la formation « FORMA CREA : Entreprendre en ESS » d’une durée de 30 heures. Et une nouveauté ! Nous proposons une journée de formation à destination des conseillers en insertion, afin de leur permettre d’apporter un premier niveau de réponse au public qu’ils accompagnent et qui ont un projet entrepreneurial. Ceci, afin de donner des clés pour aider le bénéficiaire à se projeter.

Bientôt trois ans d’existence ! Comment a évolué La Ruche ?

S. B. : Depuis la création de la structure en novembre 2021, nous avons développé nos programmes et touchons un plus grand pu­blic. Actuellement, nous proposons 5 programmes. En 2023, nous avons accompagné 150 personnes, et organisé 47 évènements. Au début de cette année, nous avons déménagé dans les locaux du Kaleidoscoop, plus spacieux. En parallèle, notre équipe s’est étoffée : Rachel Holveck, cheffe de production incubation et Mélissa Sengelin, animatrice écosystème m’ont rejointe.

Quel a été le moment fort de l’année ?

S. B. : Les « WE Days : entrepreneurEs » ! L’objectif de cette mani­festation ? Valoriser la mixité et les rôles modèles féminins, donner envie aux femmes d’entreprendre et faire connaître l’écosystème d’accompagnement. La première édition dans le Grand Est s’est déroulée du 22 mai au 22 juin. Pendant un mois, nous avons or­ganisé des évènements pour changer le regard sur la question de l’entrepreneuriat des femmes, et leur permettre de découvrir des structures. Ainsi, 20 structures ont participé à cette action, et nous avons accueilli 160 participants.

Les secteurs les plus créateurs sont dans quels domaines d’activité ?

S.B. : La tendance va vers la micro-entreprise, car les bénéficiaires souhaitent créer leur propre emploi. Pour les secteurs d’activités, le bien-être et la beauté représentent la grande tendance actuelle : massage, énergéticien, médium, coach, activité de développement personnel... Offrir la possibilité aux gens d’aller bien est sans doute une incidence de la période Covid. Le deuxième secteur porteur est celui du web et du numérique, avec la création de tiers-lieux pour enfants en échec scolaire (soutien à la parentalité et accom­pagnement scolaire). Dans cette catégorie, nous retrouvons des bénéficiaires issus de la RH ou de la comptabilité, qui souhaitent faire de l’inclusif. Un autre secteur particulièrement adoubé est celui de l’aménagement intérieur pour le maintien à domicile des personnes âgées. Puis nous trouvons les domaines de la culture, de l’art et du spectacle, avec de la créativité : nous avons accompagné des bénéficiaires pour la réalisation de leur projet de réalisation de carte cadeau pour l’achat d’œuvre d’artistes et de créateurs du territoire, un céramiste, une mannequin, et un food truck dont les plats cuisinés sont réalisés à l’aide de produits invendus. Pour 76 % d’entre eux, leur tranche d’âge se situe entre 26 et 45 ans. 10 % sont âgés de 56 à 65 ans. Il y a beaucoup de profils différents... Ces bénéficiaires ont eu envie de changer de vie !

Je vois des gens qui sont debout et qui se battent pour être créateur, mais aussi pour donner aux autres ! Des personnes qui décident de changer de cap, suite à une rupture de vie professionnelle, et qui entrent dans cette démarche car ils n’ont pas envie de retourner au salariat. La recherche de sens et l’abandon du salariat est une lame de fond du Covid. Aujourd’hui, il est difficile d’être entrepreneur ! Il faut se distinguer dans l’océan du web. Et en même temps il y a de grandes joies quand on réussit. Ce sont les montagnes russes au niveau des émotions !

Quels sont les projets de La Ruche pour ces prochains mois ?

S. B. : Nous allons déployer des actions inclusion sur le bassin de Strasbourg et notamment à destination des QPV : CitésLab, Carrefour, Accélérateurs. Et nous allons mettre en œuvre un pro­gramme Impact « Audacieuse », pour accompagner des projets portés par des femmes et équipes mixtes. Car les femmes repré­sentent un tiers des entrepreneurs. Elles rencontrent souvent des difficultés d’accès aux financements. Nous voulons que toutes les femmes souhaitant devenir entrepreneuses, puissent le faire. Ce programme se déroule sur une durée de 9 mois, et s’adresse aux femmes qui souhaitent créer une entreprise pour répondre à une problématique de société. En mélangeant formations collectives, mentorat, suivi individuel et animation de communauté, les entre­preneures poseront les bases solides de leur entreprise.

Cette action sera prise en charge à 100 % par des partenaires et sponsors. Elle est en cours de lancement, et de fait, nous recher­chons des partenaires pour soutenir ce dispositif, dont le coût du programme est estimé à 110 000 €.

En effet, nous sommes toujours en recherche de partenaires, car notre activité est en plein développement. Nous avons notamment besoin d’aide pour étoffer notre réseau d’experts, car nous sommes des généralistes : l’expert a pour rôle d’apporter des informations dans sa spécialité, à une personne dans le cadre de son projet ou lors d’une présentation collective. Nous sommes également en recherche de soutien financier, pour pérenniser nos programmes. Peut-être qu’une banque ou une assurance du Grand Est entendra notre appel...

La Ruche, Kaleidoscoop – 5 rue de la Coopérative – 67000 Strasbourg site internet : www.la-ruche.net

© David Foessel

La Ruche en chiffres, au niveau national

- 17 Ruches - lieux et espaces de coworking, répartis sur le territoire français

- 3 872 personnes sensibilisées ou orientées dont 87% hors Île de France

- 5 752 bénéficiaires d’une action directe de La Ruche (programmes d’accompagnement, formation, coworking)

- 856 structures accompagnées dans leur création, développement ou accélération

- 86 % de bénéficiaires satisfaits qui recommandent La Ruche (NPS)

- 75 % de sortie dynamique

CH. BE