Interview Paru le 14 février 2025
CHRISTOPHE THIRIET PRÉSIDENT DE L’UMIH 57

« L’offre hôtelière en Moselle s’améliore en qualité »

Christophe Thiriet est président de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière de Moselle depuis 4 ans, qui représente les professions HCR, hôtellerie-restauration- café-traiteurs et établissements de nuit. Dans une interview aux Affiches d’Alsace et de Lorraine, il porte un regard positif sur la profession.

Christophe Thiriet, président de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière de Moselle

- Les Affiches d’Alsace et de Lorraine : « Quel regard portez-vous sur vos métiers en Moselle à la veille de la venue du Guide Michelin ?

- Christophe Thiriet : « Je suis hôtelier, je suis associé et directeur général de Heintz Immobilier et Hôtellerie qui possède 13 hôtels sur le Grand Est dont 11 en Moselle. Dans le même temps, je suis présent au sein de l’UMIH de Moselle dont j’ai été vice-président de Jean François avant de devenir son président il y a 4 ans. La cérémonie du Guide Michelin est une vraie bonne nouvelle qui va dans la continuité de ce qui a été fait grâce aux Jeux Olympiques avec l’action du Département de la Moselle pour le passage de la flamme et de Terre des Jeux. Et sous l’impulsion d’Alexandre Keff, vice-président de Moselle Attractivité, avec l’appui du président du Département Patrick Weiten, on a obtenu la cérémonie du Guide Michelin qui est un événement international. »

- Ce devrait être un gros coup de projecteur sur la Moselle ?

- Ch.T. : «Lors de la conférence de presse d’octobre, le directeur du Guide Michelin a rappelé que lors des cérémonies, il y a plus de 2,5 milliards de contacts à l’échelle de la planète. Cela veut dire que le monde entier regarde qui est étoilé. Et ça dure toute l’année. C’est l’événement gastronomique avec la nomination du plus grand restaurant du monde. Et ça va se faire à Metz, c’est une véritable opportunité de mettre en valeur la destination touris­tique, gastronomique. On constate cet effet sur le tourisme. Ainsi la fréquentation en hôtellerie des marchés de Noël en décembre dernier avec une tendance de +5% par rapport à 2023. »

- Est-ce que l’offre d’hébergement en Moselle est suffisante, en hôtellerie notamment ?

- Ch.T. : « L’offre évolue. Et souvent en fonction des besoins. On relève deux événements intéressants dans le département : l’amélioration de l’offre existante. On a l’exemple du Mercure de Metz-centre qui a été rénové ces deux dernières années, le Mercure Cathédrale a été rénové complètement, tout comme l’Inter hôtel en face de la gare, il est passé Best Western. Celui du Technopole va continuer sa transformation, et le Novotel a été vendu et sera transformé, l’Ibis Cathédrale est vendu également et va être réno­vé. Toute l’hôtellerie est en train de bouger positivement, tirée par l’activité et par le monde socio-économique qui investit. Et puis il y a des nouveautés qui vont compléter l’offre dans les prochains mois : la Maison Heler dessinée par Starck qui devrait être ouvert pour la cérémonie Michelin, et en fin d’année, notre groupe va ouvrir sur l’ancien site de la CPAM, rue Haute-Seille à Metz, un Ibis Styles flambant neuf de 86 chambres. L’évolution est très positive et pas déraisonnée. Elle s’améliore en qualité. »

- N’est-ce pas trop centré sur Metz ?

- Ch.T. : « Nous avons des établissements à Thionville, mais aussi aux environs de Sarrebourg où l’Auberge de la Forêt a investi dans une extension. Et c’est en Moselle-Sud. » 

- Et la restauration est-elle à niveau ? N’y a-t-il pas des difficultés de recrutement dans cette filière ?

- Ch.T. : « On a des difficultés de recrutement dans toutes les acti­vités. C’est le cas dans les transports, à l’école, à l’hôpital et dans l’hôtellerie-restauration. C’est un problème qui est plus récurrent que dans notre profession. Aujourd’hui on pourrait avoir plus de candidats et les accueillir à bras ouverts, parce que c’est un métier vivant, de contact, de passion. Et nous avons des gens motivés dans nos métiers. Ils participent à l’attractivité du territoire et au faire plaisir, qui est plus marquant surtout depuis la crise du covid. Les gens veulent en profiter. Aujourd’hui dans nos cafés, dans nos restaurants, il y a du monde. »

- Quelle est la politique menée par l’UMIH en Moselle ?

- Ch.T. : « Nous n’avons pas véritablement de stratégie, parce que nous sommes un syndicat professionnel. Nous sommes là pour apporter un soutien qu’il soit technique, juridique, sur la formation. Notre travail est de défendre nos adhérents et de mettre en valeur cette profession, qu’elle devienne attractive et reconnue telle qu’elle est. Aujourd’hui nous avons une belle visibilité grâce à nos adhérents qui font de belles choses. Nous avons des restaurants étoilés, bien répartis en Moselle. »

- Sauf à Metz où il n’y en pas ?

- Ch.T. : « Mais ça vient. On entoure la place, et ça va arriver. Quand une place commence à être connue, elle attire davantage. Aujourd’hui, Charles Coulombeau, déjà étoilé à Nancy, ouvre à Metz au Centre Pompidou. C’est un chef reconnu. »

- Est-ce qu’on mesure l’effet d’une distinction gastronomique comme une étoile Michelin sur une destination ?

-Ch.T. : « C’est vrai. En France il y a l’histoire, la culture, l’hospi­talité. La gastronomie reste une référence mondiale. Et ça draine beaucoup de touristes étrangers. Les belles tables contribuent à cette fréquentation touristique. »

- Est-ce qu’on a amélioré l’accueil, l’hospitalité ?

- Ch.T. : « En la matière tout évolue. Regardez les taxis parisiens. Depuis l’arrivée des VTC, ils ont changé et ont beaucoup amélioré leurs services. Nous, dans l’hôtellerie, Airbnb est venu bousculer tout ça en offrant une autre façon de séjourner. On se doit d’être à la hauteur afin d’offrir une qualité de service instantané que n’a pas Airbnb. Les gens ont pris conscience qu’il y a une concur­rence et qu’il faut y répondre en améliorant nos services. Et pour la restauration, ça nous motive pour bien recevoir nos clients. »

- Quel est votre analyse sur le surtourisme ?

- Ch.T. : « Si c’est du surtourisme, cela signifie que c’est plein. On ne va pas se plaindre, ce n’est pas encore le cas chez nous aujourd’hui. C’est vrai qu’il y a des spots nature guettés par le surtourisme, je pense aux calanques de Marseille. De fait, les gens sont de plus en plus attirés par la nature. C’est une question d’équilibre et de comportement. Si les gens se comportent bien. On n’est pas dans le surtourisme en Moselle, on est dans la confirmation. On a des atouts sur l’aspect nature, les Vosges du Nord, le côté verdoyant de Metz, la culture avec le Centre Pompidou et le musée de la Cour d’Or, Amnéville et son zoo, ou encore le Parc animalier Sainte-Croix, tout est réuni pour que ça fonctionne. Mieux, vous pouvez faire un tour à Nancy sur la Place Stanislas ou à Strasbourg qui n’est pas loin, on a tout ce qu’il faut pour réussir. Il faut le faire connaître. Et la cérémonie Michelin participe à cette mise en lumière. »

Bernard KRATZ