À quoi sert le GPA ?
Jean-Pierre Deramecourt : Le GPA Grand Est (Groupement de Prévention Agréé) a été créé à la fin de 2017. Il est reconnu d’utilité publique et bénéficie d’un agrément préfectoral. À la demande des entreprises, il analyse leur situation et identifie les éventuelles difficultés qu’elles rencontrent et qui pourraient les placer dans une situation plus grave. Nous intervenons très en amont de tous les autres professionnels de la prévention, qu’il s’agisse des juges consulaires, des administrateurs ou mandataires judiciaires. Le problème est le suivant : un chef d’entreprise, qui commence à rencontrer des difficultés, va vouloir les régler lui-même en croyant qu’il aura toujours la possibilité de se redresser. J’attire l’attention sur ce point : les banquiers et même les experts comptables ne voient pas forcément les difficultés émergeantes. Nous présentons un grand avantage : nous sommes tous d’anciens chefs ou cadres dirigeants d’entreprise. Nous intervenons bénévolement, même si les entreprises qui souhaitent bénéficier de notre aide doivent adhérer par une cotisation très modeste.
On parle souvent de la difficulté très française à reconnaître et accepter les difficultés des entreprises ?
J.-P. D. : Je voudrais quand même souligner qu’en France, à la différence des pays anglo-saxons, il existe beaucoup de dispositifs permettant aux entreprises de traverser leurs difficultés et de survivre. Mais il est vrai qu’en France, une entreprise qui ferme est souvent vécue comme l’échec personnel du dirigeant. Et celui-ci a facilement un peu honte tant vis-à-vis des institutions que de ses pairs. C’est très difficile à vivre.
« Intervenir le plus tôt possible »
Concrètement, comment intervenez-vous ?
J.-P. D. : Les entreprises peuvent venir nous voir dès lors qu’elles rencontrent de premières difficultés, alors que la cessation de paiement n’est même pas évoquée. Les entreprises que nous accompagnons sont plus ou moins avancées dans les difficultés auxquelles elles sont confrontées. Nous analysons la situation et proposons des solutions pour améliorer la situation. Nous pouvons même accompagner le chef d’entreprise dans la liquidation. Nous travaillons étroitement avec les administrateurs et les mandataires judiciaires : nous ne sommes en concurrence avec eux, certains sont même membres de notre conseil d’administration. Quand un chef d’entreprise souhaite nous rencontrer, nous passons d’abord du temps avec lui pour bien comprendre sa situation. À l’issue de cet entretien nous lui proposons un plan d’actions. Si cela l’intéresse, il devra adhérer au GPA, c’est une obligation légale. Nous l’accompagnerons pendant une année, qui peut être renouvelée une fois. Dans certains cas, nous pouvons être amenés à rencontrer le dirigeant toutes les semaines et même à le relancer en cas de besoin.
Combien coûte la cotisation d’adhésion ?
J.-P. D. : Elle varie entre 150 € pour les entreprises réalisant entre 10K € et 100K € de chiffre d’affaires, et 6 000 € pour les entreprises réalisant plus de 10M €.
Et la prévention ?
J.-P. D. : Oui, bien sûr, nous faisons de la prévention des difficultés puisque nous souhaitons toujours intervenir le plus tôt possible. Cela permet au chef d’entreprise de prendre des initiatives plus tôt.
Comment êtes-vous organisés ? Et quels sont vos moyens ?
J.-P. D. : Après la délégation du Bas-Rhin, en 2017, de nouvelles délégations ont été créées dans le Haut-Rhin, dans les Vosges, en Moselle et nous sommes en contact avec la Marne pour créer une nouvelle délégation. Et nos discussions avancées avec les syndicats patronaux vont permettre la création de nouvelles implantations. 25 bénévoles travaillent au GPA Grand Est.
Qui sont ces bénévoles ?
J.-P. D : En 2021, 45 dossiers nouveaux ont été traités par 12 bénévoles. En 2023, 25 bénévoles ont traité 143 dossiers. Outre d’anciens dirigeants d’entreprise, des banquiers, des experts comptables et même d’anciens juges consulaires ou d’anciens fonctionnaires des finances publiques nous ont rejoints. Nos bénévoles et nos experts sont tous formés.
On dit que la sinistralité des entreprises augmente à nouveau. Le percevez-vous ?
J.-P. D. : La période COVID et le soutien massif aux entreprises, notamment par les PGE (Prêts Garantis par l’État), a gelé la situation. Avec la reprise de l’activité, nous n’avons pas constaté une remontée considérable des défaillances. On a beaucoup parlé, avec le remboursement des PGE d’un «mur des défaillances» ; il ne s’est pas encore présenté. Nous avons certes dépassé le niveau de défaillances de 2019, mais c’est moins pire que ce que certains experts avaient prévu, même si la situation économique se dégrade. La construction et l’agriculture sont les secteurs qui souffrent le plus.
Quelles sont les perspectives du GPA Grand Est ?
J.-P. D. : Le 25 octobre le GPA France Est mis en place par la CPME et présidé par Stéphane Heit a rejoint le GPA Grand Est. La coexistence des deux GPA était un peu compliquée pour nos partenaires. C’est pourquoi nous avons convenu de nous réunir.
GPA Grand Est recrute
Plus le GPA Grand Est recrute de bénévoles qualifiés, plus les chances de sauver des entreprises du territoire augmentent.
Comment devenir bénévole ? Il suffit de se manifester par mail à l’adresse contact@gpagrandest.fr, en vous présentant et détaillant votre parcours entrepreneurial. www.gpagrandest.fr